Romane, psychologue : se réorienter pour trouver sa voie

Après un an à travailler en tant qu’éducatrice spécialisée dans le secteur médico-social, le désir d’accompagner autrement a conduit Romane à se réorienter pour devenir psychologue. Suite à l’obtention d’une licence et d’un master de psychologie à l’université de Caen Normandie, elle est aujourd’hui psychologue clinicienne.

Quel a été votre parcours jusqu’au master de Psychologie de l’université de Caen Normandie ?

Mon parcours est assez atypique. J’ai d’abord suivi un BTS administratif médico-social avant de faire un stage au sein d’un Établissement et service d’accompagnement par le travail (ESAT) auprès d’adultes en situation de handicap. J’ai ensuite obtenu une licence professionnelle « Intervention sociale : accompagnement de public spécifique » me permettant de devenir éducatrice spécialisée dans une unité d’enseignement élémentaire autisme (UEEA). Lors de cette dernière expérience, j’ai travaillé avec ma collègue psychologue qui intervenait en classe. Nos échanges ont été déterminants dans le choix de ma reconversion professionnelle. Nous ajustions ensemble les supports et méthodes pour chaque enfant, ce qui m’a permis de mieux comprendre l’importance de l’accompagnement psychologique. J’ai aussi observé son lien avec les familles. Ces expériences m’ont donné envie de me former davantage pour accompagner les enfants de manière globale et personnalisée.

Après un an en tant qu’éducatrice spécialisée, j’ai donc décidé de reprendre mes études pour devenir psychologue, un métier qui m’a intéressée dès l’enfance. J’ai pu intégrer la deuxième année de la licence de Psychologie à l’université de Caen Normandie, puis le master de psychologie parcours Clinique du développement de l’enfant, de l’adolescent et de la famille.

Quels souvenirs gardez-vous de votre formation à l’université ?

L’université de Caen Normandie était ma première expérience universitaire, j’ai donc pu y découvrir la vie étudiante. En licence, j’ai fait de la course à pied au SUAPS, ce qui m’a permis de faire de nouvelles connaissances. J’ai aussi profité des sorties et activités proposées par l’association des étudiants en Psychologie de Caen (EPSYCA) !

Quant à mon master, ma promotion était soudée, on se soutenait beaucoup entre nous. Les professeurs aussi étaient d’une grande aide : grâce aux supervisions, notamment, ils nous apportaient des retours sur des situations parfois compliquées à gérer, ce qui nous permettait de prendre du recul. En tant que future jeune psychologue, il est parfois difficile de se sentir légitime. L’expérience est importante, mais l’essentiel est d’être authentique. Il ne faut pas se comparer à un idéal, mais plutôt se forger à travers la pratique et les stages. Il est aussi crucial de se remettre en question et de garder du temps pour soi.

De quels accompagnements avez-vous bénéficié lors de votre insertion professionnelle ?

Pendant ma formation, j’ai effectué des stages à l’hôpital Jacques Monod au Havre, en pédiatrie, à l’Institution médico-sociale de Bolbec, ainsi qu’au sein d’un Institut Médico Éducatif (IME), d’un Établissement et Services d’Accompagnement par le Travail (ESAT) et d’un foyer d’hébergement pour adultes.  Les mises en situation, les simulations d’entretiens et les débats en groupe à la fac ont été essentiels pour retravailler ma posture professionnelle, ce qui était nécessaire au cours de ma reconversion. J’ai également apprécié les échanges en supervision de stage qui m’ont aidée à évoluer. En ce qui concerne les enseignements, j’ai trouvé particulièrement enrichissants les cours sur les troubles alimentaires et la systémie familiale, ainsi que les interventions de nombreux psychologues.

Quelles compétences issues de votre BTS et de votre licence professionnelle ont été utiles lors de votre reconversion professionnelle ?

Au cours de mes différents stages, j’ai eu l’opportunité de travailler à nouveau dans le secteur médico-social, cette fois-ci en tant que psychologue. Me retrouver dans un environnement professionnel déjà familier a donc facilité mon adaptation. En effet, lors de mes premières expériences professionnelles, j’avais déjà constaté que le ou la psychologue jouait souvent un rôle de ressource pour l’équipe, en particulier pour les éducateurs et éducatrices. Ayant moi-même fait ce métier, le fait de connaître leur vécu m’a beaucoup aidée à mieux comprendre leurs besoins et donc à mieux travailler en tant que psychologue. De plus, je connaissais déjà des outils, comme ceux liés à l’autisme, la communication alternative et l’évaluation, qui étaient abordés dès le début de mes études, et revus en master.

Aujourd’hui, de quoi est fait votre quotidien ?

J’ai débuté ma carrière de psychologue dans un Institut médico-éducatif (IME) : j’y ai été recrutée pendant ma deuxième année de master. Mes missions étaient d’apporter un regard clinique aux équipes pluridisciplinaires, d’effectuer des entretiens de suivi avec les jeunes et leur famille, et d’animer des réunions cliniques. Ce travail se faisait avec des adolescents de 12 à 20 ans qui présentaient une déficience intellectuelle légère.

Par la suite, j’ai eu l’opportunité de développer mon activité de psychologue clinicienne en cabinet à Caen et en collaboration avec une autre psychologue au sein de la maison médicale d’Amfreville, où je travaille avec une approche systémique et intégrative. J’adapte mes outils et méthodes à chaque personne. Étant donné mon parcours, je reçois beaucoup de personnes présentant un trouble du spectre de l’autisme. Ma mission consiste également à soutenir les familles confrontées au handicap. Ce que j’aime le plus, c’est le suivi des jeunes et des parents, ainsi que le travail en équipe avec d’autres professionnels. J’aime l’idée qu’en réunissant toutes nos compétences, nous pouvons offrir le meilleur suivi possible aux patients et patientes.

Quelles ressources complémentaires recommandez-vous aux futurs et futures psychologues ? 

En tant que psychologue, il est important de continuer de se former, et d’actualiser sa pratique. Le CHU de Caen propose une offre de formation assez riche. Je vais par exemple suivre une formation sur le deuil l’année prochaine. Je recommande aussi le Centre Ressources Autisme Normandie où il est possible d’emprunter des ouvrages, ainsi que la Testothèque de l’université de Caen Normandie. Enfin, je reste en contact avec les anciens camarades de ma promotion : nous échangeons lors de séances d’intervision, un temps dédié aux questionnements sur notre pratique et les situations auxquelles nous faisons face. J’ai également débuté un travail de supervision avec un psychologue permettant une analyse des situations cliniques et un accompagnement dans des situations complexes.

De quelle manière avez-vous pu développer votre réseau professionnel ?

Je me suis inscrite sur LinkedIn dès mon entrée en licence, et j’ai constaté que des offres de stage y étaient souvent publiées. Je trouve ce réseau intéressant pour le partage de certaines ressources et d’outils professionnels. De plus, des psychologues qui intervenaient lors de la formation nous aidaient aussi à trouver des opportunités. Il y a une réelle transversalité entre les cinq parcours du master Psychologie, ce qui facilite les rencontres et le développement de son réseau professionnel ! 

Quels conseils donneriez-vous à un étudiant ou une étudiante qui envisage de se réorienter pour devenir psychologue ?

Je dirais qu’il faut avant tout être indulgent avec soi-même et ne pas se mettre trop de pression. Il est important de se faire confiance, de rester soi-même, de continuer à se former, mais aussi de se laisser le temps nécessaire pour s’adapter. L’entraide entre collègues, le partage d’outils et la communication entre professionnels sont essentiels. Enfin, il est très bénéfique de poursuivre une supervision et de participer à des séances d’intervision, même courtes, pour continuer à progresser et se sentir soutenu.

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