Daniel Delahaye, chercheur au laboratoire IDEES-Caen (gauche) et Romain Debray de l'ANBDD (droite)

Nouvelle phase pour le GIEC Normand : quand les sciences humaines enrichissent l’étude du climat

Le jeudi 02 octobre, l’université accueillait les membres du GIEC Normand et la Région Normandie pour parler climat. La seconde phase de travaux apporte des précisions sur les données météorologiques et sur la biodiversité, ainsi que des éléments dans différents domaines des sciences humaines.

Un moment fort pour comprendre autrement les enjeux du changement climatique

Les premiers travaux du GIEC Normand remontent à 2020. Les équipes missionnées, composées de chercheurs et de chercheuses des trois universités normandes, ont travaillé sur différentes thématiques environnementales : les changements climatiques et aléas météorologiques, la qualité de l’air, l’eau, la biodiversité, les sols et l’agriculture, la pêche et la conchyliculture, les territoires (habitat et mobilités), les systèmes côtiers, et enfin la santé (pollutions, nouvelles maladies).

Pour cette nouvelle vague de résultats, les équipes de recherche ont complété les études réalisées en 2020 et se sont concentrées sur de nouvelles thématiques : la sociologie, la psychologie, le droit du changement climatique et l’économie. Plusieurs laboratoires de recherche de l’université ont contribué aux résultats de cette seconde phase du GIEC Normand : CERREV, CREM, ICREj, IDEES, LPCN.

L’ensemble des travaux de la première et seconde phase sont disponibles sur le site de la Région Normandie.

Les données mises à jour permettent de mieux comprendre et d’anticiper le changement climatique, en apportant une vision plus homogène du climat. La réactualisation des données météorologiques confirme bien le phénomène de réchauffement climatique, avec des températures maximales absolues prévues pour la période 2071-2100 de l’ordre de 41,7°C à Cherbourg, 46,4°C à Caen et 46,9°C à Alençon. Toujours en Normandie, il est prévu une augmentation des précipitations de 9%, avec une grande opposition saisonnière entre un hiver arrosé et un été plus sec.

Ces résultats auront un impact sur les haies et le bocage normand, qui sont globalement dans un mauvais état car les réseaux sont soit sur-entretenus, soit sous-entretenus. Les réseaux les plus en souffrance sont ceux qui bordent les champs cultivés et les bords de route.

Un travail plus approfondi sur les îlots de chaleur est en cours de réflexion. Ce travail permettra d’inciter les collectivités à entreprendre des travaux d’aménagement particuliers afin d’accueillir la nature en ville et de réduire ce phénomène d’îlot de chaleur. Un catalogue a également été créé, regroupant une soixantaine d’essences adaptées ou adaptables au changement climatique, rappelant que la haie est un outil moderne d’adaptation au changement climatique, ayant de nombreux avantages : régulation hydrologique, effet brise vent, fourrage, refuge pour la biodiversité, stockage du carbone, contribution à la résilience du milieu urbain.

Pour ce GIEC Normand 2, la demande était de produire un état des lieux des résultats de recherche effectués dans les domaines des sciences humaines. Ainsi, les états des lieux en sociologie et psychologie ont montré que la population française a pris conscience des enjeux liés au changement climatique, mais que la mise en action ne suit pas pour autant. Les résultats montrent qu’il est nécessaire désormais de comprendre les déterminants et freins à l’action climatique afin d’accompagner plus efficacement le changement des comportements. En comprenant ces mécanismes, les stratégies peuvent être orientées différemment et avoir des résultats plus concluants.

Puis, l’équipe en charge de la partie sur l’économie a mis en lumière l’impact du changement climatique sur la sphère économique, comportant des risques à la fois directs et indirects, visibles et invisibles, mais surtout interconnectés. Un certain nombre de vulnérabilités ont été listées, touchant à différents domaines : les ressources en eau, le tourisme, l’agriculture, la pêche, les logements, entre autres. Les résultats ont également mis en évidence le « prix de l’inaction » qui aura un impact notamment sur la santé, les emplois, l’urbanisme, entre autres.

Enfin, le droit au changement climatique se développe, avec une couverture internationale (Protocole de Kyoto, Accord de Paris, etc.), européenne (Green Deal, etc.) et nationale (Stratégie nationale sur la biodiversité, Plan Climat-Air-Energie, etc.). Les collectivités territoriales sont devenues des acteurs incontournables dans la lutte contre le changement climatique. Ces collectivités sont au cœur des stratégies d’aménagements et au développement durable des territoires, en agissant sur de nombreuses thématiques : protection de la biodiversité, climat, qualité de l’air, énergie, mobilités.

Des résultats pris en compte dans la stratégie menée par la Région et celle menée par l’université

En décembre 2022, un premier plan d’actions a été voté en Assemblée plénière de la Région Normandie, dans le but de construire une « Normandie résiliente », de manière collective. Ce plan est en cours de réalisation à travers des actions concrètes, comme par exemple le financement de projets de plantation de haies et de restauration des zones humides, portés par les collectivités, afin de restaurer les trames vertes et bleues normandes.

L’université continue de mettre en place des actions pour agir contre le dérèglement climatique, et favoriser la qualité de vie sur les campus tout en préservant le vivant, comme prévu dans son Schéma directeur DD&RSE. L’université s’appuie sur les différents travaux du GIEC Normand pour obtenir les résultats les plus pertinents, au vu des prévisions. Cela se traduit notamment par des réflexions autour de l’aménagement des campus, mais également autour d’actions de sensibilisation, entre autres.