chapitre 33

capitulum XXXIII

Bataille de Cerami, où apparut saint Georges

Bellum Cerami, ubi sanctus Georgius apparuit

<1> C’est alors qu’on apprend l’arrivée des Africains et des Arabes, qui ont rassemblé avec les Siciliens une immense armée pour livrer bataille au comte en l’an 1063 de l’incarnation du Verbe1Comme Roger s’était rendu en Calabre après le siège de Troina et avait fait du butin à son retour en Sicile, la bataille ne put avoir lieu avant le début de l’été 1063. : mais le comte, se portant avec ardeur au-devant d’eux, escorté de ses hommes, gravit le sommet d’un mont qui domine le fleuve Cerami2Venant de Troina, le comte prend position sur la rive est du Cerami (affluent du Salso, lui-même affluent du Simeto), peut-être non loin de la place de Cerami (prov. Enna), située à environ 12 km de Troina, sur la plus haute montagne (1 034 m) qui borde le fleuve., afin de les examiner pleinement. Et, il les vit de l’autre côté du fleuve, au sommet du mont opposé : après que les deux camps se furent longtemps observés tour à tour, sans que ni les uns ni les autres ne traversent <le fleuve> pour affronter l’adversaire, les Sarrasins, quittant leur position les premiers, s’en retournent au camp où ils s’étaient établis. Quant au comte, il rentre à Troina. <2> De même <encore>, trois jours durant, ils se surveillent les uns les autres, séparés par le fleuve, sans oser traverser pour s’attaquer ; le quatrième jour, cependant, les Sarrasins, déplaçant leur campement, s’installèrent sur le mont où ils s’étaient déjà montrés pendant trois jours, afin de ne pas donner plus longtemps à leur manœuvre de repli l’allure d’une dérobade. Mais, les nôtres, ne pouvant tolérer plus longtemps le voisinage des ennemis en toute impunité, se confessent à Dieu en présence des prêtres avec une grande dévotion et, une fois la pénitence reçue, se recommandant à la miséricorde de Dieu et sûrs de son aide, ils vont livrer bataille aux ennemis. <3> Mais, ayant appris à mi-chemin que Cerami était assaillie par les ennemis, le comte y conduit son armée : se faisant précéder de son neveu Serlon à la tête de trente chevaliers3Anon. Vat., p. 760, confirme le nombre de trente chevaliers. On trouve cependant le nombre de trente-six dans le manuscrit B de Malaterra, sans doute d’après l’information donnée ci-après. On peut y voir une incohérence que le copiste de B aura voulu corriger, à moins que Serlon, une fois parvenu à Cerami, n’ait bénéficié du renfort de six chevaliers., avec la mission d’entrer dans la forteresse et d’en assurer la défense en attendant son arrivée, le comte le suit avec seulement cent chevaliers – car il n’en avait pas davantage. Mais Serlon, une fois qu’il fut entré dans la forteresse, n’attendit pas à l’intérieur que son oncle, qui le suivait, arrivât ; bien au contraire, il s’élança par les portes sur les ennemis, tel un lion en fureur, et, provoquant un horrible carnage, bien qu’ils fussent trente mille4Anon. Vat., p. 760, a repris le témoignage de Malaterra sur le nombre de trente mille chevaliers : Saraceni […], congregatis ergo triginta millibus equitum et peditibus infinitis, numerositate sua Normannorum paucitatem tentarunt extirpare. Ce nombre est probablement inspiré de l’histoire de Gédéon (voir II, 33, 8). sans compter les fantassins, dont la multitude était infinie, – c’est incroyable à dire ! – lui, à la tête de ses trente-six chevaliers, les mit tous en fuite.

<1> Africani igitur*igitur ut vid. [+] [igitur C Z ut vid. B : ergo ed. pr. [-]] igitur*igitur ut vid.igitur*igitur ut vid.igitur*igitur ut vid.ergo et Arabici [+] [arabici C Z : -ce B. [-]] ArabiciArabiciArabiciArabice cum Siciliensibus, plurimo exercitu congregato [+] [congregato C B : -ti Z ed. pr. [-]] congregatocongregatocongregati, ut bellum comiti inferant, advenire nuntiantur [+] [nuntiantur ZB : -atur C. [-]] nuntianturnuntianturnuntianturnuntiatur anno Verbi incarnati MLXIII : quibus comes cum suis [EP/p.38-39] alacriter occurrens, in cacumine [+] [cacumine C ZB : -men edd. [-]] cacuminecacuminecacumen cujusdam [+] [cujusdam C B : ejusdem Z edd. [-]] cujusdamejusdem montis super fluvium Cerami [+] [cerami edd. : cerauni C chirami B ceramii Z ut vid. [-]] CeramiCerauniChiramiCeramii*ceramii ut vid.a'Le toponyme vient du grec κεράμιον, « vase d’argile » (Pellegrini 1990, 288-289), dont Z donne parfois, comme ici, la translittération. Il a été enregistré pour l’année 1082 par Rocco Pirri dans Sicilia sacra disquisitionibus et notitiis illustrata, A. Mongitore, V. M. Amico (éd.), Palerme, P. Coppulae, 1733, t. I, p. 495, et pour l’année 1087 dans I diplomi della cattedrale di Messina…, p. 2, acte I (voir aussi Maurici 2001, 191). Z note Ceramum ou – plus souvent – Ceramium, C, Ceraunum et Ceraunium et B, Ceramum et Chiramum. Cette dernière graphie (avec ou sans h) apparaît ailleurs dans des documents des XIIe-XVe siècles (voir Maurici 2001, 191 et Pellegrini 1990, 288-289), tandis qu’on lit toujours Ceranum dans I diplomi della cattedrale di Messina… En l’absence de A, et compte tenu des données externes, le choix s’est porté sur Ceramum et Ceramensis. ut eos plenius perspiceret [+] [perspiceret C : pros- ZB edd. [-]] prospiceret ascendit. Vidensque [+] [vidensque C Z : videns B. [-]] VidensqueVidensqueVidensqueVidens eos trans flumen in supercilio alterius montis, diutius alternatim intuiti [+] [intuiti C Z : intuentes B Pontieri. [-]] intuitiintuitiintuentes, nec [+] [nec C B : ne Z. [-]] necnecnecne hishishishishiis versus illos nec illis versus istos [+] [istos C : illos Z hos B edd. [-]] illoshos transeuntibus, Sarraceni priores [+] [priores C Z : -rem B. [-]] priorespriorespriorespriorem, locum mutantes, ad sua castra, quo [+] [quo C B : quibus Z edd. [-]] quoquibus hospitati erant, regrediuntur. Comes vero apud Traynam [+] [traynam C B : trayam Z. [-]] TraynamTraynamTrayamTrainam revertitur. <2> Sic triduo, flumine interposito, sese mutuo [+] [mutuo om. B. [-]] mutuomutuomutuo[om.] conspicientes, nec [+] [nec — pertransire om. B. [-]] illi versus istos nec [+] [nec — illos om. Z edd. [-]] isti versus illos flumen praesumebant pertransire [+] [pertransire C : transire Z edd. ante flumen transf. [-]] nec illi versus istos transire flumen praesumebant[om.] ; in quarto vero die Sarraceni, castra promoventes [+] [promoventes C : commoventes Z edd. moventes B. [-]] commoventesmoventes, ne ulterius [+] [ulterius C Z : al- B. [-]] ulteriusulteriusulteriusalterius quasi ad tergum retrogradi viderentur, in monte quo se jam triduo ostentaverant castrametati [+] [castrametati Z : -mentati C castrometati Bx castrometi B. [-]] castrametaticastrametaticastramentati [+] [Bx : castrometati [-]] castrometi sunt. Nostri vero, hostilem [+] [hostilem ZB : -li C. [-]] hostilemhostilemhostilemhostili affinitatem diutius impunitam [+] [impunitam C B Me : impugnitam Z impugnatam edd. [-]] impunitamimpunitamimpugnitamimpugnatam ferre nolentes [+] [nolentes C Z : vo- B. [-]] nolentesnolentesnolentesvolentes, cum magna devotione, presbyteris testibus, Deo confessi, paenitentia accepta, Dei miserationi sese commendantes et de ejus auxilio confisi, bellum hostibus inferre vadunt. <3> Sed media via nuntio accepto quod Ceramum [+] [ceramum B : ceramium Z ed. pr. ceraunium C. [-]] CeramumCeramiumCeraunium ab hostibus impugnaretur, illuc comes aciem dirigit : Serlonem [+] [serlonem C : serlonemque B ed. pr. sorlonemque Z. [-]] SerlonemSerlonemqueSorlonemque, nepotem suum [+] [suum C B : ejus Z edd. [-]] suumejus, cum triginta [+] [post triginta add. sex B Pontieri. [-]] trigintatrigintatriginta sex militibus praemittens [+] [praemittens C B Me : praetermittens Z praetermittit ed. pr. [-]] praemittenspraemittenspraemittenspraetermittenspraetermittit, ut castrum intrans defendendo donec ipse veniat sustineat, cum centum tantum [+] [tantum C Bx : tamen Z om. B ed. pr. [-]] [+] [Bx : tantum [-]] tamen[om.] militibus – non enim amplius habebat – ipse subsequitur [+] [subsequitur C B : -quenter Z. [-]] subsequitursubsequitursubsequitursubsequenter. Serlo vero [+] [vero C ZBx : om. B. [-]] veroverovero [+] [Bx : vero [-]] [om.] castrum ingressus, adventum subsequentis avunculi minime infra [+] [minime infra C : minime Z ed. pr. infra moenia B infra moenia minime Pontieri. [-]] minimeinfra moeniainfra moenia minime sustinuit ; sed per portas [+] [portas C Z : partes B. [-]] portasportasportaspartes ut leo furibundus in hostes prorumpens [+] [prorumpens ZB : praer- C. [-]] prorumpensprorumpensprorumpenspraerumpens, multas strages dando, cum triginta [+] [triginta C Z : tria B Pontieri. [-]] trigintatrigintatria milia essent, exceptis peditibus, quorum infinita erat multitudo – quod mirum dictu [+] [dictu Z : dictum C B Pontieri. [-]] dictudictum est –, ipse [+] [ipse ZB : ipsi C. [-]] ipseipseipseipsi, triginta sex milites habens, omnes in fugam dedit [+] [dedit C : vertit ZB edd. [-]] vertit.

<4> Par cet événement nous pouvons savoir à l’évidence que Dieu apportait aux nôtres son soutien. En effet, des forces humaines n’auraient pas pu concevoir et, à plus forte raison, accomplir un exploit si grand et si inouï à notre époque. Et si, saisis d’étonnement, nous nous demandons avec le prophète : « Comment un seul homme en pourchassait-il mille ? » – nous reconnaissons en effet qu’ils ont connu le même sort que jadis les fils d’Israël –, nous pouvons assurément, sans trahir la vérité, nous faire intérieurement la réponse suivante, en reprenant les mots de ce prophète : « Parce que leur propre Dieu les avait vendus et que le Seigneur les avait enfermés avec les clés de sa colère dans les profondeurs de leurs iniquités ». « Leur propre Dieu », dis-je, non parce qu’ils le reconnaissaient et lui rendaient un culte, mais parce que, tout indignes qu’ils étaient en se montrant ingrats envers leur Créateur, ils étaient cependant ses créatures5Malaterra élabore un commentaire qui vise à justifier la comparaison qu’il vient d’établir entre le sort subi par les musulmans et celui que les fils d’Israël auraient eux-mêmes subi si Dieu l’avait voulu, afin de montrer que la toute-puissance divine s’est manifestée à Cerami. Pour cela, il rappelle que les Sarrasins sont aussi des créatures de Dieu, mais il laisse soigneusement de côté l’identification entre les Normands et les Babyloniens qui pourrait résulter de la comparaison.. « Leur propre Dieu », dis-je – et je le répète –, suivant l’enseignement que nous avons reçu de l’Apôtre, lorsqu’il dit : « Vraiment, tous ont le même Dieu, riche envers tous ceux qui l’invoquent ». <5> Or, si quelqu’un, en polémiquant sur cette phrase, tente de prouver qu’on peut l’inverser en disant que si « Dieu est riche envers ceux qui l’invoquent », il faut en déduire qu’il est pauvre envers ceux qui ne l’invoquent pas, on répondra que l’essence divine n’accepte ni développement ni amoindrissement ni ne reçoit dans sa nature ni le plus ni le moins, mais que, restant toujours dans le même état, tout lui est toujours semblablement possible. Et si nous concluons en disant qu’il est pauvre, ce n’est pas vrai cependant en ce qui le concerne, lui, mais en ce qui concerne ceux qui ne se montrent pas dignes que Dieu leur octroie les richesses de sa miséricorde.

<4> Hoc facto patenter cognoscere possumus [+] [possumus C Z : possimus B. [-]] possumuspossumuspossumuspossimus Deum [C/f.19v-20r] nostris fautorem adfuisse [+] [adfuisse C B : fuisse Z edd. [-]] adfuissefuisse. Nam [+] [nam C Z : non B. [-]] NamNamNamNon humanae vires tam magnum quid tamque [+] [tamque C Z : tamquam B. [-]] tamquetamquetamquetamquam nostris temporibus inauditum nec praesumere quidem, nedum [+] [nedum edd. : necdum C ZB. [-]] nedumnecdumb'Nous avons maintenu la correction de l’édition princeps, adoptée par Pontieri : les autres occurrences de necdum et nedum montrent que, malgré les hésitations des copistes (voir II, 24, 2), l’auteur connaissait le sens classique des deux termes. On trouve necdum dans I, 9, 4 ; I, 10, 1 ; II, 4, 1 ; II, 24, 2 ; III, 36 (Pontieri, p. 78, l. 26) : necdum negotio aperto ; III, 42 (Pontieri, p. 82, l. 27) : omnia castella Calabriae, quorum necdum nisi medietatem cujusque comes Rogerius habebat ; IV, 22 (Pontieri, p. 100, l. 25) : sed necdum consacratione firmatus erat (necdum C : nedum ZB). Nedum, dans I, 27, 1. perficere potuissent. Si [+] [si C Z : quid B. [-]] SiSiSiQuid autem cum propheta [+] [cum propheta C Z : prophetam B Pontieri dicentem post requirimus addentes. [-]] cum prophetacum prophetaprophetam admirantes requirimusrequirimusrequirimusrequirimus dicentem : « Quomodo persequebatur unus mille ? »αLe prophète est Moïse (Deut. 32, 30), qui s’interroge ainsi d’après le texte de la Vulgate : Quomodo persequatur unus mille et duo fugent decem milia ? Voir aussi Jos. 23, 10 : Unus e vobis persequetur hostium mille viros quia Dominus Deus vester pro vobis ipse pugnabit sicut pollicitus est. On trouve de même chez Aimé I, 31 : « Et quant il virent qu’il non pooient avoir autre aide, il clamerent l’aide de Dieu, par laquel ajutoire “un en persecuta mil, et X mille en fugirent devant dui” ». – nam hoc istisc'Istis désigne les Sarrasins comparés aux fils d’Israël., ut quondam [+] [quondam C B : quoque Z. [-]] quondamquondamquondamquoque filiis Israël [+] [israël C Z : iherusalem B. [-]] IsraëlIsraëlIsraëlIherusalem, provenisse [+] [provenisse ZB : perve- C. [-]] provenisseprovenisseprovenissepervenissed'Le sens figuré de provenisse, « se produire, avoir lieu », est attesté durant toute la latinité et bien connu de Malaterra (voir I, 11, 4 ; II, 24, 5). Bien que Niermeyer 1997 donne, parmi les sens possibles de pervenisse, celui d’« advenir », nous n’avons pas retenu ici la leçon de C, car pervenire chez Malaterra a toujours un sens spatial. Des confusions pro / per se rencontrent ailleurs dans C ; voir II, 14, 2, note philologique attachée à pertendunt. Voir en particulier ici II, 24, 5 : proveniret Z : perve- C cecinerunt B. Inversement, C s’accorde avec Z sur proveniret, qu’il faut préférer à la leçon perveniret de B choisie par Pontieri, en IV, 17 (Pontieri, p. 97, l. 3-4) : ita ordinat ut plus ex medietate postmodum duci perveniret (prov- C Z). cognoscimus –, profecto nobiscumipsis [+] [nobiscumipsis C def. Desbordes : nobismetipsis ZB edd. [-]] nobiscumipsisnobismetipsise'Desbordes 2007, 68, a montré la validité de la leçon de C et a proposé une traduction de la phrase. ex [+] [ex ZB : et C. [-]] exexexet ejusdem prophetae [+] [prophetae C Z : profecte B. [-]] prophetaeprophetaeprophetaeprofecte verbis [+] [verbis C Z : urbis B. [-]] verbisverbisverbisurbis absque mendacio respondere possumus [+] [possumus om. B. [-]] possumuspossumuspossumus[om.] : « quia Deus suus vendiderat [+] [vendiderat C : vendidit B vendicat Z vindicat edd. [-]] vendiditvendicatvindicat illos [+] [illos C B : eos Z edd. [-]] illoseos et Dominus in profundo iniquitatum suarum clavibus [+] [clavibus B : clavae C clavi Z ed. pr. [-]] clavibusclavaeclavi irae suae concluserat illos »βMalaterra cite la suite de Deut. 32, 30, en réaménageant une partie du verset : Nonne ideo quia Deus suus vendidit eos et Dominus conclusit illos ? Ces versets du Deutéronome sont extraits du « Cantique de Moïse » (Deut. 32, 1-43), qui exalte la puissance du Dieu d’Israël. Au début du « Cantique », après avoir évoqué la providence de Dieu pour son peuple Israël, Moïse oppose la rébellion du peuple et le jugement de Dieu. Alors, Dieu, irrité de voir son peuple adorer d’autres dieux que lui, veut le châtier par l’intermédiaire d’un autre peuple, mais – dans le verset qui précède celui cité par Malaterra – il répugne à abandonner son peuple à ses ennemis, de crainte que ceux-ci ne s’attribuent la victoire. D’Angelo 2004, 206, n. 41, propose de rapprocher le même passage de Ps. 77, 50 : Viam fecit semitae irae suae non pepercit a morte animarum eorum et iumenta eorum in morte conclusit.. « Deus suus », dico, non [+] [non om. B. [-]] nonnonnon[om.] quod eum colendo cognoscebant [+] [cognoscebant ZB : -bat C. [-]] cognoscebantcognoscebantcognoscebantcognoscebat, sed quia, quamvis indigni Factori suo ingrati existendo [+] [existendo C Z : -tebant B. [-]] existendoexistendoexistendoexistebant, tamen ejus creaturae [+] [creaturae B : -tura C Z ed. pr. [-]] creaturaecreatura erant. « Deus, inquam, suus [+] [inquam suus C : suus inquam Z inquam B suus in quam ed. pr. suus Pontieri. [-]] suus inquaminquamsuus in quamsuus », dico [+] [dico om. B. [-]] dicodicodico[om.]f'L’emploi d’inquam… dico est une forme d’insistance, déjà pratiquée par Plaute, Pseudolus, v. 517. Le procédé s’est maintenu chez les auteurs tardifs et médiévaux, et on en trouve plusieurs exemples sur les bases de données des AASS et des MGH. Ainsi, Avit de Vienne (Epistulae, R. Peiper (éd.), MGH Auct. ant., Berlin, Weidmann, 1883, t. VI, 2, livre II, Epist. 54, p. 83, l. 10-12) : Tamen laboris mei seriem amputato aequore prolixitatis insinuo ; laborem, inquam, dico, quia procellas inopinis flatibus irruentes imperitus nauta vix sustinet., secundum illud quod [+] [quod C Z : quo B. [-]] quodquodquodquo ab Apostolo instruimur, ubi ait : « Nam idem Deus omnium, dives in omnes qui [+] [omnes qui C Z2B : illo Z. [-]] omnes quiomnes quiomnes qui [+] [Z2 : omnes qui [-]] illo invocant illum »γRom. 10, 12 : Non enim est distinctio Iudaei et Graeci ; nam idem Dominus omnium dives in omnes qui invocant illum, « Aussi bien n’y a-t-il pas de distinction entre Juif et Grec ; tous ont le même Seigneur, riche envers tous ceux qui l’invoquent » (trad. La Bible de Jérusalem, p. 2164). Le Grec désigne le païen en général, qui obtiendra le salut comme le Juif à condition « d’invoquer le nom du Seigneur ».. <5> Quod si aliquis hanc [+] [hanc ZB : hac C. [-]] hanchanchanchac sententiam dialectizando [+] [dialectizando C Z : -ticando B. [-]] dialectizandodialectizandodialectizandodialecticandog'Nous n’avons trouvé aucune autre occurrence du verbe dialectizare sur les bases de données des AASS ou de Brepolis. Parmi les dictionnaires que nous avons consultés, seul Blaise 1975 signale ce verbe en ne renvoyant qu’à cette occurrence de Malaterra. convertibilem [+] [convertibilem B : -le C commutabilem Z edd. [-]] convertibilecommutabilem astruere [+] [astruere C Z : des- B. [-]] astruereastruereastrueredestruere tentaverit dicens, si dives est Deus in eos qui invocant illum, consequi [+] [consequi — illum om. B. [-]] consequiconsequiconsequi...  oportere [+] [oportere C Z : -tet edd. [-]] oportereoportet ut pauper sit [+] [sit C Z : fit Pontieri. [-]] sitsitfit in eos qui non [+] [non om. Z. [-]] nonnon[om.] invocant illumillumillumillum, respondendum est quia [+] [quia C ZB : quod Pontieri. [-]] quiaquiaquiaquod deitas ipsa [+] [deitas ipsa C Z : deus B Pontieri. [-]] deitas ipsadeitas ipsadeus augmentum vel detrimentum [+] [augmentum (augum- C) vel detrimentum C Z : nec a. nec d. B Pontieri. [-]] augmentum vel detrimentumaugumentum vel detrimentumnec augmentum nec detrimentum non patitur nec in natura sua [+] [sua del. Pontieri. [-]] suasuasua[del.] recipit magis [+] [magis C Z : majus B Pontieri. [-]] magismagismajus vel minusδCe membre de phrase a très justement été rapproché par D’Angelo 2004, 206, n. 42, de l’extrait suivant de Grégoire le Grand, Homiliae in Hiezechihelem prophetam, M. Adriaen (éd.), CCSL 142, 1971, livre II, homélie 9, p. 363, l. 282-284 : Neque enim quidquam imminutionis ac decisionis habet illa substantia, quae semper incommutabilis manens, nec detrimentum recipit nec augmentum. Le choix des termes par Malaterra n’est pas non plus sans rappeler cet extrait du Monologion d’Anselme de Cantorbéry, composé à l’abbaye du Bec-Hellouin, vers 1075-1076, alors qu’Anselme était prieur : Sic quippe verbum summae veritatis, quod et ipsum est summa veritas, nullum augmentum vel detrimentum sentiet secundum hoc quod magis vel minus creaturis sit simile (nous soulignons), « Ainsi le Verbe de la vérité suréminente, qui est Lui-même vérité suréminente, ne sentira-t-il aucun accroissement ni aucun détriment selon qu’il est plus ou moins semblable aux créatures » (saint Anselme, Monologion, M. Corbin (introduction, trad. et notes), Paris, Cerf, 1986, chap. 31, l. 7-9, p. 128-129)., sed semper in eodem statu permanens semper aeque [+] [semper aeque C ZB Me : aevi per aeque aut sui per aeque dubitanter Z2 sui peraeque ed. pr. [-]] semper aequesemper aequesemper aequesemper aeque [+] [Z2 : aevi per aeque aut sui per aeque dubitanter [-]] sui, peraeque omnia potest. Si autem pauperem dicentes [+] [dicentes ego : dicere C ZB2 om. B. [-]] dicere [+] [B2 : dicere [-]] [om.] concludimus [+] [concludimus C : concludimur ZB2 edd. om. B. [-]] concludimur [+] [B2 : concludimur [-]] [om.]h'Le texte – dicentes concludimus – est ici obscur et probablement corrompu. Ici encore – comme en II, 30, 3 – Be, qui vaut B2, permet de lire la leçon marginale tronquée de B., non [+] [non C ZB2 : om. B. [-]] nonnonnon [+] [B2 : non [-]] [om.] tamen [+] [tamen ZB : tantum C. [-]] tamentamentamentantum quantum ad ipsum, sed quantum ad illos qui se indignos exhibent quibus misericordiae suae divitias Deus [+] [deus om. B. [-]] DeusDeusDeus[om.] impartiatur [+] [impartiatur C Z : -titur B. [-]] impartiaturimpartiaturimpartiaturimpartitur.

<6> Alors le comte, qui avait suivi son neveu avec cent chevaliers et était arrivé à Cerami, apprenant que son neveu avait triomphé des ennemis, hésitait à poursuivre l’opération pour affermir son triomphe : tandis que certains cherchaient par peur à l’en dissuader et lui disaient de se contenter de la victoire que Dieu lui avait donnée par l’intermédiaire de son neveu, pour que la fortune inconstante6Sur la roue de la fortune, voir « Introduction » de la version imprimée, p. 72. ne vînt pas à compromettre la situation s’il se lançait plus avant dans la poursuite, Oursel de Bailleul7Ménager 1991b, 317, identifie Oursel ou Roussel de Bailleul avec Ursellus de Baons (Baons-le-Comte en Seine-Maritime, arr. Rouen, canton d’Yvetôt), « qui souscrit en tant que baron ducal deux diplômes de Guillaume le Bâtard en faveur de Saint-Wandrille (voir [Recueil des actes des ducs de Normandie de 911 à 1066, M. Fauroux (éd.), Caen, Société des antiquaires de Normandie, 1961, p. 265, nº 106, et p. 338, nº 154]) ». Après avoir été le compagnon de Roger en Sicile, il s’engagea, dès le début de l’an 1070, aux côtés de Romain Diogène dans la lutte contre le sultan des Turcs. On connaît les hauts faits du personnage notamment par Nicéphore Bryenne (II, 2-25) et Anne Comnène (I, 1-3) ; voir aussi Schlumberger 1881., se répandant en reproches, menaça le comte de ne plus jamais lui prêter assistance, ici ou ailleurs, s’il n’engageait pas le combat contre l’ennemi. À ces mots, le comte, furieux, accabla d’invectives ceux qui le dissuadaient de combattre et partit aussitôt livrer bataille aux ennemis en direction de leur camp, car c’est là qu’ils s’étaient réfugiés. <7> Quant à eux, ayant refait leurs forces, ils disposent leurs troupes sur deux lignes de bataille et s’élancent hardiment au-devant des nôtres. Le comte aussi, formant de même deux escadrons, confia l’un à son neveu, à Oursel et à Ansgot de Pucheuil8Ansgot de Pucheuil fut récompensé de sa fidélité en 1071, obtenant avec Serlon la moitié de la Sicile (II, 46, 1). Il se distingue encore lors de la prise de Taormine (III, 18 [Pontieri, p. 67, l. 25]). Le toponyme Puteolis correspond à Pucheuil, situé près d’Envermeu (Seine-Maritime, arr. Dieppe). Le nom d’Asgottus ou Ansgotus apparaît dans deux diplômes comtaux en faveur de la Trinité de Mileto, dont l’un est daté de janvier 1093 (Ménager 1958-1959a, 32 et 42-43). À l’appui de l’identification de ce personnage avec le compagnon de Roger mentionné par Malaterra, on note sur les actes la présence de Serlo ou Sarlon, nepos comitis Rogerii, aux côtés d’Ansgot (Ménager 1991b, 317 et 361)., afin que, marchant en tête, ils frappent les premiers ; lui, en revanche, les suivant de près avec l’autre contingent, marche au combat en invoquant l’aide de Dieu. Or, la première ligne des ennemis, ayant décidé, en évitant Serlon et notre première ligne, de s’emparer d’abord d’un mont qui dominait nos hommes, s’élance à l’attaque de notre dernière ligne que le comte conduisait. <8> Alors, le comte et Oursel de Bailleul, voyant que leurs hommes étaient plus effrayés que d’habitude par l’immense multitude des ennemis, qui les terrifiait, s’efforçaient de dissiper leur peur en les exhortant ainsi : « Haut les cœurs, vous, ô jeunes et très courageux chevaliers de l’armée chrétienne. Nous avons tous reçu la marque du Christ, qui n’abandonnera pas son emblème, à moins qu’on ne l’ait offensé. “Notre Dieu est le Dieu des dieux et il est tout-puissant” ; et par lui est “ <maudit> tout homme qui, par manque de foi en Dieu, met sa confiance en l’homme et fait de la chair son appui”. Tous les royaumes du monde appartiennent à notre Dieu, et c’est lui qui les accordera à qui lui plaira. Ce peuple est rebelle à Dieu, et les forces qui ne sont pas dirigées par Dieu s’épuisent aussitôt. Ces hommes se glorifient de leur courage : mais nous, nous sommes sûrs de la protection de Dieu. De fait, concernant les ennemis il n’est pas permis de douter : il est certain qu’avec Dieu à notre tête, ils ne peuvent pas tenir face à nous. C’est parce que Gédéon n’a pas douté de l’aide de Dieu qu’il a terrassé avec un petit nombre d’hommes des dizaines de milliers d’ennemis ». <9> Tandis qu’ils finissaient ainsi leur harangue dans leur hâte d’aller combattre, apparut un cavalier en armes, resplendissant, monté sur un cheval blanc, portant un étendard blanc attaché au haut de sa lance, avec au-dessus une croix resplendissante : comme s’il sortait de notre ligne, afin d’enhardir les nôtres au combat, il se rua sur l’ennemi au plus épais de ses rangs dans une charge foudroyante. À cette vue, tous les nôtres furent comblés de joie : invoquant sans cesse les noms de Dieu et de saint Georges9La dévotion à saint Georges, patron des armées, a pénétré en Occident sans doute au VIIe siècle, et se répandit surtout à partir des croisades. Le saint est représenté en Italie du Sud dans les églises grecques et latines. Cependant, les saints militaires, honorés comme tels dans l’Église grecque, ne constituent pas une catégorie spécifique dans l’Église latine. À propos de saint Georges, voir l’ouvrage dirigé par G. De Giovanni-Centelles, San Giorgio e il Mediterraneo (Cité du Vatican, Pontificia insigne accademia di belle arti e lettere dei virtuosi al Pantheon (Alle radici dell’Europa ; 2), 2004), en particulier la contribution d’E. D’Angelo, qui fait une étude de ce chapitre de Malaterra : « San Giorgio e i Normanni », p. 195-217. Selon l’Histoire anonyme de la première croisade (L. Bréhier (éd. et trad.), Paris, Les Belles Lettres (Les classiques de l’histoire de France au Moyen Âge), 1964, p. 154), saint Georges apparut aux croisés devant Antioche (27 juin 1098), aux côtés des saints Mercure et Démétrius, dirigeant une armée de chevaliers montés sur des chevaux blancs et portant des étendards blancs. L’anecdote fut reprise par Orderic Vital, HE, vol. V, p. 112-114. D’après l’Hystoria de via et recuperatione Antiochiae atque Ierusolymarum (olim Tudebodus imitatus et continuatus) (E. D’Angelo (éd.), Florence, SISMEL Edizioni del Galluzzo, 2009), saint Georges serait apparu deux fois : une première fois à la bataille de Dorylée, escorté de Démétrius et Théodore, et tous trois montés sur des chevaux blancs, le 1er juillet 1097 (chap. 7, 23-27, p. 32) ; et une seconde fois à Antioche, aux côtés de Mercure et Théodore (chap. 13, 40, p. 88). Chaque fois l’historien atteste la vérité du miracle par la présence de la multitude des témoins oculaires., émus jusqu’aux larmes devant le bonheur que leur procurait une si grande vision, ils se lancèrent très résolument à la suite du cavalier qui marchait à leur tête. Beaucoup virent également qu’au haut de la lance du comte pendait un étendard avec une croix, qui n’avait pu être placé là que par un effet de la volonté divine. <10> Alors, le comte, en tête de sa ligne qu’il exhorte à combattre, engagea la lutte contre Archadius [qādī] de Palerme10À propos du nom Archadium, voir I, 7, 7. Palerna peut résulter d’une corruption du nom de Palerme, comme semble le confirmer Anon. Vat., p. 762 : Panormitano Archadio. On ne peut néanmoins se fier à ce témoignage, étant donné que les noms propres sont passablement modifiés ou altérés par ce dernier. Cet Archadius n’est pas identifié : il ne s’agit pas d’Ibn al-Hawwās, qui meurt en 461 AH (novembre 1068-octobre 1069), lors d’une bataille menée contre les troupes africaines résidant à Agrigente (voir Ibn al-Aṯīr, in BAS, I, 449 et al-Nuwayrī, in BAS, II, 145 ; Loud 2000, 159)., qui marchait très résolument devant sa propre ligne en injuriant les nôtres et était armé d’un clamusium étincelant, qui tient lieu de broigne à ces gens11Du Cange 1937-1938, s.v. clamucium, voit dans ce mot, dont la seule mention est tirée de Malaterra, une altération de camicium ou camisium. À l’évidence, ce terme clamusium n’a pas été compris des copistes. Serait-ce un mot formé à partir du grec κλαμύς, « le manteau militaire » ? Quoi qu’il en soit, Malaterra donne des éléments de description, par le récit du coup porté par Roger dans la phrase suivante, qui rappellent la broigne des combattants du XIe siècle (lorica). Elle est confectionnée d’un habit de cuir, sur lequel sont rivetées des plaques de métal de formes diverses qui se recouvrent en partie (voir Contamine 1986, 320-325 ; Flori 1998, 102, ainsi que Renaudeau 2004, 245-253). : l’ayant jeté à terre à la force de sa lance dans une charge foudroyante, <le comte> le tua, semant l’épouvante chez tous les autres. Parmi les siens, <Archadius> était en effet le plus illustre à la guerre ; on pensait même que personne ne pouvait lui résister au combat ; et aucune arme ne pouvait forcer le clamusium dont il était revêtu, à moins de le disloquer en usant plus d’habileté que de force, par des coups portés de bas en haut, entre deux plaques en fer, à l’endroit où elles étaient fixées par des rivets. <11> Ainsi, tandis que le combat fait rage des deux côtés, les nôtres, peu nombreux, étaient si bien enfermés dans cette multitude à laquelle ils étaient mêlés que c’est à peine si l’un des nôtres pouvait sortir de la mêlée, à moins de se frayer un chemin de ses armes. Et l’on pouvait voir les nôtres disperser en la terrassant la masse compacte des ennemis qui les encerclaient – comme un coup de vent furieux disperse une masse compacte de nuages – et, après les avoir dispersés, les terrasser, tels les éperviers très rapides un vol d’oiseaux fragiles. Cependant, lorsque les ennemis, devenus incapables, après avoir mené un long combat, de soutenir plus longtemps les attaques de nos hommes, tentent de trouver le salut dans la fuite plutôt que par les armes, les nôtres, les poursuivant hardiment, les exterminent, en massacrant tous les traînards. Et ainsi, ayant remporté la victoire, ils tuèrent environ quinze mille ennemis12Ils furent vingt mille selon Anon. Vat., p. 762, peut-être d’après le nombre de fantassins tués le lendemain (voir phrases suivantes).. <12> Alors, les nôtres, se dirigeant vers le campement des ennemis, chargés des dépouilles du triomphe, s’établirent dans leurs tentes, s’appropriant les chameaux et tout ce qu’ils trouvèrent. Le lendemain, livrant bataille aux fantassins – vingt mille environ – qui, dans leur fuite, s’étaient réfugiés dans les rochers et les montagnes escarpées, ils les tuent en très grande partie ; ils tirent de la vente de tous les autres vaincus une somme considérable. Mais, se refusant à s’attarder là à cause de la puanteur dégagée par les cadavres des ennemis abattus, qui étaient en train de pourrir, ils s’éloignèrent de cette puanteur et retournèrent à Troina. <13> Le comte, qui reconnaissait que c’était grâce au patronage de Dieu et de saint Pierre qu’il avait obtenu une si grande victoire, faisant preuve de gratitude envers eux pour le bienfait qu’ils lui avaient accordé, envoie, en témoignage de sa victoire, à Rome, au pape Alexandre13Anselme, évêque de Lucques, fut élu pape sous le nom d’Alexandre II (1061-1073)., qui assurait alors la charge de saint Pierre avec sagesse et conformément à la foi catholique, par l’entremise de l’un de ses hommes du nom de Mélédius14On ne connaît pas cet homme par ailleurs., quatre chameaux qu’il avait pris parmi les autres dépouilles après son triomphe sur l’ennemi. <14> Quant au pape, qui se réjouissait davantage de la victoire accordée par Dieu sur les païens que des présents qu’on lui avait fait parvenir, il envoie sa bénédiction apostolique au comte et à tous ceux qui aidaient à conquérir la Sicile sur les païens et, une fois conquise, à la retenir à jamais dans la foi du Christ et, en vertu du pouvoir dont il jouissait, l’absolution de leurs fautes, pourvu qu’ils viennent à résipiscence et se gardent de refaire les mêmes à l’avenir ; <il leur envoie> aussi depuis le Siège de Rome un étendard, marqué de l’autorité apostolique15L’envoi de l’étendard du Saint-Siège, dont témoigne le seul Malaterra, conférait concrètement à la conquête de la Sicile un caractère religieux. L’Église sicilienne, restaurée par Roger, est placée sous la dépendance de Rome, comme l’avait souhaité Nicolas II à Melfi en accordant à Robert le titre de dux […] Siciliae. Sur le lien direct qui s’instaure ainsi entre le pape et Roger, voir Fodale 2001, 30-31. Cependant, Nef 2011, 51-53, rappelant les mauvaises relations entre les Normands et Alexandre II en 1063, doute de l’authenticité de l’épisode., pour que, grâce à ce présent, confiants dans le secours de saint Pierre, ils luttent avec plus d’assurance, afin de réduire les Sarrasins par les armes.

<6> Comes itaque, nepotem subsecutus cum centum militibus, Ceramum [+] [ceramum B : ceramium Z ed. pr. ceraunium C. [-]] CeramiumCeraunium veniens hostesque a nepote devictos [+] [devictos C Z : dejectos B. [-]] devictosdevictosdevictosdejectos cognoscens, dum subsequi, ut plenius devincat [+] [devincat C Z : -cant B. [-]] devincatdevincatdevincatdevincant, deliberat, quibusdam ex timore dehortantibus [+] [dehortantibus C Z : decertantibus B. [-]] dehortantibusdehortantibusdehortantibusdecertantibus et [+] [et om. B. [-]] etetet[om.] sufficere sibi victoriam a Deo per nepotem factam dicentibus, ne forte, si [+] [si om. Z ed. pr. [-]] sisi[om.] ultra insequendo progrediatur, fortuna rotabilis [+] [post rotabilis add. et Z edd. [-]] rotabilisrotabilis et in [+] [in om. B. [-]] ininin[om.] deterius cedat, Ursellus [+] [ursellus C Z2B : vicellus Z. [-]] UrsellusUrsellusUrsellus [+] [Z2 : Ursellus [-]] Vicellus de Baliol [+] [baliol C Z : ballione B Pontieri. [-]] BaliolBaliolBallione exprobrando [+] [exprobrando D Ca : -bando C B explorando Z exploranti edd. [-]] exprobrandoexprobandoexplorandoexploranti comiti interminatus est se [+] [se C Z : sed B. [-]] sesesesed nunquam vel ibi vel alias [+] [alias C Z : alibi B Pontieri. [-]] aliasaliasalibi sibi auxilium laturumlaturumlaturumlaturum [+] [Z1 : laturum [-]] laturos, nisi certamen cum hostibus ineat. Quod comes audiens dehortantibus [+] [dehortantibus C Z : decertantibus B. [-]] dehortantibusdehortantibusdehortantibusdecertantibus quidem multa convicia iratus intulit, citiusque hostibus versus castra eorum [+] [eorum om. B. [-]] eorumeorumeorum[om.] – illuc enim aufugerant [+] [aufugerant C B : -runt Z edd. [-]] aufugerantaufugerunt – bellum offerre vadit. <7> Porro illi, viribus resumptis, duas acies ex sese facientes, nostris audacter occurrere accelerant. Comes etiam, similiter duos cuneos faciens ex suis, unum [+] [unum ZB : unam C. [-]] unumunumunumunam nepoti et Ursello et Ansgoto [+] [ansgoto C : augusto Z agnoto B arisgoto edd. [-]] AugustoAgnotoArisgoto de Puteolis [+] [puteolis C Z : piteolo B. [-]] PuteolisPuteolisPuteolisPiteolo, ut praecedentes primo feriant, delegavit : ipse, cum altero [+] [altero Zx : -ra C ZB. [-]] altero [+] [Zx : altero [-]] altera subsequens, bellatum, Deum sibi adjutorem invocans, vadit. Prima autem acies eorum Serlonem cum prima acie nostra declinando montem [+] [montem ZB : -te C. [-]] montemmontemmontemmonte super nostros praeripere [+] [praeripere C Z : praeci- B. [-]] praeriperepraeriperepraeriperepraecipere volens, ultimae aciei nostrae, quam comes ducebat, occurrit. <8> Comes ergo et Ursellus de Baliol, suos solito formidolosiores [+] [formidolosiores C B : -diosores Z. [-]] formidolosioresformidolosioresformidolosioresformidiosores prae nimia multitudine hostium, quam exhorrebant [+] [exhorrebant B Me : -bat C incurrebant Z ed. pr. [-]] exhorrebantexhorrebantexhorrebatincurrebant, videntes, talibus exhortationibus timorem ab [+] [ab C Z : ex B Pontieri. [-]] ababex ipsis excutere nitebantur [+] [nitebantur ZB : intende- C. [-]] nitebanturnitebanturnitebanturintendebantur : « Arrigite animos [+] [animos C Z : inimicos B. [-]] animosanimosanimosinimicos vestros, o fortissimi christianae [+] [christianae post militiae transt. B. [-]] militiaechristianae militiaechristianae militiaechristianae militiaemilitiae christianae tyrones. Omnes Christi titulo insigniti sumusεL’expression Christi titulo est peut-être une réminiscence de Jérôme, Commentarii in iv epistulas Paulinas, in PL, t. XXVI, 1845, Ad Titum, chap. I, col. 557C : apostolum se Christi titulo praenotauit (signalée par D’Angelo 2004, 207, n. 47). Mais elle était probablement courante et on la retrouve aussi ailleurs suivie d’insignitus : voir par exemple Acte nº 229629 dans « Les espaces de la charte », C. Giraud, J.-B. Renault, B.-M. Tock (éd.), Nancy, Centre de médiévistique Jean Schneider ; Recueil des chartes de l’abbaye de Cluny, A. Bernard, A. Bruel (éd.), Paris, Imprimerie nationale, 1884, t. III : 987-1027, p. 444-445, nº 2326 : Notum sit cunctis fidelibus Christi titulo insignitis, quod ego Hubertus dono Deo et sanctis ejus apostolis Petro et Paulo […]., qui [+] [qui C ZB : et Ca. [-]] quiquiquiquiet non deseret [+] [deseret ZB : deferet C. [-]] deseretdeseretdeseretdeferet signaculum suum [+] [suum om. Z ed. pr. [-]] suumsuum[om.], nisi [+] [nisi C Z : non B. [-]] nisinisinisinon offensus. “Deus noster Deus deorum et [+] [et om. Z edd. [-]] et[om.] omnipotensζL’expression est usuelle dans la Bible. Voir Deut. 10, 17 : Quia Dominus Deus vester ipse est Deus deorum et Dominus dominantium, Deus magnus et potens et terribilis ; Dan. 2, 47 : Vere Deus vester Deus deorum est et Dominus regum ; Ps. 49, 1 : Deus deorum Dominus. Elle a été reprise par les Pères de l’Église : par exemple saint Augustin, De civitate Dei, 9, 23. Elle est associée à omnipotens par Raban Maur, In honorem sanctae crucis, M. Perrin (éd.), CCCM 100, 1997, livre I, declaratio 28, l. 28 : […] Deus unus omnipotens, Deus deorum Dominus, Deus rerum creator omnium […]. est”, et ab ipso [+] [est et ab ipso iter. Z. [-]] est”, et ab ipsoest”, et ab ipsoest”, et ab ipsoest » et ab ipso est et ab ipso <maledictus> [+] [maledictus addidi. [-]] [om.] omnis [+] [omnis Z : omnes B om. C. [-]] omnisomnisomnes[om.] qui de [+] [qui de C Z : quidem B quidem de Pontieri. [-]] qui dequi dequidemquidem de Deo diffidens confidit [+] [confidit C Z : -det B. [-]] confiditconfiditconfiditconfidet in homine [+] [homine ZB : -nem C. [-]] hominehominehominehominem et ponit carnem brachium suum”ηJer. 17, 5 : Haec dicit Dominus : Maledictus homo qui confidit in homine et ponit carnem brachium suum et a Domino recedit cor ejus, « Ainsi parle Yahvé : Maudit l’homme qui se confie en l’homme, qui fait de la chair son appui et dont le cœur s’écarte de Yahvé » (trad. La Bible de Jérusalem, p. 1517). L’expression de Deo diffidens, que Malaterra a substituée à et a Domino recedit cor ejus, met l’accent sur la notion de fides. La restitution de maledictus justifie la présence de et devant ponit, sur laquelle les trois manuscrits s’accordent. L’indéfini omnis à la place de homo se trouve chez d’autres auteurs qui citent le même verset ; voir par exemple Vita sancti Chlodovaldi (B. Krusch (éd.), MGH SS rer. Merov., t. II, Hanovre, Hahn, 1888, 4, p. 352, l. 32-34) : Maledictus enim omnis qui confidit in homine et a Domino recedit cor ejus. Benedictus autem vir qui confidit in Domino, et erit Dominus fiducia ejus, quia bonum est confidere in Domino quam confidere in homine. Une fois le participe restitué, le syntagme ab ipso – où ipso reprend Deus – apparaît comme l’agent de la malédiction (voir Deut. 28, 15-20 ; 28, 45). Pour d’autres emplois de maledictus a Deo dans des contextes différents, voir par exemple Deut. 21, 23 : […] maledictus a Deo est qui pendet in ligno, et la Vie de saint Aimé, évêque de Nusco (prov. Avellino), De sancto Amato episcopo, in AASS, Augusti, t. VI, Anvers, B. A. Van Der Plassche, 1743, Dies 31, col. 704E : sit maledictus a Deo Patre, qui fecit cælum & terram, & unico […] ; ou encore De sancto Nicio, Conf. non Pont., in AASS, Octobris, t. XI, Bruxelles, H. Goemaere, 1864, Dies 25, col. 710E : vel quicumque exinde hanc regulam quod dicitur Atticam in latinam convertere voluerit, maledictus et excommunicatus fiat a Deo Patre omnipotente, et a vivifico Filio ejus, Domno nostro, Jesu Christo, fiat condemnatus, et a Spiritu Sancto fiat confusus in ima [col. 0710F] tetri profunda inferni.. Omnia regna mundi Dei nostri sunt, et quibus volet ipse impartietur [+] [impartietur (imper- C) C Z : -titur B. [-]] impartieturimpartieturimpertieturimpartiturθDeut. 34, 1-4 (Dieu montre à Moïse la Terre promise et promet de la donner à sa postérité) : semini tuo dabo eam [terram] ; Dan. 4, 14 : et cuicumque voluerit dabit illud [regnum]. Voir encore Mat. 4, 8-9 : […] Diabolus […] ostendit ei omnia regna mundi et gloriam eorum et dixit illi : « Haec tibi omnia dabo, si cadens adoraveris me ».. Gens ista Deo rebellis [+] [rebellis C ZBx : -lens B. [-]] rebellisrebellisrebellis [+] [Bx : rebellis [-]] rebellens est, et vires quae [+] [quae om. B. [-]] quaequaequae[om.] a Deo non [+] [non C Z : nostro B. [-]] nonnonnonnostro reguntur [Z/f.27v-28r] citius [+] [citius C ZB : ocyus ed. pr. [-]] [Z/f.27v-28r] citius [Z/f.27v-28r] citius [Z/f.27v-28r] citiusocyus exhauriuntur [+] [exhauriuntur C Z : -rientur B. [-]] exhauriunturexhauriunturexhauriunturexhaurientur. Ipsi in virtute sua gloriantur ; nos autem de Dei praesidio securi sumus. Nam neque hostium [+] [hostium C B : honestum Z edd. [-]] hostiumhonestumi'Ailleurs, chez Malaterra, dubitare a pour complément un être inanimé, « avoir un doute à propos de quelque chose », exprimé par de suivi de l’ablatif, conformément à la construction classique (voir la phrase suivante : de Dei auxilio non dubitavit ; et III, 13 [Pontieri, p. 65, l. 19-20] : nil de hac re dubitare asserebat). Ici, l’accord C B conduit à interpréter hostium comme un génitif se substituant au tour prépositionnel (pour dubius avec le génitif, voir TLL V, 1, s.v., col. 2106, l. 63-72 ; voir aussi G. Serbat, Grammaire fondamentale du latin, t. VI, L’emploi des cas en latin, vol. 1, Nominatif, Vocatif, Accusatif, Génitif, Datif, Louvain – Paris, Peeters, 1996, p. 382). est dubitare [+] [dubitare C : -ri ZB edd. [-]] dubitari : quos [+] [quos C Z : quod B Pontieri. [-]] quosquosquod certum est, Deo nos praecedente, ante faciem nostramιI Mac. 3, 22 : et ipse Dominus conteret eos ante faciem nostram ; vos autem ne timueritis eos. Ce verset est extrait du discours que Judas adresse à ses hommes qui, voyant s’avancer l’armée adverse, doutent de la victoire en raison de leur petit nombre. Judas est sûr de la victoire, car c’est du Ciel, dit-il, que vient la force, tandis que Séron et ses hommes débordent « d’insolence et d’iniquité » : ipsi veniunt ad nos in multitudine contumaci et superba (I Mac. 3, 20). Voir encore I Mac. 4, 10 : et nunc clamemus in caelum et miserebitur nostri et testamenti patrum nostrorum et conteret exercitum istum ante faciem nostram hodie ; il s’agit pareillement d’un discours prononcé par Judas à ses hommes moins nombreux que leurs adversaires. Ces réminiscences sont aussi signalées par D’Angelo 2004, 207, n. 49. non posse subsistere [+] [subsistere C Z : substinere B. [-]] subsisteresubsisteresubsisteresubstinere. Gedeon, quia [+] [quia C Z : qui B. [-]] quiaquiaquiaqui de Dei auxilio non dubitavit, in [+] [in C ZxB : de in Z. [-]] ininin [+] [Zx : in [-]] de in paucis multa milia hostium [+] [hostium C Z : hominum B. [-]] hostiumhostiumhostiumhominum stravitκGédéon libéra Israël de la tyrannie de Madiân avec une armée qui, sur ordre de Dieu, fut réduite de trente mille à trois cents hommes (Judic. 7, 1-8), afin qu’Israël ne tire pas gloire de sa victoire ni ne dise : « C’est ma propre main qui m’a délivré ! » (Judic. 7, 2 ; trad. La Bible de Jérusalem, p. 398). Au contraire, les hommes de Madiân « étaient déployés dans la vallée aussi nombreux que des sauterelles : leurs chameaux étaient sans nombre, comme le sable sur le bord de la mer » (Judic. 7, 12 ; trad. La Bible de Jérusalem, p. 398). Voir déjà le second discours de Moïse à Israël (Deut. 8, 17). La victoire de Gédéon est souvent invoquée par les historiens médiévaux directement ou indirectement ; mentionnons seulement le Carmen in victoriam Pisanorum (édité par G. Scalia dans son article « Il carme Pisano sull’impresa contro i Saraceni del 1087 », in Studi di filologia romanza offerti a Silvio Pellegrini, Padoue, Liviana, 1971, p. 597, v. 7-8) (daté de 1087) et Baudri de Bourgueil (Baldrici, episcopi Dolensis, Historia Jerosolimitana, in RHC Hist. occ., t. IV, 1879, p. 73) (devant Antioche) : « Si enim Alexius imperator advenisset Turcosque superasset, triumphus gentis suae non exercitui Dei adscriberetur et Graecorum multitudini deputaretur, non Francorum fortitudini ». ». <9> Dum [+] [post dum add. tamen B. [-]] DumDumDumDum tamen talia versus certamen properando perorantur [+] [perorantur C Z : -orat B. [-]] peroranturperoranturperoranturperorat, apparuit eques [+] [ante eques add. quidam Z edd. [-]] equesquidam eques splendidusλLe cavalier est aussitôt identifié à saint Georges par les hommes de Roger. L’apparition rappelle celle du cavalier blanc – annoncé par le même verbe apparuit –, venu combattre aux côtés des Macchabées (II Mac. 11, 8) : apparuit praecedens eos eques in veste candida armis aureis hastam vibrans ; peut-être aussi le cavalier monté sur un cheval blanc de l’Apocalypse (Apo. 6, 2) : Et vidi et ecce equus albus et qui sedebat super illum habebat arcum et data est ei corona et exivit vincens ut vinceret. Dans l’Apocalypse, cette vision est le point de départ des événements qui annoncent et préparent la déroute de l’Empire romain, prototype des ennemis de Dieu. Le cavalier est un signe de victoire, à cause de la couleur blanche, de la couronne et de la double allusion à la victoire ; quand il apparaît une seconde fois, il n’est autre que le Christ : Et vidi caelum apertum et ecce equus albus et qui sedebat super eum vocabatur Fidelis et Verax vocatur et iustitia iudicat et pugnat (Apo. 19, 11). Cependant, des visions du même type avaient été rapportées par les chroniqueurs byzantins, et les croisés devant Antioche eurent aussi la vision de cavaliers blancs portant des étendards blancs, selon l’Histoire anonyme de la première croisade (voir note historique). Il est donc possible que ce type de récits ait circulé par tradition orale (voir Taviani-Carozzi 1996a, 375). in armis equo [+] [equo post albo transt. B. [-]] alboequo alboequo alboequo alboalbo equo insidens, album vexillum in summitate hastilis [+] [hastilis C B : -li Z. [-]] hastilishastilishastilishastili colligatum [+] [colligatum C B : alli- Z edd. [-]] colligatumalligatum ferens et desuper splendidam [+] [splendidam post crucem transt. B. [-]] crucemsplendidam crucemsplendidam crucemsblendidam crucemcrucem splendidam, et [+] [et om. B Pontieri. [-]] etet[om.] quasi a nostra acie progrediens, ut nostros ad certamen promptiores redderet, fortissimo impetu hostes [+] [hostes C ZxB : -tens Z. [-]] hosteshosteshostes [+] [Zx : hostes [-]] hostens, ubi [+] [ubi C B : ut Z. [-]] ubiubiubiut densiores erant [+] [erant C B : erat Z. [-]] eranteranteranterat, irrumpens. Quo viso [+] [viso om. B. [-]] visovisoviso[om.], nostri omnes [+] [omnes om. edd. [-]] omnesomnes[om.], hilariores [+] [hilariores ZB : cla- C. [-]] hilarioreshilarioreshilarioresclariores effecti, Deum sanctumque Georgium ingeminando [+] [ingeminando C Z : -antes B Pontieri. [-]] ingeminandoingeminandoingeminantes et prae gaudio tantae visionis compuncti lacrimas fundendoj'Pour une autre traduction, voir Desbordes 2005, 135, n. 63 : « versant des larmes sous l’effet de la joie qui les avait saisis devant une telle vision ». ipsum praecedentem promptissime [+] [promptissime C B : -se Z. [-]] promptissimepromptissimepromptissimepromptisse subsecuti sunt [+] [subsecuti sunt C B : sunt secuti Z ed. pr. [-]] subsecuti suntsubsecuti suntsunt secuti. Visum etiam [+] [post etiam add. fuit B Pontieri. [-]] etiametiametiam fuit a pluribus in summitate hastilis comitis vexillum [+] [vexillum C Z : vix illum B. [-]] vexillumvexillumvexillumvix illum dependens crucem continens, a nullo [+] [nullo ZB : nulla C. [-]] nullonullonullonulla nisi divinitus appositum. <10> Comes ergo, aciei suae praevius exhortator [+] [praevius exhortator C : primus e. B prius exhortatos Z primos exhortatus edd. [-]] primus exhortatorprius exhortatosprimos exhortatus, Archadium [+] [archadium C Z : arca- B edd. [-]] ArchadiumArcadium de Palerna, suam aciem nostris exprobrando [+] [exprobrando ed. pr. : -bando C ZB Pontieri. [-]] exprobando promptissime antecedentem et splendenti clamucio [+] [clamucio edd. : clavunco C Me claviculo Z clavulo B. [-]] clamucioclavuncoclaviculoclavulo – quo pro lorica [+] [lorica C Z : lurica B. [-]] loricaloricaloricalurica utuntur [+] [utuntur C : utebatur B Pontieri utimur Z ed. pr. [-]] utebaturutimur – armatum, certamine inito, fortissimo congressu hastili robore dejectum, ceteris metum incutiens, interfecit. Erat enim inter suos militia praeclarissimus, cui etiam neminem [+] [neminem post armis transt. B Pontieri. [-]] armis [+] [ante armis add. in Pontieri. [-]] neminem armisneminem armisarmis neminemin armis neminem resistere posse putabant ; et clamucium [+] [clamucium Z : clavuncum C Me clauviculus B. [-]] clamuciumclamuciumclavuncumclauviculus quo indutus [+] [indutus ZB : inductus C. [-]] indutusindutusindutusinductus erat nullis armis poterat violari, nisi ab imo [+] [imo C Z : uno B. [-]] imoimoimouno in superius impingendo inter duo ferreaferreaferreaferreafertea, quo [+] [quo C def. Desbordes : quae ZB edd. [-]] quoquae per juncturas concatenata [+] [concatenata C Me : cum catenata Z edd. et cathenata B. [-]] concatenatacum catenataet cathenata sunt, ingenio potius quam vi [+] [vi C Z : viribus B Pontieri. [-]] viviviribus vitiaretur [+] [vitiaretur C Z : invinceretur B inviceretur Pontieri. [-]] vitiareturvitiareturinvincereturinviceretur. <11> Dum itaque utrimque [+] [utrimque C Z : ictumque B. [-]] utrimqueutrimqueutrimqueictumque fortiter dimicatur, nostri, numero pauci, tantae [+] [numero pauci tantae C ZB : numeri paucitate Z2 ed. pr. numero pauci Pontieri. [-]] numero pauci, tantaenumero pauci, tantaenumeri paucitate [+] [Z2 : numeri paucitate [-]] numero pauci multitudini intermixti [+] [intermixti C Z : -misti B. [-]] intermixtiintermixtiintermixtiintermisti ita concludebantur [+] [concludebantur C Z : conelu- B. [-]] concludebanturconcludebanturconcludebanturconeludebantur ut vix aliquis nostrorum nisi armis sibi viam [+] [viam om. Z ed. pr. [-]] viamviam[om.] faciendo tumultum interrumpere [+] [interrumpere C Z : ir- B. [-]] interrumpereinterrumpereinterrumpereirrumpere posset. Videres [+] [videres C : videns Z ed. pr. videntes B Pontieri. [-]] VidensVidentesk'Sur l’établissement de cet extrait, voir Desbordes 2005, 145-146, et Lucas-Avenel 2008a, 42-43. autem nostros tantam [+] [tantam om. Z ed. pr. [-]] tantamtantam[om.] condensitatem [+] [post condensitatem add. inimicorum paganorum ac siciliensium simul existentium et B Pontieri. [-]] condensitatemcondensitatemcondensitatem inimicorum paganorum ac siciliensium simul existentium et circumdantium se hostium sternendo [+] [sternendo om. B. [-]] sternendosternendosternendo[om.], ut a furenti [+] [furenti C Z : ferventi B. [-]] furentifurentifurentiferventi vento solet condensitas nebularum, disrumpere [+] [disrumpere C ZB : -pi edd. [-]] disrumperedisrumperedisrumpi et, sicut [+] [et sicut C Z : sicut etiam B et sicuti Pontieri. [-]] et, sicutet, sicutsicut etiamet sicuti velocissimi [+] [velocissimi ed. pr. : -mos C1 ZB Me Pontieri -mus C. [-]] velocissimos [+] [C1 : velocissimos [-]] velocissimus accipitres imbecillem [+] [imbecillem C Z : in B. [-]] imbecillemimbecillemimbecillemin turbam avium, disruptam [+] [disruptam om. B. [-]] disruptamdisruptamdisruptam[om.] sternere. Sed cum longo certamine [+] [certamine C Z : -men B. [-]] certaminecertaminecertaminecertamen grassati [+] [grassati C Z : cras- B. [-]] grassatigrassatigrassaticrassati, diutius nostrorum infestationem [+] [infestationem ZB : -ne C. [-]] infestationeminfestationeminfestationeminfestatione ferre non praevalentes [+] [praevalentes C Z : valentes B. [-]] praevalentespraevalentespraevalentesvalentes, fuga [+] [post fuga (fugas B) add. se B Pontieri. [-]] fugafugafugas sefuga se tueri potius quam armis nituntur, nostri, audacter insequentes [+] [insequentes C Z : incedentes B. [-]] insequentesinsequentesinsequentesincedentes, extremos quosque [+] [quosque C B : quoque Z. [-]] quosquequosquequosquequoque caedendo perimunt. Sicque [+] [sicque — I, 33, 12 nostri om. B. [-]] SicqueSicqueSicque... victores effecti, usque ad quindecim milia ex hostibus occubuerunt. <12> NostriNostriNostriNostri itaque triumphalibus spoliis onusti [+] [onusti Z : -tis C B. [-]] onustionustionustis, usque ad hostium castra regredientes, in eorum tentoriis hospitantur, camelos et reliqua [+] [reliqua ZB : -quae C. [-]] reliquareliquareliquareliquae omnia quae invenerunt sibi vendicantesvendicantesvendicantesvindicantes. In crastinum vero [+] [vero om. B. [-]] veroverovero[om.] pedites ad viginti [EP/p.40-41] milia, qui fugientes scopulos et praerupta montis occupaverant [+] [occupaverant C Z : -pantes B. [-]] occupaverantoccupaverantoccupaverantoccupantes oppugnantes, plurima ex parte perimunt ; reliquos vero debellatos [C/f.20v-21r] vendentes, pecuniam infinitam accipiunt. Sed cum aliquandiu [+] [aliquandiu ZB : eloquandium C. [-]] aliquandiualiquandiualiquandiueloquandium ibi [+] [ibi om. Z ed. pr. [-]] ibiibi[om.] commorare [+] [commorare C : -rati ZB edd. [-]] commorati foetore [+] [foetore om. B. [-]] foetorefoetorefoetore[om.] putrentium [+] [putrentium C ZBx : pruten- B. [-]] putrentiumputrentiumputrentium [+] [Bx : putrentium [-]] prutentium cadaverum occisorum hostium gravarentur, foetorem abhorrentes, TraynamTraynamTraynamTraynamTrainam reversi sunt. <13> Comes Deo et sancto Petro, cujus patrocinio tantam victoriam se adeptum recognoscebat, de collato sibi beneficio non ingratus existens [+] [existens C ZBx : existens non B. [-]] existensexistensexistens [+] [Bx : existens [-]] existens non, in testimonium victoriae suae per quendam suorum, nomine Meledium, camelos quattuor, quos inter reliqua spolia, hoste triumphato, acceperat, Alexandro papae, qui tunc temporis vices [+] [vices Desbordes : vice C ZB edd. [-]] vice beati Petri prudenter et catholice exsequebatur, apud Romam repraesentat. <14> Apostolicus vero, plus de victoria a Deo de paganis concessa quam de sibi transmissis donariis [+] [donariis C Z : denariis B ante sibi transf. [-]] sibi transmissis donariissibi transmissis donariissibi transmissis donariisdenariis sibi transmissis gavisus [+] [gavisus ZB : gra- C. [-]] gavisusgavisusgavisusgravisus, benedictionem apostolicam [+] [benedictionem apostolicam C B : -one -ca Z ed. pr. [-]] benedictionem apostolicambenedictionem apostolicambenedictione apostolica et, potestate [+] [potestate C : potestatem ZB. [-]] potestatepotestatepotestatem quaquaquaqua [+] [B1 : qua [-]] [om.] utebatur, absolutionem de offensis, si [+] [si om. ZB. [-]] sisi[om.] resipiscentes [+] [resipiscentes C : -cendes Z respicientem B. [-]] resipiscentesresipiscentesresipiscendesrespicientem in futurum caveant, comiti [+] [comiti C Z : -tis B. [-]] comiticomiticomiticomitis et omnibus [+] [omnibus C ZBx : omni B. [-]] omnibusomnibusomnibus [+] [Bx : omnibus [-]] omni qui [+] [qui om. B. [-]] quiquiqui[om.] in lucranda de paganis SiciliaSiciliaSiciliaSciciliaCicilia et lucratam in perpetuum ad fidem Christi retinendo [+] [retinendo C Z : -di B. [-]] retinendoretinendoretinendoretinendi auxiliarentur, mandat [+] [mandat C ZBx : -dant B. [-]] mandatmandatmandat [+] [Bx : mandat [-]] mandant, vexillumque [+] [vexillumque ZB : auxiliumque C. [-]] vexillumquevexillumquevexillumqueauxiliumque a Romana Sede, apostolica auctoritate consignatum, quo praemio [+] [praemio C Z : praevio B. [-]] praemiopraemiopraemiopraevio, de beati Petri fisi praesidio [+] [praesidio ZB : -duo C. [-]] praesidiopraesidiopraesidiopraesiduo, tutius in Sarracenos debellaturi [+] [debellaturi C Z : -tum B. [-]] debellaturidebellaturidebellaturidebellatum insurgerent [+] [insurgerent C Z : -gant B. [-]] insurgerentinsurgerentinsurgerentinsurgant.

II, 22, 4 (post erant) – II, 46 desunt in A

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1Comme Roger s’était rendu en Calabre après le siège de Troina et avait fait du butin à son retour en Sicile, la bataille ne put avoir lieu avant le début de l’été 1063.

2Venant de Troina, le comte prend position sur la rive est du Cerami (affluent du Salso, lui-même affluent du Simeto), peut-être non loin de la place de Cerami (prov. Enna), située à environ 12 km de Troina, sur la plus haute montagne (1 034 m) qui borde le fleuve.

3Anon. Vat., p. 760, confirme le nombre de trente chevaliers. On trouve cependant le nombre de trente-six dans le manuscrit B de Malaterra, sans doute d’après l’information donnée ci-après. On peut y voir une incohérence que le copiste de B aura voulu corriger, à moins que Serlon, une fois parvenu à Cerami, n’ait bénéficié du renfort de six chevaliers.

4Anon. Vat., p. 760, a repris le témoignage de Malaterra sur le nombre de trente mille chevaliers : Saraceni […], congregatis ergo triginta millibus equitum et peditibus infinitis, numerositate sua Normannorum paucitatem tentarunt extirpare. Ce nombre est probablement inspiré de l’histoire de Gédéon (voir II, 33, 8).

5Malaterra élabore un commentaire qui vise à justifier la comparaison qu’il vient d’établir entre le sort subi par les musulmans et celui que les fils d’Israël auraient eux-mêmes subi si Dieu l’avait voulu, afin de montrer que la toute-puissance divine s’est manifestée à Cerami. Pour cela, il rappelle que les Sarrasins sont aussi des créatures de Dieu, mais il laisse soigneusement de côté l’identification entre les Normands et les Babyloniens qui pourrait résulter de la comparaison.

6Sur la roue de la fortune, voir « Introduction » de la version imprimée, p. 72.

7Ménager 1991b, 317, identifie Oursel ou Roussel de Bailleul avec Ursellus de Baons (Baons-le-Comte en Seine-Maritime, arr. Rouen, canton d’Yvetôt), « qui souscrit en tant que baron ducal deux diplômes de Guillaume le Bâtard en faveur de Saint-Wandrille (voir [Recueil des actes des ducs de Normandie de 911 à 1066, M. Fauroux (éd.), Caen, Société des antiquaires de Normandie, 1961, p. 265, nº 106, et p. 338, nº 154]) ». Après avoir été le compagnon de Roger en Sicile, il s’engagea, dès le début de l’an 1070, aux côtés de Romain Diogène dans la lutte contre le sultan des Turcs. On connaît les hauts faits du personnage notamment par Nicéphore Bryenne (II, 2-25) et Anne Comnène (I, 1-3) ; voir aussi Schlumberger 1881.

8Ansgot de Pucheuil fut récompensé de sa fidélité en 1071, obtenant avec Serlon la moitié de la Sicile (II, 46, 1). Il se distingue encore lors de la prise de Taormine (III, 18 [Pontieri, p. 67, l. 25]). Le toponyme Puteolis correspond à Pucheuil, situé près d’Envermeu (Seine-Maritime, arr. Dieppe). Le nom d’Asgottus ou Ansgotus apparaît dans deux diplômes comtaux en faveur de la Trinité de Mileto, dont l’un est daté de janvier 1093 (Ménager 1958-1959a, 32 et 42-43). À l’appui de l’identification de ce personnage avec le compagnon de Roger mentionné par Malaterra, on note sur les actes la présence de Serlo ou Sarlon, nepos comitis Rogerii, aux côtés d’Ansgot (Ménager 1991b, 317 et 361).

9La dévotion à saint Georges, patron des armées, a pénétré en Occident sans doute au VIIe siècle, et se répandit surtout à partir des croisades. Le saint est représenté en Italie du Sud dans les églises grecques et latines. Cependant, les saints militaires, honorés comme tels dans l’Église grecque, ne constituent pas une catégorie spécifique dans l’Église latine. À propos de saint Georges, voir l’ouvrage dirigé par G. De Giovanni-Centelles, San Giorgio e il Mediterraneo (Cité du Vatican, Pontificia insigne accademia di belle arti e lettere dei virtuosi al Pantheon (Alle radici dell’Europa ; 2), 2004), en particulier la contribution d’E. D’Angelo, qui fait une étude de ce chapitre de Malaterra : « San Giorgio e i Normanni », p. 195-217. Selon l’Histoire anonyme de la première croisade (L. Bréhier (éd. et trad.), Paris, Les Belles Lettres (Les classiques de l’histoire de France au Moyen Âge), 1964, p. 154), saint Georges apparut aux croisés devant Antioche (27 juin 1098), aux côtés des saints Mercure et Démétrius, dirigeant une armée de chevaliers montés sur des chevaux blancs et portant des étendards blancs. L’anecdote fut reprise par Orderic Vital, HE, vol. V, p. 112-114. D’après l’Hystoria de via et recuperatione Antiochiae atque Ierusolymarum (olim Tudebodus imitatus et continuatus) (E. D’Angelo (éd.), Florence, SISMEL Edizioni del Galluzzo, 2009), saint Georges serait apparu deux fois : une première fois à la bataille de Dorylée, escorté de Démétrius et Théodore, et tous trois montés sur des chevaux blancs, le 1er juillet 1097 (chap. 7, 23-27, p. 32) ; et une seconde fois à Antioche, aux côtés de Mercure et Théodore (chap. 13, 40, p. 88). Chaque fois l’historien atteste la vérité du miracle par la présence de la multitude des témoins oculaires.

10À propos du nom Archadium, voir I, 7, 7. Palerna peut résulter d’une corruption du nom de Palerme, comme semble le confirmer Anon. Vat., p. 762 : Panormitano Archadio. On ne peut néanmoins se fier à ce témoignage, étant donné que les noms propres sont passablement modifiés ou altérés par ce dernier. Cet Archadius n’est pas identifié : il ne s’agit pas d’Ibn al-Hawwās, qui meurt en 461 AH (novembre 1068-octobre 1069), lors d’une bataille menée contre les troupes africaines résidant à Agrigente (voir Ibn al-Aṯīr, in BAS, I, 449 et al-Nuwayrī, in BAS, II, 145 ; Loud 2000, 159).

11Du Cange 1937-1938, s.v. clamucium, voit dans ce mot, dont la seule mention est tirée de Malaterra, une altération de camicium ou camisium. À l’évidence, ce terme clamusium n’a pas été compris des copistes. Serait-ce un mot formé à partir du grec κλαμύς, « le manteau militaire » ? Quoi qu’il en soit, Malaterra donne des éléments de description, par le récit du coup porté par Roger dans la phrase suivante, qui rappellent la broigne des combattants du XIe siècle (lorica). Elle est confectionnée d’un habit de cuir, sur lequel sont rivetées des plaques de métal de formes diverses qui se recouvrent en partie (voir Contamine 1986, 320-325 ; Flori 1998, 102, ainsi que Renaudeau 2004, 245-253).

12Ils furent vingt mille selon Anon. Vat., p. 762, peut-être d’après le nombre de fantassins tués le lendemain (voir phrases suivantes).

13Anselme, évêque de Lucques, fut élu pape sous le nom d’Alexandre II (1061-1073).

14On ne connaît pas cet homme par ailleurs.

15L’envoi de l’étendard du Saint-Siège, dont témoigne le seul Malaterra, conférait concrètement à la conquête de la Sicile un caractère religieux. L’Église sicilienne, restaurée par Roger, est placée sous la dépendance de Rome, comme l’avait souhaité Nicolas II à Melfi en accordant à Robert le titre de dux […] Siciliae. Sur le lien direct qui s’instaure ainsi entre le pape et Roger, voir Fodale 2001, 30-31. Cependant, Nef 2011, 51-53, rappelant les mauvaises relations entre les Normands et Alexandre II en 1063, doute de l’authenticité de l’épisode.

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a'Le toponyme vient du grec κεράμιον, « vase d’argile » (Pellegrini 1990, 288-289), dont Z donne parfois, comme ici, la translittération. Il a été enregistré pour l’année 1082 par Rocco Pirri dans Sicilia sacra disquisitionibus et notitiis illustrata, A. Mongitore, V. M. Amico (éd.), Palerme, P. Coppulae, 1733, t. I, p. 495, et pour l’année 1087 dans I diplomi della cattedrale di Messina…, p. 2, acte I (voir aussi Maurici 2001, 191). Z note Ceramum ou – plus souvent – Ceramium, C, Ceraunum et Ceraunium et B, Ceramum et Chiramum. Cette dernière graphie (avec ou sans h) apparaît ailleurs dans des documents des XIIe-XVe siècles (voir Maurici 2001, 191 et Pellegrini 1990, 288-289), tandis qu’on lit toujours Ceranum dans I diplomi della cattedrale di Messina… En l’absence de A, et compte tenu des données externes, le choix s’est porté sur Ceramum et Ceramensis.

b'Nous avons maintenu la correction de l’édition princeps, adoptée par Pontieri : les autres occurrences de necdum et nedum montrent que, malgré les hésitations des copistes (voir II, 24, 2), l’auteur connaissait le sens classique des deux termes. On trouve necdum dans I, 9, 4 ; I, 10, 1 ; II, 4, 1 ; II, 24, 2 ; III, 36 (Pontieri, p. 78, l. 26) : necdum negotio aperto ; III, 42 (Pontieri, p. 82, l. 27) : omnia castella Calabriae, quorum necdum nisi medietatem cujusque comes Rogerius habebat ; IV, 22 (Pontieri, p. 100, l. 25) : sed necdum consacratione firmatus erat (necdum C : nedum ZB). Nedum, dans I, 27, 1.

c'Istis désigne les Sarrasins comparés aux fils d’Israël.

d'Le sens figuré de provenisse, « se produire, avoir lieu », est attesté durant toute la latinité et bien connu de Malaterra (voir I, 11, 4 ; II, 24, 5). Bien que Niermeyer 1997 donne, parmi les sens possibles de pervenisse, celui d’« advenir », nous n’avons pas retenu ici la leçon de C, car pervenire chez Malaterra a toujours un sens spatial. Des confusions pro / per se rencontrent ailleurs dans C ; voir II, 14, 2, note philologique attachée à pertendunt. Voir en particulier ici II, 24, 5 : proveniret Z : perve- C cecinerunt B. Inversement, C s’accorde avec Z sur proveniret, qu’il faut préférer à la leçon perveniret de B choisie par Pontieri, en IV, 17 (Pontieri, p. 97, l. 3-4) : ita ordinat ut plus ex medietate postmodum duci perveniret (prov- C Z).

e'Desbordes 2007, 68, a montré la validité de la leçon de C et a proposé une traduction de la phrase.

f'L’emploi d’inquam… dico est une forme d’insistance, déjà pratiquée par Plaute, Pseudolus, v. 517. Le procédé s’est maintenu chez les auteurs tardifs et médiévaux, et on en trouve plusieurs exemples sur les bases de données des AASS et des MGH. Ainsi, Avit de Vienne (Epistulae, R. Peiper (éd.), MGH Auct. ant., Berlin, Weidmann, 1883, t. VI, 2, livre II, Epist. 54, p. 83, l. 10-12) : Tamen laboris mei seriem amputato aequore prolixitatis insinuo ; laborem, inquam, dico, quia procellas inopinis flatibus irruentes imperitus nauta vix sustinet.

g'Nous n’avons trouvé aucune autre occurrence du verbe dialectizare sur les bases de données des AASS ou de Brepolis. Parmi les dictionnaires que nous avons consultés, seul Blaise 1975 signale ce verbe en ne renvoyant qu’à cette occurrence de Malaterra.

h'Le texte – dicentes concludimus – est ici obscur et probablement corrompu. Ici encore – comme en II, 30, 3 – Be, qui vaut B2, permet de lire la leçon marginale tronquée de B.

i'Ailleurs, chez Malaterra, dubitare a pour complément un être inanimé, « avoir un doute à propos de quelque chose », exprimé par de suivi de l’ablatif, conformément à la construction classique (voir la phrase suivante : de Dei auxilio non dubitavit ; et III, 13 [Pontieri, p. 65, l. 19-20] : nil de hac re dubitare asserebat). Ici, l’accord C B conduit à interpréter hostium comme un génitif se substituant au tour prépositionnel (pour dubius avec le génitif, voir TLL V, 1, s.v., col. 2106, l. 63-72 ; voir aussi G. Serbat, Grammaire fondamentale du latin, t. VI, L’emploi des cas en latin, vol. 1, Nominatif, Vocatif, Accusatif, Génitif, Datif, Louvain – Paris, Peeters, 1996, p. 382).

j'Pour une autre traduction, voir Desbordes 2005, 135, n. 63 : « versant des larmes sous l’effet de la joie qui les avait saisis devant une telle vision ».

k'Sur l’établissement de cet extrait, voir Desbordes 2005, 145-146, et Lucas-Avenel 2008a, 42-43.

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αLe prophète est Moïse (Deut. 32, 30), qui s’interroge ainsi d’après le texte de la Vulgate : Quomodo persequatur unus mille et duo fugent decem milia ? Voir aussi Jos. 23, 10 : Unus e vobis persequetur hostium mille viros quia Dominus Deus vester pro vobis ipse pugnabit sicut pollicitus est. On trouve de même chez Aimé I, 31 : « Et quant il virent qu’il non pooient avoir autre aide, il clamerent l’aide de Dieu, par laquel ajutoire “un en persecuta mil, et X mille en fugirent devant dui” ».

βMalaterra cite la suite de Deut. 32, 30, en réaménageant une partie du verset : Nonne ideo quia Deus suus vendidit eos et Dominus conclusit illos ? Ces versets du Deutéronome sont extraits du « Cantique de Moïse » (Deut. 32, 1-43), qui exalte la puissance du Dieu d’Israël. Au début du « Cantique », après avoir évoqué la providence de Dieu pour son peuple Israël, Moïse oppose la rébellion du peuple et le jugement de Dieu. Alors, Dieu, irrité de voir son peuple adorer d’autres dieux que lui, veut le châtier par l’intermédiaire d’un autre peuple, mais – dans le verset qui précède celui cité par Malaterra – il répugne à abandonner son peuple à ses ennemis, de crainte que ceux-ci ne s’attribuent la victoire. D’Angelo 2004, 206, n. 41, propose de rapprocher le même passage de Ps. 77, 50 : Viam fecit semitae irae suae non pepercit a morte animarum eorum et iumenta eorum in morte conclusit.

γRom. 10, 12 : Non enim est distinctio Iudaei et Graeci ; nam idem Dominus omnium dives in omnes qui invocant illum, « Aussi bien n’y a-t-il pas de distinction entre Juif et Grec ; tous ont le même Seigneur, riche envers tous ceux qui l’invoquent » (trad. La Bible de Jérusalem, p. 2164). Le Grec désigne le païen en général, qui obtiendra le salut comme le Juif à condition « d’invoquer le nom du Seigneur ».

δCe membre de phrase a très justement été rapproché par D’Angelo 2004, 206, n. 42, de l’extrait suivant de Grégoire le Grand, Homiliae in Hiezechihelem prophetam, M. Adriaen (éd.), CCSL 142, 1971, livre II, homélie 9, p. 363, l. 282-284 : Neque enim quidquam imminutionis ac decisionis habet illa substantia, quae semper incommutabilis manens, nec detrimentum recipit nec augmentum. Le choix des termes par Malaterra n’est pas non plus sans rappeler cet extrait du Monologion d’Anselme de Cantorbéry, composé à l’abbaye du Bec-Hellouin, vers 1075-1076, alors qu’Anselme était prieur : Sic quippe verbum summae veritatis, quod et ipsum est summa veritas, nullum augmentum vel detrimentum sentiet secundum hoc quod magis vel minus creaturis sit simile (nous soulignons), « Ainsi le Verbe de la vérité suréminente, qui est Lui-même vérité suréminente, ne sentira-t-il aucun accroissement ni aucun détriment selon qu’il est plus ou moins semblable aux créatures » (saint Anselme, Monologion, M. Corbin (introduction, trad. et notes), Paris, Cerf, 1986, chap. 31, l. 7-9, p. 128-129).

εL’expression Christi titulo est peut-être une réminiscence de Jérôme, Commentarii in iv epistulas Paulinas, in PL, t. XXVI, 1845, Ad Titum, chap. I, col. 557C : apostolum se Christi titulo praenotauit (signalée par D’Angelo 2004, 207, n. 47). Mais elle était probablement courante et on la retrouve aussi ailleurs suivie d’insignitus : voir par exemple Acte nº 229629 dans « Les espaces de la charte », C. Giraud, J.-B. Renault, B.-M. Tock (éd.), Nancy, Centre de médiévistique Jean Schneider ; Recueil des chartes de l’abbaye de Cluny, A. Bernard, A. Bruel (éd.), Paris, Imprimerie nationale, 1884, t. III : 987-1027, p. 444-445, nº 2326 : Notum sit cunctis fidelibus Christi titulo insignitis, quod ego Hubertus dono Deo et sanctis ejus apostolis Petro et Paulo […].

ζL’expression est usuelle dans la Bible. Voir Deut. 10, 17 : Quia Dominus Deus vester ipse est Deus deorum et Dominus dominantium, Deus magnus et potens et terribilis ; Dan. 2, 47 : Vere Deus vester Deus deorum est et Dominus regum ; Ps. 49, 1 : Deus deorum Dominus. Elle a été reprise par les Pères de l’Église : par exemple saint Augustin, De civitate Dei, 9, 23. Elle est associée à omnipotens par Raban Maur, In honorem sanctae crucis, M. Perrin (éd.), CCCM 100, 1997, livre I, declaratio 28, l. 28 : […] Deus unus omnipotens, Deus deorum Dominus, Deus rerum creator omnium […].

ηJer. 17, 5 : Haec dicit Dominus : Maledictus homo qui confidit in homine et ponit carnem brachium suum et a Domino recedit cor ejus, « Ainsi parle Yahvé : Maudit l’homme qui se confie en l’homme, qui fait de la chair son appui et dont le cœur s’écarte de Yahvé » (trad. La Bible de Jérusalem, p. 1517). L’expression de Deo diffidens, que Malaterra a substituée à et a Domino recedit cor ejus, met l’accent sur la notion de fides. La restitution de maledictus justifie la présence de et devant ponit, sur laquelle les trois manuscrits s’accordent. L’indéfini omnis à la place de homo se trouve chez d’autres auteurs qui citent le même verset ; voir par exemple Vita sancti Chlodovaldi (B. Krusch (éd.), MGH SS rer. Merov., t. II, Hanovre, Hahn, 1888, 4, p. 352, l. 32-34) : Maledictus enim omnis qui confidit in homine et a Domino recedit cor ejus. Benedictus autem vir qui confidit in Domino, et erit Dominus fiducia ejus, quia bonum est confidere in Domino quam confidere in homine. Une fois le participe restitué, le syntagme ab ipso – où ipso reprend Deus – apparaît comme l’agent de la malédiction (voir Deut. 28, 15-20 ; 28, 45). Pour d’autres emplois de maledictus a Deo dans des contextes différents, voir par exemple Deut. 21, 23 : […] maledictus a Deo est qui pendet in ligno, et la Vie de saint Aimé, évêque de Nusco (prov. Avellino), De sancto Amato episcopo, in AASS, Augusti, t. VI, Anvers, B. A. Van Der Plassche, 1743, Dies 31, col. 704E : sit maledictus a Deo Patre, qui fecit cælum & terram, & unico […] ; ou encore De sancto Nicio, Conf. non Pont., in AASS, Octobris, t. XI, Bruxelles, H. Goemaere, 1864, Dies 25, col. 710E : vel quicumque exinde hanc regulam quod dicitur Atticam in latinam convertere voluerit, maledictus et excommunicatus fiat a Deo Patre omnipotente, et a vivifico Filio ejus, Domno nostro, Jesu Christo, fiat condemnatus, et a Spiritu Sancto fiat confusus in ima [col. 0710F] tetri profunda inferni.

θDeut. 34, 1-4 (Dieu montre à Moïse la Terre promise et promet de la donner à sa postérité) : semini tuo dabo eam [terram] ; Dan. 4, 14 : et cuicumque voluerit dabit illud [regnum]. Voir encore Mat. 4, 8-9 : […] Diabolus […] ostendit ei omnia regna mundi et gloriam eorum et dixit illi : « Haec tibi omnia dabo, si cadens adoraveris me ».

ιI Mac. 3, 22 : et ipse Dominus conteret eos ante faciem nostram ; vos autem ne timueritis eos. Ce verset est extrait du discours que Judas adresse à ses hommes qui, voyant s’avancer l’armée adverse, doutent de la victoire en raison de leur petit nombre. Judas est sûr de la victoire, car c’est du Ciel, dit-il, que vient la force, tandis que Séron et ses hommes débordent « d’insolence et d’iniquité » : ipsi veniunt ad nos in multitudine contumaci et superba (I Mac. 3, 20). Voir encore I Mac. 4, 10 : et nunc clamemus in caelum et miserebitur nostri et testamenti patrum nostrorum et conteret exercitum istum ante faciem nostram hodie ; il s’agit pareillement d’un discours prononcé par Judas à ses hommes moins nombreux que leurs adversaires. Ces réminiscences sont aussi signalées par D’Angelo 2004, 207, n. 49.

κGédéon libéra Israël de la tyrannie de Madiân avec une armée qui, sur ordre de Dieu, fut réduite de trente mille à trois cents hommes (Judic. 7, 1-8), afin qu’Israël ne tire pas gloire de sa victoire ni ne dise : « C’est ma propre main qui m’a délivré ! » (Judic. 7, 2 ; trad. La Bible de Jérusalem, p. 398). Au contraire, les hommes de Madiân « étaient déployés dans la vallée aussi nombreux que des sauterelles : leurs chameaux étaient sans nombre, comme le sable sur le bord de la mer » (Judic. 7, 12 ; trad. La Bible de Jérusalem, p. 398). Voir déjà le second discours de Moïse à Israël (Deut. 8, 17). La victoire de Gédéon est souvent invoquée par les historiens médiévaux directement ou indirectement ; mentionnons seulement le Carmen in victoriam Pisanorum (édité par G. Scalia dans son article « Il carme Pisano sull’impresa contro i Saraceni del 1087 », in Studi di filologia romanza offerti a Silvio Pellegrini, Padoue, Liviana, 1971, p. 597, v. 7-8) (daté de 1087) et Baudri de Bourgueil (Baldrici, episcopi Dolensis, Historia Jerosolimitana, in RHC Hist. occ., t. IV, 1879, p. 73) (devant Antioche) : « Si enim Alexius imperator advenisset Turcosque superasset, triumphus gentis suae non exercitui Dei adscriberetur et Graecorum multitudini deputaretur, non Francorum fortitudini ».

λLe cavalier est aussitôt identifié à saint Georges par les hommes de Roger. L’apparition rappelle celle du cavalier blanc – annoncé par le même verbe apparuit –, venu combattre aux côtés des Macchabées (II Mac. 11, 8) : apparuit praecedens eos eques in veste candida armis aureis hastam vibrans ; peut-être aussi le cavalier monté sur un cheval blanc de l’Apocalypse (Apo. 6, 2) : Et vidi et ecce equus albus et qui sedebat super illum habebat arcum et data est ei corona et exivit vincens ut vinceret. Dans l’Apocalypse, cette vision est le point de départ des événements qui annoncent et préparent la déroute de l’Empire romain, prototype des ennemis de Dieu. Le cavalier est un signe de victoire, à cause de la couleur blanche, de la couronne et de la double allusion à la victoire ; quand il apparaît une seconde fois, il n’est autre que le Christ : Et vidi caelum apertum et ecce equus albus et qui sedebat super eum vocabatur Fidelis et Verax vocatur et iustitia iudicat et pugnat (Apo. 19, 11). Cependant, des visions du même type avaient été rapportées par les chroniqueurs byzantins, et les croisés devant Antioche eurent aussi la vision de cavaliers blancs portant des étendards blancs, selon l’Histoire anonyme de la première croisade (voir note historique). Il est donc possible que ce type de récits ait circulé par tradition orale (voir Taviani-Carozzi 1996a, 375).