Scruter le développement cérébral des bébés prématurés

Le programme DECODE¹, porté par le laboratoire COMETE, coordonne des projets de recherche sur le développement des comportements et le dépistage des troubles du développement chez les bébés nés prématurés. L’équipe² tente de comprendre comment des expériences sensorielles précoces sont liées au développement de l’attention et des compétences cognitives.

Un enfant sur 10 naît prématurément (avant 37 semaines d’aménorrhée) et 25% des handicaps d’origine périnatale sont liés à la prématurité. Des stimulations sensorielles prodiguées dès les premières heures de la vie de ces bébés pourraient atténuer les risques de présenter des troubles neuro­développementaux dans l’enfance. In utero, les sens se développent de manière successive : d’abord le toucher, puis l’olfaction, le goût, l’audition et enfin la vision.

« Le toucher est la fondation de la structura­tion cognitive des jeunes enfants, assure Victoria Dumont-Verfaillie, psychologue spécialisée dans le développement de l’enfant, de l’adolescent et de la famille. Des études sur la méthode kangourou (KMC), ou peau à peau, chez les nourrissons prématurés indiqueraient que ceux qui en bénéficient pendant leur hospitalisation voient leur état s’améliorer. »

Un programme, trois projets

Néanmoins, les possibles influences des expériences sensorielles précoces sur la perception tactile restent trop peu documentées. Les premiers tra­vaux concrets n’ont commencé qu’en 2012. Depuis, l’équipe du programme DECODE scrute le devenir neurodéveloppemental des bébés à risque avec le concours actif des équipes du service de néonatalité du CHU de Caen.

Nadège Roche-Labarbe, biologiste du compor­tement et psychologue de l’enfant, docteure en Neu­rosciences précise : « Le programme DECODE articule trois projets : NEOPRENE, MEDIATE et PREMATEMP. Il doit déterminer si l’évaluation et la compréhension des interactions sensorielles précoces permettent d’envisager des stimulations sensorielles tactiles préventives et thérapeutiques pour les soins néo­natals, qui respectent l’équilibre entre les avantages à court terme et les conséquences à long terme sur le développement moteur, émotionnel, cognitif et social. »

Ces études explorent de nouvelles pistes de détection, de prévention et de remédiation des troubles de l’attention, des apprentissages, du spectre de l’autisme… « De plus, elles apportent des arguments rationnels qui pourraient permettre de proposer des thérapies sensorielles à ces jeunes patients, basées sur leurs capacités de perception », concluent les scientifiques. Chaque semaine supplé­mentaire compte pour réduire les séquelles d’un début dans la vie difficile.

Ce bébé de 13 mois qui participe aux études DECODE se montre calme et concentré pendant l’ajustement du filet de 128 électrodes d’électroen­céphalographie (EEG). Cet équipement permettra d’enregistrer finement l’activité de ses neurones au cours d’activités destinées à étudier le développe­ment précoce de son attention et de sa perception sensorielle.

¹DECODE repose sur la collaboration de plusieurs spécialités au sein de l’université de Caen Normandie : psychologie et sciences cognitives, néonatalogie et pédiatrie, imagerie cérébrale et ingénierie biomédicale.

²Équipe du programme DECODE : Nadège Roche-Labarbe Docteure en Neurosciences, Maitre de conférences-HDR en Psychologie, Sandrine Rossi Docteure en Psychologie Professeure des universités en Psychologie, Victoria Dumont-Verfaillie Docteure en Psychologie et Marie Anquetil et Anne-Lise Marais Doctorantes en Psychologie.