De la terre de Norumbega1a

Della terra di Norumbega

En poursuivant au-delà du cap des Bretons, il y a une terre contiguë au dit cap, dont la côte s’étend à l’Ouest et un quart au Sud-Ouest jusqu’à la terre de la Floride, et elle continue sur 500 lieues, laquelle côte fut découverte il y a 15 ans par messire Jean de Verrazzaneb au nom du roi François et de madame la Régente2c. Cette terre est nommée par beaucoup la Française3d, et pareillement par les Portugais eux-mêmes. Son extrémité vers la Floride est sous le 78e degré de longitude occidentale et le 30e de latitude septentrionale. Les habitants de cette terre sont des gens abordables, amicaux et plaisants. La terre est très abondante en toutes sortes de fruits. Il pousse ici des oranges, des amandese, des vignes sauvages4 et beaucoup d’autres sortes d’arbres odoriférants. La terre est nommée par ses habitants Nurumbega. Entre cette terre et celle du Brésil, il y a un grand golfe5, qui s’étend vers l’Ouest jusqu’au 92e degré de longitudef occidentale, ce qui fait plus d’un quart du tour de la terre, et dans ce golfe se trouvent les îles et les Indes occidentales découvertes par les Espagnols6. À partir de la ligne diamétrale nommée plus haut, ce golfe contient environ 1 700 lieues en ligne à peu près droiteg.

Seguendo oltra al Capo de Brettoni vi e vna terra contigua col detto capo, dellaquale la costa si stende ponente & vn quarto garbino fìn’alla terra della Florida, & dura bene. 500. leghe, laqual costa fu scoperta .15. anni fa per messer Giouanni da Verrazzano in nome del Re Francesco & di madamma la Reggente, & questa terra da molti è detta la Francese, & similmente per li Porthoghesi medesimi. & il fine suo verso la Florida è sotto .78. gradi di longitudine occidentale, & .30. di latitudine Settentrionale. Gl’habitatori di questa terra sono genti trattabili, amicheuoli & piaceuoli. La terra è abbondantissima dogni frutto. vi nascono arancci, mandorle, vua saluatica & molte altre sorti d’arbori odoriferi. la terra è detta da paesani suoi Nurumbega. & tra questa terra & quella di Brasil è vno gran golfo, ilquale si stende verso ponente fin à .92. gradi di longitudine occidentale, il che è più d’un quarto del circuito della terra, & in questo golfo sono l’isole & l’Indie occidentali scoperte per gli Spagnuoli. Dalla linea diametrale detta disopra questo golfo contiene apresso à leghe. 1700. in circa in linea diritta.

~

1. Un peu plus bas, l’orthographe varie légèrement en Nurumbega, comme sur la carte de Gastaldi. La terre de Norumbega est un concept géographique flou qui désigne une large partie de la côte des actuels États-Unis. Voir l’étude historique.
2. François Ier et sa mère Louise de Savoie, qui fut régente en deux occasions. D’abord en 1515 au moment de la bataille de Marignan, puis à nouveau en 1525-1526, après la capture du roi lors du désastre de Pavie.
3. Voir l’étude historique.
4. Si la présence abondante de vignes est déjà signalée, notamment par Verrazano, on peut se demander si Ramusio ne commet pas une erreur de traduction au moins pour les oranges, ou bien si l’auteur français, ne sachant pas nommer des fruits inconnus, compare avec les produits européens qu’il connaît ? Cela dit, le texte parlant de la terre de Norumbega dans son ensemble, qui s’étend du Maine à la Caroline du Sud, il est possible qu’il s’agisse bien d’oranges. Ou bien cette mention pourrait-elle provenir d’un autre récit ?
5. Le golfe du Mexique.
6. l’isole & l’Indie occidentali scoperte per gli Spagnuoli. Il s’agit de toutes les terres reconnues par les Espagnols dans les Caraïbes, sur la côte méridionale des États-Unis et le long des côtes de l’Amérique centrale.

~

a. Nothnagle écrit deux fois Norumbega (p. 99 et 100), comme Hoffman (p. 15) ; Langlois trois fois Norimberga (p. 113 et n. 1) ; Estancelin une fois Norumbega (p. 223) et deux fois Nurumbega (p. 225).
b. Messer Giouanni da Verrazano. Nothnagle : « Giovanni da Verrazano » (p. 99) ; Langlois : « Giovanni de Verrazano » (p. 113) ; Estancelin : « Jean de Verrazano » (p. 224) ; Hoffman « Monsieur Giovanni da Verrazano » (p. 15).
c. in nome del Re Francesco & di madãma la Reggente. Francisé dans les trois éditions mais en « Roi de France » par Langlois (p. 113 et 117). Hoffman traduit également à deux reprises par « the King of France » (p. 15 et 24).
d. la Francese. Francisé dans les trois éditions mais en « la Terre-Française » par Estancelin (p. 225).
e. arancci, mandorle. Nothnagle (p. 100) et Estancelin (p. 225) traduisent de manière imprécise par « des orangers, des amandiers ».
f. longitudine. Estancelin traduit de manière erronée par « latitude » (p. 225).
g. in linea diritta. Estancelin traduit de manière maladroite par « en ligne directe » (p. 225).