Quand les études de pharmacie rencontrent le sport de haut niveau : le parcours de Guillaume Ruel

De sa première année commune aux études de santé (PACES) à l’obtention de son diplôme de Formation Approfondie en Sciences Pharmaceutiques à l’université de Caen Normandie, Guillaume Ruel a su allier rigueur académique et performance sportive sur la durée. Spécialiste des courses de fond et d’ultrafond, il est aujourd’hui détenteur du record d’Europe du 50 km et du record de France du 100 km.

Quel a été votre parcours à l’université de Caen Normandie ?

Inspiré par mon frère qui faisait déjà des études de santé, j’ai effectué une première année de PACES à l’UFR Santé, mais le premier semestre ne m’a pas particulièrement plu. Dès le second semestre, j’ai donc décidé de choisir la spécialité pharmacie, une matière que j’avais découverte au premier semestre et dont j’avais adoré les enseignements ! J’ai poursuivi mes études en pharmacie jusqu’à la sixième année du cursus. En parallèle, j’évoluais à haut niveau en course à pied sur marathon et 100km. Aujourd’hui, je suis toujours étudiant car je n’ai pas encore soutenu ma thèse, qui est pour l’instant en pause. Une fois achevé, ce travail qui porte sur la tendinopathie achilléenne chez le coureur me permettra d’être titulaire en pharmacie.

Comment avez-vous concilié votre vie d’étudiant et votre carrière d’athlète de haut niveau ?

L’université et la référente Régime spécial d’études (RSE) à l’UFR Santé m’ont aidé à aménager mon emploi du temps pour simplifier mon quotidien et mes déplacements. Dès ma deuxième année, j’ai acquis le statut de sportif de haut niveau à l’université. J’ai alors pu mener ces deux projets jusqu’à ma sixième année d’études. Cette dernière année a été très intense entre des entraînements réguliers, des déplacements fréquents, notamment en Afrique du Sud, et un stage de six mois en officine. J’ai eu la chance d’être soutenu par un maître de stage compréhensif. En 2022, j’ai obtenu mon diplôme de pharmacien tout en officialisant un contrat professionnel avec la marque Salomon. Même si je n’ai pas encore soutenu ma thèse, être diplômé représente une vraie sécurité pour moi, car la vie d’athlète peut être précaire, et assez courte ! Le secteur pharmaceutique, en particulier en Normandie, offre d’ailleurs de nombreuses opportunités professionnelles.

Quelles qualités d’athlète vous ont été utiles en tant qu’étudiant, et inversement ?

Dans le sport comme dans mes études, je dirais la persévérance et l’ambition. En pharmacie, par exemple, il y avait seulement 90 places à l’issue du concours : il fallait rester positif, même dans les moments difficiles. En tant qu’athlète, je devais m’entraîner deux fois par jour en moyenne, ce qui m’a obligé à être rigoureux et résilient. Lorsque je me blessais, je devais accepter d’être moins performant. Cependant, en courant, je ne pensais pas à mes études, et inversement ! Ma fatigue physique et intellectuelle se nourrissaient l’une de l’autre. Le sport m’a aidé à garder un équilibre. Je le conseille à tous les étudiants et étudiantes, même lorsqu’il n’est pas pratiqué à un haut niveau.

Par quels moyens avez-vous construit votre réseau durant vos années d’études ?

Chaque début d’année, l’université organise une réunion pour permettre aux sportifs et sportives de haut ou bon niveau de se rencontrer. Le stade du campus 1 et les activités du SUAPS en général sont aussi de bons moyens de faire de nouvelles connaissances. Pour développer mon réseau professionnel, j’ai contacté quelques maîtres et maîtresses de stage proches de moi géographiquement. Il était important pour moi de bien leur expliquer mon projet et mon quotidien, car il fallait que je limite la durée de mes déplacements pour m’organiser. J’ai eu de très bons retours, notamment d’un pharmacien qui m’a accueilli en officine et avec qui je suis encore en contact aujourd’hui.

Quels souvenirs gardez-vous de votre vie d’étudiant à Caen ?

Je garde un très bon souvenir de mes années d’études, malgré des journées souvent très longues ! J’y ai gagné en autonomie et en maturité, tout en tissant un réseau solide sur place. À l’université, j’ai pu profiter d’infrastructures de qualité, notamment pour l’entraînement sportif au SUAPS. C’est d’ailleurs un encadrant sportif du SUAPS qui m’a encouragé à effectuer les démarches pour acquérir le statut de sportif de haut niveau lorsque j’étais étudiant.

À côté de vos entraînements, comment s’organise votre quotidien aujourd’hui ?

Dans le cadre de mon contrat professionnel avec Salomon, je contribue au développement de chaussures innovantes, testées dans des conditions extrêmes. Deux modèles auxquels j’ai contribué ont d’ailleurs déjà été commercialisés. Ce travail de recherche et développement fait le lien avec ma formation scientifique ! Aussi, je prends régulièrement part à des événements et à des interventions en milieu scolaire pour promouvoir le sport et son importance.

Aujourd’hui, je travaille également avec un coach qui prépare des plans d’entraînements pour des sportifs et sportives dans le cadre d’une nouvelle activité, C2 Coaching. J’accompagne dix athlètes sur des sujets environnants à leur pratique : le matériel sportif, la nutrition, mais aussi le développement personnel. Ce projet m’a plu car, dans une pratique sportive souvent marquée par la solitude, il offre une vraie dimension humaine et me permet d’élargir mon cercle social.

Quels conseils donneriez-vous aux étudiants et étudiantes qui ont le statut d’athlète de bon ou haut niveau ?

Il est essentiel de bien fixer ses objectifs et de ne pas les mélanger : les études doivent rester une priorité. Être sportif ou sportive de haut niveau apporte des qualités précieuses telles que la rigueur, la persévérance, ou encore l’abnégation. Il y a beaucoup de mérite à obtenir son diplôme dans ces conditions. Ces années d’études sont aussi une occasion de réfléchir à son avenir et de garder une certaine liberté d’esprit : si un jour le sport s’arrête, on est prêt à se réorienter plus facilement !