chapitre 40

capitulum XL

Le duc assiège Bari

Dux Barum obsidet

<1> Ainsi, le duc, voyant qu’avec la fortune qui lui souriait favorablement il réussissait dans toutes ses entreprises dès qu’il les commençait et qu’à proximité, non loin de Montepeloso, se trouvait la ville très célèbre de Bari1Bari, capitale depuis 893 du thème de Longobardie, puis du catépanat d’Italie, était la ville la plus riche de la Pouille. La prise de la ville était d’une importance capitale pour Robert, du point de vue politique et stratégique, comme le souligne Guillaume de Pouille (II, 480-485). Elle était protégée d’un mur, sans doute aussi d’un avant-mur et était pourvue d’un πραιτώριον, où résidait le catépan ; voir Martin & Noyé 1991b, 49-50., qui restait encore fidèlement attachée à l’empereur de Constantinople2Romain IV Diogène a succédé à Constantin X Doukas en 1068. Au début de 1064, le nouveau catépan Abulcharès était venu s’installer à Bari, rendant caduque le dernier pacte que la ville avait conclu avec les Normands. À sa mort, avant le mois de septembre 1068, Pérénos, gouverneur de Durrës, le remplace, mais celui-ci n’est pas autorisé à débarquer à Bari, si bien qu’il n’y avait probablement pas de catépan en 1068 (Bünemann 1989, 44-45). Au même moment, l’empereur Romain Diogène avait pris la décision d’occuper toutes ses forces à repousser les Turcs, délaissant du coup ses possessions en Italie méridionale, ce dont Guiscard a pu être informé, étant donné le grand nombre de mercenaires qui avaient rejoint l’armée impériale. En outre, un parti philonormand se serait formé à Bari dès 1046, afin de s’opposer au parti philobyzantin, mais il était probablement minoritaire. Les alliances étaient de toute façon de courte durée, répondant dans tous les cas aux circonstances fluctuantes (Tramontana 1990, 100). et lui était rebelle, brûlant de la prendre d’assaut, en dépit de tout ce que l’empereur pouvait tenter, y compris les traités, pour gagner la faveur des habitants, il va en faire le siège avec sa cavalerie et son armée navale en l’an 1067 de l’incarnation du Verbe3C’est en août 1068, après la prise de Montepeloso, que dut commencer le siège de Bari, qui ne s’acheva qu’en 1071. Tous les manuscrits du De rebus gestis Rogerii donnent l’année 1067, mais on connaît la date par l’Anonyme de Bari : Mill. LXVIII. Ind. VI […] die quinto astante Augusti venit dux Robberto et obsedit Bari per terra et mare. Lupus date en revanche le début du siège du mois de septembre.. <2> Et, comme cette cité est située sur une sorte de pointe qui s’avance sur la mer4Bari, ville côtière, est située sur un promontoire barré. Elle était fermée au sud par un mur semi-circulaire d’environ un kilomètre de long, clos à l’est par le palais du catépan (voir Bünemann 1989, 42-43 : schéma de la ville)., il disposa sa cavalerie d’une rive à l’autre pour fermer en quelque sorte l’accès à la ville côté terre5Sur le blocage de la ville par voie de terre et la tentative de Robert d’ouvrir une brèche dans les murailles de la ville, voir Guil. Ap. II, 517-522. Guillaume de Pouille avait cependant précisé que le blocage ne fut organisé par Robert qu’après qu’il eut tenté de prendre la ville d’assaut, ce dont Malaterra ne dit rien. et déploya ses navires sur la mer, en les reliant fermement l’un à l’autre par des chaînes de fer, pour faire comme une clôture, si bien qu’il entoura entièrement la ville, au point d’en barrer toutes les issues6Sur le blocage de la ville par la mer, voir aussi Aimé V, 27 et Guil. Ap. II, 522-524. Robert avait fait venir ses navires de Calabre, précise Guillaume de Pouille (II, 486).. Dressant aussi deux ponts, à savoir un depuis chaque rive, il les fit prolonger assez loin sur la mer pour rejoindre les câbles qui reliaient les navires sur les deux côtés, afin que, en cas d’attaque menée par les habitants de Bari contre les navires, ses chevaliers pussent accourir directement et rapidement à leur secours7La construction du pont pour fermer le port de la ville date d’après septembre 1070, selon Lupus Protospatarius, Annales, ad an. 1071. Guil. Ap. II, 524-527, mentionne la construction d’un port et d’un pont, sur lequel il fit fortifier une tour. Bünemann 1989, 52-53, conteste la faisabilité des travaux décrits par Malaterra : la ceinture tout autour de la ville aurait dû mesurer plus d’un kilomètre et demi, nécessitant un nombre de bateaux considérable (de même Stanton 2011, 41-42). Aussi se fie-t-il plutôt aux témoignages de Guillaume de Pouille et de Lupus Protospatarius, selon lesquels le duc bloqua le port, situé au sud-est de la ville médiévale, et non la ville elle-même. Malgré tous les travaux de siège, les habitants de Bari parvinrent à faire passer des messagers à l’empereur de Constantinople : il est possible que la surveillance maritime fût assez lâche devant les murailles de la cité qui donnaient sur la mer.. <3> Les habitants de Bari, au début, méprisaient ce que faisait le duc, ne faisaient aucun cas de toutes ses opérations, exhibaient leurs plus beaux objets et trésors les plus précieux en les faisant pendre du haut des murs, proféraient maintes injures contre Guiscard ; confiants dans leurs tours, ils ne savaient pas quelle tournure prendraient les événements. Mais cette situation ne détournait pas du tout Guiscard de son entreprise ; au contraire, le cœur brûlant de convoitise et d’ambition, plus il apprenait que les biens enfermés dans les murs étaient précieux, plus il mettait d’ardeur et d’application à mener à bien son entreprise dans l’espoir de les obtenir ; aussi leur répondit-il en souriant : « Les objets que vous exhibez m’appartiennent, et je vous sais gré de bien vouloir de votre propre initiative les exposer à ma vue. Conservez-les fidèlement pour l’instant ! Car, un jour, vous pleurerez leur perte, quand je les distribuerai généreusement ». <4> Et ainsi, enflammant les siens de ses encouragements et de ses promesses pour qu’ils prennent la ville d’assaut, il affirme que la récompense de leur peine et de leurs privations se trouve à l’intérieur des murs. Lui-même faisait le tour des positions, transportait des amas de matériaux, entourait la ville de retranchements, confectionnait des béliers, préparait toutes les autres machines de guerre nécessaires pour s’emparer de la ville8Sur les armes utilisées par Guiscard lors du siège de Bari, voir Taviani-Carozzi 1996a, 263 ; Settia 2006, en particulier 146-147., disposait ses hommes en ordre de bataille, attaquait les ennemis : bref, il s’appliquait à susciter la crainte par une pression constante. <5> Alors, comme les habitants de Bari voyaient que la fermeté du duc était inébranlable et qu’il persistait dans son entreprise bien plus qu’ils ne l’avaient pensé, qu’en outre les vivres à l’intérieur de la ville étaient consommés inutilement par une foule nombreuse et sans arme – c’est-à-dire les femmes et les enfants –, sans qu’on pût en introduire par aucune entrée depuis que les ennemis s’étaient répartis tout autour de la ville, ils fomentent une ruse pour s’en prendre à la vie du duc, faute de pouvoir le tuer par la force9La tentative d’assassinat de Guiscard intervint peut-être pendant l’automne 1070. Guillaume de Pouille (II, 543-546) précise que l’instigateur de la ruse fut Étienne Patéranos, envoyé par l’empereur de Constantinople pour soutenir les habitants de Bari. Patéranos commandait la flotte obtenue en renfort par Byzantius, chef du parti philobyzantin, qui fut assassiné le 18 juillet 1070 (Anon. Bar., ad an. 1070) ; voir II, 43, 1. ; et, ayant convenu d’un prix, ils font un marché avec un homme irréfléchi, pour qu’il sorte de la ville et tente d’atteindre le duc de son javelot10Spiculum désigne un objet pointu, qui peut être une flèche, un javelot, une pique. Le terme employé par Guillaume de Pouille est contus, « pointe, épieu, pique » (Guil. Ap. II, 552 et 561). Le poète ne précise pas que l’arme était infestée de venin.. L’homme, dont le cœur, rongé par la cupidité, se laisse séduire par le désir de conclure l’accord, se hâte de perpétrer un acte qui lui semblait alors si noble. Ayant reçu un javelot à la pointe empoisonnée des mains de ceux qui avaient monté ce complot avec tant de fourberie, il sort de la ville, se fait passer pour l’un des nôtres en lançant par-dessus les murs des pierres avec sa fronde contre les ennemis, et fait discrètement le tour de notre camp pour l’espionner. <6> Et ainsi, <comme> à la tombée du jour la nuit se hâtait d’arrêter les rayons du soleil et que, l’heure du dîner étant venue11De même, Guil. Ap. II, 559-560 : Coenatum vespere facto / Venerat., le duc s’était assis dans son abri fait de branches d’arbre feuillues12Pour la description de la tente de Robert, voir Guil. Ap. II, 557-559 : « il l’avait couverte d’un toit de chaume et entourée de branches et de feuilles pour se protéger du froid de l’hiver » (trad. Mathieu 1961, 163)., l’homme arriva par-derrière, ne se trouvant séparé du duc que par une paroi de branchages ; pensant avoir bien repéré où se trouvait le duc, d’abord par la vue, ensuite au son de sa voix, il lança avec force le javelot qu’il avait reçu dans ce but ; mais le trait, ayant déchiré une partie des vêtements du duc, alla se ficher en terre sans le blesser, grâce à la protection de Dieu13Guillaume de Pouille n’invoque pas la protection divine, mais un mal qui arrive à point nommé (Guil. Ap. II, 562-565) : « Mais Robert, sentant une surabondance de flegme dans sa bouche, avait penché la tête sous la table. L’épieu ne trouva donc qu’une place vide et ne frappa que de vains coups » (trad. Mathieu 1961, 163).. Et, croyant avoir ainsi blessé le duc, mais ayant perdu son javelot dans ce coup inutile, il pensa que le mieux pour lui était de fuir et courut à toutes jambes se réfugier à l’intérieur de la ville14De même Guillaume de Pouille (II, 566-573) rapporte la fuite de l’homme de Bari, mais la fin de l’épisode est tout à fait différente, car le poète s’intéresse à la réaction des habitants de Bari plutôt qu’à celle des Normands : il montre la vanité des cris de joie que les ennemis de Robert font retentir à la fausse nouvelle de la mort du duc, nouvelle que ce dernier s’empresse de démentir.. <7> Les serviteurs du duc, épouvantés par un tel forfait, se précipitent à l’extérieur et, ayant découvert le complot, <mettent en place> des gardes de nuit avec plus de vigilance que d’habitude et dépêchent des sentinelles autour du duc ; ayant en outre engagé des maçons sur son ordre, ils achèvent en peu de temps la maison en pierre qu’ils avaient commencée à l’aube.

<1> Dux itaque videns omnia quae [+] [omnia quae ZB : omniaque C. [-]] omnia quaeomnia quaeomnia quaeomniaque solo inceptu attentabat, fortuna favorabiliter arridente [+] [arridente ZB : arred- C. [-]] arridentearridentearridentearredente, sibi in prosperum cedere, famosissimam urbem quae Barum [+] [barum C B : barrum Z. [-]] BarumBarumBarumbarrum dicitur adhuc Constantinopolitano imperatori [+] [imperatori C B : -tore Z. [-]] imperatoriimperatoriimperatoriimperatore ex fidelitate adhaerentem [+] [adhaerentem C Z : -rens B. [-]] adhaerentemadhaerentemadhaerentemadhaerens, sibi vero rebellem [+] [rebellem C ZxB : -les Z. [-]] rebellemrebellemrebellem [+] [Zx : rebellem [-]] rebelles ex proximo haud [+] [haud Z2 : aud C aut B hanc Z. [-]] haud [+] [Z2 : haud [-]] audauthanc longe a Monte piloso [+] [post piloso add. quam B Pontieri. [-]] pilosopilosopiloso quam habens, quibuscumque [+] [quibuscumque C B : quicumque Z. [-]] quibuscumquequibuscumquequibuscumquequicumque  [Z/f.30v-31r] imperator [+] [imperator post pactionibus transt. B Pontieri. [-]] poterat [+] [poterat C ZB Me : praeerat ed. pr. [-]] , pactionibusimperator poterat, pactionibusimperator poterat, pactionibuspoterat pactionibus imperatorimperator praeerat pactionibus etiam [+] [etiam C ZB : et ed. pr. [-]] etiametiametiamet, ut sibi faventiores redderet, ad impugnationem ejusdem urbis secum inflammans [+] [inflammans C B Me : imflans Z instans ed. pr. inflammat prop. Pontieri. [-]] inflammansinflammansimflansinstansinflammat, anno Verbi incarnati MLXVII [+] [MLXVII C ZB : MLXVIII prop. Pontieri. [-]] MLXVIIMLXVIIMLXVIIMLXVIII*MLXVIII prop. Pontieri equitatu et navali exercitu eam [+] [eam om. B. [-]] eameameam[om.] obsessum [+] [obsessum C Z : oppugnatum B. [-]] obsessumobsessumobsessumoppugnatum vadit. <2> Et quia ipsa civitas, quasi in quodam [+] [quasi in quodam om. B. [-]] quasi in quodamquasi in quodamquasi in quodam[om.] angulo sita, in mari [+] [mari C ZB : mare Z2 edd. [-]] marimarimare [+] [Z2 : mare [-]] porrigitur, ipse cum equestri exercitu [+] [exercitu C : -tum ZB. [-]] exercituexercituexercitum ipsam partem qua civitas versus terram patebat quasi ab uno mari in aliud claudens, navibus [+] [navibus C ZxB : manibus Z. [-]] navibusnavibusnavibus [+] [Zx : navibus [-]] manibus per mare extensis, una [+] [una ZB : unam C. [-]] unaunaunaunam ad alteram firmiter ferreis catenis – ac si saepem [+] [saepem C Z : spem B. [-]] saepemsaepemsaepemspem faciendo – compaginatis, ita totam urbem cinxit ut nullo [+] [nullo C Z : nullus B. [-]] nullonullonullonullus latere exitus [+] [latere exitus C Z : ex latere aliquo B. [-]] latere exituslatere exituslatere exitusex latere aliquo  [C/f.22v-23r] ab urbe [+] [ab urbe om. B. [-]] ab urbeab urbeab urbe[om.] progrediendi pateret [+] [progrediendi pateret C Z : progredi posset B. [-]] progrediendi pateretprogrediendi pateretprogrediendi pateretprogredi posset. Duos quoque pontes – unum videlicet ab unaquaque ripa [+] [ripa ZB : rixa C. [-]] riparipariparixa – constituens [+] [post constituens add. qui edd. [-]] constituensconstituensconstituens qui, longius in mare usque quo [+] [quo om. Z ed. pr. [-]] quoquo[om.] navium funes [+] [funes C Bx : fines ZB. [-]] funesfunes [+] [Bx : funes [-]] fines ab utraque parte attingebant [+] [attingebant B : accin- C Z. [-]] attingebantattingebantaccingebant porrexit, ut, si forte Barenses aliquem incursum versus naves attentarent, directo cursu a militibus navibus expeditius subveniretur [+] [subveniretur C Z : -rent B. [-]] subveniretursubveniretursubveniretursubvenirent. <3> Barenses autem primo quae [+] [primo quae C Z : demonstrare volentes id pro quo dux hoc B Pontieri. [-]] primo quaeprimo quaedemonstrare volentes id pro quo dux hoc agebat [+] [agebat C B : -bant Z ed. pr. [-]] agebatagebatagebant despectui [+] [despectui post habere transt. B Pontieri. [-]] habere [+] [habere C B : haberent Z habentes Z2 ed. pr. [-]] habere despectuidespectui haberentdespectui habentes [+] [Z2 : despectui habentes [-]] a'Ce verbe est le premier d’une suite d’infinitifs de narration, reconnus par Desbordes 2005, 151-152 (voir aussi « Introduction » de la version imprimée, n. 183 ; Lucas-Avenel 2014). La ponctuation forte qui indique que ces infinitifs ne sont pas liés syntaxiquement à coeperunt, lequel ne régit que metiri, peut être placée avant ou après le syntagme turribus suis fidentes. Voir de même, par exemple, II, 40, 4., omnia vilipendere, ornamenta sua thesaurorumque [+] [thesaurorumque C B : thesaurumque Z. [-]] thesaurorumquethesaurorumquethesaurorumquethesaurumque pretiosa [+] [pretiosa C ZB : speciosa Pontieri. [-]] pretiosapretiosapretiosaspeciosa de muro [+] [de muro om. ZB edd. [-]] [om.] dependentia ostentare [+] [ostentare C Z2B : honestare Z. [-]] ostentareostentareostentare [+] [Z2 : ostentare [-]] honestare, Guiscardo plura [+] [plura C Z : -rima B Pontieri. [-]] plurapluraplurima convicia [+] [convicia C Z : convivia B. [-]] conviciaconviciaconviciaconvivia inferre [+] [inferre C Z : inferentes B Pontieri. [-]] inferreinferreinferentes ; turribus suis fidentes, rerum exitus minus metiri coeperunt. Quae res [EP/p.44-45] Guiscardum [+] [guiscardum C B : -dus Z. [-]] GuiscardumGuiscardumGuiscardumGuiscardus ab incepto quidem non deterrebat [+] [deterrebat C Z : -bant B Pontieri. [-]] deterrebatdeterrebatdeterrebant ; sed animus [+] [animus C ZB : magis Pontieri praeeunte D. [-]] animusanimusanimusmagis*magis Pontieri praeeunte D ambitionis cupidine fervensb'Animus… fervens est un nominatif absolu (voir Desbordes 2005, 152), de même que II, 40, 5 : animuscaptus. Voir I, 5, 2, note philologique attachée à roborata., quanto pretiosiora [+] [post pretiosiora add. erant B. [-]] pretiosiorapretiosiorapretiosiorapretiosiora erant infra muros contineri [+] [contineri C Z : -re B. [-]] continericontinericontinericontinere discebat [+] [discebat C B : dicebat Z dicebant edd. [-]] discebatdicebatdicebant, tanto ardentius spe [+] [spe ZB : saepe C. [-]] spespespesaepe ea lucrandi ad quod coeperat persistendum [+] [persistendum C Z : -do B. [-]] persistendumpersistendumpersistendumpersistendo mentis instantiam figebat [+] [figebat C Z : fingebat B. [-]] figebatfigebatfigebatfingebat, subridendo illis respondens [+] [respondens ZB : -des C. [-]] respondensrespondensrespondensrespondes : « Quae [+] [quae C Z : quo B ut vid. [-]] QuaeQuaeQuaeQuo*quo ut vid., inquit, ostentatis [+] [ostentatis C Z : ostenditis B. [-]] ostentatisostentatisostentatisostenditis mea sunt et quiac'Sur la valeur de quia préféré à quod dans ce tour du fait de sa nuance causale, et la traduction de la complétive, voir Desbordes 2007, 66, n. 53. a vobis voluntarie [+] [voluntarie post mihi transt. B. [-]] mihivoluntarie mihivoluntarie mihivoluntarie mihimihi voluntarie praesentantur [+] [praesentantur ZB : -atur C. [-]] praesentanturpraesentanturpraesentanturpraesentatur, habeo gratum. Estote fideles ad tempus in conservando [+] [conservando C Z : confluando B. [-]] conservandoconservandoconservandoconfluando ! Vobis quippe [+] [quippe om. B. [-]] quippequippequippe[om.] de amissione dolentibus, fiam quandoque largus ea [+] [ea C B : et Z in edd. [-]] eaetin distribuendo ». <4> Sicque suos ad urbem [+] [sicque suos ad urbem iter. Z. [-]] Sicque suos ad urbemSicque suos ad urbemSicque suos ad urbemSicque suos ad urbem sicque suos ad urbem debellandam [+] [debellandam ZB : -da C. [-]] debellandamdebellandamdebellandamdebellanda exhortationibus et promissis [+] [promissis C Z : -sionibus B Pontieri. [-]] promissispromissispromissionibus inflammans [+] [inflammans C Z : inflans B. [-]] inflammansinflammansinflammansinflans, laboris sui [+] [sui C Z : suis B. [-]] suisuisuisuis renuntiationisque [+] [renuntiationisque Z : remunerationisque C Z2 Me remunerationis B. [-]] renuntiationisquerenuntiationisqueremunerationisque [+] [Z2 : remunerationisque [-]] remunerationisd'La présence de -que interdit de conserver la leçon de C, remunerationis, qui n’a pas de sens s’il est coordonné à laboris. Du coup, B a supprimé -que, comprenant sans doute remunerationis comme un génitif explicatif, complément de praemium. La succession des jambages ainsi qu’un tilde mal placé ou mal formé sur le subarchétype ont pu amener les copistes à écrire remunerationisque au lieu de renuntiationisque, que Z a retrouvé. praemium infra muros [+] [muros C B : murum Z edd. [-]] murosmurum testatur [+] [testatur C Z : testatus B. [-]] testaturtestaturtestaturtestatus esse. Ipse [+] [ipse C B : ipsa Z. [-]] IpseIpseIpseIpsa omnia [+] [omnia C Z : moenia Z2 edd. et jam B. [-]] omniamoenia [+] [Z2 : moenia [-]] et jam circumire [+] [circumire C : circuire ZB. [-]] circumirecircumirecircuire, aggeres [+] [aggeres C Z : -rens B. [-]] aggeresaggeresaggeresaggerens comportare, urbem vallare, arietes facere, ceteraque machinamenta [+] [machinamenta C B : machinaxinamenta Z. [-]] machinamentamachinamentamachinamentamachinaxinamenta quae <ad> [+] [ad add. Desbordes. [-]]  usum [+] [usum C def. Desbordes : usui ZB edd.. [-]] usumusui capiendae urbis necessaria erant [+] [erant om. B. [-]] eranteranterant[om.] componere, suos instruere, hostes infestare [+] [infestare C Z : instare B. [-]] infestareinfestareinfestareinstare : metum jugi instantia studebat incutere [+] [incutere C Z : incurrere B. [-]] incutereincutereincutereincurrere. <5> Barenses ergo, videntes constantiam ducis ultra quam rati erant incepto [+] [incepto C : in incepto Z om. B edd. [-]] in incepto[om.]e'L’emploi du datif se retrouve dans une expression analogue en III, 4 (Pontieri, p. 59, l. 9) : infestationi indivulse persistens. Ailleurs, au contraire, chez Malaterra – conformément à la construction habituelle du verbe –, le complément de persistere est introduit par in. Voir II, 43, 1 ; II, 45, 5 ; III, 6 (Pontieri, p. 60, l. 15) ; III, 29 (Pontieri, p. 75, l. 10) ; III, 36 (Pontieri, p. 78, l. 27) ; IV, 15 (Pontieri, p. 94, l. 4) ; IV, 26 (Pontieri, p. 105, l. 21) ; IV, 28 (Pontieri, p. 106, l. 23-24). indivulsam [+] [indivulsam edd. : -sa C ad divulsam Z divulsam B. [-]] indivulsamindivulsaad divulsamdivulsam persistere [+] [persistere C Z : insis- B. [-]] persisterepersisterepersistereinsistere, victumque infra urbem, nullo ad introducendum, hostibus [+] [hostibus C Z : hostium B. [-]] hostibushostibushostibushostium circumsertis [+] [circumsertis C Z : -spectis B Pontieri. [-]] circumsertiscircumsertiscircumspectisf'Le verbe circumsero, donné par C Z, signifie « semer autour » chez Pline (Naturalis historia, 21, 72) : le TLL III, s.v., col. 1165, l. 83 – col. 1166, l. 2, ne signale que cette occurrence, et il s’agit d’un hapax chez Malaterra., aditu patente, a multitudine inermis vulgi, mulierum scilicet et puerorum, inutiliter devastari, quod vi nequibant [+] [nequibant C Z : nequebant B. [-]] nequibantnequibantnequibantnequebant, dolo vitae ducis periculum parant ; pretioque [+] [pretioque C Z2B : pretiosoque Z. [-]] pretioquepretioquepretioque [+] [Z2 : pretioque [-]] pretiosoque composito, a [+] [a C ZxB : ad Z. [-]] aaa [+] [Zx : a [-]] ad quodam [+] [quodam C Z : quondam B. [-]] quodamquodamquodamquondam levitatisg'Le substantif levitatis est un génitif hébraïque, cas isolé chez Malaterra. Plutôt qu’« irréfléchi », le terme pourrait signifier ici « rapide, agile ». Mais le sens moral coïncide avec le regard que Malaterra porte sur cet homme dans la phrase suivante. Guillaume de Pouille emploie l’adjectif levis dans le portrait qu’il consacre à ce personnage, et le contexte conduit aussi à donner une valeur morale à l’adjectif (Guil. Ap. II, 549 : Promtus ad omne malum, levis, iracundus et audax, « C’était un étranger, prêt à tous les méfaits, irréfléchi, irascible et audacieux » ; trad. Mathieu 1961, 163, retouchée). viro ut, urbe [+] [urbe C Zx : urbem ZB. [-]] urbeurbe [+] [Zx : urbe [-]] urbem digrediens, illum spiculo corripereh'Corripere a ici le sens de « frapper », comme en II, 4, 3. Voir, au contraire, II, 40, 6 : parte vestium correpta. attentet mercantur [+] [attentet mercantur C Z : attentaret mercaretur B. [-]] attentet mercanturattentet mercanturattentet mercanturattentaret mercaretur. Animus aeger [+] [animus (-mos B) aeger C ZB : amerinus ergo edd. [-]] Animus aegerAnimos aegerAmerinus ergo avaritia pactionis [+] [pactionis C : partio- B captio- Z edd. [-]] partioniscaptionis cupidine captusαSur l’établissement de cette junctura sallustéenne, voir Lucas-Avenel 2008a, 39-40, et « Introduction » de la version imprimée, p. 49. Malaterra ne donne pas le nom du criminel, contrairement à ce qu’avaient pensé les éditeurs précédents., ad [+] [ad om. ed. pr. [-]] adadad[om.] perpetrandum [+] [perpetrandum C Z : parpat- B appetendum ed. pr. [-]] perpetrandumperpetrandumperpatrandumappetendum tam nobile, ut sibi tunc [+] [tunc om. Z ed. pr. [-]] tunctunc[om.] videbatur, facinus accelerat ; spiculoque venenis infecto ab edocentibus [+] [edocentibus ZB : educ- C. [-]] edocentibusedocentibusedocentibuseducentibus se tantae versutiae [+] [versutiae C Z : virtutis B. [-]] versutiaeversutiaeversutiaevirtutis fraudem [+] [fraudem C ut vid. Z : -de B. [-]] *fraudem ut vid.fraudem*fraudem ut vid.fraudem*fraudem ut vid.fraudem*fraudem ut vid.fraude accepto [+] [accepto C Z : -ta B. [-]] acceptoacceptoacceptoaccepta, urbe [+] [urbe C ZxB : urbem Z. [-]] urbeurbeurbe [+] [Zx : urbe [-]] urbem digressus, quasi unus ex nostris lapides funda versus hostes super muros [+] [super muros C Z : om. B supra muros edd. [-]] super muros[om.]supra muros jaciendo [+] [jaciendo C : jacendo ZB Pontieri [-]] jaciendojacendo, castra [+] [ante castra add. adversus Z edd. [-]] castraadversus castra nostrorum dolose speculatum circumvenit. <6> Sicque, <cum> [+] [cum addidi. [-]] i'Une conjonction a été perdue par les manuscrits, comme l’indique le subjonctif imparfait properaret, que Zurita et Pontieri avaient remplacé par un indicatif. vesperascente [+] [vesperascente C : -rescente Z -rante B. [-]] vesperascentevesperascentevesperescentevesperante die nox intercludere solis radios properaret [+] [properaret C ZB : properat edd. [-]] properaretproperaretproperat cumque, cenae hora instante [+] [instante C Z : instaret B. [-]] instanteinstanteinstanteinstaret, dux in tabernaculo suo ex foliosis [+] [foliosis C Z : foliis B. [-]] foliosisfoliosisfoliosisfoliis arborum ramis composito resedisset [+] [resedisset C : redis- Z sedis- B edd. [-]] redissetsedisset, ille a tergo veniens, ramoso pariete [+] [pariete C Z2B : parite Z. [-]] parieteparietepariete [+] [Z2 : pariete [-]] parite interposito, ducem primo [+] [primo B : praevio Z ed. pr. praemuni C. [-]] primopraeviopraemuni oculo, deinde et [+] [et om. ZB edd. [-]] [om.] aure [+] [aure C Z2Bx : aurem ZB. [-]] aureaure [+] [Z2 Bx : aure [-]] aurem per vocem bene visum credens, spiculum [+] [spiculum C Z : spec- B. [-]] spiculumspiculumspiculumspeculum quod ad hoc acceperat [+] [acceperat C Z : cep- B. [-]] acceperatacceperatacceperatceperat fortiter impingendo, parte vestium [+] [vestium ZB : vestrum C. [-]] vestiumvestiumvestiumvestrum correpta, sed, Deo protegente, ipso illaeso permanente, in terra [+] [terra C ZB : terram edd. [-]] terraterraterram defixit [+] [defixit ZB : dif- C. [-]] defixitdefixitdefixitdifixit. Sicque ducem laesum credens, incasso vulnere spiculo amisso, nihil [+] [nihil C ZB2 : om. B. [-]] nihilnihilnihil [+] [B2 : nihil [-]] [om.] sibi fuga utilius credens, quam velocius potuit cursu sese infra urbem recepit. <7> Ducis vero [+] [vero C Z : ergo B. [-]] veroveroveroergo ministri tali facto expavefacti, extra prosilientes, dolo [+] [post dolo add. et Z. [-]] dolodolodolodolo et cognito, noctis excubias solito [+] [solito om. B. [-]] solitosolitosolito[om.] attentius <…> [+] [lacunam ind. Desbordes. [-]]  vigilesque [+] [vigilesque C ZBx : -liesque B. [-]] vigilesquevigilesquevigilesque [+] [Bx : vigilesque [-]] vigiliesque circa ducem deputant, caementariosque [+] [caementariosque Pontieri : -rios Z ed. pr. rementariosque C cemeteriaque B. [-]] caementariosrementariosquecemeteriaque ex ejus edicto [+] [edicto ZB : edito C. [-]] edictoedictoedictoedito conducentes, summo diluculo domum [+] [domum post petrinam transt. Z edd. [-]] petrinam [+] [petrinam Z ut vid. B Me : paternam C primum ed. pr. [-]] domum paternampetrinam*petrinam ut vid. domumprimum domum inceptam [+] [inceptam om. ZB edd. [-]] [om.] brevi perficiunt.

II, 22, 4 (post erant) – II, 46 desunt in A

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1Bari, capitale depuis 893 du thème de Longobardie, puis du catépanat d’Italie, était la ville la plus riche de la Pouille. La prise de la ville était d’une importance capitale pour Robert, du point de vue politique et stratégique, comme le souligne Guillaume de Pouille (II, 480-485). Elle était protégée d’un mur, sans doute aussi d’un avant-mur et était pourvue d’un πραιτώριον, où résidait le catépan ; voir Martin & Noyé 1991b, 49-50.

2Romain IV Diogène a succédé à Constantin X Doukas en 1068. Au début de 1064, le nouveau catépan Abulcharès était venu s’installer à Bari, rendant caduque le dernier pacte que la ville avait conclu avec les Normands. À sa mort, avant le mois de septembre 1068, Pérénos, gouverneur de Durrës, le remplace, mais celui-ci n’est pas autorisé à débarquer à Bari, si bien qu’il n’y avait probablement pas de catépan en 1068 (Bünemann 1989, 44-45). Au même moment, l’empereur Romain Diogène avait pris la décision d’occuper toutes ses forces à repousser les Turcs, délaissant du coup ses possessions en Italie méridionale, ce dont Guiscard a pu être informé, étant donné le grand nombre de mercenaires qui avaient rejoint l’armée impériale. En outre, un parti philonormand se serait formé à Bari dès 1046, afin de s’opposer au parti philobyzantin, mais il était probablement minoritaire. Les alliances étaient de toute façon de courte durée, répondant dans tous les cas aux circonstances fluctuantes (Tramontana 1990, 100).

3C’est en août 1068, après la prise de Montepeloso, que dut commencer le siège de Bari, qui ne s’acheva qu’en 1071. Tous les manuscrits du De rebus gestis Rogerii donnent l’année 1067, mais on connaît la date par l’Anonyme de Bari : Mill. LXVIII. Ind. VI […] die quinto astante Augusti venit dux Robberto et obsedit Bari per terra et mare. Lupus date en revanche le début du siège du mois de septembre.

4Bari, ville côtière, est située sur un promontoire barré. Elle était fermée au sud par un mur semi-circulaire d’environ un kilomètre de long, clos à l’est par le palais du catépan (voir Bünemann 1989, 42-43 : schéma de la ville).

5Sur le blocage de la ville par voie de terre et la tentative de Robert d’ouvrir une brèche dans les murailles de la ville, voir Guil. Ap. II, 517-522. Guillaume de Pouille avait cependant précisé que le blocage ne fut organisé par Robert qu’après qu’il eut tenté de prendre la ville d’assaut, ce dont Malaterra ne dit rien.

6Sur le blocage de la ville par la mer, voir aussi Aimé V, 27 et Guil. Ap. II, 522-524. Robert avait fait venir ses navires de Calabre, précise Guillaume de Pouille (II, 486).

7La construction du pont pour fermer le port de la ville date d’après septembre 1070, selon Lupus Protospatarius, Annales, ad an. 1071. Guil. Ap. II, 524-527, mentionne la construction d’un port et d’un pont, sur lequel il fit fortifier une tour. Bünemann 1989, 52-53, conteste la faisabilité des travaux décrits par Malaterra : la ceinture tout autour de la ville aurait dû mesurer plus d’un kilomètre et demi, nécessitant un nombre de bateaux considérable (de même Stanton 2011, 41-42). Aussi se fie-t-il plutôt aux témoignages de Guillaume de Pouille et de Lupus Protospatarius, selon lesquels le duc bloqua le port, situé au sud-est de la ville médiévale, et non la ville elle-même. Malgré tous les travaux de siège, les habitants de Bari parvinrent à faire passer des messagers à l’empereur de Constantinople : il est possible que la surveillance maritime fût assez lâche devant les murailles de la cité qui donnaient sur la mer.

8Sur les armes utilisées par Guiscard lors du siège de Bari, voir Taviani-Carozzi 1996a, 263 ; Settia 2006, en particulier 146-147.

9La tentative d’assassinat de Guiscard intervint peut-être pendant l’automne 1070. Guillaume de Pouille (II, 543-546) précise que l’instigateur de la ruse fut Étienne Patéranos, envoyé par l’empereur de Constantinople pour soutenir les habitants de Bari. Patéranos commandait la flotte obtenue en renfort par Byzantius, chef du parti philobyzantin, qui fut assassiné le 18 juillet 1070 (Anon. Bar., ad an. 1070) ; voir II, 43, 1.

10Spiculum désigne un objet pointu, qui peut être une flèche, un javelot, une pique. Le terme employé par Guillaume de Pouille est contus, « pointe, épieu, pique » (Guil. Ap. II, 552 et 561). Le poète ne précise pas que l’arme était infestée de venin.

11De même, Guil. Ap. II, 559-560 : Coenatum vespere facto / Venerat.

12Pour la description de la tente de Robert, voir Guil. Ap. II, 557-559 : « il l’avait couverte d’un toit de chaume et entourée de branches et de feuilles pour se protéger du froid de l’hiver » (trad. Mathieu 1961, 163).

13Guillaume de Pouille n’invoque pas la protection divine, mais un mal qui arrive à point nommé (Guil. Ap. II, 562-565) : « Mais Robert, sentant une surabondance de flegme dans sa bouche, avait penché la tête sous la table. L’épieu ne trouva donc qu’une place vide et ne frappa que de vains coups » (trad. Mathieu 1961, 163).

14De même Guillaume de Pouille (II, 566-573) rapporte la fuite de l’homme de Bari, mais la fin de l’épisode est tout à fait différente, car le poète s’intéresse à la réaction des habitants de Bari plutôt qu’à celle des Normands : il montre la vanité des cris de joie que les ennemis de Robert font retentir à la fausse nouvelle de la mort du duc, nouvelle que ce dernier s’empresse de démentir.

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a'Ce verbe est le premier d’une suite d’infinitifs de narration, reconnus par Desbordes 2005, 151-152 (voir aussi « Introduction » de la version imprimée, n. 183 ; Lucas-Avenel 2014). La ponctuation forte qui indique que ces infinitifs ne sont pas liés syntaxiquement à coeperunt, lequel ne régit que metiri, peut être placée avant ou après le syntagme turribus suis fidentes. Voir de même, par exemple, II, 40, 4.

b'Animus… fervens est un nominatif absolu (voir Desbordes 2005, 152), de même que II, 40, 5 : animuscaptus. Voir I, 5, 2, note philologique attachée à roborata.

c'Sur la valeur de quia préféré à quod dans ce tour du fait de sa nuance causale, et la traduction de la complétive, voir Desbordes 2007, 66, n. 53.

d'La présence de -que interdit de conserver la leçon de C, remunerationis, qui n’a pas de sens s’il est coordonné à laboris. Du coup, B a supprimé -que, comprenant sans doute remunerationis comme un génitif explicatif, complément de praemium. La succession des jambages ainsi qu’un tilde mal placé ou mal formé sur le subarchétype ont pu amener les copistes à écrire remunerationisque au lieu de renuntiationisque, que Z a retrouvé.

e'L’emploi du datif se retrouve dans une expression analogue en III, 4 (Pontieri, p. 59, l. 9) : infestationi indivulse persistens. Ailleurs, au contraire, chez Malaterra – conformément à la construction habituelle du verbe –, le complément de persistere est introduit par in. Voir II, 43, 1 ; II, 45, 5 ; III, 6 (Pontieri, p. 60, l. 15) ; III, 29 (Pontieri, p. 75, l. 10) ; III, 36 (Pontieri, p. 78, l. 27) ; IV, 15 (Pontieri, p. 94, l. 4) ; IV, 26 (Pontieri, p. 105, l. 21) ; IV, 28 (Pontieri, p. 106, l. 23-24).

f'Le verbe circumsero, donné par C Z, signifie « semer autour » chez Pline (Naturalis historia, 21, 72) : le TLL III, s.v., col. 1165, l. 83 – col. 1166, l. 2, ne signale que cette occurrence, et il s’agit d’un hapax chez Malaterra.

g'Le substantif levitatis est un génitif hébraïque, cas isolé chez Malaterra. Plutôt qu’« irréfléchi », le terme pourrait signifier ici « rapide, agile ». Mais le sens moral coïncide avec le regard que Malaterra porte sur cet homme dans la phrase suivante. Guillaume de Pouille emploie l’adjectif levis dans le portrait qu’il consacre à ce personnage, et le contexte conduit aussi à donner une valeur morale à l’adjectif (Guil. Ap. II, 549 : Promtus ad omne malum, levis, iracundus et audax, « C’était un étranger, prêt à tous les méfaits, irréfléchi, irascible et audacieux » ; trad. Mathieu 1961, 163, retouchée).

h'Corripere a ici le sens de « frapper », comme en II, 4, 3. Voir, au contraire, II, 40, 6 : parte vestium correpta.

i'Une conjonction a été perdue par les manuscrits, comme l’indique le subjonctif imparfait properaret, que Zurita et Pontieri avaient remplacé par un indicatif.

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αSur l’établissement de cette junctura sallustéenne, voir Lucas-Avenel 2008a, 39-40, et « Introduction » de la version imprimée, p. 49. Malaterra ne donne pas le nom du criminel, contrairement à ce qu’avaient pensé les éditeurs précédents.