Assemblée générale du 7 avril 1789

Assemblée Générale
du 7 avril 1789 présidée par M. Clavière.

Membres présensprésents :
Comité :
M.M. de Bourge, le marquismis de Condorcet, Gallois, le Roi de Petitval,
de Blaire, de Montcloux, de Brack, de Warville, Clavière, de
Bréban
, Duchesnay et Cuchet

Membres présensprésents :
De la Société :
M.M. Lanthenas, Desessarts, Pampelune, Le Roy de Camilly,
le maréchal de Beauvau, du Roverray, (Dumont, de Dublin), de Meulan,
Dupleix de Mézy, de Vaynes, le Baronbon de Diétrick, Agasse de Cresne,
l’abbé Sieyès, Henry, Daudignac, le marquismisdu Châtelet, le marquismis de la
Feuillade
, Croharé, le comtecte de Rochechouart, Gougenot.

Les procès verbaux ayant été revus et approuvé, le secrétaire a
informé l’assemblée des différensdifférents ouvrages dont M. de Warville avait enrichi
les archives de la Société.

M. le comtecte de Rochechouart a communiqué à l’assemblée une lettre
de M. Pussaye, remplie des sentimenssentiments les plus favorables en faveur de
l’abolition de la traite. Il a également informé la Société du refus que le grand
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bailly d’Alençon
avait fait de prendre en considération la lettre que
la Société avait adressée aux trois ordres de son bailliage

M. de Condorcet a fait lecture de la liste des bailliages où l’on
avait admis l’examen de la cause des Noirs. Le clergé et la noblesse de
Mantes a porté sur ses cahiers la demande de l’abolition de la traite
et de l’esclavage ; le tiers état de Senlis ; la noblesse de BauvaisBeauvais ; la noblesse
et le tiers état de Laon de Laon, la noblesse de Chaumont en Vexin ; le
clergé de Melun ; la noblesse et le tiers état de Péronne en ont fait autant.
Le bailliage de Montfort Lamaury a approuvé les intentions de notre
Société mais n’a point porté sa demande sur ses cahiers.

Le secrétaire a lu la traduction de ce qui s’est passé dans la
chambre des communes le 23 mars 1789, lorsque M. Wilberforce a fait
la motion de former un Comité pour juger la question d’abolir la traite
des Noirs. Cette traduction est conservée dans les archives de la Société.

On a procédé à l’élection des cinq membres qui manquaient pour
complettercompléter le Comité. M. de Bourge et M. Lanthenas ont été appelléappelés
pour vérifier les scrutins avec les officiers et la pluralité des suffrages
a été pour M.M. le baron de Diétrick, le marquismis de La Fayette, le
comte de Rochechouart, Henry et de Vayne.

Le trésorier a mis sous les yeux de l’assemblée et fait signer par
le président sortant de charge, l’état des dépenses et recettes depuis
le mois de janvier jusqu’au premier1er avril.

Le secrétaire a lu une motion sur la Réponse à M. Malouet1,
et s’est contenté d’annoncer à la Société que le rapport que lui en
avait demandé le Comité avait été exécuté.

M. Gramagnac a proposé dans une motion par écrit de faire
l’emplette de quatre ouvrages relatifs à la question dont s’occupe
la Société. L’assemblée a décidé que l’on en ferait l’acquisition le
plustôtplus tôt possible des deniers de la Société. Elle n’a point consenti à
l’achat des gravures exécutées à Londres et proposées par souscription.

Arrêté que la Société de Londres serait priée d’agréer les 25
exemplaires de la traduction de Clarkson2 qu’elle avait demandédemandés
et offert de payer.

M. Gramagnac ayant renouvellérenouvelé la motion anciennement
faite au sujet de l’abonnement pour quelque gazette anglaise, il a
été arrêté que l’on prierait la Société de Londres de nous envoyer avec
exactitude tous les détails de la discussion qui va être faite à la
Chambre des communes relativement à l’abolition de la traite.


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M. de Warville a fait lecture d’un discours sur la nécessité et
la forme d’un mémoire à présenter aux États généraux. Le discours
dans lequel on a entendu le compte le plus intéressant des ouvrages
qui ont paru tant en Angleterre qu’en France sur l’abolition de la
traite et les maux qu’elle cause, ainsi que sur l’esclavage où l’auteur
fait sentir tout les dangers qu’il y aurait à ce que les colons fussent
admis comme députés aux États généraux ; où il dévelopedéveloppe l’esprit que
les planteurs y apporteraient et tout le mal qui en résulterait pour les
malheureux Noirs ; où il trace un plan de travail propre à remplir toutes les
vues et les désirs de la Société ; ce discours, dis-je, a été très vivement applaudi.

M. de Warville a proposé les trois arrêtés suivanssuivants. Qu’il serait fait
un mémoire pour la Société des Amis des Noirs adressé aux États
généraux3, à l’effet de les engager à nommer un comité pour instruire
la cause des Noirs, lequel mémoire avant d’être imprimé, serait lu
à la Société. Cette motion a été admise.
Que la Société choisirait trois membres pour suivre auprès des États
généraux l’effet de ce mémoire et en général pour y suivre et deffendredéfendre
la cause des Noirs. Approuvé, moyennant que le Comité fut chargé de
la présentation des trois membres.
Troisièmement, que les trois députés rendraient compte des progrès
de leur mission, soit à la Société, soit, dans des cas urgensurgents, au Comité
. Également approuvé.

L’assemblée générale a jugé à propos de différer l’élection des
députés jusqu’à l’époque qui paraîtrait le plus favorable pour suivre
la cause des Noirs auprès des États généraux

É. Clavière Gramagnac
Docteur en médecineDM

1. Réponse à l’écrit de M. Malouet sur l’esclavage des nègres. Dans lequel est exprimé le voeu formé par les colons d’avoir des représentant aux Etats-généraux. Par un membre de la Société des Amis des Noirs, s.l., 1789.
2. Thomas, Clarkson, Essai sur les désavantages politiques de la traite des negres, Neufchatel, 1789.
3. Lettre à MM. les députés des trois ordres pour les engager à faire nommer par les Etats-Generaux, à l’exemple des Anglois, une commission chargée d’examiner la cause des noirs, Paris, 1789.