chapitre 43

capitulum XLIII

Le duc s’empare de Bari avec l’aide du comte Roger

Dux auxilio comitis Rogerii Barum capit

<1> La ville de Bari était alors gouvernée par un Grec, du nom d’Argyrizzos1L’anthroponyme connaît quelques variantes chez les contemporains de Malaterra. Ainsi, Guil. Ap. III, 144, note Argiricius ; Lupus Protospatarius, Annales, ad an. 1071, Argirichi filii Ioannaci ; Aimé V, 27, Argence. Il s’agit d’Argyrizzos, fils de Ioannakès. Il devint, malgré sa probable origine grecque, le chef du parti philonormand de Bari et s’opposa à Byzantius, qui dirigeait le parti philobyzantin, précise Aimé V, 27. Jamais les critères ethniques n’ont eu de conséquences sur les choix des Apuliens à embrasser tel ou tel parti (Bünemann 1989, 53). Dans la cité de Bari, la population lombarde, très majoritaire, côtoyait des Grecs, des Arméniens, des Slaves, des Sarrasins, des Juifs (voir Tramontana 1990, 100 et Martin 1993, 489-520)., sous l’autorité de l’empereur ; cet homme, ayant tenu conseil au vu des circonstances avec les autres citoyens, couche par écrit les épreuves endurées par la ville et par ses citoyens ainsi que le harcèlement exercé par les ennemis et, par l’entremise d’un émissaire2C’est la troisième ambassade envoyée par les habitants de Bari à l’empereur. La première nous est connue par Aimé V, 27, Guil. Ap. II, 487-490 et 543-544 et Anon. Bar., ad an. 1069. Byzantius parvint à Constantinople, malgré l’attaque de Guiscard prévenu par Argyrizzos, et revint avec le soutien d’une flotte commandée par Étienne Patéranos et un nouveau catépan (dont le nom d’Avartutèle est sans doute corrompu ; voir trad. Dunbar & Loud 2004, 144, n. 47). Seul Aimé V, 27, témoigne de la deuxième ambassade, qui eut lieu peut-être avant l’hiver 1070-1071. La troisième ambassade doit dater du début de 1071 (voir phrase suivante : tertio anno instante et Anon. Bar., ad an. 1071) ; elle fut menée par Étienne Patéranos et reçue par Romain Diogène., qui sort secrètement de la ville pendant la nuit, il envoie le document à Diogène, empereur de Constantinople : vaincus par la disette, ils perdraient la ville, qui, seule à lui rester fidèle, était frappée de tous côtés par les attaques de l’ennemi, s’il ne venait pas immédiatement les secourir ; cernés par les ennemis qui les pressaient déjà depuis trois ans, les citoyens, perdant courage à cause de la durée du conflit, préparaient la reddition ; s’il ne conservait pas la ville, tout espoir serait perdu de recouvrer plus tard le pays envahi par l’ennemi. <2> L’émissaire, se démenant pour accomplir fidèlement les instructions reçues, achève en peu de temps le long voyage jusqu’à Byzance. Il se rend auprès de l’empereur pour lui remettre les lettres dont on l’avait chargé : il y ajoute un discours l’exhortant à venir secourir ses sujets. <3> L’empereur, ayant reçu et lu les lettres, dépêche un émissaire à Durrës et fait armer une flotte innombrable : nommant, pour commander celle-ci, un certain Goscelin de Corinthe3Goscelin, comte de Molfetta, était l’un des conjurés de Pouille, réprimés par Guiscard durant les années 1064-1068, qui avaient fui à Constantinople (voir II, 39, 1). Selon Aimé V, 4, Robert lui avait « donné Bar en trebut », avant qu’il se rebelle, puis lui avait confisqué tous ses biens (voir trad. Dunbar & Loud 2004, 133, n. 5). Aimé V, 27, rapporte que c’est le Normand lui-même qui demande à l’empereur, préoccupé par la guerre contre les Turcs, de le placer à la tête de la flotte (voir aussi Guil. Ap. III, 117-121). On ignore pourquoi Malaterra rattache Goscelin à Corinthe : a-t-il reçu un titre pendant son séjour à Byzance ? Quoi qu’il en soit, il semble peu probable qu’il faille associer cette donnée à l’emploi de dux, trop éloigné du nom du personnage pour correspondre à une titulature, selon les usages de Malaterra (voir Desbordes 2007, 73, n. 80)., un Normand de naissance, qui tenait la seconde place dans le palais après l’empereur – parce que, pour le dire en peu de mots, il était vaillant à la guerre et avait l’esprit délié –, il lui ordonne de porter secours aux habitants de Bari avec de nombreuses troupes4L’empereur fit appareiller vingt navires, selon Aimé V, 27.. <4> Ensuite, le messager, revenant à Bari sur ordre de l’empereur, entre dans la ville à l’insu des ennemis comme il en était sorti. Il rapporte les faits à ses concitoyens et les informe du signal qui devait les prévenir de l’arrivée des secours ; il les avertit de faire le même signal depuis chaque bastion en réponse à ceux qui approchaient – c’est-à-dire allumer des torches –, pour éviter qu’ils ne s’écartent du lieu précis du port5Le port de Bari se situait au sud-est du promontoire.. <5> Les habitants de Bari, comblés de joie à cette nouvelle, mais se pressant plus qu’ils ne devaient – car « pour l’âme humaine rien ne marche assez vite au gré de ses désirs » – allument les torches la nuit suivante et, criant et s’amusant, se montrent plus gais que d’habitude. Chez les nôtres, on commence à se demander ce que peut bien signifier un tel comportement : on envisage de multiples hypothèses ; on argumente de tous côtés ; les plus avisés découvrent la vérité sur le sujet : des secours leur arrivent par la mer. <6> Roger, le comte de Sicile, était arrivé avec une flotte considérable au secours du duc son frère, qui l’avait récemment invité à le rejoindre6Seul Malaterra, repris par Anon. Vat., p. 764, mentionne la présence de Roger au siège de Bari. Le comte joue dès lors le premier rôle, à la place de son aîné, dans les actions menées pour prendre la ville. Le témoignage de Malaterra est donc suspect. Cependant, il n’est pas impossible que Roger ait disposé de navires siciliens et calabrais susceptibles de soutenir la flotte de Robert ; en outre, comme il ne remportait aucune victoire importante en Sicile en l’absence de Robert, il avait intérêt à ce que le siège de Bari s’achève au plus vite. : dans tous les combats, il avait la fougue du lion, mais elle était guidée par la clairvoyance et secondée par la fortune. Faisant preuve d’habileté dans cette affaire, il ordonne d’aller observer chaque nuit si l’on distinguait au loin sur la mer des navires en approche, quand voici qu’au beau milieu d’une nuit7L’arrivée de nuit des navires byzantins est confirmée par Aimé V, 27 : « il estoit nuit » et Guil. Ap. III, 122 : nocturno tempore. La bataille navale eut lieu en février 1071, d’après l’Anonyme de Bari. on voit apparaître de loin des lanternes brillant comme des étoiles au sommet du mât de chaque navire. <7> Et, dès que le comte en est informé, sans perdre un instant, il court au-devant de l’ennemi avec une troupe armée, comptant sur sa flotte très puissante. Les ennemis les aperçoivent de loin, mais les prenant pour des habitants de Bari qui, émus de joie, se précipitaient vers eux, ils ne se préparent pas du tout à se défendre8Guillaume de Pouille (III, 121-124) précise aussi que Goscelin ne se tenait pas sur ses gardes, car il arrivait de nuit, si bien qu’il fut surpris par l’attaque de Robert.. Le comte, ayant reconnu de loin le navire de Goscelin9Guillaume de Pouille emploie, comme Malaterra, le terme générique navis, pour désigner le navire de Goscelin (Guil. Ap. III, 129 : Gocelini navis). Selon l’Anonyme de Bari, Goscelin avait embarqué sur un chelandion, navire de guerre byzantin, sorte de dromon, qui servait aussi de navire de transport notamment pour les chevaux (voir Stanton 2011, 12, n. 24 ; 37 ; 49), et les Normands coulèrent en outre une gata impériale. Sur ces navires, voir II, 8, 2-3., le chef des ennemis, parce qu’il était distinct de tous les autres par ses deux lanternes, ordonne à ses hommes de diriger leur attaque contre lui. <8> Et, pendant qu’on combattait vigoureusement, un de nos navires aborda l’un des leurs avec une si grande violence que cent cinquante de nos hommes revêtus d’une cuirasse, s’étant portés dangereusement avec le poids de leurs armes sur le même côté du navire, périrent noyés. Le comte sort pourtant vainqueur de son combat contre Goscelin : l’ayant dépouillé de ses armes, il le fait monter sur son navire et revient glorieux et triomphant auprès de son frère10La victoire navale de Roger est retentissante pour les Normands, qui, forts désormais de cette expérience sur mer, nourrissent de nouveaux espoirs de conquête vers Palerme, comme en témoigne très précisément Guil. Ap. III, 132-138 : « L’armée normande, ignorante jusque-là de la guerre navale, en revenant victorieuse, accroit l’espoir de son prince. Il comprend, en effet, que les Grecs, avec leurs vaisseaux, n’avaient pas apporté aux habitants de la ville assez de secours pour le contraindre à lever le siège. Il se réjouit beaucoup en même temps de la nouveauté de ce triomphe sur mer, lequel lui permet désormais de nourrir l’espoir de mener avec plus de confiance des combats navals à la tête des Normands » (trad. Mathieu 1961, 171, retouchée).. <9> Or le duc était extrêmement angoissé par la crainte de perdre son frère au combat, car il ne pouvait pas le secourir, et Roger était le seul frère qui lui restât, tous les autres étant morts11Un autre cadet de Robert, Guillaume, comte du Principat, est encore vivant au moment du siège de Bari : il meurt en 1080 et est enterré à Venosa.. Mais, lorsqu’on lui annonce qu’il rentre vainqueur et indemne, il affirme qu’il n’en veut croire personne, quand enfin, comblé d’aise à sa vue, il fond en larmes, tout en le palpant pour s’assurer qu’il était sain et sauf. Quant au comte, il offre au duc pour l’honorer son prisonnier Goscelin12Sur le sort de Goscelin et des prisonniers, voir Aimé V, 27 ; Guil. Ap. III, 128-130 et 139-141., merveilleusement paré de pourpre selon la coutume grecque. <10> Alors, les habitants de Bari, déçus dans leur espérance, n’ayant pas la force de supporter plus longtemps le siège des ennemis, capitulent13Les autres sources s’accordent pour dire que Bari capitula rapidement après la victoire navale des Normands. Aimé et Guillaume de Pouille précisent le rôle d’Argyrizzos dans cette prise de décision. Voir Aimé V, 27 ; Guil. Ap. III, 142-147. et concluent une alliance avec le duc, en l’an 107014Malaterra ayant indiqué que le siège avait commencé en 1067 et duré trois ans, il semble que l’année 1070, transmise par les manuscrits, soit bien celle portée par l’hyparchétype. En outre, le choix du style de Pâques a pu l’amener à adopter ce millésime. Les autres sources apportent cependant des précisions sur la date. Aimé V, 27, propose la date suivante : « Lo samedi devant lo dyemenche de Palme, lo gloriouz duc entra en la cité de Bar », c’est-à-dire le 16 avril (Bünemann 1989, 65). Au contraire, Lupus Protospatarius, Annales, ad an. 1071, donne la date du 15 avril 1071 ; voir aussi Anon. Bar., ad an. 1071 : in medio mense aprilis. du Seigneur. Le duc, dont le vœu s’était pleinement réalisé, remercie son frère et toute l’armée ; après avoir organisé la ville à son gré15Guil. Ap. III, 149-157, souligne que le duc fit preuve d’une grande clémence vis-à-vis des habitants (comme plus tard à Palerme) : « Robert témoigna aux habitants de la douceur et de l’amour. Et comme il chérissait toujours tous ceux qu’il avait gagnés, tous le chérissaient. Le duc rendit aux habitants beaucoup de ce qu’on leur avait enlevé par force ou par ruse, champs, propriétés, domaines : il leur restitua ce qu’ils avaient perdu. Il ne fit lui-même aucun tort aux habitants, il ne permit aux autres d’en faire aucun et il donna la liberté et la tranquillité aux habitants accoutumés à payer tribut aux Normands des environs » (trad. Mathieu 1961, 173, retouchée)., envoyé son frère en Sicile avant lui et licencié son armée, il avertit qu’il mènerait sous peu une seconde expédition vers Palerme16Robert part pour Palerme en août 1071 avec son armée.. <11> Passant à Otrante17Otrante (prov. Lecce) était le port principal du thème de Longobardie pendant la période byzantine ; voir Falkenhausen 1986, 210. les mois entiers de juin et juillet, il fait ouvrir une brèche dans la montagne, afin de faciliter la descente vers la mer des chevaux qu’il faisait embarquer. C’est pourquoi, les habitants de Durrës18Durrës / Durazzo (dans l’actuelle Albanie, sur le littoral adriatique) est le point de départ de la Via Egnatia, qui conduit à Constantinople à travers les Balkans ; la place constitue un lieu stratégique entre l’Occident et l’Orient. C’est de cette ville qu’avaient embarqué les renforts byzantins. Les habitants craignent peut-être que Guiscard n’ait formé le projet de couper définitivement Bari de ses anciennes bases byzantines (voir Taviani-Carozzi 1996a, 278). sont épouvantés à l’idée qu’il traverse la mer avec son armée pour venir les attaquer ; et, lui offrant une mule et un cheval sous prétexte de l’honorer, ils dépêchent à cette occasion des espions chargés d’observer les préparatifs.

<1> Principabatur tunc temporis urbi Barensi sub imperatore [+] [imperatore ZB : -tori C. [-]] imperatoreimperatoreimperatoreimperatori Graecus quidam, Argeritius [+] [argeritius C Ca : -rius Z ed. pr. argentarius B argeticius Me. [-]] ArgeritiusArgeritiusArgeriusArgentariusArgeticius nomine ; qui, cum ceteris civibus pro tempore [+] [pro tempore om. B. [-]] pro temporepro temporepro tempore[om.] et loco [+] [et loco post consilio transt. B. [-]] consilioet loco consilioet loco consilioet loco consilioconsilio et loco habito, chartulis aerumnas urbis [+] [urbis C Z2B : verbis Z. [-]] urbisurbis [+] [Z2 : urbis [-]] verbis civiumque, sed [+] [sed om. B. [-]] sedsedsed[om.] et hostium infestationem [+] [infestationem Z : -ne B infestinacionem C. [-]] infestationeminfestationeminfestationeinfestinacionem adnotans, clam de nocte [+] [nocte C ZBx : noctem B. [-]] noctenoctenocte [+] [Bx : nocte [-]] noctem per quendam ab urbe digredientem Diogeno [+] [diogeno Z : diogerio C Ca dyogerio B. [-]] DiogenoDiogenoDiogerioDyogerio, Constantinopolitano imperatori [+] [imperatori om. B. [-]] imperatoriimperatoriimperatori[om.], dirigit [+] [dirigit ZB : -giti C. [-]] dirigitdirigitdirigitdirigiti : urbem quae [+] [urbem quae Z2 : urbemque C Z urbsque B. [-]] urbem quae [+] [Z2 : urbem quae [-]] urbemqueurbsque, sola in [+] [sola in om. B. [-]] sola insola insola in[om.] ejus fidelitate [+] [fidelitate C Z2B : felicati Z. [-]] fidelitatefidelitatefidelitate [+] [Z2 : fidelitate [-]] felicati persistens, undique hostili incursione quatiebatur [+] [quatiebatur C B : qua sciebatur Z. [-]] quatiebaturquatiebaturquatiebaturqua sciebatur, nisi [+] [ante nisi add. quam B. [-]] nisinisinisiquam nisi citius subveniat, se amissuros [+] [amissuros C Z : -rum sciat B -ros sciat Pontieri. [-]] amissurosamissurosamissurum sciatamissuros sciat victos [+] [victos C : victus ZB edd. [-]] victus penuria ; se [+] [se C ZxB : sed Z. [-]] sesese [+] [Zx : se [-]] sed, jam tertio anno instante [+] [instante C Z : instantibus B Pontieri. [-]] instanteinstanteinstantibus, hostibus circumseptos [+] [circumseptos C Z2 : -spectos Z -septo B Pontieri. [-]] circumseptos [+] [Z2 : circumseptos [-]] circumspectoscircumsepto, cives [+] [cives C ZB Me : cujus ed. pr. [-]] civescivescivescivescujus, diutino [+] [diutino C B : diuturno Z ed. pr. [-]] diutinodiutinodiuturno certamine deficientes [+] [deficientes ZB : dific- C. [-]] deficientesdeficientesdeficientesdificientes, deditionem parare [+] [deditionem parare C Z : -ni parari B. [-]] deditionem pararededitionem pararededitionem pararededitioni parari ; nisi ipsam retineat, spem nullam [+] [nullam C Z : nulla B. [-]] nullamnullamnullamnulla de recuperatione pervasae [+] [pervasae C Z : habere B. [-]] pervasaepervasaepervasaehabere ab hostibus patriae [+] [patriae C Z2B : patere Z. [-]] patriaepatriaepatriae [+] [Z2 : patriae [-]] patere ulterius reservari. <2> Legatus, quod [+] [quod C Z : quidem B. [-]] quodquodquodquidem instructus erat fideliter implere [+] [implere C B : adim- Z edd. [-]] implereadimplere satagens, brevi magnum conficiens [+] [conficiens C Z : -cens B. [-]] conficiensconficiensconficiensconficens iter, Byzantium [+] [byzantium edd. : biz- C : bisantium B bisanium Z2 brisangum Z. [-]] ByzantiumBizantiumBisantium [+] [Z2 : Bisanium [-]] Brisangum venit. Acceptas epistolas imperatori [+] [imperatori C1 ZB : -tore C. [-]] imperatoriimperatoriimperatori [+] [C1 : imperatori [-]] imperatore repraesentare [+] [repraesentare C1 ZB1 : -tari C B. [-]] repraesentarerepraesentare [+] [C1 B1 : repraesentare [-]] repraesentari vadit : epistolis orationem exhortatoriam [+] [exhortatoriam ZB : exhortatoria C. [-]] exhortatoriamexhortatoriamexhortatoriamexhortatoria, ut suis [+] [suis C Me : sibi B om. Z edd. [-]] suissibi[om.] subveniat [+] [subveniat C B : -nit Z. [-]] subveniatsubveniatsubveniatsubvenit, addit. <3> Imperator [+] [imperator C ZxB : -tori Z. [-]] ImperatorImperatorImperator [+] [Zx : Imperator [-]] Imperatori vero, susceptis epistolis ac perlectis, Duracium [+] [duracium C Z : ducium B. [-]] DuraciumDuraciumDuraciumducium mittens, classem innumeram [+] [innumeram C B : om. Z ed. pr. in mari Pontieri. [-]] innumeram[om.]in mari parare facit, cui Gozelinum [+] [gozelinum C Ca : goleninum Z gocessimum B gocelinum edd. [-]] GozelinumGoleninumGocessimumGocelinum de Corintho [+] [corintho C Ca Me : corticho B orencho Z ed. pr. [-]] CorinthoCorinthoCorinthoCortichoOrencho quendam, natione Normannum et in palatio post imperatorem secundum – paucis, quia strenuus [+] [quia strenuus C B : qui a strenuis Z ut vid. [-]] quia strenuusquia strenuusquia strenuusqui a strenuis*qui a strenuis ut vid. armis et consilio [+] [consilio C B : concilio Z. [-]] consilioconsilioconsilioconcilio callens erat – ducem imponens [+] [imponens prop. Desbordes : disponens C praeponens ZB edd. [-]] disponenspraeponensa'Desbordes 2007, 73, propose de remplacer les fautifs disponens (C) et praeponens (ZB), par imponens, apponens ou ponens., cum multis copiis Barensibus [+] [barensibus C Z : -ses B. [-]] BarensibusBarensibusBarensibusBarenses succurrendum [C/f.23v-24r] disponit. <4> Porro qui missus fuerat, jussus ab imperatore Barum regrediens, clam [+] [post clam add. per B Pontieri. [-]] clamclamclam per hostes urbem, ut exierat, intrat. Acta refert, signumque quo auxilium veniens eminus cognoscant edocet [+] [edocet Z : et docet C B. [-]] edocetedocetet docet ; ut simile signum de unoquoque propugnaculo contra adventantes [+] [adventantes B : adventatem C advenientes Z2 edd. adventiones Z. [-]] adventatemadvenientes [+] [Z2 : advenientes [-]] adventiones faciant [+] [faciant C Z : faciens B. [-]] faciantfaciantfaciantfaciens, faces [+] [faces C B : fasces Z ed. pr. [-]] facesfacesfasces scilicet accendant, ne a certo portu devient [+] [devient C B : deviant Z. [-]] devientdevientdevientdeviant, admonet. <5> Ba [EP/p.46-47] renses, hoc nuntio exhilarati, plus necessario festinantes – « animo enim cupienti nihil satis festinatur »αIl s’agit d’une citation exacte de Sall. Jug. 64, 6, reprise en IV, 26 (Pontieri, p. 105, l. 8-9). Nous devons la traduction à Ernout-Hellegouarc’h 1994, 207. Le même emprunt à Salluste se trouve par exemple deux fois chez Guillaume de Tyr (Willelmi Tyrensis archiepiscopi Chronicon, R. B. C. Huygens (éd.), CCCM 63-63A, 1986, livre VII, chap. 24, l. 47 ; livre XIV, chap. 28, l. 46) ; voir d’autres exemples de la même citation dans Lucas-Avenel 2014. –, in proximam [+] [proximam ZB : -ma C. [-]] proximamproximamproximamproxima noctem faces [+] [faces C B Me : fasces Z ed. pr. [-]] facesfacesfacesfasces accendunt, clamoribus et ludis [+] [ludis C Me : laudibus ZB Pontieri laudis ed. pr. [-]] ludislaudibuslaudisb'À l’appui de la leçon de C, confirmée par Me, on peut citer d’autres occurrences de confusion laud- / lud- (III, 13 [Pontieri, p. 65, l. 20] ludens C Z : laudans Z edd. ; III, 14 [Pontieri, p. 65, l. 23] ludat C Z2 : laudat Z). plus solito laetitiam ostendunt. Quidnam in [+] [in om. B. [-]] ininin[om.] hoc facto portendant [+] [portendant C : proce- B praete- Z edd. [-]] procendantpraetendant, inter nostros quaestio oritur : fit de pluribus rebus conjectura [+] [conjectura C B : conjunc- Z. [-]] conjecturaconjecturaconjecturaconjunctura ; undique argumentatur [+] [argumentatur C B : augmen- Z. [-]] argumentaturargumentaturargumentaturaugmentatur ; a prudentioribus rei veritas deprehenditur, auxilium videlicet per mare illis advenire. <6> Advenerat [+] [post advenerat add. tamen B Pontieri. [-]] AdveneratAdveneratAdvenerat tamen in auxilium ducis fratris [+] [fratris C Z : frater suus B. [-]] fratrisfratrisfratrisfrater suus plurimo remige [+] [remige C Z : -gio B. [-]] remigeremigeremigeremigio comes Siciliae, Rogerius, noviter a fratre invitatus, leoninam [+] [leoninam om. C. [-]] leoninamleoninamleoninam[om.] in omni certamine habens ferocitatem, quam [+] [quam C B Me : quem Z ed. pr. [-]] quamquamquamquem tamen prudentia regebat et fortuna favens [+] [favens C Z2B : fames Z. [-]] favensfavensfavens [+] [Z2 : favens [-]] fames comitabatur. Hic callide in [+] [in om. B. [-]] ininin[om.] hoc negotio agens, singulis noctibus speculatum [+] [speculatum C Z : -tur B. [-]] speculatumspeculatumspeculatumspeculatur iri [+] [iri C : ire ZB edd. [-]] ire jubet, si forte eminus per mare adventantes naves conspiciantur [+] [conspiciantur C : as- Z edd. ins- B. [-]] aspicianturinspiciantur, cum ecce quadam jam nocte mediante quasi stellae lanternae [+] [lanternae Z : laternae C lucer- B Pontieri. [-]] lanternaelaternaelucernae ardentes in summitate mali uniuscujusque navis eminus apparere conspiciuntur. <7> Quod cum a comite compertum fuisset, acceleratissime [+] [acceleratissime C B : -rantissime Z edd. [-]] acceleratissimeaccelerantissime, armata manu plurimo [+] [plurimo C Z : -ma B. [-]] plurimoplurimoplurimoplurima sese remigi [+] [remigi edd. : -ge C Z -gia B. [-]] remigiremigeremigia credens, obviam hostibus ire accelerat. Quos hostes eminus aspicientes, Barenses, qui sibi [+] [sibi C B Me : supra Z ed. pr. [-]] sibisibisibisupra prae gaudio occurrant [+] [occurrant C : -rerant ZB -rerent edd. [-]] occurrerantoccurrerent, rati [+] [rati C Z2 : irati ZB. [-]] ratirati [+] [Z2 : rati [-]] irati, minus sese ad defensionem [+] [ad defensionem om. B. [-]] ad defensionemad defensionemad defensionem[om.] aptant. Comes vero [+] [vero om. B. [-]] veroverovero[om.] navem Gozelini [+] [gozelini C : gocelini Z edd. gocellini B. [-]] GoceliniGocellini, qui dux hostium erat [+] [erat C Z : erant B. [-]] eraterateraterant, duabus lanternis [+] [duabus lanternis Z : duabus laternis C in laternis duabus B. [-]] duabus lanternisduabus lanternisduabus laternisin laternis duabus a ceteris distinctam eminus cognoscens, illam versus impetum [+] [impetum C B : -tu Z ed. pr. [-]] impetumimpetumimpetu suorum intendere jubet. <8> Dumque fortiter congrediuntur, tanta vi [+] [vi C Z2B : in Z. [-]] vivivi [+] [Z2 : vi [-]] in quaedam [+] [quaedam C B : quendam Z. [-]] quaedamquaedamquaedamquendam ex nostris super unam [+] [unam om. ZB edd. [-]] [om.] navem illorum grassata [+] [grassata C Z : cras- B. [-]] grassatagrassatagrassatacrassata est ut, ex uno latere cum pondere armorum incaute decurrentes [+] [decurrentes C B : -te Z edd. [-]] decurrentesdecurrente, centum quinquaginta loricati ex nostris submergerentur. Porro [+] [porro C B : vero Z edd. post comes transf. [-]] comesPorro comesComes vero Gozelinum [+] [gozelinum C : gocelinum Z edd. guzellinum B. [-]] GocelinumGuzellinum oppugnans superat [+] [superat C Z : ceperat B. [-]] superatsuperatsuperatceperat : inque [+] [inque C B : quem in Z edd. [-]] inquequem in suam navem [+] [navem C Z : navim B. [-]] navemnavemnavemnavim exarmatum [+] [exarmatum C Z2 : -tam ZB edd. [-]] [+] [Z2 : exarmatum [-]] exarmatam recipiens [+] [recipiens C Z : accipiens B. [-]] recipiensrecipiensrecipiensaccipiens, cum triumpho gloriosus ad fratrem remeat. <9> Dux vero timore [+] [timore post amittendi transt. Z edd. [-]] amittenditimore amittendiamittendi timore in certamine fratris plurimum angebatur, quippe cui [+] [cui C : enim B Pontieri om. Z ed. pr. [-]] enim[om.] nec succurrere poterat nec alium excepto illo, ceteris defunctis, habebat. At cum [+] [at cum C : ac c. B attamen Z ed. pr. [-]] At cumAc cumAttamen victor et [+] [et om. B. [-]] etetet[om.] incolumis redire [+] [redire ZB : redere C. [-]] redireredireredireredere nuntiatur, nulli [+] [nulli C Z : nullus B. [-]] nullinullinullinullus credulus fieri asserit [+] [asserit Z : assensit C potuit B. [-]] asseritasseritassensitpotuit, donec, visu sibi satisfaciente [+] [satisfaciente Z : -cione C -ceret B ut vid. [-]] satisfacientesatisfacientesatisfacionesatisfaceret*satisfaceret ut vid., utrum sanus esset scrutando ingeminat cum lacrimis. Comes vero Gozelinum [+] [gozelinum C : gocelinum Z edd. gocellinum B. [-]] GocelinumGocellinum, mirifice [+] [mirifice C Z : -co B. [-]] mirificemirificemirificemirifico Graeco more purpuratum [+] [purpuratum C Me : -tim Z praeparatum B edd. [-]] purpuratumpurpuratimpraeparatum, duci [+] [duci om. B. [-]] duciduciduci[om.] ad honorem repraesentat captivum. <10> Barenses itaque, se [+] [se om. B. [-]] sesese[om.] sua spe frustratos [+] [frustratos C Z2B : struitatos Z ut vid. frustrati edd. [-]] frustratos [+] [Z2 : frustratos [-]] struitatos*struitatos ut vid.frustratic'La leçon de C, sur laquelle s’accordent tous les manuscrits, conduit à reconnaître dans se… frustratos un accusatif absolu. Le tour n’est pas isolé chez Malaterra, comme l’a noté Desbordes 2005, 147, à propos de II, 35, 8 : eos… recreatos. Voir aussi II, 46, 7 : caput… impositum et… delatum., ulterius [+] [post ulterius add. suos B Pontieri. [-]] ulteriusulteriusulterius suos hostes ferre non valentes, deditione facta, duci foederantur anno Domini MLXX [+] [MLXX C ZB : MLXXI prop. Pontieri. [-]] MLXXMLXXMLXXMLXXI*MLXXI prop. Pontieri. Dux voti compos effectus, fratri [+] [fratri C Z : frater B. [-]] fratrifratrifratrifrater cunctoque [+] [cunctoque B : -teque C cuncte Z et cuncto ed. pr. [-]] cunctequecuncteet cuncto exercitui gratias referens, urbe pro velle suo ordinata, fratrem in Siciliam praemittens [+] [praemittens ZB : -tes C. [-]] praemittenspraemittenspraemittenspraemittes, soluto [+] [soluto C : in soluto B solito Z edd. [-]] in solutosolito exercitu, brevi [+] [brevi ZB : baru C. [-]] brevibrevibrevibaru iterum expeditionem [+] [expeditionem C Z : -ne B. [-]] expeditionemexpeditionemexpeditionemexpeditione versus Pa [Z/f.32v-33r] normumPa [Z/f.32v-33r] normumPa [Z/f.32v-33r] normumPa [Z/f.32v-33r] normumPanhormum summonet [+] [summonet C ZB def. Desbordes : summovet edd. [-]] summonetsummonetsummonetsummovet. <11> Toto junio vel [+] [vel C Z : et B edd. [-]] velet julio mense apud Idrontum [+] [idrontum C : yd- B ydrotum Z hydrontum Me hydrun- ed. pr. [-]] IdrontumYdrontumYdrotumHydrontumHydruntum moratus, montem [+] [montem C Z : -te B. [-]] montemmontemmontemmonte, quo facilior [+] [facilior C B : -lius Z edd. [-]] faciliorfacilius descensus ad [+] [ad C B : a Z. [-]] adadada mare equis [+] [equis C ZB Me : equos edd. [-]] equisequisequisequos navibus introducendis [+] [introducendis C B Me : -cens Z edd. [-]] introducendisintroducendisintroducens fieret, rescindere [+] [rescindere edd. : -cidere C ZB. [-]] rescindererescidere facit. Unde et Duracenses maxime sunt territi ne, mare cum exercitu transmeans [+] [transmeans C Z : -meas B. [-]] transmeanstransmeanstransmeanstransmeas, eos impugnatum veniret, mulamque [+] [mulamque C Z : mulam B Pontieri mulumque ed. pr. [-]] mulamquemulammulumque et equum ei quasi ad [+] [ad om. B. [-]] adadad[om.] honorem mandantes, ea [+] [ea C B : hac Z2 ed. pr. a Z. [-]] eaeahac [+] [Z2 : hac [-]] a occasione rem [+] [rem om. B. [-]] remremrem[om.] speculatum mittunt.

II, 22, 4 (post erant) – II, 46 desunt in A

~

1L’anthroponyme connaît quelques variantes chez les contemporains de Malaterra. Ainsi, Guil. Ap. III, 144, note Argiricius ; Lupus Protospatarius, Annales, ad an. 1071, Argirichi filii Ioannaci ; Aimé V, 27, Argence. Il s’agit d’Argyrizzos, fils de Ioannakès. Il devint, malgré sa probable origine grecque, le chef du parti philonormand de Bari et s’opposa à Byzantius, qui dirigeait le parti philobyzantin, précise Aimé V, 27. Jamais les critères ethniques n’ont eu de conséquences sur les choix des Apuliens à embrasser tel ou tel parti (Bünemann 1989, 53). Dans la cité de Bari, la population lombarde, très majoritaire, côtoyait des Grecs, des Arméniens, des Slaves, des Sarrasins, des Juifs (voir Tramontana 1990, 100 et Martin 1993, 489-520).

2C’est la troisième ambassade envoyée par les habitants de Bari à l’empereur. La première nous est connue par Aimé V, 27, Guil. Ap. II, 487-490 et 543-544 et Anon. Bar., ad an. 1069. Byzantius parvint à Constantinople, malgré l’attaque de Guiscard prévenu par Argyrizzos, et revint avec le soutien d’une flotte commandée par Étienne Patéranos et un nouveau catépan (dont le nom d’Avartutèle est sans doute corrompu ; voir trad. Dunbar & Loud 2004, 144, n. 47). Seul Aimé V, 27, témoigne de la deuxième ambassade, qui eut lieu peut-être avant l’hiver 1070-1071. La troisième ambassade doit dater du début de 1071 (voir phrase suivante : tertio anno instante et Anon. Bar., ad an. 1071) ; elle fut menée par Étienne Patéranos et reçue par Romain Diogène.

3Goscelin, comte de Molfetta, était l’un des conjurés de Pouille, réprimés par Guiscard durant les années 1064-1068, qui avaient fui à Constantinople (voir II, 39, 1). Selon Aimé V, 4, Robert lui avait « donné Bar en trebut », avant qu’il se rebelle, puis lui avait confisqué tous ses biens (voir trad. Dunbar & Loud 2004, 133, n. 5). Aimé V, 27, rapporte que c’est le Normand lui-même qui demande à l’empereur, préoccupé par la guerre contre les Turcs, de le placer à la tête de la flotte (voir aussi Guil. Ap. III, 117-121). On ignore pourquoi Malaterra rattache Goscelin à Corinthe : a-t-il reçu un titre pendant son séjour à Byzance ? Quoi qu’il en soit, il semble peu probable qu’il faille associer cette donnée à l’emploi de dux, trop éloigné du nom du personnage pour correspondre à une titulature, selon les usages de Malaterra (voir Desbordes 2007, 73, n. 80).

4L’empereur fit appareiller vingt navires, selon Aimé V, 27.

5Le port de Bari se situait au sud-est du promontoire.

6Seul Malaterra, repris par Anon. Vat., p. 764, mentionne la présence de Roger au siège de Bari. Le comte joue dès lors le premier rôle, à la place de son aîné, dans les actions menées pour prendre la ville. Le témoignage de Malaterra est donc suspect. Cependant, il n’est pas impossible que Roger ait disposé de navires siciliens et calabrais susceptibles de soutenir la flotte de Robert ; en outre, comme il ne remportait aucune victoire importante en Sicile en l’absence de Robert, il avait intérêt à ce que le siège de Bari s’achève au plus vite.

7L’arrivée de nuit des navires byzantins est confirmée par Aimé V, 27 : « il estoit nuit » et Guil. Ap. III, 122 : nocturno tempore. La bataille navale eut lieu en février 1071, d’après l’Anonyme de Bari.

8Guillaume de Pouille (III, 121-124) précise aussi que Goscelin ne se tenait pas sur ses gardes, car il arrivait de nuit, si bien qu’il fut surpris par l’attaque de Robert.

9Guillaume de Pouille emploie, comme Malaterra, le terme générique navis, pour désigner le navire de Goscelin (Guil. Ap. III, 129 : Gocelini navis). Selon l’Anonyme de Bari, Goscelin avait embarqué sur un chelandion, navire de guerre byzantin, sorte de dromon, qui servait aussi de navire de transport notamment pour les chevaux (voir Stanton 2011, 12, n. 24 ; 37 ; 49), et les Normands coulèrent en outre une gata impériale. Sur ces navires, voir II, 8, 2-3.

10La victoire navale de Roger est retentissante pour les Normands, qui, forts désormais de cette expérience sur mer, nourrissent de nouveaux espoirs de conquête vers Palerme, comme en témoigne très précisément Guil. Ap. III, 132-138 : « L’armée normande, ignorante jusque-là de la guerre navale, en revenant victorieuse, accroit l’espoir de son prince. Il comprend, en effet, que les Grecs, avec leurs vaisseaux, n’avaient pas apporté aux habitants de la ville assez de secours pour le contraindre à lever le siège. Il se réjouit beaucoup en même temps de la nouveauté de ce triomphe sur mer, lequel lui permet désormais de nourrir l’espoir de mener avec plus de confiance des combats navals à la tête des Normands » (trad. Mathieu 1961, 171, retouchée).

11Un autre cadet de Robert, Guillaume, comte du Principat, est encore vivant au moment du siège de Bari : il meurt en 1080 et est enterré à Venosa.

12Sur le sort de Goscelin et des prisonniers, voir Aimé V, 27 ; Guil. Ap. III, 128-130 et 139-141.

13Les autres sources s’accordent pour dire que Bari capitula rapidement après la victoire navale des Normands. Aimé et Guillaume de Pouille précisent le rôle d’Argyrizzos dans cette prise de décision. Voir Aimé V, 27 ; Guil. Ap. III, 142-147.

14Malaterra ayant indiqué que le siège avait commencé en 1067 et duré trois ans, il semble que l’année 1070, transmise par les manuscrits, soit bien celle portée par l’hyparchétype. En outre, le choix du style de Pâques a pu l’amener à adopter ce millésime. Les autres sources apportent cependant des précisions sur la date. Aimé V, 27, propose la date suivante : « Lo samedi devant lo dyemenche de Palme, lo gloriouz duc entra en la cité de Bar », c’est-à-dire le 16 avril (Bünemann 1989, 65). Au contraire, Lupus Protospatarius, Annales, ad an. 1071, donne la date du 15 avril 1071 ; voir aussi Anon. Bar., ad an. 1071 : in medio mense aprilis.

15Guil. Ap. III, 149-157, souligne que le duc fit preuve d’une grande clémence vis-à-vis des habitants (comme plus tard à Palerme) : « Robert témoigna aux habitants de la douceur et de l’amour. Et comme il chérissait toujours tous ceux qu’il avait gagnés, tous le chérissaient. Le duc rendit aux habitants beaucoup de ce qu’on leur avait enlevé par force ou par ruse, champs, propriétés, domaines : il leur restitua ce qu’ils avaient perdu. Il ne fit lui-même aucun tort aux habitants, il ne permit aux autres d’en faire aucun et il donna la liberté et la tranquillité aux habitants accoutumés à payer tribut aux Normands des environs » (trad. Mathieu 1961, 173, retouchée).

16Robert part pour Palerme en août 1071 avec son armée.

17Otrante (prov. Lecce) était le port principal du thème de Longobardie pendant la période byzantine ; voir Falkenhausen 1986, 210.

18Durrës / Durazzo (dans l’actuelle Albanie, sur le littoral adriatique) est le point de départ de la Via Egnatia, qui conduit à Constantinople à travers les Balkans ; la place constitue un lieu stratégique entre l’Occident et l’Orient. C’est de cette ville qu’avaient embarqué les renforts byzantins. Les habitants craignent peut-être que Guiscard n’ait formé le projet de couper définitivement Bari de ses anciennes bases byzantines (voir Taviani-Carozzi 1996a, 278).

~

a'Desbordes 2007, 73, propose de remplacer les fautifs disponens (C) et praeponens (ZB), par imponens, apponens ou ponens.

b'À l’appui de la leçon de C, confirmée par Me, on peut citer d’autres occurrences de confusion laud- / lud- (III, 13 [Pontieri, p. 65, l. 20] ludens C Z : laudans Z edd. ; III, 14 [Pontieri, p. 65, l. 23] ludat C Z2 : laudat Z).

c'La leçon de C, sur laquelle s’accordent tous les manuscrits, conduit à reconnaître dans se… frustratos un accusatif absolu. Le tour n’est pas isolé chez Malaterra, comme l’a noté Desbordes 2005, 147, à propos de II, 35, 8 : eos… recreatos. Voir aussi II, 46, 7 : caput… impositum et… delatum.

~

αIl s’agit d’une citation exacte de Sall. Jug. 64, 6, reprise en IV, 26 (Pontieri, p. 105, l. 8-9). Nous devons la traduction à Ernout-Hellegouarc’h 1994, 207. Le même emprunt à Salluste se trouve par exemple deux fois chez Guillaume de Tyr (Willelmi Tyrensis archiepiscopi Chronicon, R. B. C. Huygens (éd.), CCCM 63-63A, 1986, livre VII, chap. 24, l. 47 ; livre XIV, chap. 28, l. 46) ; voir d’autres exemples de la même citation dans Lucas-Avenel 2014.