chapitre 24

capitulum XXIV

Le comte s’empare de Gerace, qui se livre à lui, et le duc est fait prisonnier à Gerace

Comes Geracium traditione capit, et dux apud Geracium capitur

<1> Une nuit cependant, sortant de Mileto avec cent chevaliers, il vint à Gerace : entrant dans la ville, que les habitants lui avaient livrée1Ici s’éclaire la nature des affaires qui avaient appelé Roger à Gerace (voir supra, II, 23, 1). Anon. Vat., p. 757, ajoute que les habitants de la ville lui avaient prêté serment : […] Geracium spontanea voluntate Graecorum ibidem habitantium redditum et sacramentis innodatum gaudens et laetus accepit, « heureux que les Grecs qui habitaient Gerace lui livrent leur ville de leur propre chef et se lient à lui par serment, il reçut la place avec joie »., il l’adapta à ses besoins. En apprenant cette nouvelle, le duc, au comble de la colère, munit de chevaliers les forts qu’il avait fait construire devant Mileto, <gagna> Gerace avec toute son armée2Anon. Vat., p. 757, précise que Roger était retourné à Mileto, dès que la ville de Gerace lui eut été remise par ses habitants et qu’il eut appris que Robert assiégeait Mileto. Voulant porter secours aux habitants de la ville assiégée par le duc, il emprunta une autre route que Robert. et établit son campement face à la ville. Il est vrai que les habitants de Gerace lui avaient auparavant juré fidélité ; toutefois ils ne lui avaient pas remis la ville pour qu’il en usât à sa guise, afin que, si jamais il y faisait construire un château, il ne pût, à sa convenance, placer tous les hommes sous son autorité absolue3Sur les termes du traité liant les habitants de Gerace à Robert, voir les précisions qui concernent les villes de Bisignano, Cosenza et Martirano (I, 17, 6) : les habitants de ces villes conservent leur place forte, mais doivent s’acquitter d’un tribut et d’un service. La précision qui concerne l’absence de château à Gerace est importante ici pour l’économie narrative : la fin de l’épisode (II, 28, 3) montre à quel point le château, construit à l’intérieur ou à l’extérieur de la ville et muni d’une garnison de chevaliers – comme à Troina et Petralia en Sicile –, était un instrument coercitif du pouvoir normand.. <2> Mais le duc, qui connaissait l’un des plus puissants4À propos des potentiores ou praelati en Calabre, voir Noyé 1998, 115 et n. 172 : Basile faisait sans doute partie de ces notables de Calabre sur lesquels les Normands ont su s’appuyer ; chargés d’importantes fonctions administratives à l’époque byzantine, ils avaient construit des fortifications privées. Voir aussi Costa Condonicita (infra, II, 44). de la ville, du nom de Basile, se fait inviter à déjeuner chez lui : il entre dans la ville, la tête recouverte d’une capuche pour ne pas être reconnu, et se rend seul dans sa demeure pour y manger5L’épisode est aussi rapporté par Anon. Vat., p. 758, qui précise cependant que Guiscard, en entrant incognito dans la ville, déguisé en moine (monachum simulare), cherche à espionner les habitants et à entrer en contact avec ceux qui lui sont restés fidèles.. Il y entre sans soupçonner aucun danger, mais, pendant qu’il s’entretenait avec Melita – la femme de l’homme qui l’avait invité –, en attendant que le repas fût enfin prêt, les habitants apprennent par un serviteur de la maison que le duc est en ville, et, soupçonnant un complot, ils sont pris d’affolement. <3> On accourt de partout, la ville tout entière est en émoi, et tous, se ruant sur leurs armes, se précipitent hors d’eux-mêmes vers la maison où le duc se trouvait pour l’en arracher. L’homme qui avait invité le duc, sachant que ses concitoyens étaient dénués de toute humanité et se défiant de ses forces pour leur résister, tenta de fuir vers une église pour rester en vie, mais mourut, percé par l’épée d’un compatriote. Ces hommes traitèrent également son épouse avec si peu d’humanité qu’ils lui enfoncèrent un épieu à travers le corps depuis l’anus jusqu’à la poitrine, lui infligeant une fin déshonorante. <4> À la vue de ces faits, rien d’étonnant à ce que le duc perdît tout espoir de vivre, surtout en voyant des concitoyens tuer leurs concitoyens, des amis leurs amis, des domestiques leurs maîtres, frappant cruellement de l’épée, dans un déchaînement de folie furieuse, sans que personne se souvînt d’un bienfait passé. Il se tient là, au milieu des traits menaçants des ennemis déchaînés, chevalier sans arme, qui jadis triompha de tant de milliers d’ennemis, transformant sa fougue de lion – qui était pour ainsi dire innée chez lui – en une douceur d’agneau. <5> Mais, comme il constatait que tous les plus avisés, qui prévoyaient l’issue de l’affaire, s’efforçaient de <réprimer> la fureur désordonnée de la foule ignorante et incapable de discerner quel dommage ou quel avantage elle tirerait de sa mort, il reprit quelque peu ses esprits et commença à leur parler ainsi : « N’allez pas, dit-il, n’allez pas vous laisser faussement enivrer par une joie débordante : il se peut que la fortune changeante, qui vous sourit à présent et qui m’est contraire, vous délivre, par son sourire, le signe précurseur d’un revers à venir, attendu que personne jamais ne détient le pouvoir sans que Dieu l’ait voulu. <6> Réfléchissez et posez-vous à vous-mêmes la question : sur quel jugement ai-je été placé en votre pouvoir ? En effet, ce ne sont pas vos forces qui m’ont conduit ici ; et moi, je ne suis pas non plus entré dans cette ville pour comploter contre vous quelque malheur. Ce qui est sûr, c’est que vous, vous m’avez juré fidélité, et moi, que je sache, je n’ai en rien violé l’accord auquel je me suis engagé. Mais peut-être cet événement arrive-t-il pour que vous, vous en tiriez un avantage, et nous, une expérience, afin que, votre fidélité, dont nous connaissons à présent la constance, vous rende plus chers à nos yeux et plus dignes de récompenses. <7> Il n’y a pas lieu de se glorifier, quand on est des milliers d’hommes, d’ôter la vie à un individu, seul, en le prenant au piège par hasard et non au terme d’un combat, après avoir violé un accord, manqué à sa parole et sans avoir examiné l’affaire. En outre, à mon avis, pour autant qu’il s’agit de moi, vous ne tirerez aucun profit <de la situation> : ma mort, en effet, ne vous débarrassera pas du joug de mon peuple ; au contraire, elle enflammera l’hostilité de mes hommes contre vous pour me venger. Car j’ai des chevaliers très fidèles, j’ai des frères, j’ai des parents, avec lesquels jamais, sous aucun prétexte, vous ne pourrez vous réconcilier, si, en vous parjurant, vous souillez vos mains de mon sang. Mais en outre, partout dans le monde où résonnera l’écho de votre forfait, vous encourrez un opprobre éternel vous et tous vos descendants, à cause de vos parjures, surtout si je subis un préjudice de votre part sans examen préalable ! ». <8> La foule grossière, dont l’agitation avait cessé à la suite de ces paroles, conduit le duc en détention avec l’approbation des plus sages de la ville, en attendant qu’on délibérât sur ce qu’on devait faire de lui.

<1> Nocte vero quadam Melitum [+] [melitum C Z : melico B melito Pontieri. [-]] MelitumMelitumMelicoMelito cum centum militibus exiens, GeraciumGeraciumGeraciumGeraciumGirachium venit : urbemque sibi ab [+] [ab ZB : ad C. [-]] abababad incolis traditam [+] [traditam ZB : -tum C. [-]] traditamtraditamtraditamtraditum ingressus, in suos [+] [suos C Z : suorum B Pontieri. [-]] suossuossuorum usus [+] [usus ZB : versus C. [-]] ususususususversus aptavit [+] [aptavit C Z : actavit B. [-]] aptavitaptavitaptavitactavit. Quod dux audiens, maxima ira repletus, castella quae ante Melitum firmaverat militibus muniens, cum toto exercitu versus GeraciumGeraciumGeraciumGeraciumGirachium  <iens> [+] [iens addidi. [-]] [om.]a'Il faut supposer ici l’omission d’un participe présent qui exprime le déplacement du duc vers Gerace et dont versus introduit le complément. En effet, quand la préposition a une valeur spatiale, elle est suivie le plus souvent du nom du lieu vers lequel le sujet se dirige, du type de I, 8, 4 : versus Apuliam tendentes. On relève certes quelques exceptions : I, 1, 1 ; I, 8, 5 ; II, 40, 2 ; IV, 22 (Pontieri, p. 100, l. 8-10) : Dux […] Vallem Gratensem versus Castri villam occupat ; voir Desbordes 2009, 79 sq., n. 32. Mais ici, deux compléments de lieu juxtaposés complètent le verbe fixit, quand le seul contra Geracium eût suffi. Ailleurs, dans un contexte similaire, Malaterra indique d’abord, au moyen d’un participe, que l’armée se déplace vers le lieu du campement, puis, au moyen du verbe personnel, qu’elle s’y fixe. Cf. II, 36, 5 ; IV, 10 (Pontieri, p. 91, l. 22-23) : cum non ibi esse comperiunt, versus Roccam properantes, loco qui locus Calupnii dicitur tentoria figunt ; IV, 26 (Pontieri, p. 105, l. 16-17) : indeque pertransiens, super fluvium quod Sabbatum dicitur tentoria figens, Pentecosten celebravit. En II, 37, 1, tentoria figere est complété par deux compléments de lieu juxtaposés, qui expriment le lieu où l’on est, mais la proposition est précédée d’une autre qui indique le mouvement. Parmi les verbes qui expriment le déplacement, iens est le plus économique, et son omission a pu être inconditionnée. Pour d’autres emplois de ce verbe avec versus, voir I, 9, 1 ; II, 4, 2 ; III, 36 (Pontieri, p. 78, l. 38-39) : versus eum hostiliter ire dissimulat ; IV, 16 (Pontieri, p. 94, l. 38-39) : Jordanus […] semper suspicans erat comitem quidem versus Melitam non iturum. contra [+] [contra C : extra ZB ed. pr. [-]] contraextra urbem tentoria fixit. Geracenses [+] [geracenses C : gerasenses Z giracenses B. [-]] GeracensesGeracensesGerasensesGiracenses quidem [+] [quidem C Z : quidam B. [-]] quidemquidemquidemquidam sibi jamdudum fidelitatem juraverant [+] [juraverant Z : -verat C B. [-]] juraverantjuraverantjuraverat, non tamen urbem, ut pro libitu suo ea [+] [ea om. ZB edd. [-]] [om.] uteretur [+] [uteretur C Z : utar- B. [-]] utereturutereturutereturutaretur, reddiderant [+] [reddiderant Me : -rat C -runt Z edd. om. B. [-]] reddideratreddiderunt[om.], ne, si forte castellum in ipsa firmaret [+] [post firmaret add. et C. [-]] firmaretfirmaretfirmaretfirmaret et, pro velle suo omnes [+] [omnes C Z : et omnis B. [-]] omnesomnesomneset omnis sibi prorsus [+] [sibi prorsus C B : prorsus sibi Z prorsus ed. pr. [-]] sibi prorsussibi prorsusprorsus sibiprorsus subjugatos haberet. <2> Dux vero, quendam [+] [quendam Z2B : queddam C quaedam Z. [-]] quendamquendam [+] [Z2 : quendam [-]] queddamquaedam de potentioribus urbis nomine [+] [nomine C ZB : nomen Pontieri. [-]]  Basilium [+] [nomine basilium hic posuit Desbordes : post ipso habent C ZB post habens transt. edd. [-]] notum habens, ab ipsonotum habens, ab ipso nomine Basiliumnotum habens, nomine Basilium, ab ipsonotum habens, nomen Basilium, ab ipso ad prandium invitatus, capitio [+] [capitio C : capucio ZB edd. [-]] capucio capite cooperto, ne forte quis esset [C/f.15v-16r] perciperetur, urbem ingressus, ad palatium illius solus comestum [+] [comestum C ut vid. ZB2 : -tus C1 ut vid. comosti B. [-]] *comestum ut vid.comestum*comestum ut vid.comestum*comestum ut vid.comestum*comestum ut vid. [+] [B2 : comestum*comestum ut vid. [-]] [+] [C1 : comestus ut vid. [-]] comosti vadit. Quod [+] [quod C Z : quo ed. pr. qui B Pontieri. [-]] QuodQuoQui ingressus [+] [ingressus C ZB : -so ed. pr. [-]] ingressusingressusingressusingresso, dum nil mali suspicans, necdum [+] [necdum Z : nedum C B. [-]] necdumnecdumnedumb'Sur la confusion necdum / nedum, voir II, 33, 4, où, inversement, les manuscrits s’accordent sur necdum au lieu de nedum. cibo parato, colloquiis Melitae, uxoris [+] [uxoris C B : -re Z. [-]] uxorisuxorisuxorisuxore illius qui [+] [qui ZB : quis C. [-]] quiquiquiquis se invitaverat, uteretur, urbicenses [+] [urbicenses Z2B : -sis C urbicensenses Z. [-]] urbicensesurbicenses [+] [Z2 : urbicenses [-]] urbicensisurbicensenses, per quendam [+] [quendam C Z : quondam B. [-]] quendamquendamquendamquondam famulum domus ducem infra [+] [infra C Z : intra B Pontieri. [-]] infrainfraintra urbem esse cognoscentes [+] [cognoscentes C Z : -cens B. [-]] cognoscentescognoscentescognoscentescognoscens, traditionem [+] [traditionem B : -ne C Z. [-]] traditionemtraditionemtraditione suspicati [+] [suspicati ZB : -cari C. [-]] suspicatisuspicatisuspicatisuspicari non minimum turbantur. <3> Undique concurrentibus, tota urbe [+] [urbe C : urbs ZB edd. [-]] urbs tumultuatur ; omnesque in arma ruentes ad [+] [ad C Z : in B. [-]] adadadin domum in [+] [in om. C. [-]] ininin[om.] qua erat cum [+] [cum om. B Pontieri. [-]] cumcum[om.] furenti impetu illum extrahere vadunt. Ille vero qui ducem invitaverat, impietatem concivium suorum cognoscens et viribus ad resistendum diffidens, dum versus ecclesiam profugus vitam tueri nititur, patrio [+] [patrio C Z : -ia B. [-]] patriopatriopatriopatria ense confossus [+] [confossus C : confessus ZB. [-]] confossusconfossusconfessus occubuit. Uxor quoque ejus cum [+] [cum… impietate C Z : in… pietate B. [-]] tanta impietatecum tanta impietatecum tanta impietatecum tanta impietatein tanta pietate a suis [+] [suis om. B. [-]] suissuissuis[om.] civibus attractata est ut, stipite ab ipso ano usque [+] [ano usque Z2 : anno usque Z anotisque C anno uterque B. [-]] ano usque [+] [Z2 : ano usque [-]] anno usqueanotisqueanno uterque ad praecordia transfixa, inhonesta morte vitam terminare cogeretur [+] [cogeretur C B2 : cogetur Z cogentur B. [-]] cogereturcogeretur [+] [B2 : cogeretur [-]] cogeturcogentur. <4> Quo viso, si [+] [si om. C B. [-]] sisi[om.] dux de vita desperavit [+] [desperavit C Z : dis- B. [-]] desperavitdesperavitdesperavitdisperavit mirandum non est [+] [mirandum non est om. B. [-]] mirandum non estmirandum non estmirandum non est[om.], praesertim cum videbat [+] [videbat C Z : viderit B videret Pontieri. [-]] videbatvidebatvideritvideret cives [+] [cives C B : civem Z ed. pr. [-]] civescivescivem a civibus, amicos [+] [amicos C B : -cus Z -cum Z2 ed. pr. [-]] amicosamicosamicusamicum [+] [Z2 : amicum [-]] ab amicis, praelatos a subditis absque recordatione alicujus praecedentis [+] [praecedentis om. B. [-]] praecedentispraecedentispraecedentis[om.] beneficii cum tanto furore crudeli ense perimi. Stat inter furentium hostium minantia tela miles inermis, quondam multorum milium [+] [milium om. B. [-]] miliummiliummilium[om.] hostium [+] [hostium om. Pontieri. [-]] hostiumhostiumhostium[om.] debellator, leoninam ferocitatem, quae sibi [+] [sibi post modo transt. B Pontieri. [-]] quasi quodam modosibi quasi quodam modosibi quasi quodam modoquasi quodam modo sibi innata [+] [innata C Z2B : inhiata Z. [-]] innatainnatainnata [+] [Z2 : innata [-]] inhiata erat, in agninam [+] [agninam ZB : gni- C. [-]] agninamagninamagninamgninam transferens [+] [transferens C Z : -ferre B. [-]] transferenstransferenstransferenstransferrre mansuetudinem [+] [mansuetudinem ZB : trans- C. [-]] mansuetudinemmansuetudinemmansuetudinemtransuetudinem. <5> At [+] [at Z : ac B ad C. [-]] AtAtAcAd, cum videret sapientiores [+] [sapientiores C Z : -tes B. [-]] sapientioressapientioressapientioressapientes quosque [+] [post quosque add. ita Z edd. [-]] quosquequosque ita, qui exitum rei [+] [rei om. B. [-]] reireirei[om.] praenotabant, ad hoc [+] [hoc C Z : huc B. [-]] hochochochuc niti [+] [niti C B : mitti Z inniti ed. pr. [-]] nitinitimittiinniti, ut inordinatum furorem indoctioris [+] [indoctioris C Z : inducioris B. [-]] indoctiorisindoctiorisindoctiorisinducioris vulgi et minus prospicientis quid damni quidve [+] [quidve C Z : quid B. [-]] quidvequidvequidvequid lucri, si occideretur, proveniret [+] [proveniret Z : perv- C cecinerunt B. [-]] proveniretproveniretperveniretcecinerunt, <reprimerent> [+] [lacunam ind. Desbordes reprimerent addidi. [-]] [om.]c'Le sens de la phrase, qui a été amputée d’un verbe (voir Desbordes 2005, 139), conduit à proposer d’insérer ici reprimerent., animo [+] [animo post aliquantulum transt. B. [-]] aliquantulumanimo aliquantulumanimo aliquantulumanimo aliquantulumaliquantulum animo resumpto, talibus eos verbis alloqui adorsus [+] [adorsus C Z : exorsus B adortus Pontieri. [-]] adorsusadorsusexorsusadortus est : « Nolite, inquit, nolite superabundantiori [+] [superabundantiori C Z : habundantiori B. [-]] superabundantiorisuperabundantiorisuperabundantiorihabundantiori laetitia fallaciter extolli ; et [+] [et C : ne ZB edd. [-]] ned'Sur la valeur explicative de et, voir TLL V, 2, col. 895, l. 59-80 et Hofmann & Szantyr 1965, 484. Sur les caprices de la fortune, voir « Introduction » de la version imprimée, p. 72. rotalis fortuna, vobis ad praesens arridens [+] [arridens C Z : acci- B. [-]] arridensarridensarridensaccidens, mihi autem adversa, arrisione sua indicium [+] [indicium Z : judicium C B ut vid. [-]] vobis [+] [vobis ante indicium transt. Z edd. [-]] vobis indiciumjudicium*judicium ut vid. vobis praenotet in futurum habendae [+] [habendae C Z : -di B. [-]] habendaehabendaehabendaehabendi adversitatis, cum nulla potestas absque divina dispensatione [+] [dispensatione C B : -positione Z edd. [-]] dispensationedispositione nemini attribuatur. <6> Quo [+] [quo C Z : quod B. [-]] QuoQuoQuoQuod judicio in me potestatem habeatis [+] [habeatis C Z : habetis B. [-]] habeatishabeatishabeatishabetis apud vos ipsos reputando conferte [+] [conferte Z : -ferre C -ferri B. [-]] conferteconferteconferreconferri. Nec enim vestris viribus praesens esse perductus [+] [perductus C Z : prod- B. [-]] perductusperductusperductusproductus sum ; sed [+] [sed Z : si B om. C. [-]] si... neque [+] [neque — sum om. C. [-]] ego ut vobis aliquid mali machinaretur hanc urbem [+] [hanc urbem om. Z ed. pr. [-]] hanc urbem[om.]e'En l’absence de C, il faut se garder de penser que l’omission de Z est plus probable que l’addition de B, car ce dernier est coutumier du fait. Cependant, partout ailleurs, ingredior est complété par l’accusatif, sauf en II, 44, 6, où il est facile au lecteur de le suppléer. ingressus sumsumsumsumf'On ne peut douter de l’authenticité du groupe coordonné par sed neque. L’omission de C résulte d’un saut du même au même : perductus sum… ingressus sum. En effet, Malaterra oppose clairement les deux membres de phrase par nec enim vestris… sed neque ego. Le tour sed neque équivaut en outre à un intensif usuel chez Malaterra. Pour les livres I et II, voir I, 10, 4 ; I, 16, 2 ; I, 17, 5 ; II, 24, 7.. Vos quidem mihi fidelitatem fecistis ; ego vero quod vobis [+] [vobis post pactum transt. ZB edd. [-]] pactumpactum vobis promisi in nullo me [+] [me om. B. [-]] mememe[om.] violasse [+] [violasse ZB : -so C. [-]] violasseviolasseviolasseviolasso cognosco. Sed [+] [sed C Z : si B Pontieri. [-]] SedSedSi forte istud vobis [+] [vobis om. Pontieri. [-]] vobisvobisvobis[om.] ad utilitatem, nobis [+] [nobis B Me : vobis C vestram Z ed. pr. [-]] nobisnobisvobisvestram autem [+] [autem C Me : aut Z ed. pr. om. B. [-]] autemautemaut[om.] ad [+] [ad C Bx : om. ZB ed. pr. [-]] ad [+] [Bx : ad [-]] [om.] experientiam contingit [+] [contingit C : -tigit ZB ed. pr. [-]] contingitcontigit, ut vestra [+] [vestra post fidelitas transt. B Pontieri. [-]] fidelitasvestra fidelitasvestra fidelitasfidelitas vestra, cujus stabilitatis [+] [stabilitatis C Z : -litate B. [-]] stabilitatisstabilitatisstabilitatisstabilitate sit a nobis cognita, vos nobis gratiores [+] [gratiores C B : -osiores Z edd. [-]] gratioresgratiosiores et [+] [et C Z : in B. [-]] etetetin praemio digniores repraesentet [+] [repraesentet C ZB Me : praes- ed. pr. [-]] repraesentetrepraesentetrepraesentetrepraesentetpraesentet. <7> Tot milibus hominum uni soli, casualiter non autem [+] [autem om. B. [-]] autemautemautem[om.] militariter [+] [militariter C Z : aliter B. [-]] militaritermilitaritermilitariteraliter circumveniendo, intercepto [+] [intercepto C Z : interrupto B. [-]] interceptointerceptointerceptointerrupto foedere, mentito et absque discussione [+] [discussione C Me : dissensi- Z ed. pr. defensi- B Pontieri. [-]] discussionedissensionedefensione vitam auferre nulla laus est. Sed neque, ut [+] [ut om. B. [-]] ututut[om.] reor, quantum de me vobis aliquid [+] [aliquid C : aliquod ZB. [-]] aliquidaliquidaliquod proficuum [+] [proficuum C Z : -ficium B ut vid. -figuum B2. [-]] proficuumproficuumproficuumproficium*proficium ut vid. [+] [B2 : profiguum [-]]  erit [+] [erit om. C Z ed. pr. [-]] erit[om.] : mors enim mea jugum gentis meae a vobis [+] [a vobis om. ZB edd. [-]] [om.] non auferet [+] [auferet C ZB : aufert edd. [-]] auferetauferetaufert, sed in [+] [in Z : ad B om. C. [-]] ininad[om.] vindictam meam vobis infestioresinfestioresinfestioresinfestiores [+] [B1 : infestiores [-]] infestiones exardescet [+] [exardescet C Z def. Desbordes : -cent B edd. [-]] exardescetexardescetexardescent. Sunt denique mihi fidelissimi milites, sunt fratres, sunt consanguinei, quibus, si [+] [si C Z : se B. [-]] sisisise perjurando vos manus vestras meo sanguine pollueritis, nulla ratio reconciliare [+] [reconciliare edd. : -ri C ZB . [-]] reconciliarereconciliarig'La finale -ri, transmise par les deux familles de manuscrits, est sans doute une faute pour -re, comme violari pour violare en II, 45, 5 ; voir Desbordes 2005, 126, n. 36. poterit. Sed etiam [+] [etiam C Z : om. B et edd. [-]] etiam[om.]et ubicumque terrarum hoc a vobis [+] [vobis C Z : nobis B. [-]] vobisvobisvobisnobis factum personuerit [+] [personuerit C Z : -naverit B. [-]] personueritpersonueritpersonueritpersonaverit, opprobrium [+] [opprobrium B : opproprium C Z. [-]] opprobriumopprobriumopproprium sempiternum propter perjuria [+] [perjuria C ZBx : -am B Pontieri. [-]] perjuriaperjuria [+] [Bx : perjuria [-]] perjuriam cum omni [+] [omni C Z : omne B. [-]] omniomniomniomne successione [Z/f.23v-24r] generis vestri incurretis [+] [incurretis C Z : invenietis B. [-]] incurretisincurretisincurretisinvenietis, praesertim [+] [praesertim B : prae C Z. [-]] praesertimpraesertimprae si sine discussione aliquod [+] [aliquod ZB : aliquid C. [-]] aliquodaliquodaliquodaliquid praejudicium [+] [praejudicium C Z : -dium B. [-]] praejudiciumpraejudiciumpraejudiciumpraejudium perpessus fuero a vobis ! ». <8> Talibus verbis [+] [verbis C Z : vero B. [-]] verbisverbisverbisvero, faventibus sibi sapientioribus [+] [sapientioribus C Z : -tibus B. [-]] sapientioribussapientioribussapientioribussapientibus urbis, ignobile vulgusαOn trouve le même syntagme ignobile vulgus dans Virgile, Énéide, 1, 149. On ne peut affirmer qu’il s’agisse d’un emprunt conscient, car le tour a été largement repris par les auteurs tardifs et chrétiens : on n’en trouve pas moins de seize occurrences chez Jérôme (voir la base de données de Brepolis). Notons cependant que la rencontre n’est peut-être pas seulement formelle, car, dans l’Énéide, le syntagme désigne, au sein d’une comparaison, « une foule sans visage » (trad. Perret 1999, 11), qui s’échauffe dans une sédition, mais s’apaise aussitôt qu’elle est en présence d’un héros vénérable par sa piété et ses œuvres.h'On a ici une nouvelle syllepse de nombre (ignobile vulgus… ponunt) ; pour d’autres exemples, voir I, 5, 2 ; I, 6, 4 ; I, 27, 1 ; II, 1, 3 ; II, 38, 3. tumultu [+] [tumultu C : -tum Z -to B post sedato transf. [-]] sedatotumultu sedatotumultu sedatotumultum sedatosedato tumulto, ducem in captione [+] [captione Z : -nem C acceptione B. [-]] captionecaptionecaptionemacceptione, donec quid de ipso faciendum sit consilium capiant [+] [capiant C : capiunt Z ed. pr. capiantur et B. [-]] capiantcapiuntcapiantur et, ponunt.

II, 22, 4 (post erant) – II, 46 desunt in A

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1Ici s’éclaire la nature des affaires qui avaient appelé Roger à Gerace (voir supra, II, 23, 1). Anon. Vat., p. 757, ajoute que les habitants de la ville lui avaient prêté serment : […] Geracium spontanea voluntate Graecorum ibidem habitantium redditum et sacramentis innodatum gaudens et laetus accepit, « heureux que les Grecs qui habitaient Gerace lui livrent leur ville de leur propre chef et se lient à lui par serment, il reçut la place avec joie ».

2Anon. Vat., p. 757, précise que Roger était retourné à Mileto, dès que la ville de Gerace lui eut été remise par ses habitants et qu’il eut appris que Robert assiégeait Mileto. Voulant porter secours aux habitants de la ville assiégée par le duc, il emprunta une autre route que Robert.

3Sur les termes du traité liant les habitants de Gerace à Robert, voir les précisions qui concernent les villes de Bisignano, Cosenza et Martirano (I, 17, 6) : les habitants de ces villes conservent leur place forte, mais doivent s’acquitter d’un tribut et d’un service. La précision qui concerne l’absence de château à Gerace est importante ici pour l’économie narrative : la fin de l’épisode (II, 28, 3) montre à quel point le château, construit à l’intérieur ou à l’extérieur de la ville et muni d’une garnison de chevaliers – comme à Troina et Petralia en Sicile –, était un instrument coercitif du pouvoir normand.

4À propos des potentiores ou praelati en Calabre, voir Noyé 1998, 115 et n. 172 : Basile faisait sans doute partie de ces notables de Calabre sur lesquels les Normands ont su s’appuyer ; chargés d’importantes fonctions administratives à l’époque byzantine, ils avaient construit des fortifications privées. Voir aussi Costa Condonicita (infra, II, 44).

5L’épisode est aussi rapporté par Anon. Vat., p. 758, qui précise cependant que Guiscard, en entrant incognito dans la ville, déguisé en moine (monachum simulare), cherche à espionner les habitants et à entrer en contact avec ceux qui lui sont restés fidèles.

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a'Il faut supposer ici l’omission d’un participe présent qui exprime le déplacement du duc vers Gerace et dont versus introduit le complément. En effet, quand la préposition a une valeur spatiale, elle est suivie le plus souvent du nom du lieu vers lequel le sujet se dirige, du type de I, 8, 4 : versus Apuliam tendentes. On relève certes quelques exceptions : I, 1, 1 ; I, 8, 5 ; II, 40, 2 ; IV, 22 (Pontieri, p. 100, l. 8-10) : Dux […] Vallem Gratensem versus Castri villam occupat ; voir Desbordes 2009, 79 sq., n. 32. Mais ici, deux compléments de lieu juxtaposés complètent le verbe fixit, quand le seul contra Geracium eût suffi. Ailleurs, dans un contexte similaire, Malaterra indique d’abord, au moyen d’un participe, que l’armée se déplace vers le lieu du campement, puis, au moyen du verbe personnel, qu’elle s’y fixe. Cf. II, 36, 5 ; IV, 10 (Pontieri, p. 91, l. 22-23) : cum non ibi esse comperiunt, versus Roccam properantes, loco qui locus Calupnii dicitur tentoria figunt ; IV, 26 (Pontieri, p. 105, l. 16-17) : indeque pertransiens, super fluvium quod Sabbatum dicitur tentoria figens, Pentecosten celebravit. En II, 37, 1, tentoria figere est complété par deux compléments de lieu juxtaposés, qui expriment le lieu où l’on est, mais la proposition est précédée d’une autre qui indique le mouvement. Parmi les verbes qui expriment le déplacement, iens est le plus économique, et son omission a pu être inconditionnée. Pour d’autres emplois de ce verbe avec versus, voir I, 9, 1 ; II, 4, 2 ; III, 36 (Pontieri, p. 78, l. 38-39) : versus eum hostiliter ire dissimulat ; IV, 16 (Pontieri, p. 94, l. 38-39) : Jordanus […] semper suspicans erat comitem quidem versus Melitam non iturum.

b'Sur la confusion necdum / nedum, voir II, 33, 4, où, inversement, les manuscrits s’accordent sur necdum au lieu de nedum.

c'Le sens de la phrase, qui a été amputée d’un verbe (voir Desbordes 2005, 139), conduit à proposer d’insérer ici reprimerent.

d'Sur la valeur explicative de et, voir TLL V, 2, col. 895, l. 59-80 et Hofmann & Szantyr 1965, 484. Sur les caprices de la fortune, voir « Introduction » de la version imprimée, p. 72.

e'En l’absence de C, il faut se garder de penser que l’omission de Z est plus probable que l’addition de B, car ce dernier est coutumier du fait. Cependant, partout ailleurs, ingredior est complété par l’accusatif, sauf en II, 44, 6, où il est facile au lecteur de le suppléer.

f'On ne peut douter de l’authenticité du groupe coordonné par sed neque. L’omission de C résulte d’un saut du même au même : perductus sum… ingressus sum. En effet, Malaterra oppose clairement les deux membres de phrase par nec enim vestris… sed neque ego. Le tour sed neque équivaut en outre à un intensif usuel chez Malaterra. Pour les livres I et II, voir I, 10, 4 ; I, 16, 2 ; I, 17, 5 ; II, 24, 7.

g'La finale -ri, transmise par les deux familles de manuscrits, est sans doute une faute pour -re, comme violari pour violare en II, 45, 5 ; voir Desbordes 2005, 126, n. 36.

h'On a ici une nouvelle syllepse de nombre (ignobile vulgus… ponunt) ; pour d’autres exemples, voir I, 5, 2 ; I, 6, 4 ; I, 27, 1 ; II, 1, 3 ; II, 38, 3.

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αOn trouve le même syntagme ignobile vulgus dans Virgile, Énéide, 1, 149. On ne peut affirmer qu’il s’agisse d’un emprunt conscient, car le tour a été largement repris par les auteurs tardifs et chrétiens : on n’en trouve pas moins de seize occurrences chez Jérôme (voir la base de données de Brepolis). Notons cependant que la rencontre n’est peut-être pas seulement formelle, car, dans l’Énéide, le syntagme désigne, au sein d’une comparaison, « une foule sans visage » (trad. Perret 1999, 11), qui s’échauffe dans une sédition, mais s’apaise aussitôt qu’elle est en présence d’un héros vénérable par sa piété et ses œuvres.