Le prix Jean Goguel récompense tous les deux ans des travaux de recherche dans le domaine de la géologie et la géotechnique. En 2024, Barbara Maëstracci a été distinguée pour sa thèse de doctorat sur le développement d’instruments combinés au service de l’exploration minière, soutenue un an plus tôt au CRISMAT, le laboratoire de cristallographie et sciences des matériaux.
Une passion pour la géologie… jusqu’au doctorat
Après une licence en sciences de la Terre, Barbara Maëstracci s’oriente vers le master Géoressources, géomatériaux et géodynamique de l’Observatoire des sciences de l’univers en région Centre (OSUC) à Orléans. Elle effectue ainsi son stage de fin d’études au BRGM qui est l’établissement public français de référence dans le domaine des géosciences notamment dans la gestion des ressources du sol et du sous-sol. Son stage s’inscrit alors plus spécifiquement dans le cadre du projet SOLSA – un projet européen dédié à l’exploration des gisements de nickel de Nouvelle-Calédonie. C’est dans ce cadre qu’elle fait la connaissance de Daniel Chateigner, professeur de physique des matériaux à l’université de Caen Normandie, qui deviendra son directeur de thèse.
Des outils novateurs pour analyser les sols
Dans les sous-sols de Nouvelle-Calédonie se cachent d’importants gisements de nickel, exploités depuis la fin du 19e siècle. « Traditionnellement, les foreuses prélèvent des échantillons qui sont ensuite analysées en laboratoire pour évaluer le volume et la teneur d’un gisement », explique Barbara Maëstracci. Trop longues, trop coûteuses, trop invasives, ces techniques de prospection et d’exploration minière font l’objet de vives critiques – en particulier pour l’impact environnement induit par le transport et stockage des échantillons. « L’enjeu du projet SOLSA était de développer un nouveau procédé d’exploration permettant d’analyser la composition des sols en temps réel et de cibler ainsi plus efficacement et précisément les zones enrichies en nickel (Ni). » Le CRISMAT, aux côtés de ses partenaires, a mis au point un instrument de pointe, unique au monde, capable de caractériser des échantillons directement sur site, en moins de 30 minutes. Ce système d’analyse combinée « XRF-XRD on-site-real-time », facilement déployable sur le terrain, est une aide précieuse pour les géologues : il donne des informations quantitatives minéralogique et chimique des échantillons.
Des travaux de thèse distingués par le prix Jean Goguel 2024
La thèse de Barbara s’inscrit dans la continuité du projet SOLSA mais cette fois-ci sur l’analyse des sols pollués en contexte après-mine. L’objectif est d’effectuer un suivi géochimique et minéralogique de l’ancien site minier de Nartau, dans l’Aude, en réalisant régulièrement des analyses sur place afin de surveiller l’évolution des concentrations en arsenic. Les travaux de thèse, en cotutelle avec le CRISMAT et le BRGM, ont contribué à améliorer cette technique d’analyse combinée.
Le Comité français de géologie de l’ingénieur et de l’environnement a salué l’ensemble des travaux de recherches de Barbara Maëstracci en 2023, en lui décernant le prix Jean Goguel. Ce prix, doté de 2 000 euros, récompense chaque année des jeunes chercheurs et chercheuses dans le domaine de la géologie de l’ingénieur et de l’environnement, au terme d’une phase de sélection écriture et orale.
À l’issue de sa soutenance de thèse et forte de son expertise en cristallographie, Barbara a rejoint l’Institut franco-allemand de recherche de Saint-Louis (ISL), dans le Haut-Rhin… tout en conservant des liens étroits avec ses anciens collègues du CRISMAT !