You are currently viewing Marie, ouvrir la voie des sciences

Marie, ouvrir la voie des sciences

Diplômée d’une licence en chimie puis d’un master en sciences de la matière à l’université de Caen Normandie, Marie suit une trajectoire scientifique engagée entre recherche, expérience à l’international et enseignement. En mars 2025, elle a participé à la rencontre « Femmes et carrières scientifiques », avec la volonté de transmettre son expérience et d’encourager les jeunes générations à se lancer dans une voie scientifique. Elle revient ici sur son parcours.

Quel a été votre parcours à l’université de Caen Normandie, et pourquoi avoir choisi cette voie ?

Originaire de la région, j’ai choisi l’université de Caen Normandie pour gagner en indépendance. Dès l’école primaire, j’ai développé un intérêt particulier pour les matières scientifiques grâce à des professeurs passionnés en physique-chimie et en mathématiques.

J’ai commencé par une licence de Sciences de la vie parcours Biologie, dans laquelle j’ai eu de bons résultats en physique et en chimie. J’avais une préférence pour la chimie, et j’ai pu me réorienter en licence 3 Chimie grâce à une passerelle. Encore une fois, des professeurs bienveillants m’ont donné envie d’en apprendre plus. Le fait de me réorienter m’inquiétait un peu au début, notamment par rapport à certains acquis techniques, mais j’ai rapidement trouvé ma place. J’ai ensuite poursuivi en master 1 Sciences de la Matière, toujours à l’université de Caen Normandie. J’aimais particulièrement ce qui touchait aux matériaux et aux structures cristallines ! En master 2, j’ai choisi le parcours Matériaux avancés pour l’énergie. J’ai apprécié la liberté de choix que nous offre l’université pour construire notre parcours.

Au-delà des cours, l’université m’a aussi permis de faire de très belles rencontres. J’ai créé des liens forts avec des camarades venus d’horizons très différents, qui sont aujourd’hui devenus des amis.

Avez-vous bénéficié d’expériences professionnelles durant vos formations ?

J’ai eu l’occasion de réaliser plusieurs stages. Le premier, en L3, s’est déroulé dans un laboratoire de chimie organique. En M1, j’ai découvert le milieu industriel lors d’un stage de trois mois dans une entreprise spécialisée dans les matériaux pour films de serres. Je travaillais dans une équipe de recherche et de développement, avec pour objectif de réaliser des quantifications.

Cependant, je me suis rendue compte que ce cadre ne me convenait pas vraiment. En M2, j’ai donc souhaité revenir vers le monde académique avec un stage de six mois en laboratoire, dans le domaine des matériaux. J’ai adoré cette expérience. À l’issue de ce stage, je ne savais pas encore quoi faire. Je pensais ne pas être destinée à une thèse, que j’imaginais difficile et très longue. Mon équipe encadrante a su me motiver : je me suis lancée dans la recherche, et je n’ai pas regretté !

Quel était le sujet de votre thèse ? Que retenez-vous de cette expérience ?

Ma thèse portait sur la « Croissance de films minces d’oxydes fonctionnels sur substrats bas coûts polycristallins et nanofeuillets de germination ». Je l’ai soutenue en 2021. Cette recherche avait pour but de développer de nouvelles méthodes pour déposer des oxydes fonctionnels sur des substrats à bas coût. Ces matériaux aux propriétés magnétiques, électriques et optiques avancées sont prometteurs pour des applications dans l’électronique, la spintronique, les écrans, ou encore l’énergie, ouvrant la voie à des technologies plus performantes et accessibles.

Faire une thèse m’a beaucoup plu ! J’y ai trouvé un équilibre entre autonomie et accompagnement : je me sentais un peu comme une cheffe de projet, avec la liberté d’organiser mon travail, tout en étant encadrée. C’est d’ailleurs cette liberté, ainsi que des échanges avec d’autres chercheurs et chercheuses, qui m’ont motivée à me lancer dans la recherche. La formation proposée par l’école doctorale PSIME (Physique, Sciences de l’Ingénieur, Matériaux, Énergie) a également été très enrichissante : elle allait au-delà des aspects purement scientifiques ou pédagogiques. Nous abordions aussi des thématiques tournées vers l’avenir, comme l’entrepreneuriat et le management.

Vous avez mené des travaux de recherche en Autriche. Que vous a apporté cette mobilité ?

J’ai en effet passé un an et neuf mois à Vienne en tant que chercheuse post-doctorat à l’Université Technique de Vienne, où j’enseignais également la thermodynamique et l’électronique. Je suis partie à l’étranger pour enrichir mon parcours, dans un contexte où les postes en France sont compétitifs et l’expérience internationale fortement valorisée. Aussi, en me concentrant sur les sciences durant mon parcours, j’ai un peu délaissé l’anglais ! Cette immersion m’a permis de progresser rapidement en le parlant au quotidien. C’est une expérience que je recommande vivement aux étudiants et aux étudiantes, autant sur le plan professionnel que personnel.

En quoi consistent vos travaux de recherches actuels, et qu’appréciez-vous le plus dans votre quotidien ?

Depuis septembre 2024, je suis maître de conférences à l’université de Caen Normandie, au sein du Centre de recherche sur les ions, les matériaux et la photonique (CIMAP). Mon organisation varie selon les périodes de cours, avec des déplacements réguliers. Ce que j’apprécie, c’est la possibilité de collaborer avec mes collègues spécialistes pour répondre à des problématiques scientifiques complexes, ainsi qu’avec des laboratoires voisins. Les collaborations entre villes, régions et pays, notamment lors des conférences scientifiques et des différents projets nationaux ou européens,  constituent un aspect particulièrement stimulant de ce métier !

Mes travaux portent sur l’optique, et plus précisément sur les films minces. L’objectif est de concevoir des matériaux plus fins et plus performants pour répondre aux enjeux technologiques actuels, car la recherche est le berceau de toutes nos inventions. J’enseigne également la physique en licence. Le fait d’interagir avec les étudiants et les étudiantes, et de les voir progresser donne du sens à mon quotidien. Enseigner me permet aussi de rester connectée à la réalité, de sortir de la « bulle » académique de la recherche. J’aime beaucoup cette double casquette !

Vous avez participé à la table ronde « Femmes et carrières scientifiques » en mars dernier. Quel message souhaitez-vous faire passer suite à cet événement ? 

J’ai eu la chance de ne pas me questionner sur ma place dans la filière que j’ai choisie, notamment grâce à mon entourage qui m’a toujours encouragée à ne pas me fixer de limites. J’ai souvent constaté des différences en termes d’effectif dans mes filières : en biologie, il y avait plus de filles, en chimie, c’était équilibré, et en physique, il y avait beaucoup moins de femmes. Aujourd’hui, je suis la seule femme dans mon équipe de recherche. Si je devais passer un message, je dirais que ce n’est pas parce qu’un domaine est majoritairement masculin qu’il est réservé aux hommes. Les femmes sont tout aussi compétentes. Il serait également nécessaire que les hommes soient représentés dans des filières considérées comme « féminines ». On avance mieux ensemble !

Quels conseils donneriez-vous aux futurs étudiants et étudiantes ?

L’université, c’est avant tout pour soi. En gagnant en autonomie, il faut savoir trouver un équilibre, travailler efficacement sans s’oublier ni trop se surcharger. En première année, même si les cours sont cadrés, on a la liberté d’explorer ce qui nous intéresse vraiment. Il faut en profiter et ne pas hésiter à changer de filière si besoin : ce n’est pas parce qu’on a des difficultés dans sa filière qu’on ne peut pas réussir ailleurs. Selon moi, nous sommes tous bons dans un domaine !