La Station marine de Luc-sur-Mer ouvre ses portes à l’occasion de la Fête de la science, les 11 et 12 octobre 2025. C’est là, à quelques mètres de la plage seulement, que biologistes et écologues veillent sur les écosystèmes côtiers. Le laboratoire MERSEA propose un vaste programme d’animations pour faire découvrir les métiers de la recherche et la biodiversité marine locale.
Un milieu fragile sous haute surveillance
Le laboratoire MERSEA joue un rôle essentiel dans le suivi de l’état du milieu marin. Les scientifiques veillent ainsi sur les espèces qui peuplent le littoral de la Manche – microalgues et macroalgues, coques, moules, huîtres, bulots, seiches et calmars, bars, petites roussettes… et bien d’autres. La répartition des espèces, leurs interactions et leur physiologie donnent des indices précieux sur le fonctionnement et la santé des écosystèmes. « La bande côtière, à l’interface entre terre et mer, est un milieu fragile, soumis à de multiples pressions », rappelle Marie-Pierre Dubos, ingénieure d’études à MERSEA. Pêche, élevage, tourisme… De nombreuses activités humaines se concentrent ici. C’est là, aussi, qu’échouent les déchets drainés par les fleuves sans compter les pollutions issues des rejets agricoles et industriels. « Nous organisons un atelier sur la laisse de mer pour sensibiliser le public à la question des déchets », précise Katherine Costil, maître de conférences en écologie marine. « Lors des grandes marées, la mer dépose sur la plage des débris naturels – os de seiche, coquilles, pontes de bulots, algues, ou encore bois flotté –, mais aussi des déchets d’origine humaine, comme des fragments de filets de pêche ou des morceaux de plastique. » Le laboratoire mène des études en écotoxicologie pour évaluer les effets des pollutions sur les organismes marins.
L’adaptation : une forme d’intelligence
Le programme de cette Fête de la science 2025 s’articule autour de neuf ateliers et d’une conférence, réunis sous le thème « La mer en toute intelligence ». Mais peut-on vraiment parler d’« intelligence » chez les organismes marins ? « L’intelligence a de multiples facettes, souligne Katherine Costil. Pour les espèces marines, l’intelligence se manifeste avant tout par leur capacité d’adaptation. » La bande côtière est soumise à de fortes variations de température, de salinité, de luminosité ou de courant… Et malgré ces contraintes, les espèces marines développent des stratégies pour survivre, croître et se reproduire. « Évidemment, explique Marie-Pierre Dubos, on ne peut pas évaluer l’intelligence de la seiche et l’intelligence de l’huître avec les mêmes critères. Mais leur point commun, c’est cette incroyable capacité à s’adapter. » La capacité d’adaptation découle de la faculté à compenser une « difficulté », à résoudre un problème et à saisir une opportunité. Par exemple, certaines microalgues libèrent des molécules toxiques pour se défendre. La seiche, elle, excelle dans l’art du camouflage. Face au réchauffement climatique et à l’eutrophisation, les macroalgues prolifèrent. Quant aux parcs éoliens, ils jouent un rôle inattendu : celui de récifs artificiels offrant de nouveaux habitats aux algues, moules et micro-organismes.
Immersion dans un laboratoire de biologie marine
Comment l’huître respire-t-elle ? Comment se nourrit-elle sans jamais se déplacer ? À quoi ressemble le cerveau d’une seiche ? Autant de questions auxquelles les visiteurs pourront répondre grâce aux ateliers pratiques proposés par le laboratoire MERSEA. « L’objectif est de faire découvrir nos méthodes, techniques et outils de recherche », précise Katherine Costil. Préparation de lames, observation au microscope, manipulation d’équipements… Les scientifiques ouvrent les portes de leur quotidien, dans un laboratoire qui est aussi un lieu de formation. « Le Centre de recherche en environnement côtier de Luc-sur-Mer accueille les étudiants et étudiantes du master Sciences de la Mer, parcours Écosystèmes côtiers et physiologie des espèces exploitées par la pêche & l’aquaculture. Ce master apporte des connaissances approfondies en océanographie, en physiologie ou encore en écologie marine. Les promotions de M1 et M2 2025-2026 sont très investies dans cette nouvelle édition de la Fête de la science ; c’est un vrai plaisir de les avoir toutes et tous à nos côtés ! »

Atelier « Voir l’invisible » pour découvrir l’histologie