
Langue et style dans les récits de transfuge de classe. Ambition sociolinguistique et auto-illusion littéraire
16 octobre 2025 · 14h00 – 17h30
Conférence de Laélia Véron, maîtresse de conférences à l’université d’Orléans
Les récits de transfuge de classe (récits non-fictionnels, écrits à la 1re personne, qui racontent une ascension sociale souvent spectaculaire, souvent intellectuelle, qui forment un type de récit de soi contemporain en plein expansion) s’attachent très souvent à la question de la langue. La langue est représentée à la fois comme un marqueur social, aussi bien du milieu d’origine que du milieu d’arrivée ce qui provoquerait chez le ou la transfuge une situation de diglossie, et comme un outil littéraire et politique qui pourrait permettre au ou à la transfuge de dire, de venger les siens et d’agir sur le monde. Cependant, la langue fait partie des paradoxes et de l’hétérogénéité du corpus des récits de transfuge. On peut remarquer en effet un décalage entre un métadiscours linguistique très souvent nourri de théorie sociolinguistique bourdieusienne et, d’une part, certaines représentations qui tendent vers le populisme dénoncé par Grignon et Passeron, d’autre part, un rapport à sa propre écriture et à la notion de « style » qui peuvent tendre à l’auto-mythification littéraire.
Travaux, dont des ressources en ligne :
Livre avec Karine Abiven, Trahir et venger. Paradoxes des récits de transfuge de classe, La Découverte, 2024. (Un chapitre porte plus spécifiquement sur la langue).
Article avec Clara Cini, L’écriture plate n’existe pas. Annie Ernaux : entre hyperconscience sociolinguistique et illusion stylistique – en ligne, revue COnTEXTES
Les récits de transfuge de classe, entre rejets et résistance de la notion de « style » – présentation d’une intervention