Bernard Forest de BÉLIDOR

Bernard Forest de Bélidor est né en Catalogne en 1697 de Jean-Baptiste Forest, officier au régiment des Dragons de Valencé et de Marie Hébert. Très tôt orphelin de père, il est recueilli en France par son parrain, M. de Fossiébourg, officier d’artillerie, puis à la mort de ce dernier par M. Cayot de Blanzy. Il se livre très jeune à l’étude des mathématiques et de la théorie des fortifications et se fait remarquer par le duc d’Orléans, alors Régent. Il est nommé en 1722, à l’âge de 22 ans, professeur à l’école d’artillerie de la Fère (Aisne), nouvellement créé. En 1729, il publie La science des ingénieurs dans la conduite des travaux de fortification et d’architecture civile, dans lequel il se propose d’appliquer les mathématiques à la construction des forteresses et aux ouvrages de soutènement. En 1731, il publie Le bombardier françois, dans lequel il donne, pour la première fois, des tables permettant de déterminer avec précision la trajectoire des bombes.

Son intérêt se portant sur les machines hydrauliques, il entreprend d’en perfectionner la conception et la construction grâce aux sciences mathématiques et physiques. Bélidor rédige alors son ouvrage le plus célèbre : L’architecture hydraulique, dont la première partie est publiée en deux volumes en 1737 et 1739. Ces deux ouvrages sont principalement consacrés à l’étude des différents types de moulins, tels que les moulins à blé ou moulins à scier et à la manière d’en perfectionner la construction et leur utilisation afin d’améliorer leur rendement. Le second ouvrage est essentiellement consacré aux pompes et machines permettant d’élever l’eau, on y trouve notamment une description de la machine de Marly destinée à alimenter les fontaines de Versailles. Entretemps, une polémique toute française, à propos de ses recherches sur la poudre à canon, l’oblige à quitter son poste de professeur à l’école de la Fère. En 1742, il sert en tant qu’aide de camp de M. de Ségur, puis avec le grade de lieutenant-colonel, il participe aux campagnes de 1744 et 1746, sous les ordres de Monseigneur le Prince de Conti. Il est nommé colonel en 1747 et termine la guerre de succession d’Autriche sous les ordres du Maréchal de Belle-Île. La paix revenu, il reprend ses recherches sur l’hydraulique et il publie la seconde partie de L’architecture hydraulique, en deux volumes en 1750 et 1753. Les fortifications de Dunkerque y sont étudiées et plus particulièrement les écluses et la manière de les perfectionner. Le second ouvrage aborde la construction de ports de mer, où il préconise notamment l’usage de béton pour les fondations immergées. La navigation fluviale n’est pas oubliée avec la construction de canaux et d’écluses, des ponts et de leurs fondations.

En 1755, il publie son Dictionnaire portatif de l’ingénieur. Dans cet ouvrage, Bélidor rassemble l’essentiel des matières indispensables à l’ingénieur, telles que les mathématiques, la géométrie, l’architecture civile et militaire, les constructions hydrauliques ainsi que les termes propres à la marine et aux manœuvres des vaisseaux. Les définitions sont courtes et claires, l’objectif de l’auteur étant de proposer des définitions facilement compréhensibles plutôt que de longs articles à caractère encyclopédique. Selon la préface de l’éditeur, Forest de Bélidor rédigea, dans sa jeunesse, un premier dictionnaire qu’il ne cessa d’enrichir, toutefois il en retarda longtemps la publication car il le trouvait incomplet. Les définitions données par Bélidor trahissent les différents dictionnaires dont il s’est inspiré : le Dictionnaire d’architecture civile et hydraulique d’Augustin-Charles d’Aviler, publié en 1693, le Dictionnaire universel d’Antoine Furetière, publié en 1690 à Amsterdam et le Dictionnaire de marine contenant les termes de la navigation et de l’architecture navale de Nicolas Aubin, publié à Amsterdam en 1702. La majorité des entrées concernent l’architecture, les termes de marine sont moins nombreux, toutefois Bélidor suggère dans l’article « Vaisseaux » que le lecteur consulte deux autres ouvrages plus spécialisés : le Traité du navire de Pierre Bouguer, publié en 1746 et les Eléments de l’architecture navale de Henri-Louis Duhamel du Monceau, publié en 1752. Le petit ouvrage de Bélidor n’a pas la prétention d’être un dictionnaire exhaustif, mais plutôt un aide-mémoire facilement transportable, comme le suggère d’ailleurs son format in-8.

Membre de la Société Royale de Londres et correspondant de l’Académie des Sciences depuis plusieurs années, Forest de Bélidor devient membre de cette prestigieuse institution le 31 mars 1756. En 1758, il est nommé inspecteur de l’arsenal de Paris, puis en 1759, inspecteur général des Mineurs de France. Il se marie tardivement, en 1759, avec Mle de Fossiébourg. Il meurt le 8 septembre 1761, lors d’un voyage à Verdun. Doté d’une formidable intelligence, Bernard Forest de Bélidor fut toute sa vie un travailleur infatigable, cherchant toujours à se perfectionner. Il mit à profit les résultats de ses expériences et diffusa les connaissances acquises lors de ses incessantes recherches.

Michel Daeffler

Orientation bibliographique : Histoire de l’académie royale des sciences, Paris, Imprimerie Royale, 1763 ; Œuvres diverses de M. Bélidor concernant l’Artillerie et le Génie, Amsterdam et Leipzig, Arstée et Merkus, Paris, Jombert, 1764.