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Anne-Lise Pitel, nommée à l’Institut universitaire de France

  • Dernière modification de la publication :16 février 2024
  • Post category:Prix & distinction / Recherche

L’Institut universitaire de France a dévoilé la liste des membres 2023, nommés pour une durée de cinq ans. Anne-Lise Pitel, maitresse de conférences en neuropsychologie, fait partie des nouveaux lauréats. C’est la deuxième fois, après sa première nomination en 2017, qu’elle représentera l’université de Caen Normandie auprès de ce prestigieux institut.

Vous êtes nommée membre senior de l’IUF au titre de la chaire fondamentale. Qu’est-ce que cette nomination implique ?

Les lauréats de l’Institut universitaire de France sont placés en position de délégation durant cinq ans. Ils disposent toutes et tous de crédits de recherche et sont déchargés des 2/3 du service statutaire d’enseignement. J’ai cette chance immense d’avoir été nommée membre de l’IUF par deux fois – la première fois entre 2017 et 2022, en tant que membre junior. Cinq ans supplémentaires, c’est du temps long pour me consacrer pleinement à mes recherches. Et je suis très fière de représenter l’université de Caen Normandie auprès de cet institut !

Quelles sont vos recherches en cours ?

Mon activité de recherche se concentre sur les troubles de l’usage d’alcool, et plus spécifiquement sur les effets directs et indirects de l’alcool sur le cerveau. Je suis rattachée à l’UFR de psychologie et mène mes recherches au sein de l’équipe Neuropresage (PHIND) dans une approche globale qui mêle neuropsychologie et neuroimagerie. On sait désormais que les effets de l’alcool sur d’autres organes comme le foie et les intestins contribuent au développement de dysfonctionnements cérébraux (perte de mémoire, perte d’équilibre, difficultés d’apprentissage…) – d’où l’importance d’améliorer la compréhension globale des mécanismes en jeu. Et ce afin de mettre en place des parcours de soin plus adaptés aux besoins des patients.

Quels projets allez-vous mener dans le cadre de l’IUF ?

Le premier est une étude fondamentale en neuroimagerie sur les mécanismes cérébraux impliqués dans le syndrome dit “de Korsakoff” observé chez les patients présentant des carences alimentaires et une consommation excessive d’alcool. Ce syndrome se caractérise par une atteinte de la mémoire à court terme, les patients ayant des difficultés à se souvenir d’événements récents. Nous suivons une cohorte d’une vingtaine de patients atteints du syndrome de Korsakoff et disposons d’ores et déjà de données d’imagerie pour mieux comprendre les circuits thalamo-corticaux impliqués dans cette pathologie.

Le deuxième est une étude appelée ALCOH-OLD, financée par la Région Normandie, qui s’intéresse aux effets de la consommation excessive d’alcool sur le vieillissement. Est-ce que l’alcool accélère le vieillissement cérébral et cognitif ? Est-ce que l’alcool augmente les risques de développer une maladie neurodégénérative ? Si oui, pourquoi ? Des travaux précliniques ont déjà été conduits : il s’agit désormais de pousser les investigations avec des bilans neuropsychologiques détaillés, des prélèvements sanguins et des tests en imagerie grâce aux équipements de pointe de la plateforme Cyceron.

Le dernier projet est une étude clinique, appelée MEM-ASA, pour “Mémoire, Alcool, Sommeil, Anxiété”, menée dans les centres de consultation mémoire de Normandie. C’est ici que sont orientés les patients se plaignant de troubles de la mémoire. Notre hypothèse, c’est que les troubles de l’usage d’alcool – souvent tabous – sont sous-évalués lors de ces consultations. L’objectif est de déterminer la prévalence de ce trouble de l’usage d’alcool. Nous avons travaillé auprès d’une quinzaine de psychologues pour standardiser les questions afin que les entretiens se déroulent de façon identique dans tous les centres. Poser le diagnostic de trouble de l’usage d’alcool est essentiel pour améliorer la prise en charge des patients qui, grâce à une réduction de leur consommation d’alcool, ont de bonnes raisons d’espérer une amélioration cognitive.

Des conseils pour devenir membre de l’IUF ?

Être membre de l’IUF, c’est bénéficier de conditions idéales pour poursuivre ses recherches. J’encourage donc tous les collègues à déposer leur candidature ! La constitution du dossier peut sembler difficile mais n’est pas insurmontable. Je me tiens à la disposition des collègues pour les aider et les conseiller si besoin.

La promotion 2023 de l’IUF, ce sont 100 chaires junior et 100 chaires senior (dont 160 chaires Fondamentales, 30 chaires d’Innovation et 10 chaires de Médiation scientifique). La cérémonie d’installation des membres 2023 se tiendra à Paris le 14 novembre 2023.

Federico Tarragoni, professeur de sociologie, rejoint également l’IUF en 2023 en tant que membre junior au titre de la chaire fondamentale. Actuellement enseignant-chercheur à l’université Paris Cité, il rejoindra l’université de Caen Normandie à la rentrée 2023.