La perception du hasard

Peut-on contrôler, influencer le hasard ? Et pourquoi ressent-on cette volonté de donner du sens à l’inattendu ? À l’occasion de la Fête de la science 2025, le Laboratoire de psychologie Caen Normandie propose un atelier ludique autour d’un simple geste : lancer des dés ! Une expérience qui invite à réfléchir à notre rapport à l’incertitude et à l’imprévisibilité.

Un protocole de science participative, dévoilé à l’occasion de la Fête de la science

« L’hypothèse de recherche est encore secrète ! » explique Virginie Bagneux, enseignante-chercheuse en psychologie sociale, responsable scientifique du projet. Difficile, donc, à ce stade, de dévoiler les dessous de l’atelier « La perception du hasard ». Seulement le principe clé : il s’agit de lancer des dés en fonction de consignes précises, de compiler les résultats obtenus et de compléter un questionnaire en lien avec notre perception du hasard. Présenté à Caen et à Saint-Lô lors de la Fête de la science, cet atelier s’inscrit dans une démarche de science participative : le recueil de données alimentera un projet de recherche plus vaste sur notre façon d’appréhender le hasard et sur le développement de l’esprit critique. « Une plateforme en ligne sera ouverte dans un second temps, afin de recueillir des données auprès d’un public plus large. » L’ensemble des données recueillies seront ainsi accessibles librement.

La démarche scientifique expliquée

Mais pourquoi s’intéresser au hasard ? « Dans un monde incertain, l’être humain a une tendance naturelle à se laisser guider par l’intuition, plutôt qu’avoir recours à un raisonnement plus délibératif, alors plus coûteux en temps et en ressources. Les résultats de la recherche montrent également que les individus échouent le plus souvent quand il s’agit d’estimer certaines probabilités. Ces résultats sont étroitement liés à la perception que les individus ont du hasard », précise Virginie Bagneux. L’humain chercherait donc à donner des significations aux événements imprévisibles et mystérieux, dans l’objectif de les rendre cohérents, compréhensibles et contrôlables.

Mais ces intuitions peuvent-elles résister à la démarche scientifique ? Ce dispositif, conçu en partenariat avec Le Dôme, l’Observatoire Zététique de Grenoble et la chaîne YouTube Hygiène mentale, permettra d’initier les publics à la démarche expérimentale. « À terme, l’objectif est de proposer des séances pédagogiques et des contenus vidéo de vulgarisation destinés à expliquer les différentes étapes de la méthode scientifique – observer un phénomène, formuler une problématique, tester une hypothèse, analyser les données et évaluer la qualité des preuves obtenues. Ce dispositif sensibilisera les publics aux différents biais cognitifs, qui influencent notre manière de traiter l’information. » L’occasion, aussi, de montrer la science telle qu’elle se fait et telle qu’elle se construit, pour expliquer le réel au plus près de ce qu’il est.

Virginie Bagneux est membre du programme pluridisciplinaire « Lutte contre l’infodémie, développement de l’esprit critique » (LUCIDE). Porté par la Maison de la recherche en sciences humaines de Caen, ce programme a pour ambition de mener des activités de recherche, de formation et de médiation scientifique favorisant l’éducation aux médias et à l’information, la remise en question de ses propres certitudes et le développement de la pensée critique.