Natalie L. Marchant est professeure associée à University College de Londres (UCL). Spécialiste en psychiatrie, elle dirige le Marchant Lab et coordonne notamment le Research Culture Community Steering Group. Du 6 au 17 octobre, Natalie Marchant était invitée par l’équipe de recherche Neuropresage pour travailler sur un projet commun : mesurer l’impact des pensées et des sentiments sur la santé cérébrale.
L’importance du bien-être psychologique
Quelles conséquences ont le mode de vie et la santé mentale sur le vieillissement ? Une question que Natalie Marchant se pose depuis des années. En tant que chercheuse en psychologie, elle se situe à la rencontre entre la psychologie et les neurosciences : « Mes recherches portes sur la manière dont les processus psychologiques et les marqueurs neurologiques interagissent ». Pour étudier ce sujet, Natalie Marchant se base sur des outils spécifiques aux deux sciences : « D’une part, j’utilise des diagnostics cliniques et des questionnaires psychologiques pour mesurer l’anxiété, la dépression, et les modes de pensées ; d’autre part, je contrôle l’activité physique du cerveau avec des technologies d’imagerie cérébrale telles que l’imagerie par résonance magnétique (IRM) et la tomographie par émission de positons (TEP). L’objectif est de mettre en évidence le lien entre la santé psychologique et les marqueurs biologiques ».
À ce titre, Natalie Marchant étudie les facteurs de risque liés à la démence. « J’ai notamment découvert que, plus on est propice aux pensées répétitives négatives, des ruminations difficiles à contrôler et ressassant des thèmes négatifs, plus le risque de maladies neurodégénératives, de déclin cognitif et d’accumulation d’amyloïdes (un marqueur biologique de la maladie d’Alzheimer) augmente. »
Il y a 10 ans, Natalie Marchant était venue à l’université de Caen Normandie présenter ses travaux à l’équipe Neuropresage. Elle avait notamment exposé son hypothèse selon laquelle les pensées répétitives négatives seraient liées à la santé cérébrale et, sur le long terme, au risque de développer la maladie d’Alzheimer.
Un projet commun avec Neuropresage
De cette première visite est née une collaboration s’étendant sur une dizaine d’années. En effet, Natalie Marchant a travaillé avec l’équipe de Gaël Chetelat sur Medit-ageing, un projet de recherche proposant un entraînement de méditation dédié au bien-être mental, cognitif, et à la santé cérébrale chez l’adulte âgé. De plus, afin de corroborer son hypothèse concernant les pensées répétitives négatives et la prise d’âge, Natalie Marchant a conçu des questionnaires permettant d’évaluer ce type de pensées pour les distribuer aux patients d’une des cohortes de Gaël Chetelat. Grâce à ces questionnaires et aux travaux de Gaël Chetelat sur l’imagerie cérébrale, les résultats devraient montrer si les pensées répétitives négatives sont bien liées à la santé cérébrale sur le long terme.
C’est pourquoi, en octobre, Natalie Marchant est revenue à l’université de Caen Normandie afin d’étudier l’avancée du projet.
À l’occasion de son premier séjour de deux semaines dans une université française, Natalie Marchant a vécu au rythme du quotidien d’une unité de recherche caennaise. « J’étais ravie de rencontrer la communauté scientifique très active de Neuropresage. Travailler sur des données directement, les analyser en profondeur, échanger avec des chercheurs et chercheuses remarquables sur des sujets complémentaires aux miens… Au sein de Neuropresage, toute l’équipe travaille sur des sujets similaires, a observé Natalie Marchant. Il y a une collaboration et un soutien fort, notamment chez les doctorants. » Forte de ces idées complémentaires, Natalie Marchant a évoqué d’éventuelles collaborations à venir, notamment pour étudier la relation entre les pensées répétitives négatives, les biomarqueurs sanguins et le sommeil, afin d’ « acquérir une perspective globale sur la santé mentale et cérébrale ».
Au cours de sa visite, Natalie Marchant a également donné deux conférences :
- Une conférence publique sur l’importance de la santé mentale dans la prévention de la démence
- Un cours magistral à des étudiants et étudiantes de l’UFR de Psychologie
L’occasion de sensibiliser sur des améliorations concernant la santé cognitive et cérébrale :
- Prendre en compte l’importance de la psychologie par rapport au risque de démence
- Améliorer les interventions comportementales et psychologiques les plus susceptibles de réduire les facteurs de risque
Vers plus d’inclusion dans la recherche et les pratiques cliniques
Afin d’avancer, la recherche a besoin d’élargir le recrutement de ses cohortes. Dans cette optique, Natalie L Marchant s’engage à mettre à jour des pistes d’amélioration vers des pratiques plus inclusives. Pour ce faire, elle est travaille notamment auprès de la patientèle la plus concernée par les risques (issues de minorités ethniques, de conditions sociales difficiles, d’un niveau d’éducation modeste…).
En effet, inclure une population plus susceptible de développer des troubles cognitifs dans les cohortes de recherches permettrait de mettre en place des approches et des traitements plus adaptés. « La santé mentale et la démence sont des sujets que l’on aborde de plus en plus. Cependant le chemin est encore long avant que chacun et chacune puisse obtenir une aide adaptée, peu importe son statut ou ses moyens. Plus la recherche sera inclusive, plus nous aurons de données sur les maladies, les troubles et les facteurs de risque. Nous serons donc plus à même de développer des traitements et de proposer aux patients un éventail d’options adaptées à leurs besoins spécifiques ».