Le CNRS met chaque année à l’honneur celles et ceux qui font avancer la science et rayonner la recherche. Charles Manière, chercheur CNRS au laboratoire CRISMAT, est lauréat de la médaille de bronze 2025.
Charles Manière a effectué son doctorat à l’université de Toulouse, avant de s’envoler pour les États-Unis pour un contrat post-doctoral de deux ans à la San Diego State University. Sa spécialité : le frittage. Ce procédé consiste à chauffer une poudre céramique pour la densifier et la façonner. « Ma thèse portait sur une technique de frittage dite « sous charge », précise Charles Manière. Le procédé que nous avons développé permet de fabriquer des pièces de formes complexes par pressage à chaud. Il a donné lieu à sept brevets, dont le brevet initial a été racheté par la société Norimat, installée à Toulouse. Aux États-Unis, j’ai pris du recul sur l’ensemble des modèles de frittage existants et j’y ai réalisé de nombreuses impressions 3D. » Cette expertise, il la ramène en France, à son retour, en 2018. C’est cette année-là qu’il obtient le concours d’entrée au CNRS et prend ses fonctions au laboratoire CRISMAT de Caen.
« Dès mon arrivée, nous avons acquis des technologies d’impression 3D céramique de pointe, dont un équipement de stéréolithographie 3DCERAMsinto, qui permet de façonner des pièces à très haute résolution. » L’impression 3D est ainsi couplée avec un procédé de frittage sous charge : l’objectif est de développer des formulations pour obtenir des interfaces très fines et très précises et, in fine, des matériaux aux propriétés haute performance.
Ses travaux explorent une deuxième voie : « Nous avons également acquis d’autres équipements d’impression 3D, fondés sur des techniques d’extrusion, qui permettent d’obtenir des impressions ultra rapides. Avec les procédés classiques, les cycles de production industrielle sont très lents et avec une forte empreinte carbone. L’objectif est de développer des procédés plus vertueux, permettant d’obtenir, par impression et frittage ultra rapide, de pièces céramiques avec des propriétés similaires mais une empreinte carbone grandement réduite. »
Au fondement de ses recherches, il y a la simulation des phénomènes sous-jacents, pour bien comprendre ce qui se passe au moment de l’étape de frittage. « Mes recherches ont aussi une visée fondamentale. Tout l’enjeu consiste à comprendre ce qui génère (ou non) des déformations dans la pièce céramique, mais aussi pourquoi un « frittage flash » s’opère en quelques secondes seulement alors qu’il faut des heures dans un four traditionnel. Nous sommes, au CRISMAT, un des rares laboratoires au monde à avoir un prototype permettant d’étudier l’impact des modules de frittage et leurs impacts sur les cinétiques de frittage. »
Charles Manière fait partie des 46 lauréats et lauréates de la médaille de bronze CNRS 2025. Cette distinction est la reconnaissance de travaux déjà bien engagés : 80 articles, 1 500 citations, 7 brevets, six projets de recherche, dont une ANR JCJC. « C’est une grande fierté de recevoir cette médaille. Elle symbolise non seulement une reconnaissance personnelle, mais surtout le fruit d’un travail collectif, porté par une équipe engagée qui m’a accompagné tout au long de cette aventure scientifique. C’est une belle source de motivation pour la suite. »

Charles Manière, entouré de Sylvain Marinel à gauche, un collègue proche travaillant sur les céramiques et le frittage, suivi de Flavie Lebas, doctorante en impression 3D par extrusion. Au centre, debout, Aymeric Jugan, doctorant sur la formulation pour la stéréolithographie, en bas Alexis Onfroy, doctorant spécialisé dans le frittage par micro-ondes, et à droite Fatima Hammoud, en charge de la modélisation du frittage de pièces imprimées.
Crédits photos : ©Olivier Gherrak