chapitre 4

capitulum IV

Sur le conseil de Betumen, le comte Roger se rend à nouveau en Sicile

Concilio Betuminis comes Rogerius in Siciliam iterum vadit

<1> Le comte, enchanté de l’arrivée de cet homme, le traita avec honneur ; et, sur son conseil, avant même la fin de l’hiver – c’était, en effet, la semaine qui précédait le Carême –, emmenant Betumen avec lui, parce qu’il connaissait le pays, il passa le Faro en direction de Clibana Tegularum1Ce syntagme, qui signifie « Four à tuiles », désigne un lieu non identifié, probablement situé près du promontoire du Faro. Cuteri 2003b, 122, se réfère à cet extrait de Malaterra comme témoignage de la production de terres cuites – en particulier de tuiles – dans la région de Messine. et attaqua la Sicile avec cent soixante chevaliers2Ibn Khaldūn (BAS, II, 202) dénombre six cents Normands, comptant peut-être les écuyers et les valets qui accompagnaient les chevaliers (Chalandon 1907, 194). Cependant, son récit de la conquête de la Sicile tient en quelques lignes, si bien que son témoignage est sujet à caution.. <2> Et, tandis que, sous la conduite de Betumen, qui s’était allié à lui, il passait en pleine nuit à proximité de la cité de Messine, avec l’intention d’aller faire du butin du côté de Milazzo3Milazzo (prov. Messine)., il se trouva face à un Sarrasin, très renommé parmi les siens pour sa valeur guerrière : c’était le frère de Benméclère, pour l’assassinat duquel Betumen avait été chassé de Sicile. Ce Sarrasin, en effet, ayant remarqué le soir précédent que le comte était entré en Sicile avec une troupe armée, plus confiant qu’il n’aurait fallu en sa valeur guerrière, était sorti de Messine, pour tenter, par cette expédition nocturne, d’acquérir quelque gloire militaire aux dépens de ses ennemis. <3> Or, le comte Roger, qui était sans armes, à part son bouclier et l’épée qu’il portait à sa ceinture – car son écuyer le suivait avec ses armes –, marchait devant ses compagnons, scrutant les alentours d’un œil vigilant. Lorsque, sous la faible lueur de la lune, il distingua le Sarrasin qui approchait, considérant qu’il serait trop long de récupérer ses armes des mains de son écuyer, de crainte que l’autre ne s’enfuît si lui aussi venait à apercevoir son ennemi dans l’ombre, il charge, se ruant sur lui armé de sa seule épée, et lui assène par le milieu du corps un coup unique qui le coupa en deux ; puis il remit le cheval et les dépouilles à l’un des siens. <4> Poursuivant de là sa route jusqu’à Milazzo et Rometta4Rometta (prov. Messine) est la première localité où se rendirent les Normands, lors de l’expédition dirigée par Geoffroi Ridel, selon Aimé V, 10 (Rimate)., il fit un butin considérable, puis revint prendre ses quartiers au bord des trois lacs5Deux lacs sont nettement identifiés tout près du promontoire du Faro (ou Pélore, voir note suivante) : le Ganzirri et le Faro. Solin (C. Iulii Solini Collectanea rerum memorabilium, T. Mommsen (éd.), Berlin, Weidmann, 1895, p. 48, 10) en dénombre trois, mais n’en décrit que deux. Les historiographes Fazello et Cluverio, décrivant la Sicile aux XVIe et XVIIe siècles, en mentionnent trois également (voir Amico 1858-1859, I, 575-576), dont l’un, à l’odeur repoussante, était un marécage et fut asséché., près <du promontoire> du Faro, qu’on nomme Pélore6Si on se réfère à la leçon donnée par C et Z, il faut lire dicitur (et non dicuntur), ce qui est recevable, à condition de faire de Farum au lieu de lacus l’antécédent du pronom qui – comme l’ordre des mots invite à le comprendre. Si tel est le cas, et étant donné qu’on ne voit pas ce que peuvent désigner caroli de C B et Praroli de Z et des éditeurs précédents, nous proposons d’y voir une altération – importante il est vrai – de Peloris ou Pelorias (Pélore), translittération du grec Πελωρίς (Thucydide), Πελωριάς (Polybe, Strabon), nom ancien de Punta del Faro, qu’on nomme aussi Capo Peloro. Cette pointe sablonneuse renferme aujourd’hui deux lacs et non plus trois, comme il est indiqué par Malaterra. Depuis cette pointe s’étendent les Monti Peloritani, chaîne montagneuse du nord-est de la Sicile.. Le lendemain, s’avançant jusqu’aux eaux paisibles, il chargea dans ses vaisseaux le butin dont il s’était emparé, pour qu’il fût transporté à Reggio.

<1> De cujus adventu comes non minimum gavisus, honorifice [+] [honorifice C : h. eum B eum h. Z edd. [-]] honorifice eumeum honorificea'Sur la présence inutile de eum ajouté par Z et B après honorifice, voir Desbordes 2005, 123, n. 30. suscepit ; ejusque consilio [+] [consilio C B : concilio Z. [-]] consilioconsilioconsilioconcilio, necdum hieme transacta, hebdomada [+] [hebdomada edd. : -mata C -meda Z odommoda B. [-]] hebdomadahebdomatahebdomedaodommoda videlicet proxima ante Quadragesimam, cum centum sexaginta militibus, ipsum Betumen [+] [betumen ego : becu- Z2 ed. pr. betumem C benuem Z bictumen B. [-]] Becumen [+] [Z2 : Becumen [-]] BetumemBenuemBictumen secum eo [+] [eo ZB : eos C om. ed. pr. [-]] eoeoeos... quod [+] [quod — sciebat om. ed. pr. [-]]  patriam [+] [patriam ZB : patrias C. [-]] patriampatriampatrias sciebatsciebatsciebatsciebat ducens FarumqueFarumqueFarumquePharumque ad Clibana [+] [clibana C Z : clibanum B Pontieri. [-]] ClibanaClibanaClibanum Tegularum [+] [tegularum C Z : regu- B. [-]] TegularumTegularumTegularumregularum transiens, Siciliam invadit [+] [invadit C : vadit Z vadens B. [-]] invaditinvaditvaditvadens. <2> Dumque Betumen [+] [betumen C : becumen Z bictumen B becumene ed. pr. betumene Pontieri. [-]] BecumenBictumenBecumeneBetumene, qui ad se transfugerat, ductore versus Melacium [+] [melac(c)ium C Z : milacium B. [-]] MelaciumMelaciumMelacciumMilaciumb'Les manuscrits hésitent sur le toponyme Melacium, comme dans les actes latins, où l’on trouve Melacium ou Milacium ; voir, par exemple, I diplomi della cattedrale di Messina, A. Amico, R. Starrabba (éd.), Palerme, M. Amenta (Documenti per servire alla storia di Sicilia. Prima serie, Diplomatica ; 1), 1888, p. 2, acte I, daté de 1087 ; Maurici 2001, 245. Le nom ancien était Mylae, arum, f. (Pline, Naturalis historia, 3, 90 ; Silius Italicus, Punica, 14, 202), transcription latine du grec Μυλάι, qu’on trouve encore dans les actes grecs de l’époque normande ; voir, par exemple, I diplomi della cattedrale di Messina…, p. 338, acte I de la « Parte seconda », daté de 1096. praedatum [+] [praedatum om. ZB ed. pr. [-]] praedatum[om.] iturus de nocte haud [+] [haud C Z2 : aut B autem Z. [-]] haudhaud [+] [Z2 : haud [-]] autautem longe a civitate Messana [+] [messana C Z : -nae B Pontieri. [-]] MessanaMessanaMessanae transiret, obvium [+] [obvium C Z : obviam B. [-]] obviumobviumobviumobviam habuit quendam Sarracenum [+] [sarracenum C : sarrecenum Z seracenum B saracenum ed. pr. [-]] SarracenumSarrecenumSeracenumSaracenum militia inter suos nominatissimum, fratrem scilicet Benmecleri [+] [benmecleri C : bemeclerum Z benemencleri B bennecleri edd. [-]] BemeclerumBenemencleriBennecleri, pro cujus occisione [+] [occisione C : occasione ZB edd. [-]] occasione Betumen [+] [betumen C : becumen Z ed. pr. bectumen B. [-]] BetumenBecumenBectumen a Sicilia ejectus fuerat. Hic nempe, cum in praecedenti vespere persensisset comitem armata manu Siciliam intrasse, militia sua plus necessario praesumens, a Messana progressus, nocturnus hostis ut sibi aliquod militare [+] [militare C B1 : -ri B imilitare Z ut vid. [-]] militaremilitare [+] [B1 : militare [-]] militariimilitare*imilitare ut vid. nomen in damno hostium acquireret temptatum ibat. <3> Comes vero Rogerius inermis, excepto clipeo solo et ense quo accinctus [+] [accinctus C Z : cinctus B. [-]] accinctusaccinctusaccinctuscinctus erat – armiger namque cum armis subsequebatur –, socios praecedebat, oculos intentissime circumquaque ducens. Dumque [+] [dumque C Z : dum B. [-]] DumqueDumqueDumqueDum illum adventantem [+] [adventantem C Z : advenientem B. [-]] adventantemadventantemadventantemadvenientem sub pallore [+] [pallore C ZB2 : -rem B. [-]] pallorepallorepallore [+] [B2 : pallore [-]] pallorem lunae deprehendisset, perlongum ducens ab armigero arma recipere [+] [recipere C Z : expectare B. [-]] recipererecipererecipereexpectare, ne forte, si etiam ille sub umbra viseret [+] [viseret B : visaret C ZB2. [-]] viseretviseretvisaret [+] [B2 : visaret [-]] , aufugeret, impetu facto, solo ense super eum irruens unoque ictu medium [+] [medium C Z : medio B. [-]] mediummediummediummedio corripiensc'L’expression rappelle I, 17, 3 : Petrum medium corripiens ; mais le contexte indique qu’il s’agit ici de frapper d’un coup violent, comme en II, 40, 5, dans le récit de la tentative d’assassinat perpétrée contre Guiscard à Bari : ut […] illum spiculo corripere attentet. secavit, de corpore duabus [+] [duabus C Z : duabusque B. [-]] duabusduabusduabusduabusque partibus factis ; equumque et spolia cuidam [+] [cuidam C Z : uni B. [-]] cuidamcuidamcuidamuni suorum dedit. <4> Inde Melacium [+] [melacium C : melachium Z mila- B. [-]] MelaciumMelaciumMelachiumMilachium et Rimetam [+] [rimetam C Z : ramectam B Pontieri rametam ed. pr. [-]] RimetamRamectamRametamd'Concernant la graphie du toponyme, les hésitations, chez Malaterra, portent notamment sur la séquence ct ou tt simplifiée en t, et sur le timbre de la voyelle initiale. Ces variantes étaient courantes au Moyen Âge pour ce toponyme, dont on trouve mention dans la documentation grecque, latine et arabe (voir Archivio storico Romettese. Raccolta di scritti e documenti vari sulla storia di Rometta. Un esempio di storia locale, P. Gazzara (éd.), Trento, UNI Service, 2006, s.v. Ramtha, p. 45, par exemple) ; sur la variante du timbre a et i, voir aussi Maurici 2001, 265, qui cite, entre autres, Hugues Falcand (La Historia o Liber de regno Sicilie e la Epistola ad Petrum Panormitane ecclesie Thesaurium di Ugo Falcando, G. B. Siragusa (éd.), FSI 22, 1897, p. 153) : Rimetulam, castellum fortissimum. Voir encore de nombreuses attestations des deux formes dans I diplomi della cattedrale di Messina… Le toponyme est aussi courant dans les sources arabes. Nous avons normalisé en choisissant le timbre i, employé le plus couramment par la branche AC. usque pertransiens, plurimo [+] [plurimo ego : -mum C ZB edd. [-]] plurimum praedae accepto, ad tres lacus [+] [lacus C : latus Z ut vid. lata B batus ed. pr. [-]] lacuslatus*latus ut vid.latabatus juxta FarumFarumFarumPharum, qui Pelori [+] [pelori ego : caroli C B praroli Z edd. [-]] CaroliPraroli dicitur [+] [dicitur C Z : dicuntur B Pontieri. [-]] diciturdiciturdicuntur, hospitaturus rediit [+] [rediit C Z : reddet B. [-]] rediitrediitrediitreddet. In crastinum ad dulces aquas [+] [ad dulces aquas C B : adultas equas Z ad ultimas aquas Z2 edd. [-]] ad dulces aquasadultas equasad ultimas aquas [+] [Z2 : ad ultimas aquas [-]] usque progrediens [+] [progrediens C B : prodiens Z. [-]] progrediensprogrediensprogrediensprodiens, praedam [+] [praedam C ZB : -da ed. pr. [-]] praedampraedampraedampraeda quam acceperat RegiumRegiumRegiumRegiumRhegium deferendam [+] [deferendam Pontieri : -da C Z ed. pr. -dum B. [-]] deferendadeferendum navibus introduxit [+] [introduxit ego : ponunt B om. C Z ed. pr. posuit Pontieri. [-]] ponunt[om.]posuite'La correction faite par Pontieri à partir de la leçon de B avait le mérite de la cohérence syntaxique, tant pour le temps du verbe (rediit… posuit) que pour le nombre (progrediens,… acceperat,… posuit). Cependant, le verbe, absent de C et Z, a dû l’être aussi de l’hyparchétype commun, si bien que, si l’omission ne paraît pas pouvoir être discutée, il convient en revanche de s’interroger sur le choix du lexème, car celui-ci résulte à l’évidence d’une conjecture de B. L’étude des habitudes de Malaterra conduit à préférer introducere à ponere : le chroniqueur emploie en effet introducere chaque fois que le prince normand place du butin, des chevaux ou des troupes dans ses navires. Voir II, 43, 11 ; III, 11 (Pontieri, p. 63, l. 28-29) : praedam […] navibus introducendam illorsum minare accelerat ; III, 11 (Pontieri, p. 63, l. 35-36) : ad naves regrediens, maxima praeda licenter introducta, ad patrem […] redit ; III, 24 (Pontieri, p. 71, l. 16) : copiis navibus introductis ; III, 36 (Pontieri, p. 78, l. 33-34) : praedas per totam provinciam ibidem introducit ; III, 40 (Pontieri, p. 81, l. 34-35) : Navibus […] conflatis copiisque necessariis introductis. Ce relevé confirme par ailleurs le bien-fondé de la correction par Desbordes 2007, 58, n. 14, de III, 8 (Pontieri, p. 61, l. 9) : praedam navibus introducunt..

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1Ce syntagme, qui signifie « Four à tuiles », désigne un lieu non identifié, probablement situé près du promontoire du Faro. Cuteri 2003b, 122, se réfère à cet extrait de Malaterra comme témoignage de la production de terres cuites – en particulier de tuiles – dans la région de Messine.

2Ibn Khaldūn (BAS, II, 202) dénombre six cents Normands, comptant peut-être les écuyers et les valets qui accompagnaient les chevaliers (Chalandon 1907, 194). Cependant, son récit de la conquête de la Sicile tient en quelques lignes, si bien que son témoignage est sujet à caution.

3Milazzo (prov. Messine).

4Rometta (prov. Messine) est la première localité où se rendirent les Normands, lors de l’expédition dirigée par Geoffroi Ridel, selon Aimé V, 10 (Rimate).

5Deux lacs sont nettement identifiés tout près du promontoire du Faro (ou Pélore, voir note suivante) : le Ganzirri et le Faro. Solin (C. Iulii Solini Collectanea rerum memorabilium, T. Mommsen (éd.), Berlin, Weidmann, 1895, p. 48, 10) en dénombre trois, mais n’en décrit que deux. Les historiographes Fazello et Cluverio, décrivant la Sicile aux XVIe et XVIIe siècles, en mentionnent trois également (voir Amico 1858-1859, I, 575-576), dont l’un, à l’odeur repoussante, était un marécage et fut asséché.

6Si on se réfère à la leçon donnée par C et Z, il faut lire dicitur (et non dicuntur), ce qui est recevable, à condition de faire de Farum au lieu de lacus l’antécédent du pronom qui – comme l’ordre des mots invite à le comprendre. Si tel est le cas, et étant donné qu’on ne voit pas ce que peuvent désigner caroli de C B et Praroli de Z et des éditeurs précédents, nous proposons d’y voir une altération – importante il est vrai – de Peloris ou Pelorias (Pélore), translittération du grec Πελωρίς (Thucydide), Πελωριάς (Polybe, Strabon), nom ancien de Punta del Faro, qu’on nomme aussi Capo Peloro. Cette pointe sablonneuse renferme aujourd’hui deux lacs et non plus trois, comme il est indiqué par Malaterra. Depuis cette pointe s’étendent les Monti Peloritani, chaîne montagneuse du nord-est de la Sicile.

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a'Sur la présence inutile de eum ajouté par Z et B après honorifice, voir Desbordes 2005, 123, n. 30.

b'Les manuscrits hésitent sur le toponyme Melacium, comme dans les actes latins, où l’on trouve Melacium ou Milacium ; voir, par exemple, I diplomi della cattedrale di Messina, A. Amico, R. Starrabba (éd.), Palerme, M. Amenta (Documenti per servire alla storia di Sicilia. Prima serie, Diplomatica ; 1), 1888, p. 2, acte I, daté de 1087 ; Maurici 2001, 245. Le nom ancien était Mylae, arum, f. (Pline, Naturalis historia, 3, 90 ; Silius Italicus, Punica, 14, 202), transcription latine du grec Μυλάι, qu’on trouve encore dans les actes grecs de l’époque normande ; voir, par exemple, I diplomi della cattedrale di Messina…, p. 338, acte I de la « Parte seconda », daté de 1096.

c'L’expression rappelle I, 17, 3 : Petrum medium corripiens ; mais le contexte indique qu’il s’agit ici de frapper d’un coup violent, comme en II, 40, 5, dans le récit de la tentative d’assassinat perpétrée contre Guiscard à Bari : ut […] illum spiculo corripere attentet.

d'Concernant la graphie du toponyme, les hésitations, chez Malaterra, portent notamment sur la séquence ct ou tt simplifiée en t, et sur le timbre de la voyelle initiale. Ces variantes étaient courantes au Moyen Âge pour ce toponyme, dont on trouve mention dans la documentation grecque, latine et arabe (voir Archivio storico Romettese. Raccolta di scritti e documenti vari sulla storia di Rometta. Un esempio di storia locale, P. Gazzara (éd.), Trento, UNI Service, 2006, s.v. Ramtha, p. 45, par exemple) ; sur la variante du timbre a et i, voir aussi Maurici 2001, 265, qui cite, entre autres, Hugues Falcand (La Historia o Liber de regno Sicilie e la Epistola ad Petrum Panormitane ecclesie Thesaurium di Ugo Falcando, G. B. Siragusa (éd.), FSI 22, 1897, p. 153) : Rimetulam, castellum fortissimum. Voir encore de nombreuses attestations des deux formes dans I diplomi della cattedrale di Messina… Le toponyme est aussi courant dans les sources arabes. Nous avons normalisé en choisissant le timbre i, employé le plus couramment par la branche AC.

e'La correction faite par Pontieri à partir de la leçon de B avait le mérite de la cohérence syntaxique, tant pour le temps du verbe (rediit… posuit) que pour le nombre (progrediens,… acceperat,… posuit). Cependant, le verbe, absent de C et Z, a dû l’être aussi de l’hyparchétype commun, si bien que, si l’omission ne paraît pas pouvoir être discutée, il convient en revanche de s’interroger sur le choix du lexème, car celui-ci résulte à l’évidence d’une conjecture de B. L’étude des habitudes de Malaterra conduit à préférer introducere à ponere : le chroniqueur emploie en effet introducere chaque fois que le prince normand place du butin, des chevaux ou des troupes dans ses navires. Voir II, 43, 11 ; III, 11 (Pontieri, p. 63, l. 28-29) : praedam […] navibus introducendam illorsum minare accelerat ; III, 11 (Pontieri, p. 63, l. 35-36) : ad naves regrediens, maxima praeda licenter introducta, ad patrem […] redit ; III, 24 (Pontieri, p. 71, l. 16) : copiis navibus introductis ; III, 36 (Pontieri, p. 78, l. 33-34) : praedas per totam provinciam ibidem introducit ; III, 40 (Pontieri, p. 81, l. 34-35) : Navibus […] conflatis copiisque necessariis introductis. Ce relevé confirme par ailleurs le bien-fondé de la correction par Desbordes 2007, 58, n. 14, de III, 8 (Pontieri, p. 61, l. 9) : praedam navibus introducunt.