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La seiche aussi se projette dans le futur : la preuve par la nourriture

La seiche est capable de se rationner au déjeuner si elle sait que son plat préféré est au menu du soir. C’est ce que démontre une étude menée au laboratoire Éthologie animale & humaine (ETHOS · UMR 6552 UNICAEN- université de Rennes 1-CNRS) publiée dans la revue scientifique Biology Letters. Des résultats qui prouvent une nouvelle fois les capacités de mémoire des seiches, mais aussi — chose étonnante — leur capacité à anticiper le futur.

Qui a dit que les animaux ne vivaient que dans l’instant présent ? Une étude menée au sein du laboratoire ETHOS démontre que les seiches adaptent leur comportement alimentaire en fonction du menu qui leur est proposé dans la journée. Du crabe au déjeuner, c’est bien. Mais s’il y a des crevettes au dîner, mieux vaut se restreindre pour garder l’appétit ! Cette étude — preuve, une nouvelle fois, des capacités cognitives avancées des seiches — a fait l’objet d’un article publié dans la revue scientifique Biology Letters. Plusieurs protocoles de recherche ont été menés auprès de groupes de seiches soumis à des régimes différents. Résultats : les seiches dévorent leur déjeuner lorsqu’elles ne peuvent pas prévoir le menu du soir car elles ne savent pas si elles pourront manger plus tard. En revanche, elles déjeunent léger un jour sur deux lorsqu’elles savent que les crevettes sont servies un soir sur deux. L’étude souligne, en prime, la vitesse d’apprentissage des seiches : il ne leur faut que quelques jours pour comprendre le régime alimentaire auxquels elles sont confrontées.

Cette étude a été menée par Pauline Billard, doctorante au laboratoire ETHOS, dans le cadre de l’ANR JCJC « Étude comparative des voyages mentaux dans le temps chez les céphalopodes » portée par Christelle Jozet-Alves, maître de conférences en biologie comportementale. « Les animaux sont-ils capables de se remémorer le passé et peuvent-ils imaginer ce que leur réserve l’avenir ? C’est à ces questions que tente de répondre notre étude financée par l’Agence nationale de la recherche dans le cadre du programme Jeunes Chercheuses-Jeunes Chercheurs », précise Christelle Jozet-Alves. « Cette étude montre que la chasse n’est pas un réflexe chez les seiches. Elles sont capables de prendre des décisions présentes en fonction de situations à venir. » Qu’en est-il des autres céphalopodes ? « Nous allons mener une étude comparative chez les poulpes, pour déterminer si ces compétences cognitives très élaborées sont apparues chez la seiche spécifiquement ou plus largement chez les autres céphalopodes. Ce qui apportera un éclairage sur l’évolution et l’émergence de capacités cognitives complexes. »

Billard Pauline, Schnell Alexandra K., Clayton Nicola S. and Jozet-Alves Christelle “Cuttlefish show flexible and future-dependent foraging cognition”. 16. Biology Letters
http://doi.org/10.1098/rsbl.2019.0743