Assemblée générale du 12 février 1790

Assemblée Générale
tenue le 12 février 1790 présidée par M. Lepage.

Membres présensprésents :
M.M. Le Page
Chauveau, Lanthenas, Bonnemain, etc.&c

M. le président a fait part au Comité que M. Agasse
de Cresnes
, membre de la Société, avait envoyé aux Amis
des Noirs, un billet funéraire, pour assister à l’enterrement de
ses neveux M.M. Agasse1.

Le Comité a arrêté au nom de M. le président, qu’il serait
adressé à ce membre une lettre de condoléance sur la perte
qu’il vient d’éprouver, ses regrets et sa sensibilité, sur la
conduite qu’il a tenue dans cette position douloureuse.

M. Chauveau a accepté avec autant d’intérêt que de zèle
le travail que lui a proposé M. le président pour la cause
intéressante des Noirs.

M. Bonnemain a lu une suite de son Mémoire
concernant l’abolition de la traite et de l’esclavage, et il a été
arrêté de le faire imprimer promptement2.

M. de Warville a fait part au Comité de son adresse
à l’Assemblée nationale, imprimée comme il avait été
arrêté dans les séances précédentes3, et a annoncé qu’il en
avait envoyé mille exemplaires à l’Assemblée nationale.

Le même a fait part aux membres présensprésents de différentes
adresses contre le régime de la Société, par diverses villes
de province.

Le président a rendu compte de la discussion qui
avait été faite à la Commune de Paris, sur la cause
des Noirs libres, relative à l’admission des gens de
couleur à l’Assemblée nationale. Il a dit que pour se
conformer au voeu de la Société, il avait défendu cette cause4
qui a été très vivement soutenue par M.M. de Bourge,
Bosquillon, Bertholio, Garran de Coulon et Danton. Arrêté
qu’il serait écrisécrit des lettres de remerciemensremerciemens aux quatre
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dernières personnes5.

Le président a fait ensuite part d’un discours lu par
M. Magol au district des Filles Saint-Thomas6, où l’on accusait
la Société d’avoir voulu soulever les Noirs des IslesÎles à sucre
et d’avoir dans son sein des membres salariés par l’Angleterre.

Arrêté que M. le président est autorisé de se retirer avec
M. le secrétaire au dit district et de réclamer au nom du
Comité contre une inculpation aussi attroceatroce

Brissot de Warville

1. Augustin-Jean et Anne-Jean-Baptiste Agasse avait été condamnés pour avoir contrefait des actions de la Caisse d’escompte et exécutés le 25 janvier 1790. Leur corps avait été transportés chez leur oncle, rue Pavée.
2. Sans doute Antoine-Jean-Thomas Bonnemain, Regénération des colonies, ou Moyens de restituer graduellement aux hommes leur état politique, et d’assurer la prospérité des nations, Paris, Cercle sociale et Girot et Tessier, 1792, « fini au commencement de 1790 » et communiqué « à des hommes éclairés et vertueux qui approuvèrent l’ouvrage ».
3. Adresse à l’Assemblée nationale, pour l’abolition de la traite des Noirs, Paris, L. Potier de Lille, 1790.
4. D’après M. Dorigny (UNESCO, 1998), Brissot n’a pas lu dans cette séance le discours qu’il avait prévu. Le texte du discours est conservé dans les Papiers de la Société des Amis des Noirs (Bibliothèque Mazarine, Ant Ms 13/3/1/9).
5. La première personne citée, de Bourges, était membre des Amis des Noirs.
6. Jean-Claude Magol, Discours sur la question relative à la liberté des nègres", Paris, 1790.