chapitre 7

capitulum VII

Comment les premiers fils de Tancrède allèrent une première fois soumettre la Sicile avec le Grec Maniakès

Qualiter cum Maniaco Graeco ad Siciliam debellandam primo transierunt

<1> Or, un certain Maniakès1En 1038, Georges Maniakès est envoyé en Sicile par l’empereur byzantin Michel IV (1034-1041) et son frère, l’eunuque Jean, avec les pleins pouvoirs en tant que stratège indépendant de la personne même du catépan d’Italie (voir Tramontana 1970, 142) ; Skylitzès (Joannis Scylitzae Synopsis historiarum, H. Thurn (éd.), Berlin – New York, W. de Gruyter, 1973, p. 398, l. 92) le nomme « στρατηγὸς αὐτοκράτωρ », et Aimé II, 9, « duc de tout l’ost et lo exercit » (sur la confusion des termes « duc » et « catépan » au XIe siècle, voir Martin 2006a, en particulier 309-311). En cette année 1038, c’est Michel Spondylès qui est chargé du catépanat, et non Maniakès, comme la phrase de Malaterra pourrait le laisser entendre. Spondylès sera remplacé en 1039 par Nicéphore Dokeianos, et ce dernier, en 1040, par Michel Dokeianos ; voir Lupus Protospatarius, Annales, G. H. Pertz (éd.), MGH SS, t. V, Hanovre, Hahn, 1844, ad an. 1038 et 1039. Georges Maniakès est nommé catépan d’Italie en 1042. Voir Falkenhausen 1978, 95, et F. Luzzati Laganà, « Maniace, Giorgio », in Dizionario biografico degli Italiani, t. LXIX, Rome, Istituto della enciclopedia italiana, 2007, p. 28-30., un Grec, que l’empereur de Constantinople avait mis à la tête des territoires qui relevaient de son autorité en Calabre et en Pouille, ayant décidé d’annexer la Sicile en la réduisant par les armes2L’empereur Michel IV profite de la crise politique qui frappe la Sicile au début du XIe siècle pour y envoyer une armée commandée par Georges Maniakès. En effet, la dynastie Kalbite, qui gouvernait l’île depuis 948, est confrontée à l’ascension de la dynastie des Zīrides berbères d’Ifrīqiya. Celle-ci envoie en Sicile un corps d’armée dirigé par ʻAbd Allah, fils de l’émir Zīride, pour prendre la tête de la rébellion qui s’était levée en Sicile contre Ahmad al-Akhal, fils du dernier grand émir Kalbite, Abū l-Futūh Yūsuf. Pour mater les rebelles, ce dernier avait contracté une alliance avec les Byzantins. Quand Al-Akhal est tué à Palerme, ʻAbd Allah devient maître de la situation. On connaît cette crise politique par le récit que l’historien Ibn al-Aṯīr lui a consacré dans ses Annales historiques (voir BAS, I, 444-445, et Guichard 1990, 45-47). Skylitzès fournit aussi des informations sur les circonstances de l’expédition byzantine en Sicile (Joannis Scylitzae Synopsis historiarum, p. 398, l. 88-93 et p. 425, l. 7-12). Sur la manière dont Skylitzès traite des événements de Sicile, voir Shepard 1977-1979. À propos de ces événements, voir Jansen et al. 2000, 47-50 ; Guichard & Sénac 2000, 93-97., rassemble autour de lui des troupes, qu’il fait venir de partout3L’armée de Maniakès avait rallié trois cents chevaliers normands, l’armée varègue de Harald Hardrada et des contingents italiens, fournis par le thème de Langobardie (voir Aimé II, 8 ; Leo Ost. II, 66, p. 298, l. 17-18). Les « Francs » – c’est-à-dire les Normands – étaient cinq cents d’après Skylitzès (Joannis Scylitzae Synopsis historiarum, p. 425, l. 11). Le corps expéditionnaire se réunit à Reggio di Calabria en attendant de débarquer en Sicile (Loud 2000, 78).. <2> C’est pourquoi, il demande de la part de l’empereur au prince de Salerne4Aimé II, 8, témoigne de la même demande formulée par Maniakès à Guaimar V : « la potesté imperial se humilia a proier l’aide de Guaimere, laquel petition vouloit Gaymere aemplir »., en sa qualité d’ami de l’Empire, d’envoyer au secours du saint Empire ceux qui, d’après la renommée, lui avaient permis de triompher de ses ennemis, promettant en retour de les récompenser largement. <3> Le prince, ayant trouvé l’occasion de se débarrasser des Normands honorablement5Sur les raisons qui poussent Guaimar à accepter de céder ses Normands à Maniakès, les autres histoires, aussi bien normandes que grecques, ne donnent pas plus de détails que Malaterra (voir Tramontana 1970, 139). Sans doute les craintes du prince salernitain vis-à-vis des Normands étaient-elles fondées, car ces derniers restaient nombreux à vivre en pillards aux dépens des populations indigènes. Mais on peut penser à d’autres motifs : le prince était désireux de maintenir des rapports avec le basileus, malgré l’appui que venait de lui apporter Conrad II. En outre, il pouvait se séparer de ses mercenaires dès lors que son pouvoir était solidement rétabli grâce à leurs interventions., triomphe ; les ayant fait venir, il les presse de satisfaire à cette requête, énumérant dans son discours, afin de les amener plus sûrement à prendre cette décision, les récompenses qui leur étaient promises ; il leur en promet même lui aussi. <4> Alors, les Normands, moins soucieux d’obéir à l’ordre du prince qu’attirés par l’espoir d’obtenir les récompenses promises, ayant fait les préparatifs nécessaires, rejoignirent Maniakès. <5> Celui-ci, se félicitant vivement de leur arrivée et comptant beaucoup sur l’aide qu’ils allaient lui apporter, ayant préparé sa flotte, envahit la Sicile avec une armée nombreuse ; et attaquant d’abord Messine6L’armée byzantine met le siège devant Messine dès le mois de septembre 1038 ; voir Georgius Cedrenus, Historiarum compendium, in Georgius Cedrenus Joannis Scylitzae ope ab Immanuele Bekkero suppletus et emendatus, I. Bekker (éd.), Bonn, E. Weber (Corpus scriptorum historiae Byzantinae ; 37 et 38), 1838-1839, t. II, p. 520., parce qu’elle était proche de la côte où il avait débarqué, il obligea la ville à traiter avec lui de sa reddition. <6> En effet, dans Messine se trouvaient les combattants les plus vaillants de leur peuple, qui, sortant de la ville, chargeaient furieusement les Grecs au cours du combat ; cependant, lorsque les Grecs eurent lâché pied, le champ de bataille s’ouvrit aux nôtres. Les habitants de Messine, qui n’avaient pas encore expérimenté la vaillance de ces derniers, commencèrent au début par les presser avec acharnement. Mais, constatant qu’ils étaient plus malmenés qu’à l’ordinaire, comme s’ils répugnaient à combattre contre un peuple qu’ils ne connaissaient pas, ils prirent la fuite devant les nôtres, qui massacrèrent tous les traînards jusqu’aux abords de la ville. <7> Maniakès, qui avait emporté la ville grâce aux nôtres, se mit à les estimer et à encourager leur ardeur à la guerre par des dons et des promesses. Ainsi, progressant depuis cet endroit vers les régions intérieures de Sicile, qu’ils attaquaient et soumettaient entièrement, ils parvinrent à Syracuse7Les Byzantins font le siège de Syracuse au printemps 1040. Malaterra ne dit rien des deux années de guerre qui suivirent la prise de Messine ni de la conquête de Rometta, que nous connaissons par le témoignage de Skylitzès (Joannis Scylitzae Synopsis historiarum, p. 403). À en croire ce dernier, Maniakès « prit ensuite treize villes de Sicile puis, progressant petit à petit, s’empara de l’île tout entière » (trad. Flusin & Cheynet 2003, 334) ; en fait, il n’occupe que la Sicile orientale. Aimé II, 8, évoque le siège de Syracuse pour chanter la prouesse normande : il ne donne aucune information précise.. Et, tandis que les habitants, sortis de la ville, attaquaient l’armée de Maniakès, un certain Archadius [qādī]8Comme le même nom est donné à un autre Sarrasin, Archadium de Palerna, « particulièrement illustre parmi les siens », en II, 33, 10, il est probable qu’Archadius soit la transposition latine d’un nom commun plutôt que d’un nom propre, d’autant qu’ailleurs chaque anthroponyme arabe est suivi d’une titulature et / ou de nomine (II, 3 ; II, 22, 2 ; II, 46, 2). Amari 1933-1937, II, 446, n. 1, a proposé qā’id ; mais Martin 1989, 798, reconnaît l’arabe al qādī dans alchadi-archadius, dont on trouve plusieurs occurrences dans J.-L.-A. Huillard-Bréholles, Historia diplomatica Friderici II, Paris, H. Plon, 1852-1861, 12 parties en 7 vol. (réimpr. Turin, s.n., 1963), tandis que qā’id est généralement rendu par le latin gaytus. Comme Malaterra connaît et utilise ce dernier terme pour désigner le gouverneur de Malte (IV, 16 [Pontieri, p. 95, l. 21]), la solution de J.-M. Martin paraît la meilleure. Il est possible cependant que Malaterra n’ait pas distingué nettement les deux fonctions, car gaytus est complété par une relative comparable à celle qui qualifie ici Archadius : Porro gaytus, qui urbi et insulae principabatur. Cependant, l’Anonyme du Vatican (Anon. Vat., p. 748) apporte peut-être sur ce point une information capitale : « Il y avait, dans le camp des Sarrasins, un homme appelé Archadius, c’est-à-dire un docteur de la loi ou prince (Erat autem ex parte Saracenorum quidam vocatus Archadius, id est legis doctor vel princeps) ». Si l’on adopte la correction d’idem par id est, proposée par O. Desbordes, qui travaille actuellement à une édition critique du texte de l’Anonyme, on peut conclure que, pour ce lecteur de Malaterra du XIIe siècle, Archadius n’était pas un anthroponyme, mais plutôt un nom désignant la fonction de qādī, le « docteur de la loi »., qui gouvernait la ville, pressant les nôtres avec une rare violence, provoquait un immense carnage ; alors Guillaume, fils de Tancrède, surnommé Bras de fer, au comble de l’indignation, se précipita sur lui dans un violent assaut et, l’attaquant vigoureusement, il le désarçonna d’un puissant coup de lance9L’expression hastili robore est récurrente chez Malaterra (I, 24, 2 ; I, 34, 3 ; II, 23, 1 ; II, 33, 10). Par une analyse des emplois, chez Malaterra, de hastili robore dejicere, précédé du syntagme impetu facto, Settia 2006, 117-118, conclut que l’expression a le sens d’« abattre à la force de la lance dans une rencontre de chevaliers ». La technique doit être datée du moment de l’écriture plutôt que de celle des faits. Les Normands auraient exporté la technique du combat à cheval avec la lance placée sous le bras et en position horizontale, représentée sur la Tapisserie de Bayeux. La même technique est rapportée par Guil. Ap. II, 156-157 ; Aimé VII, 24. Settia renvoie à juste titre à Flori 1988 : voir surtout p. 239 ; voir aussi Amatuccio 1998, 22-25. et le tua. Après cela, son mérite suscita l’admiration très vive des Grecs et des Siciliens10Malaterra achève ici le récit du siège de Syracuse, dont la prise n’eut lieu qu’après la bataille de Troina (voir Chalandon 1907, 93).. <8> C’est pourquoi, ces derniers rassemblent environ soixante mille hommes11Selon l’Anonyme du Vatican (Anon. Vat., p. 749), « plus de quinze mille Sarrasins » (plusquam xv millia Saracenorum) auraient affronté les troupes byzantines, tandis que Skylitzès (Joannis Scylitzae Synopsis historiarum, p. 405, l. 89 - p. 406, l. 90) compte plus de cinquante mille hommes tués parmi les vaincus., avec lesquels ils tentent de faire la guerre à Maniakès et à ses troupes dans la région de Troina12On apprend par Skylitzès (Joannis Scylitzae Synopsis historiarum, p. 405, l. 82-83) que les deux armées se rencontrèrent dans une plaine « unie et dégagée – elle s’appelle Draginai » (« Δραγῖναι ἡ πεδὶας ἐκαλεῖτο » ; trad. Flusin & Cheynet 2003, 336). Draginai est la translittération latine du toponyme grec Δραγῖναι, nommé aussi en latin Tragina (voir II, 18, 2). Cette plaine est située entre Randazzo (prov. Catane) et Troina, à proximité du village de Maniace, d’après la Géographie d’Idrīsī (H. Bresc, P.-A.-É.-P. Jaubert (trad.), A. Nef (éd., présentation, notes et révision de la trad.), Paris, Flammarion, 1999, p. 336).. Or, Guillaume, fils de Tancrède, fier de sa gloire à la guerre et vaillant au combat, se met en marche avant les Grecs et engage la bataille : il n’attaque l’ennemi qu’avec les chevaliers de son peuple, sans attendre que les Grecs parviennent au lieu du combat ; luttant vigoureusement, il terrasse un grand nombre d’ennemis, met en fuite tous les autres et obtient la victoire. Les Grecs, une fois parvenus sur les lieux où l’on avait combattu, laissant les nôtres poursuivre l’ennemi, pillent le butin et le répartissent entre eux, sans en laisser aucune part aux nôtres, qui en avaient dépouillé l’ennemi.

<1> Maniacus autem [+] [autem AC Z : vero B. [-]] autemautemautemautemvero quidam [+] [quidam AC B : quidem Z. [-]] quidamquidamquidamquidamquidem, natione Graecus, a Constantinopolitano [+] [constantinopolitano AC : -polis B constinapolitano Z. [-]] ConstantinopolitanoConstantinopolitanoConstantinopolitanoConstantinopolisConstinapolitano imperatore his [+] [his AC : hiis Z ut semper B ut saepe. [-]] hishishishiis quae apud Calabriam vel [+] [vel A ZB : ut C. [-]] velvelvelvelut certe Apuliam erant sui [+] [sui C Z1B : suis Z servi A. [-]] suisuisui [+] [Z1 : sui [-]] suisservi juris praefectus [+] [praefectus AC Z : prof- B. [-]] praefectuspraefectuspraefectuspraefectusprofectus, Siciliam ad <suam> [+] [suam addidi. [-]] utilitatem debellando [+] [debellando AC : -di ZB edd. [-]] debellandodebellandi applicare [+] [applicare ZB : -cando AC. [-]] applicareapplicareapplicareapplicandoa'La comparaison du fragment suam… applicare avec II, 20, 2 : Betumen ut Siciliam lacessitum et ad suam utilitatem applicatum vadat exhortatus, invite à ajouter le possessif suam et à adopter l’ablatif debellando donné par AC aux dépens du génitif debellandi de ZB et des éditeurs précédents. De fait, Malaterra ne complète jamais utilitas par un gérondif, tandis qu’il l’associe, à deux exceptions près, à un déterminant qui, sept fois sur seize, est sua (I, 33, 2 ; I, 34, 1 ; II, 20, 2 ; II, 30, 5 ; II, 46, 9 ; III, 1 [Pontieri, p. 57, l. 16-17] ; IV, 25 [Pontieri, p. 104, l. 6-7] ; pour les autres occurrences, voir I, 14, 3 ; I, 27, 3 ; I, 33, 2 ; II, 26, 3 ; III, 8 [Pontieri, p. 61, l. 12] : alicujus utilitatis ; III, 33 [Pontieri, p. 77, l. 25] : omnibus utilitatibus ; IV, 1 [Pontieri, p. 85, l. 6] : nepotis utilitatibus). Et, sur les deux occurrences dans lesquelles utilitas n’est pas accompagné d’un déterminant, seule la première paraît faire exception à l’usage de Malaterra (II, 8, 1 : utilitates prudenter ordinans) ; car, pour la seconde, l’absence de déterminant s’explique par le jeu d’opposition exprimé par les pronoms personnels vobis… nobis (II, 24, 6). On rétablit donc debellando donné par AC, entendu comme un ablatif du gérondif à valeur instrumentale ; la finale d’applicando de AC aura été entraînée par celle de debellando, qui précède immédiatement. Il reste à donner à applicare un sens figuré, bien attesté ailleurs chez Malaterra (voir II, 22, 1 : quoscumque poterat ad fidelitatem nostrae gentis applicabat ; ou, avec le datif, III, 29 [Pontieri, p. 75, l. 16] : facilius sibi applicarentur, et IV, 6 [Pontieri, p. 88, l. 4-5] : adjicit Castrum Johannis sibi […] applicare), bien qu’il ne soit pas le plus fréquent (le sens de « débarquer » apparaît dix-huit fois sur vingt-deux emplois, mais, quand il a ce sens, le verbe est intransitif dans le récit de Malaterra, à une exception près, en IV, 2 [Pontieri, p. 86, l. 1-2] : prima nocte Tauromenium applicat, secunda vero apud Logninam, tertia Rasesalix ; voir Desbordes 2009, 79, n. 32). disponens [+] [disponens C ZB : des- A. [-]] disponensdisponensdisponensdisponensdesponens, undecumque sibi [+] [sibi post auxilia transt. B. [-]] auxiliasibi auxiliasibi auxiliasibi auxiliasibi auxiliaauxilia sibi conducit [+] [conducit AC : -duxit Z ed. pr. -duciti B ut vid. [-]] conducitconducitconduxitconduciti*conduciti ut vid.. <2> Unde et ex parte Imperatoris Salernitano principi, ut amico Imperii, mandat [+] [mandat A ZB : -dant C. [-]] mandatmandatmandatmandatmandant quatenus ipsos per quos inimicos suos eum [+] [eum AC : est B del. B2 om. Z ed. pr. [-]] eumeumest [+] [B2 : del. [-]] [om.] debellavisse fama erat in auxilium sancti [+] [sancti AC B : sui Z ed. pr. [-]] sanctisanctisanctisui Imperii mittat, promittens etiam multis praemiis eos [+] [eos om. ed. pr. [-]] eoseoseoseos[om.] remunerandos. <3> Princeps autem [+] [autem om. A. [-]] autemautemautemautem[om.], nactus occasionem [+] [occasionem AC Z : -ne B. [-]] occasionemoccasionemoccasionemoccasionemoccasione qua honeste eos a se dimittat, jactat [+] [jactat AC ZB : vocat ed. pr. [-]] jactatjactatjactatjactatvocatb'Pour des emplois absolus de jactare, voir TLL VII, 1, s.v., col. 60, l. 69-72 (par exemple Aulu-Gelle, Les Nuits attiques. Tome III : Livres XI-XV, R. Marache (éd. et trad.), Paris, Les Belles Lettres (CUF), 1989, livre XI, chap. 7, 9 : At ille iactans et gestiens, « Mais lui tout fier et exultant » ; trad. p. 11). ; accersitos [+] [accersitos AC Z : assensum B Pontieri. [-]] accersitosaccersitosaccersitosassensum ad quod [+] [post quod add. haec Z ed. pr. [-]] quodquodquodquod haec rogatus [+] [rogatus A ZB : -tur C. [-]] rogatusrogatusrogatusrogatus [+] [C2 : rogatus [-]] rogatur erat hortatur, praemia quae pollicebantur [+] [pollicebantur AC ZB : -batur Pontieri praeeunte D. [-]] pollicebanturpollicebanturpollicebanturpollicebanturpollicebatur*pollicebatur Pontieri praeeunte Dc'Pour l’emploi à sens passif de polliceri, voir Flobert 1975, 358., ut eos facilius ad id [+] [facilius ad id AC B : ad id facillimus ad id Z ad id facilius edd. [-]] facilius ad idfacilius ad idad id facillimus ad idad id facilius impellat [+] [impellat AC Z2B : com- Z. [-]] impellatimpellatimpellatimpellat [+] [Z2 : impellat [-]] compellat, verbis [+] [post verbis add. et Z. [-]] verbisverbisverbisverbisverbis et enumerans [+] [enumerans AC Z : -ratis B. [-]] enumeransenumeransenumeransenumeransenumeratis, etiam [+] [etiam AC ZBx : enim B. [-]] etiametiametiametiam [+] [Bx : etiam [-]] enim de suis polliceturd'Sur la valeur partitive de de ici et la traduction de ce morceau de phrase, voir Desbordes 2010, 206, n. 45.. <4> Porro illi, non tantum [+] [tantum… quantum AC ZB : tam… quam ed. pr. [-]] tantumtantumtantumtantumtam imperio principis quantumquantumquantumquantumquantumquam spe eorum quae pollicebantur illecti [+] [illecti om. B. [-]] illectiillectiillectiillecti[om.], apparatis quae necessaria erant, ad Maniacum usque pervenerunt [+] [pervenerunt AC Z : -niunt B. [-]] perveneruntperveneruntperveneruntperveneruntperveneniunt. <5> De quorum adventu [+] [adventu A1C ZB : -tus A. [-]] adventuadventuadventuadventu [+] [A1 : adventu [-]] adventus Maniacus non minimum gavisus, plurimum eorum auxilio fidens, navigio aptato, Siciliam numeroso exercitu invadit [+] [invadit AC B : -dunt Z ed. pr. [-]] invaditinvaditinvaditinvadunt ; [C/f.2v-3r] primoque Messanam, quia [+] [quia — I, 7, 6 messanam om. Z add. Z1. [-]] quiaquiaquiaquia [+] [Z1 : quia [-]] ... [om.] ripaeripaeripaeripaeripae [+] [Z1 : ripae [-]] [om.] qua [+] [qua om. Z1 ed. pr. [-]] quaquaqua[om.] [+] [Z1 : om. [-]]  applicuitapplicuitapplicuitapplicuitapplicuit [+] [Z1 : applicuit [-]] [om.] contigua [+] [contigua AC Z1B : -guam ed. pr. [-]] contiguacontigua [+] [Z1 : contigua [-]] contiguam[om.] erat [+] [erat om. Z1 ed. pr. [-]] erateraterat[om.] [+] [Z1 : om. [-]] , oppugnans,, oppugnans,, oppugnans,, oppugnans,, oppugnans, [+] [Z1 : , oppugnans, [-]] [om.] deditionis [+] [deditionis AC : -ne Z1B edd. [-]] deditionisdeditione [+] [Z1 : deditione [-]] [om.] foedus secum inire coegit.foedus secum inire coegit.foedus secum inire coegit.foedus secum inire coegit.foedus secum inire coegit. [+] [Z1 : foedus secum inire coegit. [-]] [om.] <6> Nam, quamvis apudNam, quamvis apudNam, quamvis apudNam, quamvis apudNam, quamvis apud [+] [Z1 : Nam, quamvis apud [-]] [om.] MessanamMessanamMessanamMessanamMessanam [+] [Z1 : Messanam [-]] [om.] strenuissimi [+] [strenuissimi AC Z : -mae B. [-]] ... strenuissimi... strenuissimi... strenuissimi... strenuissimistrenuissimae suae gentis milites essent, qui ab urbe progredientes in congressu [+] [in congressu om. B. [-]] in congressuin congressuin congressuin congressu[om.] Graecos plurimum [+] [graecos plurimum AC Z : graecorum plurimos B. [-]] Graecos plurimumGraecos plurimumGraecos plurimumGraecos plurimumGraecorum plurimos collidebant [+] [post collidebant add. sed Z ed. pr. [-]] collidebantcollidebantcollidebantcollidebant sed, tamen, Graecis cedentibus [+] [cedentibus AC Z : cred- B. [-]] cedentibuscedentibuscedentibuscedentibuscredentibus, nostris congrediendi [+] [congrediendi C ZB : congradiendi A. [-]] congrediendicongrediendicongrediendicongrediendicongradiendi locus patuit. Messanenses, nostrorum strenuitate nondum experta, primo quidem acriter instare coeperunt. At, ubi vident se plus solito [+] [solito C ZB : solicito A. [-]] solitosolitosolitosolitosolicito vexari, quasi novae gentis militiam abhorrentes, terga praebuerunt, nostris usque in [+] [in AC Z : ad B Pontieri. [-]] inininad proximo [+] [proximo prop. Desbordes : pro AC proximum ZB edd. [-]] proproximum urbis extremos [+] [extremos AC Z : -mis B Pontieri. [-]] extremosextremosextremosextremis quosque [+] [quosque Be : quoque AC ZB Pontieri. [-]] quosquequosque [+] [Be : quosque [-]] quoquee'Bien que la forme pronominale ne soit donnée que par Be, D et l’édition princeps, c’est la leçon qui s’impose ici, car quosque entre dans une tournure récurrente chez Malaterra, qui s’apparente à un formulaire. Ainsi, extremos quosque caedentibus fait écho à d’autres passages comme I, 9, 4 : posteriores quosque caedentes ; II, 1, 4 ; II, 32, 3 et II, 33, 11 : extremos quosque caedendo. Sur le recours à un stock d’expressions, notamment dans les récits de combat, voir « Introduction » de la version imprimée, p. 54. caedentibus [+] [caedentibus AC Z : cred- B ced- Pontieri. [-]] caedentibuscaedentibuscaedentibuscredentibuscedentibus. <7> Maniacus, nostrorum causa urbem [+] [urbem post nactus transt. Z ed. pr. [-]] nactusurbem nactusurbem nactusurbem nactusnactus urbem, in pretio [+] [post pretio add. eos ZB edd. [-]] pretiopretio eos habere coepit donisque et promissionibus arrigere [+] [arrigere AC Z : arrogere B corrigere ed. pr. [-]] arrigerearrigerearrigerearrogerecorrigere ad militiam. Inde ergo profundiores partes Siciliae attentando et omnia subjugando progredientes, Syracusam [+] [syracusam AC Z : -siam B. [-]] SyracusamSyracusamSiracusamSiracusiam usque pervenerunt. Cujus [+] [cujus — congrediuntur om. ZB ed. pr. [-]] CujusCujus... cives, ab urbe progressi, dum [+] [dum del. Pontieri. [-]] dum[del.]f'Pontieri avait exclu de la proposition Cujus cives […] congrediuntur la conjonction dum, donnée par AC. Peut-être a-t-il été gêné par la juxtaposition de dum à cum. La prolepse du sujet de la subordonnée, différent de celui de la principale, n’est pas inhabituelle chez Malaterra. Cf. III, 10 (Pontieri, p. 62, l. 13-14) : Nostri vero dum fortiter congredi nituntur, Hugo, comitis gener, cum pluribus occiditur ; de même cf. cum en I, 8, 2 : Harduinus rediens cum talia nuntiat, nostri… deliberant ; cf. encore III, 27, cité infra en I, 17, 2, note philologique. cum Maniacensibus congrediuntur [+] [congrediuntur Pontieri : prog- AC. [-]] progrediunturg'Nous avons retenu la correction de Pontieri, estimant que progressi avait suggéré progrediuntur dans l’hyparchétype de AC. Congredior est construit de deux manières par Malaterra, soit en emploi absolu (voir dans la proposition suivante fortiter congrediens), soit, comme ici, avec cum et l’ablatif. On trouve, par exemple, dans le même chapitre : cum hoste congreditur (I, 7, 8). De même, l’examen des vingt-trois occurrences de ce terme permet de constater qu’il a toujours un sens militaire et que Malaterra n’en a guère varié la forme et l’emploi, de sorte qu’il entre dans son formulaire du combat (voir « Introduction » de la version imprimée, p. 54). En II, 23, 2, cependant, on remarque la même hésitation sur le préverbe : cum plures militariter congrediuntur (progre- Z edd.), juvenis quidam, Arnaldus nomine, […] occubuit., Archadius [+] [archadius A B1 : arca- C Z ed. pr. archandius B. [-]] Archadius [+] [B1 : Archadius [-]] ArcadiusArchandius quidam [+] [quidam om. C. [-]] quidamquidamquidamquidam[om.], qui urbi principabatur, nostris infestissimus [+] [infestissimus AC : -tius B -tus Z ed. pr. [-]] infestissimusinfestiusinfestus insistens [+] [insistens om. ed. pr. [-]] insistensinsistensinsistensinsistens[om.] multas strages dabat ; quo GuillelmusGuillelmusGuillelmusWillelmusGuilielmus, filius [+] [filius post tancredi transt. Z edd. [-]]  Tancredifilius Tanchredifilius TankrediTancredi filius, qui Ferrea [+] [ferrea AC B : ferra Z. [-]] FerreaFerreaFerreaFerreaFerra brachia nuncupabatur [+] [nuncupabatur C def. Desbordes : -patur A Z ed. pr. -patus B. [-]] nuncupabaturnuncupaturnuncupatus, plurimum indignatus, impetu facto, super eum irruit fortiterque congrediens, hastili [+] [hastili AC ZB : hos- Pontieri. [-]] hastilihastilihastilihastilihostili robore dejectum interfecit. Unde in [+] [in AC B : et Z edd. [-]] ininet maxima [+] [maxima… admiratione A ZB : maximam… admirationem C. [-]] maximamaximamaximamaximamaximam laudis admirationeadmirationeadmirationeadmirationeadmirationeadmirationem deinceps apud Graecos et apud Siculos fuit. <8> Siculi itaque, usque ad sexaginta [+] [sexaginta AC ZB : -gensima Pontieri. [-]] sexagintasexagintasexagintasexagintasexagensima milia congregati, Maniaco [+] [maniaco AC Z : -cho B. [-]] ManiacoManiacoManiacoManiacoManiacho et suis in partibus Traynae [+] [traynae C ZB : trainae A ed. pr. ut semper. [-]] TraynaeTraynaeTraynaeTrainae urbis bellum [+] [bellum iter. C. [-]] bellumbellumbellumbellumbellum bellum offerre temptant [+] [temptant A ZB : -tat C. [-]] temptanttemptanttemptanttemptanttemptat. Porro GuillelmusGuillelmusWillelmusGuglelmusGuilielmus, filius TancrediTancrediTancrediTancrediTanchrediTankredi, laudis militia [+] [laudis militia AC ZB def. Desbordes : laude militiae edd. [-]] laudis militialaudis militialaudis militialaudis militialaude militiae ferox [+] [ferox A ZB : ferus C ferox in Pontieri. [-]] feroxferoxferoxferoxferusferox in, armisarmisarmisarmisarmisin armis strenu [A/f.6v-7r] us, Graecos ad certamen praeveniens, certamine inito [+] [inito C ZB : victo A. [-]] initoinitoinitoinitovicto, cum suae gentis tantum militibus cum hoste congreditur, antequam Graeci ad locum certaminis perveniant : fortiter agendo plures sternit [+] [sternit AC B : stravit Z ed. pr. [-]] sternitsternitsternitstravit, reliquos fugat, victor efficitur. Graeci ad locum [+] [post locum add. in B Pontieri. [-]] locumlocumlocumlocum in quo certatum [+] [certatum AC Z : certamen B. [-]] certatumcertatumcertatumcertatumcertamen erat [+] [erat AC Z1B : fuerat Z ed. pr. [-]] erateraterat [+] [Z1 : erat [-]] fuerat pervenientes, nostris [+] [nostris AC Z : nostros B. [-]] nostrisnostrisnostrisnostrisnostros hostes insequentibus [+] [insequentibus AC Z : -tes B. [-]] insequentibusinsequentibusinsequentibusinsequentibusinsequentes, spolia diripiunt [+] [diripiunt om. B. [-]] diripiuntdiripiuntdiripiuntdiripiunt[om.], inter se [+] [inter se post dividunt transt. B. [-]] dividuntinter se dividuntinter se dividuntinter se dividuntinter se dividuntdividunt inter se, nulla portione [+] [nulla portione ZB : nullam portionem AC. [-]] nulla portionenulla portionenulla portionenullam portionem nostris, qui [+] [qui AC B : quae Z. [-]] quiquiquiquiquae ab hoste excusserant [+] [excusserant AC Z : excurse- B. [-]] excusserantexcusserantexcusserantexcusserantexcurserant, reservata.

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1En 1038, Georges Maniakès est envoyé en Sicile par l’empereur byzantin Michel IV (1034-1041) et son frère, l’eunuque Jean, avec les pleins pouvoirs en tant que stratège indépendant de la personne même du catépan d’Italie (voir Tramontana 1970, 142) ; Skylitzès (Joannis Scylitzae Synopsis historiarum, H. Thurn (éd.), Berlin – New York, W. de Gruyter, 1973, p. 398, l. 92) le nomme « στρατηγὸς αὐτοκράτωρ », et Aimé II, 9, « duc de tout l’ost et lo exercit » (sur la confusion des termes « duc » et « catépan » au XIe siècle, voir Martin 2006a, en particulier 309-311). En cette année 1038, c’est Michel Spondylès qui est chargé du catépanat, et non Maniakès, comme la phrase de Malaterra pourrait le laisser entendre. Spondylès sera remplacé en 1039 par Nicéphore Dokeianos, et ce dernier, en 1040, par Michel Dokeianos ; voir Lupus Protospatarius, Annales, G. H. Pertz (éd.), MGH SS, t. V, Hanovre, Hahn, 1844, ad an. 1038 et 1039. Georges Maniakès est nommé catépan d’Italie en 1042. Voir Falkenhausen 1978, 95, et F. Luzzati Laganà, « Maniace, Giorgio », in Dizionario biografico degli Italiani, t. LXIX, Rome, Istituto della enciclopedia italiana, 2007, p. 28-30.

2L’empereur Michel IV profite de la crise politique qui frappe la Sicile au début du XIe siècle pour y envoyer une armée commandée par Georges Maniakès. En effet, la dynastie Kalbite, qui gouvernait l’île depuis 948, est confrontée à l’ascension de la dynastie des Zīrides berbères d’Ifrīqiya. Celle-ci envoie en Sicile un corps d’armée dirigé par ʻAbd Allah, fils de l’émir Zīride, pour prendre la tête de la rébellion qui s’était levée en Sicile contre Ahmad al-Akhal, fils du dernier grand émir Kalbite, Abū l-Futūh Yūsuf. Pour mater les rebelles, ce dernier avait contracté une alliance avec les Byzantins. Quand Al-Akhal est tué à Palerme, ʻAbd Allah devient maître de la situation. On connaît cette crise politique par le récit que l’historien Ibn al-Aṯīr lui a consacré dans ses Annales historiques (voir BAS, I, 444-445, et Guichard 1990, 45-47). Skylitzès fournit aussi des informations sur les circonstances de l’expédition byzantine en Sicile (Joannis Scylitzae Synopsis historiarum, p. 398, l. 88-93 et p. 425, l. 7-12). Sur la manière dont Skylitzès traite des événements de Sicile, voir Shepard 1977-1979. À propos de ces événements, voir Jansen et al. 2000, 47-50 ; Guichard & Sénac 2000, 93-97.

3L’armée de Maniakès avait rallié trois cents chevaliers normands, l’armée varègue de Harald Hardrada et des contingents italiens, fournis par le thème de Langobardie (voir Aimé II, 8 ; Leo Ost. II, 66, p. 298, l. 17-18). Les « Francs » – c’est-à-dire les Normands – étaient cinq cents d’après Skylitzès (Joannis Scylitzae Synopsis historiarum, p. 425, l. 11). Le corps expéditionnaire se réunit à Reggio di Calabria en attendant de débarquer en Sicile (Loud 2000, 78).

4Aimé II, 8, témoigne de la même demande formulée par Maniakès à Guaimar V : « la potesté imperial se humilia a proier l’aide de Guaimere, laquel petition vouloit Gaymere aemplir ».

5Sur les raisons qui poussent Guaimar à accepter de céder ses Normands à Maniakès, les autres histoires, aussi bien normandes que grecques, ne donnent pas plus de détails que Malaterra (voir Tramontana 1970, 139). Sans doute les craintes du prince salernitain vis-à-vis des Normands étaient-elles fondées, car ces derniers restaient nombreux à vivre en pillards aux dépens des populations indigènes. Mais on peut penser à d’autres motifs : le prince était désireux de maintenir des rapports avec le basileus, malgré l’appui que venait de lui apporter Conrad II. En outre, il pouvait se séparer de ses mercenaires dès lors que son pouvoir était solidement rétabli grâce à leurs interventions.

6L’armée byzantine met le siège devant Messine dès le mois de septembre 1038 ; voir Georgius Cedrenus, Historiarum compendium, in Georgius Cedrenus Joannis Scylitzae ope ab Immanuele Bekkero suppletus et emendatus, I. Bekker (éd.), Bonn, E. Weber (Corpus scriptorum historiae Byzantinae ; 37 et 38), 1838-1839, t. II, p. 520.

7Les Byzantins font le siège de Syracuse au printemps 1040. Malaterra ne dit rien des deux années de guerre qui suivirent la prise de Messine ni de la conquête de Rometta, que nous connaissons par le témoignage de Skylitzès (Joannis Scylitzae Synopsis historiarum, p. 403). À en croire ce dernier, Maniakès « prit ensuite treize villes de Sicile puis, progressant petit à petit, s’empara de l’île tout entière » (trad. Flusin & Cheynet 2003, 334) ; en fait, il n’occupe que la Sicile orientale. Aimé II, 8, évoque le siège de Syracuse pour chanter la prouesse normande : il ne donne aucune information précise.

8Comme le même nom est donné à un autre Sarrasin, Archadium de Palerna, « particulièrement illustre parmi les siens », en II, 33, 10, il est probable qu’Archadius soit la transposition latine d’un nom commun plutôt que d’un nom propre, d’autant qu’ailleurs chaque anthroponyme arabe est suivi d’une titulature et / ou de nomine (II, 3 ; II, 22, 2 ; II, 46, 2). Amari 1933-1937, II, 446, n. 1, a proposé qā’id ; mais Martin 1989, 798, reconnaît l’arabe al qādī dans alchadi-archadius, dont on trouve plusieurs occurrences dans J.-L.-A. Huillard-Bréholles, Historia diplomatica Friderici II, Paris, H. Plon, 1852-1861, 12 parties en 7 vol. (réimpr. Turin, s.n., 1963), tandis que qā’id est généralement rendu par le latin gaytus. Comme Malaterra connaît et utilise ce dernier terme pour désigner le gouverneur de Malte (IV, 16 [Pontieri, p. 95, l. 21]), la solution de J.-M. Martin paraît la meilleure. Il est possible cependant que Malaterra n’ait pas distingué nettement les deux fonctions, car gaytus est complété par une relative comparable à celle qui qualifie ici Archadius : Porro gaytus, qui urbi et insulae principabatur. Cependant, l’Anonyme du Vatican (Anon. Vat., p. 748) apporte peut-être sur ce point une information capitale : « Il y avait, dans le camp des Sarrasins, un homme appelé Archadius, c’est-à-dire un docteur de la loi ou prince (Erat autem ex parte Saracenorum quidam vocatus Archadius, id est legis doctor vel princeps) ». Si l’on adopte la correction d’idem par id est, proposée par O. Desbordes, qui travaille actuellement à une édition critique du texte de l’Anonyme, on peut conclure que, pour ce lecteur de Malaterra du XIIe siècle, Archadius n’était pas un anthroponyme, mais plutôt un nom désignant la fonction de qādī, le « docteur de la loi ».

9L’expression hastili robore est récurrente chez Malaterra (I, 24, 2 ; I, 34, 3 ; II, 23, 1 ; II, 33, 10). Par une analyse des emplois, chez Malaterra, de hastili robore dejicere, précédé du syntagme impetu facto, Settia 2006, 117-118, conclut que l’expression a le sens d’« abattre à la force de la lance dans une rencontre de chevaliers ». La technique doit être datée du moment de l’écriture plutôt que de celle des faits. Les Normands auraient exporté la technique du combat à cheval avec la lance placée sous le bras et en position horizontale, représentée sur la Tapisserie de Bayeux. La même technique est rapportée par Guil. Ap. II, 156-157 ; Aimé VII, 24. Settia renvoie à juste titre à Flori 1988 : voir surtout p. 239 ; voir aussi Amatuccio 1998, 22-25.

10Malaterra achève ici le récit du siège de Syracuse, dont la prise n’eut lieu qu’après la bataille de Troina (voir Chalandon 1907, 93).

11Selon l’Anonyme du Vatican (Anon. Vat., p. 749), « plus de quinze mille Sarrasins » (plusquam xv millia Saracenorum) auraient affronté les troupes byzantines, tandis que Skylitzès (Joannis Scylitzae Synopsis historiarum, p. 405, l. 89 - p. 406, l. 90) compte plus de cinquante mille hommes tués parmi les vaincus.

12On apprend par Skylitzès (Joannis Scylitzae Synopsis historiarum, p. 405, l. 82-83) que les deux armées se rencontrèrent dans une plaine « unie et dégagée – elle s’appelle Draginai » (« Δραγῖναι ἡ πεδὶας ἐκαλεῖτο » ; trad. Flusin & Cheynet 2003, 336). Draginai est la translittération latine du toponyme grec Δραγῖναι, nommé aussi en latin Tragina (voir II, 18, 2). Cette plaine est située entre Randazzo (prov. Catane) et Troina, à proximité du village de Maniace, d’après la Géographie d’Idrīsī (H. Bresc, P.-A.-É.-P. Jaubert (trad.), A. Nef (éd., présentation, notes et révision de la trad.), Paris, Flammarion, 1999, p. 336).

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a'La comparaison du fragment suam… applicare avec II, 20, 2 : Betumen ut Siciliam lacessitum et ad suam utilitatem applicatum vadat exhortatus, invite à ajouter le possessif suam et à adopter l’ablatif debellando donné par AC aux dépens du génitif debellandi de ZB et des éditeurs précédents. De fait, Malaterra ne complète jamais utilitas par un gérondif, tandis qu’il l’associe, à deux exceptions près, à un déterminant qui, sept fois sur seize, est sua (I, 33, 2 ; I, 34, 1 ; II, 20, 2 ; II, 30, 5 ; II, 46, 9 ; III, 1 [Pontieri, p. 57, l. 16-17] ; IV, 25 [Pontieri, p. 104, l. 6-7] ; pour les autres occurrences, voir I, 14, 3 ; I, 27, 3 ; I, 33, 2 ; II, 26, 3 ; III, 8 [Pontieri, p. 61, l. 12] : alicujus utilitatis ; III, 33 [Pontieri, p. 77, l. 25] : omnibus utilitatibus ; IV, 1 [Pontieri, p. 85, l. 6] : nepotis utilitatibus). Et, sur les deux occurrences dans lesquelles utilitas n’est pas accompagné d’un déterminant, seule la première paraît faire exception à l’usage de Malaterra (II, 8, 1 : utilitates prudenter ordinans) ; car, pour la seconde, l’absence de déterminant s’explique par le jeu d’opposition exprimé par les pronoms personnels vobis… nobis (II, 24, 6). On rétablit donc debellando donné par AC, entendu comme un ablatif du gérondif à valeur instrumentale ; la finale d’applicando de AC aura été entraînée par celle de debellando, qui précède immédiatement. Il reste à donner à applicare un sens figuré, bien attesté ailleurs chez Malaterra (voir II, 22, 1 : quoscumque poterat ad fidelitatem nostrae gentis applicabat ; ou, avec le datif, III, 29 [Pontieri, p. 75, l. 16] : facilius sibi applicarentur, et IV, 6 [Pontieri, p. 88, l. 4-5] : adjicit Castrum Johannis sibi […] applicare), bien qu’il ne soit pas le plus fréquent (le sens de « débarquer » apparaît dix-huit fois sur vingt-deux emplois, mais, quand il a ce sens, le verbe est intransitif dans le récit de Malaterra, à une exception près, en IV, 2 [Pontieri, p. 86, l. 1-2] : prima nocte Tauromenium applicat, secunda vero apud Logninam, tertia Rasesalix ; voir Desbordes 2009, 79, n. 32).

b'Pour des emplois absolus de jactare, voir TLL VII, 1, s.v., col. 60, l. 69-72 (par exemple Aulu-Gelle, Les Nuits attiques. Tome III : Livres XI-XV, R. Marache (éd. et trad.), Paris, Les Belles Lettres (CUF), 1989, livre XI, chap. 7, 9 : At ille iactans et gestiens, « Mais lui tout fier et exultant » ; trad. p. 11).

c'Pour l’emploi à sens passif de polliceri, voir Flobert 1975, 358.

d'Sur la valeur partitive de de ici et la traduction de ce morceau de phrase, voir Desbordes 2010, 206, n. 45.

e'Bien que la forme pronominale ne soit donnée que par Be, D et l’édition princeps, c’est la leçon qui s’impose ici, car quosque entre dans une tournure récurrente chez Malaterra, qui s’apparente à un formulaire. Ainsi, extremos quosque caedentibus fait écho à d’autres passages comme I, 9, 4 : posteriores quosque caedentes ; II, 1, 4 ; II, 32, 3 et II, 33, 11 : extremos quosque caedendo. Sur le recours à un stock d’expressions, notamment dans les récits de combat, voir « Introduction » de la version imprimée, p. 54.

f'Pontieri avait exclu de la proposition Cujus cives […] congrediuntur la conjonction dum, donnée par AC. Peut-être a-t-il été gêné par la juxtaposition de dum à cum. La prolepse du sujet de la subordonnée, différent de celui de la principale, n’est pas inhabituelle chez Malaterra. Cf. III, 10 (Pontieri, p. 62, l. 13-14) : Nostri vero dum fortiter congredi nituntur, Hugo, comitis gener, cum pluribus occiditur ; de même cf. cum en I, 8, 2 : Harduinus rediens cum talia nuntiat, nostri… deliberant ; cf. encore III, 27, cité infra en I, 17, 2, note philologique.

g'Nous avons retenu la correction de Pontieri, estimant que progressi avait suggéré progrediuntur dans l’hyparchétype de AC. Congredior est construit de deux manières par Malaterra, soit en emploi absolu (voir dans la proposition suivante fortiter congrediens), soit, comme ici, avec cum et l’ablatif. On trouve, par exemple, dans le même chapitre : cum hoste congreditur (I, 7, 8). De même, l’examen des vingt-trois occurrences de ce terme permet de constater qu’il a toujours un sens militaire et que Malaterra n’en a guère varié la forme et l’emploi, de sorte qu’il entre dans son formulaire du combat (voir « Introduction » de la version imprimée, p. 54). En II, 23, 2, cependant, on remarque la même hésitation sur le préverbe : cum plures militariter congrediuntur (progre- Z edd.), juvenis quidam, Arnaldus nomine, […] occubuit.