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Panorama numérique de la Tapisserie de Bayeux

La Tapisserie de Bayeux est désormais disponible en version numérique pour une consultation libre depuis chez soi. Une innovation technologique sans précédent pour cette œuvre millénaire, rendue possible par les équipes de l’université de Caen Normandie.

Une image aux dimensions hors normes

Les 1 500 motifs des 58 scènes de la Tapisserie sont désormais à la portée de tous les curieux et passionnés : une représentation numérique de grande qualité de la célèbre broderie est accessible sur le site internet du musée de la Tapisserie de Bayeux

Cette image inédite, reconstituée à partir d’une campagne photographique réalisée en 2017 par la Fabrique de patrimoines en Normandie, est la pierre angulaire d’un vaste projet scientifique dans lequel collaborent étroitement depuis 4 ans le ministère de la Culture (DRAC Normandie), la ville de Bayeux, le CNRS et l’université de Caen Normandie.

La reconstitution d’une telle image, contenant plus de 2,6 milliards de pixels pour un poids d’environ 8 Go, a été rendue possible par l’expertise du laboratoire GREYC, spécialisé dans les sciences du numérique, notamment son équipe IMAGE et les travaux du CERTIC de l’université de Caen Normandie, le Centre de ressources pour les technologies de l’information et de la communication.

Les algorithmes spécialement développés pour l’occasion, capables de reconstruire automatiquement des représentations complètes de la Tapisserie à partir d’images hautes résolutions de l’œuvre, ont permis de générer six fonds complets dans des modalités d’éclairage différentes (comme l’ultraviolet ou l’infrarouge) mais aussi un fond complet du revers de l’œuvre, complètement inaccessible en temps normal.

Début 2020, les différents acteurs réunis au sein du conseil scientifique du projet ont jugé essentiel de faire partager au grand public une partie de ces résultats en proposant la découverte du panorama numérique complet de la Tapisserie qui sert de fond de référence au projet.

En charge du dépôt de l’œuvre et de sa valorisation auprès du grand public, la ville de Bayeux, via son musée, a été unanimement choisie pour héberger et proposer cette version numérique. Le développement informatique du site de consultation a été confié au CERTIC de l’université de Caen Normandie en collaboration avec les équipes du musée et de la ville.

Le résultat : une visualisation fluide de l’intégralité de la Tapisserie, avec une interface simple proposant différentes modalités de déplacement et de zoom pour l’explorer sous tous les angles et dans les moindres détails avec un accès aux traductions latines en français et en anglais.

Cet accès à l’œuvre est une avancée importante en termes de valorisation patrimoniale, mais aussi un apport essentiel pour le monde scolaire, notamment pour les Britanniques chez qui la Tapisserie est particulièrement connue et étudiée. Cette diffusion numérique du savoir par l’exploitation des résultats des projets de recherche fait encore plus sens en ces temps de déplacements compliqués.

Un outil pour les scientifiques du monde entier

Ce panorama numérique est donc aussi le fond de référence d’un outil numérique novateur (SIDS, pour « système d’informations documentaires spatialisées ») accessible notamment aux chercheurs et aux scientifiques. Cet outil doit permettre à la fois de recenser la documentation existante et à venir sur la Tapisserie, mais aussi d’indexer cette documentation directement sur l’œuvre, voir l’annoter, via cette représentation numérique de référence.

Déjà utilisé par une équipe de restauratrices en janvier 2020 pour la réalisation d’un constat d’état matériel de l’œuvre, le SIDS entame un nouveau virage tourné vers la recherche via de nombreuses expérimentations en cours : projets d’étudiants, thèses et projets de recherche qui doivent permettre aux équipes du pôle Document Numérique de la MRSH de Caen et au CERTIC de proposer un environnement de travail dédié aux chercheurs.

Les laboratoires du GREYC et du Centre de recherches archéologiques et historiques anciennes et médiévales (CRAHAM) à Caen, le laboratoire d’archéologie moléculaire et structurale (LAMS) à Paris, l’université de Londres ou le British Museum de Londres font partie des partenaires qui travaillent, expérimentent et participent à ce volet « recherche » autour du SIDS.

Ce vaste projet, qui associe de nombreux partenaires institutionnels et scientifiques, constitue un exemple de collaboration au service de la diffusion des savoirs et des connaissances autour d’un objet patrimonial, culturel et scientifique.