Du voyage qui se fait à la côte de Guinée

Del viaggio che si fa nella costa della Guinea

Depuis le cap Vert jusqu’à la rivière di Gambra1, il y a 30 lieues, la côte va au Sud-Esta, la longitude orientale est de 8,5 degrés et la latitude septentrionale de 3,5 degrés. De la rivière di Gambra jusqu’au cap Rouge2, 30 lieues, et la côte va au Sud. Le cap Rouge se trouve à 10 degrés de longitude et à 12 de latitude. Du cap Rouge jusqu’au Rio grande3, 25 lieues, la côte à l’Est. Le Rio grande est à 11,5 degrés de latitude. Du Rio grande à la Serra liona4, il y a 75 lieues. La Serra liona est à 8 degrés de latitude. De la Serra liona jusqu’au Rio di Ceste, 45 lieues, et du Rio de Ceste jusqu’au cap des Palmes5, 43 lieues. Le cap des Palmes est à 18 degrés de longitude et à 3 de latitude. La côte va à l’Est et à l’Ouest6. Du cap des Palmes au cap des Trois Pointes7b, il y a 113 lieues. La côte, jusqu’à mi-chemin, va à l’Est un quart Nord-Est, et ensuite à l’Est et un quart Sud-Est. Le cap des Trois Pointes est à 23c degrés de longitude et à 4 degrés de latitude. De ce cap jusqu’au rio delgado8, il y a 150 lieues, et la côte chemine Est-Nord-Estd. Cette rivière est à 32e degrés de longitude et à 7 degrés de latitude. Et du rio Delgado jusqu’au capo formoso9, il y a 67 lieues, la côte allant à l’Est et à l’Ouest10. Le Capo formoso se trouve à 35 degrés de longitude et à 5,5f de latitude. Du Capo formoso au rio Reale11, 25 lieues, la côte à l’Est. Du rio Real à Fernando polo12, 30 lieues, la côte à l’Est. Fernando polo est à 40 degrés de longitude et à 5 de latitude. De Fernando polo au capo di Lope Gonzales13, 112 lieues. Lope Gonzales est à 1,5 degré de latitude australe et à 35 degrés de longitude, la côte au Sud. De Lope Gonzales à Manicongo, 130 lieues, la côte au Sud-Est, un quart au Sud. Manicongo est à 41 degrés de longitude orientale et à 6 degrés de latitude australe. Du Manicongo jusqu’au cap de Bonne-Espérance14, il y a 525 lieues, et sur toute cette côte il ne se fait aucun trafic de marchandises parce que tous les hommes sont pauvres, grossiersf° 429v et comme des bêtes, et le territoire montagneux et stérile. Le cap de Bonne-Espérance est à 34,5 degrés vers l’antarctique, puis en allant à 500g lieues du cap de Bonne-Espérance vers le Nord-Est un quart à l’Esth se trouve l’île de Saint-Laurent, autrement nommée Madagascar15, qui a 370 lieues de longueur et environ 80 lieues de largeur16. Cette île se trouve sous le tropique du Capricorne17, habitée par des gens belliqueux et cruels18. Autrefois, les Portugais y ont navigué, mais ils ont abandonné ce commerce à cause de la méchanceté de l’une ou de l’autre partiei19. Les habitants ont pour armes des sagaies aux pointes de fer20 à la manière des pertuisanes21, chacun en portant communément deuxj.

Dapoi Capo verde fin al fiume di Gambra vi sono trenta leghe va la costa al siroco, di longitudine orientale gradi otto è mezzo et latitudine settentrional tre gradi è mezzo. dal fiume di Gambra fin à Capo rosso leghe trenta. & la costa va all’ostro. Capo rosso è di longitudine dieci gradi & di latitudine dodici. da Capo rosso fino à Rio grande venticinque leghe la costa al leuante. Rio grande è in vndici gradi è mezzo di latitudine. Da Rio grande à Serra liona,vi sono settantacinque leghe. Serra liona, è in otto gradi di latitudine. da Serra liona, fin al Rio di Ceste quarantacinque leghe, & da Rio di Ceste fin al Capo delle palme quarantatre leghe. Capo delle palme è in gradi diciotto di longitudine & tre di latitudine. la costa va leuante & ponente. Dal capo delle palme al Capo delle tre punte sono cento è tredici leghe. la costa fin à mezza strada va leuante vna quarta di greco, & il restante in leuante & vna quarta di siroco, Capo delle tre punte è in ventitre gradi di longitudine & di latitudine quattro gradi. & da detto Capo fin al rio delgado sono cento è cinquanta leghe, & la costa cammina greco leuante. Questa riuiera ha .32. gradi di longitudine & di latitudine ha sette gradi. & da rio delgado fin à capo formoso son leghe sessantasette andando la costa leuante & ponente. & è Capo formoso in trentacinque gradi di longitudine & di latitudine cinque è mezzo. da Capo formoso à rio Reale venticinque leghe. la costa à leuante. da rio Real à Fernando polo trenta leghe, la costa in leuante. Fernando polo è in quaranta gradi di longitudine, & in cinque di latitudine. da Fernando polo à capo di Lope Gonzales cento è dodici leghe. Lope Gonzales è in vn grado & mezzo di latitudine australe & in trentacinque gradi di longitudine. la costa all’ostro. da Lope Gonzales à Manicongo cento è trenta leghe. la costa à siroco vna quarta d’ostro. Manicongo è in gradi quarantauno di longitudine orientale & in sei gradi di latitudine australe : & da Manicongo fin al Capo di Buona speranza sono cinquecento è venticinque leghe, & in tutta quella costa non si fa traffico alcun di mercantie, imperoche tutti gli huomini sono poueri, rozzif° 429v & bestiali, & il territorio, montuoso & sterile. & è il sopra detto Capo di Buona Speranza in trentaquattro gradi è mezzo verso l’antartico, & andando dal Capo di Buona Speranza verso Greco vna quarta di Leuante : & cinquecento leghe si troua l’Isola di San Lorenzo altramente nominata Madagascar, laquale contiene trecentosettanta leghe di longhezza & circa ottanta leghe di larghezza. & è la detta Isola sotto il tropico del Capricorno habitata da gente bellicosa & crudele. altre fiate li Portoghesi vi hanno nauigato, ma esssi hanno lasciato tal comercio per causa di tristitia dell’una ouer dell’altra parte, & gli habitanti hanno per arme dardi con le punte di ferro in modo di partesane delle quali ciascuno communemente porta duoi.

De l’île de Saint-Laurent jusqu’à la Taprobane, autrement appelée Sumatra, il y a 1 000 lieues22 par la route la plus courtek, et cette île de Taprobane est à 140 degrés de longitude orientale sous la ligne équinoxiale, laquelle passe par son milieu. Elle a 225l lieues de longueur et 80 de largeurm23. Cette île s’étend au Sud, Sud-Est et Nord-Ouest, Nordn. Elle a deux hivers et deux étés par an, mais pendant l’hiver il fait aussi chaud que pendant notre été. L’herbe y est verte en toute saison, et il y a continuellement des fruits et des fleurs sur les arbres. Cette île a de nombreux rois. Le premier dont les deux navires de Dieppe24 ont eu connaissance25 s’appelait Sultan Megilica Raga26. Il était seigneur d’un lieu nommé Ticu27, dans le royaume de Pedir28. Les habitants, à mon avis, sont Machomettani29. Ce sont d’assez bonnes personnes, pacifiques, mais ils sont astucieux et subtils30 dans leurs trafics et leurs façons de marchander, et ils tiennent leur parole dans les négociations31. Je n’ai eu affaire dans tout ce lieu et sous ce roi qu’à deux officiers, dont l’un était le capitaine des gens d’armes, nommé Nacanda Raia, ce qui veut dire le capitaine du roi32. L’autre était appelé le Chambendare33, lequel fixait le prix des marchandises que nous avions apportées là-bas, les remettait aux marchands du pays et garantissait les paiements bons et sûrso pour nous. Personne n’oserait acheter, sous peine d’avoir la tête coupéep, avant que le Chambendare n’ait établi le prix34. Quand cela est fait, chacun peut acheter à ce prix, mais seulement par les mains du Chambendare, les petitsq comme les grands, et le Chambendare recouvre les droits et les tributs du roi qui sont dûs sur chaque marchandise que l’on vend à raison de trois pour cent. Dans cette province, il y a beaucoup de terres, de châteaux et de hameauxr, ainsi que de hautes montagnes35, dont on voit la cime s’élever au-dessus des nuagess. Les habitants s’habillent de toiles de coton ou de soie jusqu’à la ceinture, comme ils le seraient d’une chemise courte, ouverte d’environ un demi-pied sur le buste et fermée par des boutons d’or. Ils appellent ce vêtement un Baiut, et depuis la ceinture jusque sous les genoux, ils sont ceints d’un morceau de toile de coton teint de diverses couleurs. Les grands ont en plus un morceau de toile étroite qu’ils jettent sur leurs épaules à la manière d’un manteau, ou dont ils se ceignent par-dessus leurs vêtements. Certains ont des petits bérets un peu pointus qui ne couvrent que le sommet de la têteu. Ils ont tous la tête rasée ainsi que la barbe, sauf la partie qui se trouve entre le nez et les lèvresv. D’autres ont la tête enveloppée de toile de coton à la Turque36, mais la plupart ne sont vêtus qu’au-dessous de la ceinture, et le reste du corps est découvert. Ils portent des bracelets d’or aux bras et les épées au flanc, lesquelles sont longues d’environ 2,5 pieds, avec la poignée toute en or et très subtilement travaillée, et le fourreau de bois tout d’une pièce et très bien fait. Ils appellent cette épée Cas3738.

Dall’Isola di San Lorenzo fin alla Taprobana altramente chiamata Sumatra, sono mille leghe per la piu corta via & è la detta Isola di Taprobana, in cento è quarantta gradi di longitudine Orientale, sotto la linea equinottiale, laquale passa per il mezzo di quella & contiene ducento è venticinque leghe di lunghezza, & ottanta di larghezza. corre la detta Isola Ostro, Siroco, & Maestro, Tramontana. ha duoi inuerni & due estati all’anno. ma nel lor inuerno è cosi calda come nella nostra estate. vi è l’herba verde in ogni tempo sopra la terra, & di continuo frutti & fiori sopra gli arbori : ha questa Isola molti Re. de quali il primo che le due naui di Dieppa hebbero cognoscenza si chiamaua Sultan Megilica Raga, era Signor d’vn luogo detto Ticu del regno di Pedir. Gli habitatori al mio iudicio sono Machomettani, & sono assai buone persone & pacifiche, ma astuti & sottili ne gli suoi traffichi et modi di mercadantare, & osseruano la loro parola nel contrattare. Io non hebbi prattica saluo che di duoi officiali in tutto il detto luogo, & sotto questo Re, delli quali l’vno era il capitano delle genti d’armi nominato Nacanda Raia, che vuol dire il Capitano del Re, l’altro veniua detto Chambendare, ilquale metteua il prezzo alle mercatantie che noi portamo la, & le daua alli mercatanti del paese, & ne faceua li pagamenti sicuri & buoni à noi altri, & nessuno ardiria à comprar sotto pena della testa auanti che’l detto Chambendare habbi posto il prezzo. & quando è fatto, ciascuno ne puo hauere per quello, pur per man di detto Chambendare cosi li piccoli, come li grandi, & detto Chambendare riscuote li datii & tributi del Re, ilqual è di ciascuna mercantia che l’huom vende à ragione di tre per cento. & in questa prouincia vi sono molte terre, castelli & casali, & monti alti, delli quali la cima si vede andar sopra li nuuoli. Gl’habitatori vestono di tele bambaggine ò di seta fin alla cintura, come sariano d’vna camicia corta, & sopra il busto aperta dauanti circa mezzo piede & serrata à bottoni d’oro, & chiamano questo tal vestimento vno Baiu, & dalla cintura in giu fin sotto le ginocchia sono cinti d’vn pezzo di tela di bambaggio tinta di diuersi colori. & li grandi hanno di piu vn pezzo di tela stretta laqual gittono sopra le spalle à modo di mantelli, ouer se ne cingono sopra gli suoi vestimenti. alcuni hanno delle berette piccole aguzze vn poco, & non cuoprono saluo che la cima della testa. & tutti hanno la testa rasa & la barba, saluo la parte ch’è fra il naso & le labra. altri hanno la testa infasciata di tela bambaggina alla Turchescha, ma la maggior parte non sono vestiti se non dalla cintura in giu, & tutto il corpo scoperto, & portono manigli d’oro nelle braccia, & le spade al fianco, lequali sono circa due piedi & mezzo lunghe, col manico tutto d’oro & molto sottilmente lauorato, & il fodero di legno tutto d’un pezzo molto ben fatto, & chiamano detta spada, Cas.

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1. Le fleuve Gambie, qui se jette dans l’océan Atlantique à Banjul, la capitale de la Gambie.
2. Capo rosso. Le cap Roxo, au sud du Sénégal, qui marque la frontière avec la Guinée-Bissau.
3. L’estuaire du rio Gêba et du rio Corubal (anciennement appelé rio Grande), où se trouve Bissau, la capitale de la Guinée-Bissau.
4. L’estuaire des rivières Bankasoka et Rokel, où se trouve Freetown, la capitale de la Sierra Leone. Encore en 1601, lors de l’expédition du Corbin et du Croissant vers Sumatra, François Martin parle de « la coste de la serlionne qui est la terre de là Guynée » et François Pyrard de « la coste de Guinee, c’estoit la terre de Sierra liona ». En 1619, en route lui aussi vers les Indes orientales, Augustin de Beaulieu évoque le « cap de Sierraliona / Serrelionne / Serlionne ». Voir F. Martin, Description du premier voyage faict aux Indes Orientales par les François en l’An 1603, Paris, Laurens Sonnius, 1604, p. 7 ; Voyage de François Pyrard de Laval, Paris, Samuel Thiboust et veuve Remy Dallin, 1619, p. 10 (1re partie) ; Mémoires du voyage aux Indes orientales du général Beaulieu, in Relations de divers voyages curieux, publiées par M. Thévenot, Paris, Thomas Moette, 1696, vol. 1, p. 2.
5. Capo delle palme. Cap situé sur la côte sud du Liberia, tout près de la frontière avec la Côte-d’Ivoire.
6. la costa va leuante & ponente. Il y a manifestement ici une erreur : la côte est orientée au sud-est.
7. Capo delle tre punte. Cap situé sur la côte du Ghana, au sud-ouest de la ville de Sékondi-Takoradi.
8. Les interprétations divergent sur ce point. Selon Y. Person, il s’agirait de la lagune de Badagry, au Nigeria, entre Porto Novo et Lagos (« La toponymie ancienne de la côte entre la Volta et Lagos », Cahiers d’études africaines, 60, XV-4, 1975, p. 719 et 721). À moins que ce toponyme ne corresponde à l’actuelle ville de Lagos, située légèrement à l’Est et bordée par une immense lagune ? Selon R. Pazzi, il pourrait s’agir du fleuve Mono, formant la frontière entre le Togo et le Bénin, ou bien de la lagune qui sort du lac Nokoué, au Bénin, près de Cotonou (Introduction à l’histoire de l’aire culturelle Ajatado, Université du Bénin, Institut national des sciences de l’éducation, 1979, p. 36 et 40).
9. Cap situé au Nigeria, dans le delta du fleuve Niger, au sud-ouest de la ville de Port-Harcourt.
10. andando la costa leuante & ponente. Il y a manifestement à nouveau ici une erreur : entre ces deux points, la côte est orientée est-sud-est.
11. Sans doute la Cross River, au sud-est du Nigeria près de la frontière avec le Cameroun, qui forme un delta entre les villes d’Oron et de Calabar.
12. Il y a peut-être ici une erreur de transcription de la part de Ramusio. Fernando Pó était un navigateur et explorateur portugais qui a découvert en 1472 l’île à laquelle il a laissé son nom pendant longtemps, qui porte depuis 1979 le nom de Bioko, et appartient à la Guinée équatoriale. Il a également exploré l’estuaire du fleuve Wouri, au niveau de la ville actuelle de Douala au Cameroun, qu’il nomma le rio dos camarões : la rivière des crevettes, d’où vient le nom Cameroun. Dans le texte, on ne saisit pas bien si Fernando polo définit un cap, une rivière ou une île. La carte de Gastaldi indique un « c. [cap] de Fernando Polo », qui se situe au niveau de l’estuaire du Wouri.
13. Le cap Lopez est la pointe la plus avancée du Gabon dans l’Atlantique, où se trouve la ville de Port-Gentil. Il se nommait auparavant cap de Lopo Gonçalves, du nom de l’explorateur portugais qui le découvrit vers 1480.
14. Capo di Buona Speranza (avec ou sans majuscule à speranza).
15. Isola di San Lorenzo altramente nominata Madagascar. Même s’il y a une confusion avec Mogadiscio, en Somalie, on doit à Marco Polo la première mention du toponyme (« la grande île de Madaigascar »), qu’on retrouve ensuite dans la cartographie, notamment portugaise. En effet, l’île a sans doute été abordée par hasard par des Portugais à partir de 1500. Sa découverte officielle date de 1506, selon certaines sources exactement le 10 août, le jour de la Saint-Laurent. L’incertitude demeure toutefois quant au nom de son véritable découvreur. Le toponyme est présent dans le journal de bord de l’expédition des frères Parmentier (cité désormais « récit des Parmentier », à partir de l’édition réalisée par C. Schefer : Le discours de la navigation de Jean et Raoul Parmentier, de Dieppe, voyage à Sumatra en 1529, Paris, E. Leroux (Recueil de voyages et de documents pour servir à l’histoire de la géographie ; IV), 1883 (rééd. Genève, Slatkine Reprints, 1971) ; voir l’étude historique). Le Sacre et la Pensée y accostèrent en juillet 1529.
16. La longueur est surestimée (370 lieues = 2 055 km, alors que l’île s’étend sur 1 580 km), tout comme la largeur, dans une moindre mesure (80 lieues = 445 km, alors que l’île fait en moyenne 500 km de largeur, avec un maximum à 575 km).
17. Le tropique du Capricorne ne traverse l’île que dans sa partie méridionale, à hauteur des villes de Tuléar (Toliara) et de Vangaindrano.
18. Est-ce une référence à des voyages normands / dieppois antérieurs ? Voir l’étude historique. L’escale du Sacre et de la Pensée en 1529 fut effectivement marquée par la mort de trois marins assassinés par des indigènes très hostiles, dans un lieu situé vers l’embouchure de la rivière Manambolo, sur la côte occidentale, auquel fut donné le nom de « cap de Trahison » (Le discours de la navigation…, C. Schefer (éd.), p. 34-40).
19. On connaît plusieurs cas d’hostilité et de conflits avec les indigènes rencontrés, par exemple, par les équipages des navires de Fernão Soares de retour de l’Inde en 1506, ou encore ceux de la flotte commandée par Tristão da Cunha en 1506-1507. Malgré quelques projets et tentatives vite avortés, les Portugais ne s’établirent jamais véritablement à Madagascar, pas plus que les Hollandais ou les Anglais qui les suivirent dans l’océan Indien. Les Français y firent une tentative de colonisation seulement à partir de 1642.
20. dardi con le punte di ferro. Précision intéressante qui signale la présence à Madagascar de la métallurgie, connue grâce au commerce dans l’océan Indien et à la fréquentation ancienne de marchands musulmans, au contraire des autres populations décrites, comme au Brésil par exemple, qui ne connaissaient pas le fer. Dans le récit des Parmentier, il est fait mention de « dards » et de « dardilles », « ayant le fer long, plat et aigu, bien poli » (Le discours de la navigation…, C. Schefer (éd.), p. 35-39).
21. partesane. La pertuisane était une sorte de hallebarde à fer long, large et tranchant.
22. Soit environ 5 550 km ; la distance réelle étant approximativement de 6 000 km.
23. L’Équateur passe effectivement environ au milieu de l’île, dont la longueur est sous-évaluée car 225 lieues correspondent approximativement à 1 250 km, alors que Sumatra s’étend sur près de 1 800 km. Par contre, la largeur est correcte : 80 lieues = 445 km, et l’île a une largeur maximale de 435 km.
24. Le Sacre et la Pensée. Voir l’étude historique.
25. Cette séquence est quelque peu ambiguë car elle pourrait laisser croire que l’auteur ne se trouvait pas à bord des navires dont il parle, alors que tout le reste de cette partie sur Sumatra et Ticou indique le contraire. S’agirait-il d’une erreur de traduction de la part de Ramusio ?
26. Dans le récit des Parmentier, il est effectivement question du « Sultan Megilica » (Le discours de la navigation…, C. Schefer (éd.), p. 60). Raga, ou plutôt raja(h), étant son titre de souverain.
27. Le port de Ticou (ou Tiku), situé sur la côte occidentale de Sumatra, au nord-ouest de la ville de Padang. Le Sacre et la Pensée y ont séjourné environ un mois entre le 1er novembre et le 3 décembre 1529. Le site devint plus tard un important comptoir pour le commerce du poivre, où les Hollandais et les Anglais s’établirent. Une expédition française menée par Augustin de Beaulieu y séjourna en 1620-1622.
28. Pedir ou Pidir, port situé sur la côte nord de Sumatra, à une soixantaine de kilomètres au sud-est de Banda Aceh.
29. On disait alors en français « Mahométans » pour désigner les musulmans.
30. astuti & sottili. Dans le récit des Parmentier, les habitants de Ticou sont définis, entre autres, comme « fins et astucieux » (Le discours de la navigation…, C. Schefer (éd.), p. 75).
31. C’est là une différence majeure avec le récit des Parmentier. Voir l’étude historique.
32. Le récit des Parmentier parle du « lieutenant du Roy » Tue Biquier raza (Le discours de la navigation…, C. Schefer (éd.), p. 62). Tue Bique rais, ou Tue Biginderais, peut être restitué en Bou Bequier Raza ou Abou Bekr radja. Il pourrait s’agir de son véritable nom de famille, Nacanda Raia étant son titre, qui signifierait capitaine des gens d’armes ou capitaine du roi. Le mot Nakhouda est persan et désigne le patron ou le pilote d’un bâtiment. Le terme arabe raïs signifie chef, capitaine de navire.
33. L’orthographe de ce terme est très variable dans les récits de voyage. Le terme malais syahbandar (du persan shahbāndar) signifie « le chef du port » : c’est l’officier qui sert d’intermédiaire avec les étrangers pour le commerce. En 1602 lors de l’expédition du Corbin et du Croissant vers Sumatra, François Martin, qui n’était pas marchand mais apothicaire, essaie de trouver à Atjeh (grand port au nord de Sumatra) un équivalent à ce qu’il connaît en France : « le Sabendar qui est le Connestable du païs » (F. Martin, Description du premier voyage…, p. 34).
34. Le récit des Parmentier parle du « Chabandaire de Ticou, qui est quasi tout gouverneur du Roy, et assiet les prix de toutes les marchandises qui s’acheptent et vendent, et tient les poids et les mesures, et nul n’oseroit vendre ou achepter sans son congé ; et croy qu’il a luy seul tous les offices du royaume, car nous n’y vismes point d’autres officiers » (Le discours de la navigation…, C. Schefer (éd.), p. 64-65 ; il est pourtant question un peu plus haut du « lieutenant du Roy » Tue Biquier raza). Sa malhonnêteté et sa fourberie, qui lui attirent la « haine » des Français, sont sévèrement pointées un peu plus loin. Il est expliqué également qu’il interdit aux marchands d’un port voisin d’acheter des marchandises aux Français « sous peine d’avoir le chef tranché », tandis que d’autres « n’osoient achepter, si le Chabandaire n’en faisoit le premier le prix » (p. 76).
35. À quelques kilomètres à l’est de Ticou se trouve un important massif volcanique, avec le lac de cratère de Maninjau et le Mont Singgalang (2 877 m).
36. alla Turquescha. L’auteur veut certainement parler d’un turban, terme employé par Estancelin : « des pièces de toiles de coton roulées en turban autour de leur tête » (p. 238).
37. Le kris(s) est un grand poignard ou une longue dague caractéristique de ces régions.
38. On trouve des similitudes sur la description des habitants dans le récit des Parmentier : « Pour vestement ils ont une toile de cotton ceinte entour leurs reins, et une autre qu’ils jettent sur leurs espaules. Aucuns ont des bains de toile de coton blanche, ou perse, ou autre couleur, qui sont faits comme une chemise de sergette. Les Oranchaies [grands seigneurs] ont de gros brasselets d’or aux bras ; les manches de leurs cris ouvrés d’or ; aucuns ont la teste tocquée de toile, aucuns ont de petits bonnets à dix ou douze carrés » (Le discours de la navigation…, C. Schefer (éd.), p. 73-74).

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a. siroco. Estancelin, à plusieurs reprises, traduit de manière erronée par « sud » (p. 234).
b. Nothnagle : « cap des Trois Points » (p. 106).
c. ventitre. Nothnagle traduit de manière erronée par « 12° » (p. 106).
d. cammina greco leuante. Estancelin traduit de manière erronée par « sud-sud » (p. 235).
e. 32. Estancelin donne de manière erronée « 3 » (p. 234).
f. cinque è mezzo. Estancelin traduit de manière erronée par « 51e et demi » (p. 235).
g. cinquecento. Nothnagle traduit de manière erronée par « 50 » (p. 107).
h. verso Greco vna quarta di Leuante. Estancelin traduit de manière erronée par « vers le sud un quart de sud » (p. 235).
i. altre fiate li Portoghesi vi hanno nauigato, ma esssi hanno lasciato tal comercio per causa di tristitia dell’una ouer dell’altra parte. Nothnagle donne une traduction assez proche : « Autrefois les Portugais y ont accosté, mais ceux-ci y ont abandonné tout commerce à cause de la méchanceté d’une part ou de l’autre » (p. 107). Estancelin ne parle pas de commerce : « Précédemment, les Portugais avaient abordé à cette île, mais les mœurs des habitants les en ont successivement éloignés » (p. 236). A. et G. Grandidier citent ce passage en donnant une traduction différente : « les Portugais y sont venus jadis, mais ils n’ont pas continué à y commercer à cause de l’aridité des deux côtes » (Collection des ouvrages anciens concernant Madagascar, t. I, Paris, Comité de Madagascar, 1903, p. 89).
j. Estancelin ne traduit pas delle quali ciascuno communemente porta duoi (p. 236).
k. Estancelin ne traduit pas per la piu corta via (p. 236).
l. ducento è venticinque. Hoffman traduit de manière erronée par 25 (p. 27).
m. & ottanta di larghezza. Estancelin commet une erreur en traduisant par « sur autant de large » (p. 236).
n. corre la detta Isola Ostro, Siroco, & Maestro, Tramontana. Nothnagle commet ici un contresens en traduisant par « La dite île est sujette aux vents ostro, sirocco, maestro et tramontane » (p. 107). Estancelin traduit de manière erronée les directions par « au sud, sud-nord-ouest et au septentrion » (p. 236), mais ne commet pas le contresens.
o. & ne faceua li pagamenti sicuri & buoni à noi altri. Estancelin traduit de manière erronée par « et nous en payait religieusement le prix » (p. 237).
p. sotto pena della testa. Littéralement « sous peine de la tête ». Nothnagle traduit par « sous peine de la mort » (p. 107) ; Estancelin par « sous peine de la vie » (p. 237).
q. Nothnagle ajoute ici « marchands » (p. 107).
r. molte terre, castelli & casali. Nothnagle traduit par « beaucoup de domaines, de châteaux et de villages » (p. 109) ; Estancelin par « beaucoup de châteaux, de maisons et de terres en rapport » (p. 237).
s. delli quali la cima si vede andar sopra li nuoli. Nothnagle traduit part « dont la cime semble percer les nues » (p. 109).
t. Nothnagle : Baju (p. 109).
u. la cima della testa. Estancelin traduit de manière erronée par « la nuque » (p. 238).
v. labra. Estancelin traduit de manière erronée par « le menton » (p. 238).