Alexandre SAVÉRIEN

Né le 16 juillet 1720 à Arles, Alexandre Savérien a légué à la postérité une œuvre intellectuelle foisonnante, composée d’une douzaine d’ouvrages et constituée de traités de sciences maritimes, de mathématique et de physique ainsi que de philosophie. Au sein de cette féconde production figure un Dictionnaire historique, théorique et pratique de la Marine, publié en 1758 et réimprimé en 1781. Savérien a fait ses études chez les Jésuites d’Arles et a ensuite été admis garde de l’étendard de Marseille dans la Marine de guerre. Particulièrement doué pour les sciences, il a obtenu son brevet d’ingénieur de marine à vingt ans. Il devient professeur à Paris à vingt-deux ans. Entre les années 1740 et 1750, il se passionne pour les sciences nautiques (construction navale et navigation) et consacre son temps à la rédaction de quatre traités importants : Manœuvre des vaisseaux (1744), Recherches historiques sur l’origine et le progrès de la construction des navires anciens (1747), L’Art de mesurer sur mer le sillage des vaisseaux (1750), Description et usage des globes célestes et terrestres (1752). Dans les trois années qui suivent, il oriente ses recherches vers les mathématiques, en publiant la même année, en 1753, deux ouvrages : un Dictionnaire universel de mathématiques et physique et une Histoire critique du calcul des infiniment petits. Il fait une incursion dans l’architecture en rééditant, en 1755, le Dictionnaire d’architecture civile et hydraulique d’Augustin-Charles d’Aviler dans une version augmentée. Lorsque Savérien publie son dictionnaire consacré à la Marine en 1758, c’est dire l’expérience qu’il a déjà acquise dans le domaine de la recherche et de l’édition.

Alexandre Savérien est sans doute le premier à offrir au dictionnaire de marine une dimension historiographique, ce que fera moins d’un siècle plus tard Augustin Jal avec son célèbre Glossaire nautique (1848). En souhaitant remonter aux sources de « l’art nautique », comme il s’en explique dans sa longue préface, Savérien se veut autant historien que lexicographe. Pour ce faire, il a beaucoup utilisé le dictionnaire de Nicolas Aubin (1702), qu’il complète de « termes de théorie » et de termes propres aux galères. Il s’intéresse particulièrement à l’histoire de la marine antique et fait œuvre de pionnier en mentionnant des citations extraites de sources anciennes. Malheureusement, les écrits de Savérien suscitent dès le début des critiques sévères de la part des spécialistes, et pas plus que ses autres ouvrages, son dictionnaire des termes de marine ne sera reconnu. Sans doute son propos a-t-il été perçu comme trop éloigné des réalités maritimes, au moment où la lexicographie maritime s’affirme de plus en plus avec la parution de dictionnaires rédigés par des officiers de marine, c’est-à-dire des hommes de mer formés dans la Marine royale et dotés d’une grande expérience de terrain. Savérien finit sa vie pauvre, la Révolution le privant de la plupart de ses moyens d’existence et ses œuvres ne lui rapportant quasiment rien. Il décède le 3 mai 1805, à l’âge de quatre-vingt-quatre ans, dans une modeste maison dans le village de Nanterre, près de Paris.

Élisabeth Ridel-Granger