chapitre 39

capitulum XXXIX

Le duc assiège Montepeloso

Dux Montem pilosum obsedit

<1> C’est pourquoi le duc Robert, qui possédait ce trait de caractère plus que tous les autres, s’en prit à Geoffroi de Conversano, c’est-à-dire son neveu – c’était en effet le fils de sa sœur1On ignore le nom de la mère de Geoffroi de Conversano. Guillaume de Pouille (III, 524-525) indique la même filiation, quand il présente Geoffroi allié à son frère Robert, comte de Montescaglioso, dans une insurrection menée contre Robert Guiscard en 1078 : Et ambo / orti germana fuerant ducis. Geoffroi, dont le comté comprenait essentiellement les villes de Conversano (prov. Bari), Monopoli, Brindisi et Nardò, devait être l’un des plus puissants vassaux de Robert. Il meurt en 1100 (voir Martin 1993, 736-737). –, afin qu’il s’acquittât de son service pour Montepeloso, comme pour toutes les autres places fortes qu’il détenait en très grand nombre sous son autorité2Le vocabulaire employé par Malaterra (servitium… sub ipso habebat) indique clairement que les comtes normands devant s’acquitter d’un servitium sont les vassaux de Robert. Celui-ci entend imposer son autorité aux autres comtes normands, provoquant les mécontentements et les conflits, notamment entre 1064 et 1068. Guillaume de Pouille et Aimé du Mont-Cassin en font aussi état, nommant les conjurés qui se dressèrent contre Robert et qui trouvèrent du soutien auprès de l’empereur de Constantinople (Guil. Ap. II, 451-453 ; Aimé V, 4) : parmi ceux-ci, citons Abélard, fils d’Onfroi de Hauteville, qui revendique l’héritage de son père, et Goscelin, comte de Molfetta, qui en 1071 prend la tête de la flotte envoyée au secours de Bari (II, 43, 3).. <2> Et, comme celui-ci refusait de s’exécuter parce qu’il n’avait pas reçu du duc cette place ni les autres, mais les avait conquises par lui-même sur l’ennemi grâce à sa propre vaillance, sans que le duc lui prêtât main-forte, le duc mobilisa une armée pour mettre le siège devant la forteresse : et, après que les deux camps se furent affrontés à maintes reprises, finalement, le duc obtint de son neveu qu’il s’acquittât, conformément à sa promesse, du service pour cette place forte comme pour les autres3La prise de Montepeloso est rapportée par Guillaume de Pouille (II, 454-477) en des termes différents : le siège prit fin grâce à la ruse et aux promesses que Robert fit à un gardien de la place, un certain Godefroi (Godefridus), auquel Geoffroi de Conversano (Gosfridus) n’avait cédé que la moitié de Montepeloso. Cette version des faits est confirmée par Lupus Protospatarius, qui précise la date du début du siège : 1068, in 16 die mensis februarii. Robert ne put sans doute pas lever le siège avant la fin du printemps 1068..

<1> Unde [+] [unde C : inde ZB edd. [-]] inde et Robertus dux, qui prae ceteris hunc morem sibi vendicaveratvendicaveratvendicaveratvindicaverat, Gaufridum [+] [gaufridum ZB : -rigum C. [-]] GaufridumGaufridumGaufridumGaufrigum de Conversana [+] [conversana C ZB : -sano Pontieri. [-]] ConversanaConversanaConversanaConversanoa'Les manuscrits C, Z et B s’accordent sur la leçon Conversana pour les trois occurrences du texte (III, 34 [Pontieri, p. 77, l. 34-35], et IV, 4 [Pontieri, p. 87, l. 22]) ; c’est aussi le cognomen de Geoffroi ou celui qui sert à désigner sa fille Sibylle, épouse de Robert Courteheuse, chez Orderic Vital, HE, vol. V, p. 278 : Sibillam Goisfredi de Conversana filiam. Voir encore l’inscription qui figure sur sa tombe située dans la cathédrale de Rouen : Sibylla de Conversana […]. En revanche, on trouve Comitatus Cupersani, dans le Catalogus Baronum, E. M. Jamison (éd.), FSI, 101/1, 1972, p. 16 et 18, et Goffredus, comes Cupersani ou Goffrido Conversani comite, dans Recueil des actes des ducs normands d’Italie : 1046-1127, p. 49 et 86., nepotem [+] [nepotem post videlicet transt. B. [-]] videlicetnepotem videlicetnepotem videlicetnepotem videlicetvidelicet nepotem suum – filius quippe sororis suae [+] [suae post erat transt. B. [-]] eratsuae eratsuae eratsuae eraterat suae –, ut de Monte piloso sibi servitium, sicut et de ceteris castris quae plurima sub ipso habebat, exhiberet [+] [exhiberet C B : -re Z. [-]] exhiberetexhiberetexhiberetexhibere adorsus est. <2> Quo, quia [+] [quo quia C def. Desbordes : quod quia B Me quaeque Z quodque edd. [-]] Quo, quiaquod quiaquaequequodque ab ipso, sicut [+] [sicut C Z2B : sıııt Z. [-]] sicutsicutsicut [+] [Z2 : sicut [-]] sıııt et cetera, minime acceperat, sed sua strenuitate, duce sibi auxilium non ferente, per se de hoste [+] [de hoste C : ad hostem Z ab hostibus B Pontieri ab hoste ed. pr. [-]] ad hostemab hostibusab hoste lucratus fuerat, id facere renuente [+] [renuente B : -tem C Z. [-]] renuenterenuenterenuentem, dux, ammoto [+] [ammoto C Z : moto B admoto edd. [-]] ammotomotoadmoto exercitu, idem [+] [idem C Z : ad B. [-]] idemidemidemad castrum obsessum vadit : multisque militariter [+] [militariter C Z : -taliter B. [-]] militaritermilitaritermilitaritermilitaliter ex utraque parte perpetratis [+] [perpetratis C Z : peractis B. [-]] perpetratisperpetratisperpetratisperactis, tandem ut et [+] [ut et C : ut Z edd. om. B. [-]] ut[om.] de eodem castro, sicut et de ceteris, sibi servitium promittens exhiberet [+] [exhiberet C Z : existere B. [-]] exhiberetexhiberetexhiberetexistere compulit [+] [compulit C Z : contuliter B. [-]] compulitcompulitcompulitcontuliter.

II, 22, 4 (post erant) – II, 46 desunt in A

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1On ignore le nom de la mère de Geoffroi de Conversano. Guillaume de Pouille (III, 524-525) indique la même filiation, quand il présente Geoffroi allié à son frère Robert, comte de Montescaglioso, dans une insurrection menée contre Robert Guiscard en 1078 : Et ambo / orti germana fuerant ducis. Geoffroi, dont le comté comprenait essentiellement les villes de Conversano (prov. Bari), Monopoli, Brindisi et Nardò, devait être l’un des plus puissants vassaux de Robert. Il meurt en 1100 (voir Martin 1993, 736-737).

2Le vocabulaire employé par Malaterra (servitium… sub ipso habebat) indique clairement que les comtes normands devant s’acquitter d’un servitium sont les vassaux de Robert. Celui-ci entend imposer son autorité aux autres comtes normands, provoquant les mécontentements et les conflits, notamment entre 1064 et 1068. Guillaume de Pouille et Aimé du Mont-Cassin en font aussi état, nommant les conjurés qui se dressèrent contre Robert et qui trouvèrent du soutien auprès de l’empereur de Constantinople (Guil. Ap. II, 451-453 ; Aimé V, 4) : parmi ceux-ci, citons Abélard, fils d’Onfroi de Hauteville, qui revendique l’héritage de son père, et Goscelin, comte de Molfetta, qui en 1071 prend la tête de la flotte envoyée au secours de Bari (II, 43, 3).

3La prise de Montepeloso est rapportée par Guillaume de Pouille (II, 454-477) en des termes différents : le siège prit fin grâce à la ruse et aux promesses que Robert fit à un gardien de la place, un certain Godefroi (Godefridus), auquel Geoffroi de Conversano (Gosfridus) n’avait cédé que la moitié de Montepeloso. Cette version des faits est confirmée par Lupus Protospatarius, qui précise la date du début du siège : 1068, in 16 die mensis februarii. Robert ne put sans doute pas lever le siège avant la fin du printemps 1068.

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a'Les manuscrits C, Z et B s’accordent sur la leçon Conversana pour les trois occurrences du texte (III, 34 [Pontieri, p. 77, l. 34-35], et IV, 4 [Pontieri, p. 87, l. 22]) ; c’est aussi le cognomen de Geoffroi ou celui qui sert à désigner sa fille Sibylle, épouse de Robert Courteheuse, chez Orderic Vital, HE, vol. V, p. 278 : Sibillam Goisfredi de Conversana filiam. Voir encore l’inscription qui figure sur sa tombe située dans la cathédrale de Rouen : Sibylla de Conversana […]. En revanche, on trouve Comitatus Cupersani, dans le Catalogus Baronum, E. M. Jamison (éd.), FSI, 101/1, 1972, p. 16 et 18, et Goffredus, comes Cupersani ou Goffrido Conversani comite, dans Recueil des actes des ducs normands d’Italie : 1046-1127, p. 49 et 86.