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Pensées 1302 à 1306

M :Montesquieu 1726/1727-1755.
D :Bottereau-Duval 1718-1731.
E :1734-1739.
U :1739.
H :1741-1742.
J :1742.
K :1742-1743.
F :1743.
I :1743.
L :1743-1744.
O :1745-1747.
P :Damours 1748-1750.
Q :1750-1751.
R :Saint-Marc 1751-1754.
S :1754-1755.
V :1754.
JB :Jean-Baptiste Secondat ?-1795.
T :écriture des manchettes 1828-1835

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M : Montesquieu.
D : Bottereau-Duval_1721-1731.
H : 1741-1742.
P : Damours_1748-1750.
E : 1734-1739.
L : 1742-1744.
O : 1745-1747.
T : écriture des manchettes
JB : Jean-Baptiste_Secondat.
J : 1742.
K : 1742-1743.
F : 1743.
E2 :
I : 1743.
R : Saint-Marc_1751-1754.

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Pensées, volume II

1302

{f.141r} Morceaux de ce que je voulois ecrire sur l’histoire de France[1]

Nous n’avons pas le courage si abbatu que nous n’osions pas dire la verité même sous un bon prince

.

Ce ne fut pas un peuple mais une armée qui sous Clovis conquit les Gaules elles êtoientt composées de volontaires qui s’êtoient choisis des chefs plutôt pour les conduire que pour leur commander[2].

Sur l’histoire de France

Le 1er acte d’independance qu’ils donnerent fut de chasser Chilperic[3] et lorsque la famille de Clovis partagea le royaume on vit partout les seigneurs se rendre arbitres de la guerre et de la paix[4].
UneBrunehaut femme habile porta plus loin l’autorité royale et elle etonna les seigneurs par sa hardiesse et ses crimes. Son gouvernement etoit d’ailleurs bon elle fit par tout des ouvrages dignes d’un proconsul romain[5]. Fredegunde disputa de mechanceté avec elle, mais elle l’exerça plus sur la famille royale {f.141v} que sur les sujets[6].
Un gouvernement successif se fit envisager par les seigneurs comme une suite de l’esclavage ; ainsi ils furent ravis de transporter toute l’autorité aux maires du palais laissant le nom de roi à ceux de la famille de Clovis. Ils ne firent par là que remettre les choses dans le 1er ordre car comme dit Tacite De morib. German : reges ex nobilitate duces ex virtute sumunt[7]. Les rois êtoient les magistrats civiles. Les chefs les magistrats militaires, or Clovis avoit reuni ces deux fonctions et les François jugerent à propos de les separer[8].
Ainsi il ne faut pas croire que tous ces rois qu’on apelle fainéans fussent sans esprit parce qu’ils êtoient sans autorité à moins qu’on ne voulut dire que les rois de Pologne de Suede et de Dannemarck êtoient sans esprit toutes les fois qu’ils ont êté ou exposés aux entreprises de leurs sujets ou accablés sous l’empire des loix.
{f.142r} Les victoires de Pepin le firent resoudre à reunir encore dans sa personne le titre de roi, titre qui ne lui donnoit pas plus d’autorité qu’il n’avoit, titre electif comme le sien soit qu’il le fut déja en quelque façon soit que comme accessoire d’un titre electif il le fut devenu.
Je ne croi pourtant pas que le titre de roi fut electif de sa nature avant Pepin, et cela pour trois raisons. La 1ere c’est qu’il êtoit si hereditaire que chaque enfant avoit droit au partage. La 2e que ce titre ayant aussi peu d’autorité aucun roy n’ayant le pouvoir par lui même de se le faire conferér il eut êté singulier qu’on se fut asservi aux regles de la naissance si le titre avoit eté electif[9]. La 3e c’est que cela est marqué expressement dans Tacite Reges ex nobilitate duces ex virtute sumunt[10].

{f.142v} De la seconde race.

Les continuelles victoires de Charles magne lea rendirent plus absolu douceur et la justice de son gouvernement semblerent fonder une nouvelle monarchie il evita les broüilleries assembla souvent les etats de la nation : les arts et les sciences semblerent reparoitre le fl il sembla on eut dit que le peuple françois alloit detruire la barbarie[11].
Sous cette 2e race les seigneurs exercerent la même autorité que sur la premiere, mais plusieurs causes abbaisserent et detruisirent cette double puissance de roi et de chef que Pepin avoit reuni dans sa personne et celle de ses successeurs.
1º Les grands officiers ceux qui avoient des employs {f.143r} dans les provinces dans les villes devinrent successifs[12].
2º. Les evêques qui avoient eû beaucoup d’autorité sous la 1ere race l’augmenterent beaucoup sous la seconde. Il faut chercher l’origine de cette autorité avant les tems mêmes de l’etablissement de la religion chretienne. Nous voyons dans Tacite De moribus Germanor. que ces peuples ne faisoient rien sans avoir consulté les pretres : ainsi les seigneurs françois devenus chretiens se trouverent disposés à consulter des eveques comme ils avoient consulté leurs prêtres[13] : cette autorité s’etendit de deux manieres. 1º Elle se propagea avec la religion et acquit avec chaque proselyte de nouveaux deffenseurs. 2º Les assemblées ecclesiastiques devinrent plus reglées cesleur corps particulier se separa davantage et leurs interêts devinrent plus unis ce qui les mit en etat de faire eux seuls des revolutions dans la nation et de deposer les rois sous des pretextes même inoüis comme ceux de penitence et de discipline

{f.143v} De la 3e race

L’histoire de la 1ere race est l’histoire d’un peuple barbare ; l’histoire de la seconde est celle d’un peuple superstitieux ; celle du commencement de la 3e celle d’un peuple qui vit dans une espece d’anarchie qui a un mauvais gouvernement et qui n’en suit pas même les regles.
Les seigneurs ne laisserent encore une fois aux rois que le nom mais au lieu de faire un corps de monarchie sous un maire comme sous la fin de la premiere race, ils la mirent en lambeaux divisant cette autorité dont ils avoient joüi en commun sous un maire.
Ainsy on voyoit un corps composé de pieces raportées sans harmonie et sans liaison point d’autorité dans le chef aucune union dans les membres, chaque {f.144r} seigneur regissant son etat particulier avec les mêmes defauts de la monarchie ; de la majesté sans pouvoir des guerres faites avec courage a la verité mais sans but et sans dessein
Mais ce qui sembloit devoir detruire aneantir pour jamais

Autorité royale

l’autorité royale fut la cause de son retablissement chose qui n’a jamais manqué d’arriver dans toute cette 3e race comme la suite de cecy le fera voir.
Lorsque les seigneurs formerent divers êtats ils voulurent pourtant laisser toujours un corps et former une nation ; mais dans ce tems là on n’avoit point d’alliance d’etat a etat on ne les connoissoit pas même toute l’union consistoit à se mettre plusieurs sous la protection d’un seul et avoir encore chacun en descendant d’autres plus petits sous sa protection : c’êtoit pour lors le génie de l’Europe tous les seigneurs françois se mirent sous la {f.144v} protection de leur roi c’est à dire consentirent a relever de lui ; la couronne devint le fief dominant de tout l’êtat[14] et selon la loi des fiefs chaque fief qui relevoit immediatement d’elle lui fut reversible ce qui n’êtoit point à charge aux princes ou seigneurs françois parce qu’ils exerçoient le même droit sur leurs vasseaux et que d’ailleurs cette condition ne les concernoit ni eux ni leur posterité.
Mais il arriva de là que le hazard ayant rendues ces reunions trés promptes parce que beaucoup de maisons finirent pendant que la posterité de Hugues Capet resta eternelle il est arrivé dis je que le roi a succedé à l’autorité de tous les des principaux seigneurs françois et a reuni a soy l’une et l’autre puissance ce qui est peut être la maniere la plus innocente d’acquerir.
Et il ne faut pas croire comme quelques De plus par cet ordre meme il falloit necessairement que la couronne engloutit tout a la fin : car elle avoit un droit sur tout et il falloit bien que tout revint s’y perdre comme les fleuves dans l’ocean.
[Passage à la main M] Et il ne faut pas croire comme quelques {f.145r} [Passage à la main E] historiens ont dit que Hugues Capet eut donné aux seigneurs des privileges pour avoir obtenir d’eux la couronne car il ne leur auroit donné que ce qu’ils avoient et que ce qu’il n’avoit pas lui même ; il n’avoit que ses droits particuliers dans sa comté de Paris et son duché de France qui etoient une emanation de cette autorité génerale que chaque seigneur avoit eû, a quelque changement prés, depuis le commencement de la monarchie[15].
Hugues Capet ayant la couronne se trouva avoir un titre grand mais sans pouvoir, il etoit même incertain, il n’êtoit pas assuré a sa race mais seulement a sa personne, en quoi sa condition êtoit pire que celle des autres seigneurs, aussi l’histoire du commencement de cette race est elle moins l’histoire du roi de France que celle du comte de Paris[16] ; leur puissce se trouvoit quelquef ils les roix furent humiliés à ce point qu’ils {f.145v} eurent pendant plusieurs regnes la honte de vaincre le seigneur de Damartin[17] et le respect leur fut perdu jusques dans les villages.
Il n’y a jamais eu de constitution si vicieuse que celle du royaume de France sous cette race
La constitution

Constitution

, comme nous l’avons dit, sous cette race êtoit un ouvrage digne du hazard qui l’avoit formé c’êtoit un corps monstrueux qui dans un grand fief ou personne n’obeissoit renfermoit un nombre innombrable de petits etats dans lesquels l’obeissance êtoit quelquefois sans bornes et quelquefois a peine connüe. Le bien public ne consistoit que dans l’exercice de certains droits particuliers que les uns pretendoient avoir sur les autres et n’êtoit fondée sur aucune vüe generale[18].
Les assemblées de la nation n’êtoient que des {f.146r} conjurations et des pretextes continuels de vexation tantôt pour depoüiller un seigneur tantôt pour le perdre tout le monde cherchoit à s’opprimer personne à se secourir.
Les grands qui n’avoient aucune idée de la politique aprouvoient des usages qui confisquoient les terres de leurs pareils parce qu’ils exerçoient eux mêmes les mêmes usages dans leurs terres s
Si les loix avoient êté pour lors aussi sages que celles du corps germanique d’aujourd’huy et qu’au lieu de et qu’on eut joint à l’assemblée des pairs qui repond à celle des electeurs une assemblée de seigneurs et une assemblée des deputés des villes[19], le gouvernement gothique auroit subsisté[20].
Car depuis même que la puissance des rois se {f.146v} fut si fort agrandie l’on vit d’un côté la simple association des villes mettre Philippe le Bel au desespoir... et celle du bien public jetter Loüis au jetter mettre Louis 11 au point qu’il fut pret à quitter le royaume[21].
Il arriva une chose dans les commencemens de cette race qui augmenta un peu la puissance de nos rois. Ce fut la folie des croisades

Croisades

chaque seigneur prit un degout pour sa patrie ; d’un côté l’esperance des conquêtes lointaines et de terres plus étendües que celles de leurs fiefs, de l’autre l’esperance du salut acquis dans le chemin de la gloire moyen bien plus seduisant que celui qui le fait achepter par le renoncement à soi même.
{f.147r} Il arriva que Philippe qui regnoit pour lors ne fut pas touché de ces idées : il êtoit amoureux de Bertrade comtesse d’Anjou et il êtoit heureux dans ses amours les historiens parlent des charmes de cette princesse comme de ceux d’une Circée ; ainsi une passion deraisonnable fit faire à Philipe ce qu’auroit pu lui suggerer une politique consommée[22]

Passion deraisonnable qui produit l’effet d’une politique consommée

.
On voyoit pour la 1ere fois a la cour de France regner cette douceur de mœurs que l’amour inspire

Amour

même aux nations barbares et pendant que tant de heros portoient la guerre au bout de l’univers le roi languissoit dans la mollesse et les plaisirs.
Bertrade regna sur le cœur de son mari comme sur celui de son amant. Jamais femme ne porta plus loin cet empire souverain que donne la beauté. Elle regna sur le cœur de son mari comme sur {f.147v} celui de son amant. L’amour fit pardonner le crime taire le desespoir, etouffer la vengeance, les plaintes êtoient des prieres, les reproches des larmes, Foulques[23] êtoit plus tendre à mesure qu’il êtoit plus outragé.
La haine Bientôt vinrent les querelles avec les Anglois

Querelles avec les anglois

, la haine que l’on conçut pour eux fut cause que l’on n’eut longtems aucune jalousie de l’agrandissement des rois, et que l’on s’empressa même a les mettre en êtat de leur resister.
Des qu’ils furent chassés les fondemens de la grandeur royale se trouverent elevés et les François seigneurs admirerent comment ils avoient pu ainsi passer sans moyen d’une si extrême licence à une si extrême servitude. Qu’on voye le regne de Charles VII et {f.148r} celui de Loüis XI on diroit que c’est un autre peuple qui est gouverné : le pouvoir despotique arbitraire s’eleve et se forme dans un instant, a la fin de ce dernier regne il n’y avoit pas un seigneur qui put etre assuré de n’être pas assassiné[24].
Une des choses que l’on doit remarquer en France c’est l’extrême facilité avec laquelle elle s’est toujours remise de ses pertes

Facilité de la France a se remettre de ses pertes

de ses maladies de ses depopulations et avec quelle ressource elle a toujours soutenu ou même surmonté les vices interieurs de ses divers gouvernemens.
Peut être en doit elle la cause à cette diversité même qui a fait que nul mal n’a jamais pu prendre assés de racine pour lui ôter entierement le fruit de ses avantages naturels.
{f.148v} Peu de princes ont mieux connu les devoirs de la royauté que st Loüis : que s’il a donné dans la bigotterie c’êtoit les foiblesses de son tems et non pas les siennes : que s’il a entrepris des croisades c’êtoit encore l’erreur de son siecle, il faut le juger sur les vertus qu’il auroit eû dans tous les tems.

L
Louis onze
Charles sept

Sous ce regne parut combatit le comte Dunois[25]

Le comte Dunois

homme que nous pouvons regarder a aussi juste titre comme le fondateur de notre monarchie que Pharamond[26] et Clovis.

{f.149r} Louis onze [27]

La mort de Charles VII

Charles VII
Louis XI

fut le dernier jour de la liberté françoise on vit dans un moment un autre roi un autre peuple une autre politique une autre patience et le passage de la servitude a la liberté fut si grand si prompt si rapide les moyens si etranges si odieux à une nation libre qu’on ne sauroit regarder cela que comme un esprit d’étourdissement tombé tout à coup sur ce peuple royaume. S
Surtout quand on fait reflexion qu’il n’employa pour soumettre tant de princes et tant de villes aucune armée qui ne fut malheureuse qu’il ne se servit que de quelques mauvaises finesses et qu’il ne caressoit jamais que de la même main dont il avoit frappé.
L
Il sembla n’être donné a son pere que pour jetter de l’amertume sur ses victoires

Na c’est a passer

et corriger l’orgueil des {f.149v} prosperités il obtint la permission d’aller en Dauphiné sur lequel par un prodige d’ignorance espece de prodiges on ignoroit les droits qu’il avoit[28].
Lor
Lorsqu’il parvint a la couronne la France êtoit dans un êtat ou elle ne s’etoit point vüe depuis les 1ers. rois carlovingiens les Anglois nos ennemis eternels avoient êté chassés de nos provinces ils ne possedoient plus que [;] Calais leurs divisions nous assuroit encore plus qu’elle ne nous vengeoit[29]

Tel fut le sort des deux monarchies que le malheur de l’une sembla être attaché [...]

. Délivrés de nos craintes nous avions presque perdu jusqu’a la haine. L’Allemagne ne pouvoit se mesler de nos affaires que comme notre alliée ou comme ennemie de la maison de Bourgogne les differens êtats de cette maison gouvernés par des loix toutes differentes dont ils êtoient souverainement jaloux ne laissoient guere a leurs princes cette {f.150r} authorité au dedans qui fait entreprendre au dehors. Ainsi les ducs de Bourgogne êtoient dans le respect et tous les autres feudataires dans la crainte ; les rois d’Aragon de Castille de Grenade de Castille Navarre  de Portugal renfermoient leur ambition dans le continent de l’Espagne, les êtats d’Italie etoient encore plus foibles plus divisés plus timides. Les villes faisoient la guerre dans l’enceinte de leurs murailles tantot le theatre de la tyrannie et tantôt de la liberté. Le duc de Bretagne[30] ne demandoit qu’à vieillir dans la paix, il aprochoit de cette imbecilité qui devoit finir sa vie. Le duc de Savoye[31] êtoit beaufrere du roy et s’il elle avoit attenté contre nous nous pouvions disposer du Milanez[32] contre lui et pour comble de bonheur pendant que nous joüissions d’une paix qu’il sembloit {f.150v} que rien n’eut du troubler, il n’y avoit presque aucun de nos voisins qui ne fut dans la crainte, dans la fureur ou dans la lassitude de la guerre. Nos finances etoient en bon êtat, nos troupes nombreuses, agguerries disciplinées accoutumées à vaincre et nous joüissions de la science d’une longue guerre. Les êtats des principaux seigneurs êtoient presque tous entourés de la puissance royale, la plupart des grands fiefs êtoient reunis, d’autres alloient se réünir, les bornes de l’empire et de l’obeissance êtoient assés connües. Les droits reciproques assés bien établis ainsi il êtoit facile aux successeurs de Charles VII d’allier la justice avec la grandeur, de se faire redouter dans sa moderation même, d’être enfin le prince de l’Europe le plus aimé de l’Europe {f.151r} ses sujets et le plus respecté des etrangers

Louis XI

.
Mais il ne vit dans le commencement de son regne que le commencement de sa vangeance il ne daigna renonça a sa dissimulation même et fit paroitre toute sa joye. Il partit des êtats de Bourgogne suivi du duc[33] et de son fils et alla se faire sacrer a Reims. Dans un moment il changea tout ce qu’avoit fait son pere, mortifia tous ses serviteurs protegea tous ceux qui s’êtoient signalés contre lui par quelques crimes, reçut dans sa faveur le medecin Fumé accusé de l’avoir empoisonné[34], doubla les impots ôta abolit les privileges des villes inquieta la noblesse, ôta les charges ou en diminua les prerogatives, et ce que la vengeance {f.151v} ou l’avarice qui peuvent avoir des bornes ne lui fit pas changer il le changea par inquietude

Louis XI

Il abolit la pragmatique sanction[35] c’est à dire l’ouvrage de la religion et de la liberté, il refusa un apanage convenable a Monsieur[36]. Il inquieta le duc de Bourgogne il retablit le duc d’Alençon[37].
Tout a coup il parut avec une armée sur la Bretagne et il fit au duc des demandes si déraisonnables qu’il fit bien voir qu’il n’en vouloit pas plus à lui qu’aux autres seigneurs. Le duc surpris et epouvanté s’humilia et promit tant de choses qu’il pensa {f.152r} de tromper le roi a force de promettre, mais pendant ce tems là il envoya des emissaires partout, il représenta aux seigneurs qu’il ne falloit pas qu’ils pensassent que la Bretagne seroit seule insultée qu’il n’avoit avec le roi aucune querelle particuliere

Trop long

, uniquement son ennemi parce qu’il êtoit son vassal, qu’il venoit sur ses frontieres exiger des droits jusqu’alors inoüis que c’êtoit avec les armes qu’il faisoit ses procedures que cet esprit inquiet, actif, et caché ne pouvoit etre arrêté que par la crainte que pour sa justice on ne devoit en juger que par celle qu’il rendoit à son frere et de sa moderation par ses attentats contre le feu roi. Qu’il avoit signalé son enfance par des desobeissances et merité des {f.152v} punitions au dessus de son age. Qu’à l’âge d’onze ans il s’êtoit fait chef de parti que dans les guerres des Anglois on avoit disputé pour le choix d’un seigneur, mais qu’a present il n’y avoit plus à choisir sinon entre la principaute conservation de ses droits ou la sujetion.
Personne ne fut si aisé à persuader que le comte de Charolois[38] : ces deux princes s’êtoient vus s’êtoient connus ; nés pour être inegaux en dignité mais presqu’egaux en puissance ils nourissoient les semences de cette’une grande haine qui eclata depuis du pendant tout le tems que le dauphin jouit dans les terres de Bourgogne du seul azyle qu’il eut sur la terre.
{f.153r} Il avoit été insulté par les ambassadeurs du roi

Louis XI

jusques dans le palais du duc son pere et ce prince qui avoit toutes les passions exceptés les petites ne pouvoit devorer cet affront.
Le comte qui avoit envoyé dire au roi qu’il l’en feroit repentir avant la fin de l’année saisit avec avidité cette occasion. Il entra dans la ligue[.] la haine publique l’eut bientôt formée. Le roy ne vit de touts côtés que des ennemis, le duc de Bourgogne le duc de Bretagne le duc de Bourbon une infinité d’autres seigneurs, et ce qui acheva de le confondre Monsieur[39] s’évada de la cour et alla porter dans le parti ennemi un grand nom

Na s’arrêter ici

 {f.153v} de la pitié pour ses malheurs et une certaine confiance que donne à un parti un fils de France opprimé.
Pendant que le roi attaquoit le duc de Bourbon le comte de Charolois entra en France son armée rencontra celle du roi a Montlheri[40] le roi qui avoit tout a perdre ne desiroit pas la battaille le comte qui attendoit le duc de Bretagne ne la cherchoit pas non plus, mais elle fut engagée malgré eux les deux armées eurent toutes les marques tous les desavantages d’une defaite les fuyars des deux côtés porterent la consternation partout ; les uns disoient que le roi d’autres que le comte avoit {f.154r} êté tüé. Celui cy delibera de se retirer celui là se retira effectivement, tant il y avoit dans les deux partis de defiance de ses forces.
Le roi gagna vers Paris resolu si on lui fermoit les portes de se retirer en Italie[41]. Il y a aparence qu’il ne seroit jamais rentré dans le royaume et que le duc de Bourgogne y auroit etabli telle forme de gouvernement qu’il lui auroit plu.
Cette retraite donna aux seigneurs l’idée qu’ils avoient remporté la victoire et cette idée donne {f.154v} a leur parti cette reputation qui fait la puissance même, toujours fondé sur la maniere de penser de ceux qui esperent ou qui craignent
L’armée de Bretagne arriva avec Monsieur et Monsieur etoit un nom que formoient la voix des seigneurs opprimés et a la tête du bien public il sembloit être le bien public même : mais ce nom qui est devenu je ne sai comment fatal pour la foiblesse.
Il arriva avec l’armée de Bretagne mais sa presence nuisit plus au parti qu’elle n’y servit {f.155r} le roi fut reçu a Paris c’est la qu’il employa toute son addresse a gagner les cœurs.
Le duc de Bourgogne avoit fait une alliance trés longue avec les Anglois et dans le cours de ces guerres les François et les Parisiens surtout s’êtoient accoutumés a regarder les Bourguignons comme ennemis, ainsi s’ils n’aimoient pas le roi ils aimoient encore moins les Bourguignons : on s’y souvenoit des anciens meaux maux le roi caressoit les Parisiens, et ses vices sembloient disparoitre avec sa fortune, il leur disoit qu’il êtoit venu à eux comme ses 1ers sujets, qu’il vouloit les traiter en pere, que les princes liésgués ne ne {f.155v} cherchoient que le sacagement des grandes villes et la dissolution de la monarchie, que pour lui il regrettoit une paix qui l’auroit mis en êtat de leur faire les plus grands biens qu’il ne refusoit point un appanage à son frere mais qu’il ne pouvoit consentir a lui donner la Normandie et a voir distraire de la couronne les forces de la royauté. Falloit il donc multiplier les tributs sur les provinces qui resteroient à son domaine ou revoir la France dans la foiblesse dont elle venoit de sortir qu’il voyoit autour de leurs murailles ces Bourguignons qu’ils avoient si longtems vus parmi les Anglois.
{f.156r} Les seigneurs françois ne laissoient pas d’être embarassés leur ressource êtoit l’assemblée des êtats mais le peuple et le clergé y êtoient toujours contre eux parce qu’il craignoit les guerres civiles et l’ambition des seigneurs ils craignoient une guerre dont ils auroient porté les frais. Aussi les êtats tenus sous ce regne a la requete des seigneurs delibererent ils que le frere du roi se contenteroient d’une assignation en argent.
Lorsque les princes ne sont pas au comble de la puissance, rien ne les y conduit plus surement que la crainte de l’invasion d’une nation étrangere, les peuples ne sont jaloux de leurs privileges que dans l’oisiveté de la paix, qui est aussi laborieuse pour les princes non absolus qu’elle est favorable a ceux qui le sont.
{f.156v} On fit la paix et vous eussiés dit que c’êtoit l’ouvrage de la discorde elle même. Le roi donna tout et ne se reserva pour lui que l’espoir de la vangeance les larmes de ses peuples et l’esclavage de ses sujets.
Il est certain que si ces princes avoient pû seulemt pendt 6 mois se depouiller de leurs jalousies et de leurs mefiances et travailler au bien de la chose ils auroient mis le roi hors d’êtat de les inquieter et si au lieu de demander de nouvelles terres ils avoient seulement cherché a s’assurer la possession des leurs a mettre des bornes bornes au crime vague de felonie et aux confiscations arbitraires ils auroient assuré la constitution presente et forcé le roi a devorer son ambition
Il est etonnant que le roi dans le tems qu’il preparoit au duc des offenses impardonnables osat se mettre entre ses mains il sentit bientôt tout le danger de cet artifice il aprend qu’il a êté trop bien servi du côté de Liege[42], il redouble de caresses envers les gens du duc et certes il n’eut jamais plus de besoins du talent qu’il avoit de se faire des creatures
{f.157r} Le duc mena le roi contre les Liegeois ; ils n’avoitnt que la force ordinaire du peuple c’est a dire des quarts d’heure de fureur. Cette ville prise, la religion fit epargner les temples, et l’humanité ne fit rien pour les citoyens.
Le comte de st Pol[43] etoit un homme fin qui choisissoit très mal ses duppes car il entreprit de joüer trois hommes dont le 1er se piquoit de tromper tous les autres, le second êtoit l’homme du monde qui aimoit le moins a être joüé, et tous trois êtoient infiniment plus puissans que lui. Il ota donc a trois grands princes l’interêt qu’ils auroient eu de le proteger.
Il est etonnant que le duc de Bourgogne voulut ôter au roy cette epine du pied qui l’auroit embarassé toute sa vie, car il eprouva bien que le reste de la noblesse françoise êtoit fidele
{f.157v} Le duc de Bourgogne entra dans le royaume et celui qui avoit êté a la tete du bien public du royaume y mit tout a feu et a sang.
Le roi laissa son rival se consommer par ses guerres par ses defaites par ses victoires, il lui auroit plutôt donné des secours pour l’aider à se perdre. En effet ce prince incapable des leçons de la bonne ou de mauvaise ou de la mauvaise fortune plus aisé à détruire qu’à corriger se faisoit par tout des perils et se chargeoit des querelles de ses voisins comme des siennes.
{f.158r} Loüis

Louis XI

goutoit le plaisir que trouvent les ames peu genereuses lorsqu’elles voyent arriver l’instant d’une vengeance que la crainte avoit etouffée il se prepare contre la Bourgogne et comme s’il eut voulu appeller en jugement les mannes du duc Charles, lui qui pendant qu’il avoit un soupir n’avoit jamais eu la hardiesse de le trouver coupable, il l’accusa de felonie et confisqua les terres qui relevoïent de lui[44].
Il s’êtoit fait une devotion non pas contre le crime mais contre les remords. A mesure qu’il remplissoit les prisons inventoit des suplices, augmentoit les impôts il redoubloit de pelerinages de vœux et de fondations se couvroit de reliques rendoit de nouveaux cultes aux saints, il sembloit qu’il voulut transiger {f.158v} avec le ciel pour son dedommagement, et ce qui ne peut servir qu’a empecher les autres de se desesperer êtoit le fondement de sa hardiesse. Enf
Enfin ses craintes ses mefiances sa mauvaise santé le conduisirent au chateau de Plessis les Tours ou il paroit qu’il êtoit le plus malheureux de tous les hommes. Ce Miserable prince qui trembloit a la vue de son fils et de ses amis mêmes qui voyoit le peril M ou les autres trouvent leur sureté qui ne confioit de sa vie qu’a une multitude des satellites comme si pour qu’il vecut il êtoit necessaire qu’il fit violence à tous les gens de bien.
Il craignit la mort jusqu’à l’extravagance[45] il paroit pourtant que le compte terrible qu’il avoit a rendre {f.159r} fut le moindre de ses soins car il ne vouloit point qu’on priast Dieu pour son ame. Il ne pouvoit se resoudre à finir il se couvroit de reliques contre la mort. Dans les derniers soupirs il fondoit encore sa puissance ; sans esperance pour la vie il craignoit encore pour son autorité.
Il a êté assés heureux pour avoir un eu un historien qui a fait honneur â ses vices et les a parés du nom de sagesse et de prudence[46], son esprit consistoit surtout a trouver toutes les ames venales et a les payer ; il acheptoit des places et n’auroit rien donné pour la gloire de les conquerir. Il savoit aussi fort à propos avilir sa dignité : il excelloit à faire et à defaire les haines et les amitiés. Il n’êtoit retenu que {f.159v} par l’adversité il n’êtoit point de ces princes qui laissent les insinuations aux inferieurs et se maintiennent par leur majesté. Il fit de sa devotion le 1er instrument de sa tyrannie plus implacable quand il se croyoit plus pieux.
Cromwel avoit un grand esprit celui de Loüis êtoit un tissu de petites fourberies sans suitte et sans but certain. Les deux meilleurs conseils que prit Loüis l’un de broüiller, l’autre de laisser agir le duc de Bourgogne lui furent suggerés l’un par Sforce[47] l’autre par Comines

Sforce

.
Sforce n’avoit point l’audace des grds criminels mais une noirceur qu’ils n’eurent jamais. Ses crimes n’êtoient point l’effet de ses passions mais de ses reflexions, de ses deliberations de ses pensées habituelles ; c’est auprès de cet homme que Loüis se proposoit de s’aller consoler[48] et il s’en fallut peu que le destin n’unit mieux deux ames qu’il avoit si bien assorties Loüis le reconnaissoit pour son maïtre.
Louis 12

Louis 12 [49]

Louis XII

Nous voilà tombés dans un regne dont les gens de bien se souviendront toujours avec plaisir ou la vertu trouvera son histoire ou l’on est charmé d’ecrire afin de faire voir à ses concytoiens qu’il y a aussi des âges heureux pour les monarchies et que la sujetion a ses avantages {f.160r} comme la liberté ses inconveniens.
C’est pour lors qu’il dit cette parole qui ne s’oubliera jamais un roi de France ne vange pas les injures du duc d’Orleans[50].
La rep. de Venise augmentoit tous les jours ses richesses et son insolence elle avoit pour lors cette puissance qu’ont tour a tour les nations qui font le commerce de l’Orient.
Mais le jour de la battaille de...[51] {f.160v} devoit être son dernier jour comme celui de la battaille de Cannes auroit du être le dernier de Rome
Louis 12 fut l’ornement de son siecle et même de tous les siecles. Ce prince auroit fait aimer la sujetion si elle êtoit odieuse, il auroit êté capable de rendre plus suportable le pouvoir arbitraire que d’autres la liberté. Il eut un ministre[52] selon son cœur il gouverna ses sujets comme sa famille[53], sans passions comme les loix et sans bruit comme le ciel il ne pensa jamais que ce qu’un homme de probité auroit voulu penser, il ne dit que ce qu’un grand roi auroit du dire, il ne fit que ce qu’un heros auroit êté glorieux d’avoir fait.
{f.161r} Enfin si vous voulés trouver quelqu’une chose qui vous represente le beau siecle des empereurs de Rome, c’est a dire celui des Trajans ou des Antonins il faut lire le regne de Loüis 12.
Jamais les portes de l’enfer ne prevalurent plus contre l’eglise que lorsque le plus mechant de tous les hommes (Alexandre VI ) monta sur le 1er siege du monde et nous serions encore indignés de cette scandaleuse election si on ne la regardoit moins comme un effet de la brigue que comme un secret jugemt de Dieu sur les fideles[54].

François 1er [55]

Francois I

Les cours des duchesses d’Etampes[56] et de Valentinois[57] êtoient rivales, le faste du regne dans l’une et l’ambition de regner dans l’autre ; le luxe et l’avarice dans tous les deux, elles ces deux femmes s’envioient leurs plaisirs et leurs vices mêmes, toutes deux souveraines sur le cœur de leur prince elles êtoient toutes deux {f.161v} jalouses d’une conquête qu’elles ne disputoient point[58].

Henri second

La duchesse de Valentinois joignoit a une grande beauté qui lui avoit fait des amans tous les artifices qui les retiennent ; l’ascendant qu’elle avoit sur le sur le roy etoit roi êtoit une des calamités publiques, elle se servoit du cœur du roi contre lui même, elle n’avoit point cette jeunesse timide ni cette pudeur modeste qui engage plus mais qui irrite moins[59].
Charles Quint quitta le monde se retira dans {f.162r} une solitude de moines ; il s’êtoit mis dans l’esprit que les affaires l’accabloient parce qu’elles l’occupoient[60], mais cette ame qui avoit êté si fort agitée s’ennuya bientot du silence du cloitre et du vuide de ses nouvelles occupations

Charles neuf [61]
Henri 3 [62]

Voir ce que j’ay dit dans un petit ouvrage là dessus intitulé Paralleles[63] :

Paralleles
ouvrage de l’auteur

Les Holandois secoüent le joug de l’Espagne ce fut l’effet de leurs forces maritimes ; la terre a êté donnée aux monarchies la mer aux peuples libres. Philipe second s’indignoit de voir deux petites provinces[64] {f.162v} contre lesquelles se brisoit sa puissance.
Dom Jean d’Autriche mourut soit de poison soit de chagrin, car il avoit pour le roi son frere de formidables vertus, il jugeoit odieux pour avoir voulu regner même sur des royaumes imaginaires Tunis et l’Angleterre par un mariage avec Marie Stuart[65].
La vie du duc d’Alençon[66] fut un continuel desespoir il aimoit les plaisirs il avoit toujours de grands desseins mais il n’avoit a la tête de ses desseins que les ministres de ses plaisirs. Apellé aux Pais Bas {f.163r} et mecontent de ce qu’on n’y donnoit pas au protecteur de la liberté[67] toute la puissance de la tyrannie il fit des entreprises sur les principales villes[68] et eut le chagrin d’avoir montré sa perfidie vainement. Ainsi ces peuples qui virent la servitude aussi presentes avec lui que sans lui revinrent a cette ancienne haine contre les François qu’ils avoient sous la maison de Bourgogne[69].
Don Carlos fut la plus grande victime de l’inquisition s’il est vrai qu’elle ait pardonné aux manes de Charles V[70]. Ainsi la superstition acheva dans le cœur de Philipe ce que la jalousie y avoit commencé, on dit qu’aprés avoir tenté inutilement la pitié de son pere il rendit dans son sang une vie {f.163v} qui lui êtoit a charge depuis qu’il la l’avoit demandée[71].
Ce prince êtoit violent, mais l’impetuosité de l’esprit est moins incurable que la foiblesse et cette foiblesse dans les rois qui succederent fait voir combien rendit cette mort de don Carlos fut fatale à la monarchie.
C’êtoit le destin de l’Angleterre qu’elle seroit deux fois perdue par l’impetuosité des papes[72], la grande puissance que Rome avoit exercée sur ce royaume la rendit moins traitable dans ses démêlés avec ses rois mesurant le degré de l’empire a celui de la désobeissance elle fut incapable de tous ces menagemens qui {f.164r} convienent si bien à une puissance qui ne regne que sur les ames.

Henri IV [73]

Henry IV.

Les seize gens hardis et qui ne savoient a qui faire rendre compte des malheurs de leur parti allerent prendre Brisson Tardif et L’archer et les firent pendre[74] le peuple regarda de sang froid cette execution et les seize ne purent jamais lui faire part de leur fureur
Le duc de Mayenne[75] se trouvant dans un parti {f.164v} ou le titre de roi êtoit odieux a ceux qui en êtoient les chefs n’osa le prendre[76], mais il ne fit pas reflexion qu’il le laissoit aux princes legitimes. En effet sa personne devenoit sacrée pour tous les François que la fureur pourroit quitter pour ceux que le degout pourroit prendre pour ceux qui pourroient honorer leur ambition du nom de fidelité pour ceux qui se souviendroient de la gloire de la monarchie enfin pour

Mis dans L’Esprit des loix

cette noblesse qui tient à honneur d’obéir à un roi, mais qui trouve de l’infamie a partager la puissance avec le peuple[77]

On voit dans la cont. du  [...]

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Il est certain qu’en faisant declarer roi le cardinal de Bourbon il accoutumoit le peuple a reverer encore {f.155r} [80] ceux de cette maison[81] et le rapelloientt a la fidelité ancienne.
Lorsque le duc de Mayenne pendit les seize il fit suivit la justice et non pas la politique il ôta cet esprit de faction qui l’avoit elevé, et toute la chaleur qui animoit son parti[82]. La perte des battailles peut se reparer mais l’esprit d’une faction qui decline ne peut guêre se retablir. Bientôt cette opposition infinie dans l’esprit des deux partis ne fut plus la même surtout lorsque le roi d’Espagne eut découvert ses desseins et demandé la couronne pour sa fille[83] tout ligueur outré fut regardé comme traitre.
Il est certain que si Philippe avoit porté uniquement les interêts du duc de Mayenne, s’il l’avoit fait roi {f.155v} comme il pouvoit le faire il auroit rendu les maisons de Lorraine et de Bourbon eternellement rivales et contraint le roi de rester dans sa religion, mais le destin de la France voulut qu’il ne prit pas ce party que même la faction fut divisée et que la maison de Lorraine ne le fut pas moins.
Pendant que la maison de Lorraine preparoit sa puissance et qu’elle formoit dans le royaume une nouvelle monarchie, les hugenots soulagés du poids de la puissance royale pouvoient se diviser impunement et donner à leurs ennemis des avantages qui dans tout autre tems les auroient perdus sans ressource. Henri se convertit et ne vit rien de plus sacré que sa couronne.
{f.156r} Est tué le 14 may 1610 à 4 heures du soir[84].
Ravaillac foüillé trois quarts d’écu avec un cœur de cire navré[85] de 3 coups il demande si le roi estoit mort on lui dit que non si lui ai je porté un vilain coup, il badine, et disoit gardés que je ne die que c’est vous mesme, de L’Etoile p 305. 306.
À cinq heures du soir la reine declarée regente par le parlement qui se rassemble ib. p 306 pressentiment du roy ibid. p 307. 308.
Pere Coton demande si le scelerat n’est pas un heretique[86] ib. p. 309.
Medecin Duret[87] fait medecin de la reine l’homme du monde que le roi aimoit le moins
[f.156r] Lorsqu’Henri 4 eut êté assassiné[88] les Espagnols furent soulagés d’un poids immense, ils se voyoient délivrés d’un prince qui avoit de grands projets, qui s’allioit avec les princes opprimés et avoit la confiance de l’Europe. Il est certain qu’ils se mêlerent de l’entreprise de Ravaillac que les ligueurs proscripts a Naples et aux Paÿs Bas[89] ne cesserent de conjurer surtout depuis que l’Espagne instruite du projet du roi contre elle crut n’avoir plus rien à menager. Pour la
{f.156v} societé[90] quelque fut le bruit public il y a aparence qu’elle n’y trempat point et qu’elle mit même la mort du roi au rang de ses malheurs car cette mort reveillant la memoire d’une infinité de fautes que le tems n’avoit pu encore faire oublier, faisoit renaitre les soupçons publics et p mettoit en peril tout le corps et plus encore ses principales têtes ; d’ailleurs la conduite du roi êtoit pour eux la religion même, car il leur donnoit de l’argent et ce qui êtoit encore plus catholique ils dirigeoient sa conscienceƗ

ƗVoir cela

et souvent ses affaires. La societé avoit en cour des amis puissans et le roy qui aimoit que
[f.156v] Conchine[91] qu’on disoit porter fort constamment la mort du roi on croyoit qu’il y avoit contribué ibid. p. 309. 310. Dureté du feu roi pour une pauvre femme ib. p 311.
De Vicq[92] obtient la chemise sanglante du roi ib. p 310
Billet laissé 3 ans auparavant sur un autel pour avertir le roi de Ravaillac ibid. p 312
Le jeune roi je voudrois disoitdis-je disoit il, n’être point roi et que ce fut mon frere car j’ai peur qu’on me tue. p 314. ib.
Le roi va le 15 may au parlemt pr confirmer la regence le 1er pres.[93] et Servin[94] font des discours trés beaux. Le 1er president sur les protestations du duc de Guise l’en remercie et dit
{f.157r} qu’il en fera charger les registres pour l’en faire souvenir.
Un homme mis en prison pour avoir dit que l’action de R.[95] êtoit bonne il êtoit de la maison du d. d’Epernon et du connetable[96] mis dehors par l’importunité des plus grands ; discours du peuple sur ces deux seigneurs p. 316. ib.
Autre garnement pris qui avoit montré a une femme plusieurs espions du roi d’Espagne habillés en pauvres entr’autres Ravaillac qui avoit un faux bras caché. Proced.[97] ib. p 319

Voir cela

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Le P. d’Aubigny[98] confesseur interrogé dit avoir le don d’oublience des confessions. p 320.
Jesuites accusés dans les sermons de quelques curés de Paris.
[f.157r] l’on lui marquât de l’attachement êtoit de ce côté là tout a fait content d’eux, le roi même êtoit tres bien avec Rome parvenüe par sa conversion à ce qu’elle pouvoit souhaiter de plus heureux de conserver dans le royaume la religion catholique et l’independance de l’Espagne. Les seigneurs du royaume exceptés qu’un ou deux qui furent griévement soupçonnés, n’y tremperent pas non plus car outre que ces actions ne sont ni de leur cœur ni de leur esprit on ne vit en eux aucun penchant au desordre au contraire ils donnerent au malheur commun toutes leurs inimitiés. Ravaillac soutint jusqu’au dernier
{f.157v} moment qu’il n’avoit pas de complices et il reçut une absolution sous condition que s’il ne disoit pas vray il seroit damné mais ce qui fit naitre les soupçons fut une grande negligence dans la poursuitte de certaines gens que l’on accusoit d’être complices. Mais on crut qu’il etoit de la prudence de cesser des poursuites ou personne ne gagnoit rien, ou bien des gens pouvoient être calomniés, ou l’on couroit risque de trouver un grand ennemi dont il falloit se cacher l’inimitié pour ne pas se le rendre irreconciliable. Ceux qui gouvernoient ne songeoient qu’à leurs interêts prés
[f.157v] Plusieurs informations remises à Mr le chancellier demeurées au neant.
Coeur[99] porté a La Fleche p 325.
Livre de Mariana[100] brulé declaration des jesuites contre la doctrine de ce livre qui soutient le fait de F. Clément[101] p 325 ibid.
M. de L’Etoile p 307 et 309.
Mr d’Epernon bien avec les jesuites et pour eux. Sujet de soupçonner Mr d’Entragues et la marquise de Verneuil[102] ib. p 327 328.
Affaires de la guerre ibid. p. 329
Divisions entre le P. de Conti[103] et le comte de Soissons[104] appuyé d’Epernon qui avoit l’esprit de la reine. Epernon conservé dans son gouvernement de Mets[105] p 331. Affliction du pape à cette nouvelle p 332.
{f.158r} Epernon rajeuni depuis la mort de son maitre ib p 334.
Le comte de Soissons menace de donner d’un poignart dans le
[f.158r] presens on cessa donc d’exposer des gens à une accusation terrible à l’innocence même.
sein à ceux qui diront que les jesuites ont fait mourir le feu roi ibid p. 337.
Le jesuite Gontier[106] prêche l’intolerance contre les huguenots, Epernon l’y enhardit, huguenots craignent une Ste Barthelemy ib. p 338.
L’argent amassé par le feu roi donné aux grands ib. p 341. Balduin jesuite[107] qui savoit plus qu’homme du monde des nouvelles de l’assassinat du feu roi est arrêté pour la conjuration des poudres p 343.
[Lettre biffée non déchiffrée]. Coton maltraité du roi p 345

{f.158v} Loüis 13 [108].

Louis XIII

Le roi Jacques avoit succedé aux etats d’Elizabeth et non pas à son authorité. De la dignité sans force un grand nom sans pouvoir. Ce qui faisoitt la plus triste condition qui soit au monde. Elizabet fut le dernier monarque de l’Angleterre.
L’Italie ayant renoncé au pouvoir militaire comptoit sur sa politique contre les accidens, dans la balance du pouvoir [mot biffé non déchiffré] cherchant deux maitres de peur d’un, travaillant a diviser les forces de l’Europe comme elle avoit partagé les siennes. L’Espagne la divisoit par le Milanez[109] et la tenoit de et la tenoit par d’ un bout par le royaume de Naples. Les êtats {f.159r} du pape n’êtoient de nulle consideration pour une ligue dont personne ne voulant s’allier avec des princes dont l’imbecillité estoit successive et qui ne faisoint esperer que quelques jours d’un âge ou tout decline jusqu’a la prudence et ou l’experience laisse bien des difficultés et non pas des moyens, des defiances et non pas des resolutions.
Les Espagnols maitres de la Valtelide[110] enfermoient cette province l’Italie par les Alpes par la mer. Ils pouvoient recevoir du secours par l’êtat de Gênes qui dependoit d’eux par la etoit dans leur dependance des parties à cause de celle des particuliers. Ils alloint être celle ou ils tenoint les particuliers. Ils alloint faire les Lombards en Italie... guerre de la Valtelide[111]...
Le pape[112] qui n’a de puissance que par l’ostentation de sa puissance feignit de s’armer, et sur la nouvelle sachant bien qu’il ne risquoit rien point de faire la guerre au {f.159v} moment de la paix. Enfin les deux rois traiterent sans les Scavoyards et les Venitiens. Les monarques se joüent des petits princes comme la fortune se joüe des monarques

V. Nani p 312[113].

on fit la paix sans les parties qui avoient fait si heureusement la guerre et on apella dignité le mepris des alliés.
Protection des grands princes chés lesquels deffendre est assujetir, chose qui est même vraie entre particuliers.
On peu Charles Emanuel duc de Savoye dans un petit etat ou sa fortune etoit comme enchainée avoit l’ame de Cesar. Il s’indignoit contre le destin qui ne l’avoit fait souverain que pour le rendre dependant. D’autant moins libre qu’il êtoit né pour l’être dans une situation d’autant plus triste qu’il ne pouvoit ni commander ni obeir. Ce prince mesurant sa puissance par sa dignité ou par son ambition osa malgre l’Europe entiere faire la guerre au duc de Mantoüe et montrer de l’orgueil devant les Espagnols. Pour lors la {f.160r} France s’unissoit d’interets avec l’Espagne comme si ce n’êtoit pas déja trop de ne point secourir les princes d’Italie sans aider encore à les opprimer ; mais pour lors la politique n’êtoit employée qu’a assurer la fortune d’un indigne favori. Concinno[114] ne songeoit qu’à une retraite qu’il prevoyoit dèja necessaire. Il fut assassiné comme s’il avoit êté un duc de Guise.
Bientôt aprés se decouvrit cette conspiration contre Venise qui n’a point fait de deshonneur à son auteur parce que les hommes n’ont horreur que pour les crimes des gens mediocres ; il avoit conspiré contre cette rep[115] ; comme on conspire contre la vie d’un particulier pendant qu’elle ne se deffendoit que de la conquête qui est toujours longue il songeoit a la destruction laquelle ne demande qu’une nuit : pendant qu’on executoit les {f.160v} complices le caractere de l’ambassadeur le rendoit redoutable le peuple le menaçoit de le mettre en pieces Betmar[116] chargé d’execrations soutenoit encore l’orgueil de son rang, il menaçoit encore parce qu’il n’avoit pu détruire.
Le duc d’Ossone viceroy roi vice roy de Naples homme dont les caprices entroient dans l’ordre de ses desseins. Il avoit la politique de laisser douter s’il avoit de la raison et il pensa se faire roi dans le tems qu’on le jugeoit à peine capable d’être gouverneur.
La France par le traité d’Ulm[117] fonda cette grande puissance de la maison d’Autriche en Allemagne.
{f.161r} La ligue catholique faisoit en Allemagne des progrés étonnans. Les princes protestans consternés ne se servoient pas de leurs forces ils ne les sentoient pas même. Il n’y avoit que des avanturiers qui n’ayant ni biens ni reputation ni etats à perdre fatiguoient les vainqueurs et ne les arretoient pas. Le seul Mansfeld[118] se distinguoit par la facilité qu’il avoit à reparer ses defaites. Le roi Le roi Jacques aussi malheureux dans la negociation que son gendre[119] dans la guerre ne lui donna q nuisit plus qu’il ne le secourut et le faisant negocier sans cesse ne lui donnant que de petits secours il lui ôta jusqu’aux ressources de la promptitude et du desespoir. La maison d’Autriche disposoit des êtats de ceux qu’elle qualifioit de rebelles et alloit disposer de ceux qui ne l’êtoient pas encore elle croyoit déjà tenir par l’Allemagne le bout de la monarchie universelle[120] quand tout a coup la France se determina a abattre cette monarchie qui ne soutint que Loüis 13 et qui sous le regne de Louis 14 fut confondue dans le regne nombre de ses ennemis. Il crut que par une longue paix il oteroit à son peuple ses inquietudes mais si ce peuple est quelquefois indocile envers les princes qu’il craint il l’est bien plus envers ceux qu’il {f.161v} meprise, il ne respecte jamais tant le trône que quand il le voit couvert de lauriers. On peut dire que le cardinal de Richelieu ressuscita la rel.[121] protestante qui tendoit à sa destruction ; et qu’en frapant sur Madrid et sur Vienne il frapa des mêmes coups sur Rome. Les papes de ces tems là ne laissoient pas d’être embarassés entre la religion et l’empire cette même maison qui avoit porté la religion catholique partout alloit devenir la maitresse ende l’Italie. L’interet de l’eglise se trouvoit different de l’interêt de la religion le prince n’êtoit pas d’accord avec le pontife chaque pape suivoit ou rejettoit les vües de ses predecesseurs suivant qu’il avoit plus d’ambition ou plus de zele ainsi Urbain ne fut pas si entêté des affaires de la Valteline que {f.162r} Gregoire[122].
Le roi Jacques crut que par une longue paix il oteroit à son peuple ses inquietudes mais si ce peuple est quelquefois indocile envers les peuples rois qu’il craint il l’est bien plus envers ceux qu’il meprise, il ne respecte jamais tant le trône que quand il le voit couvert de lauriers.
Le roi de Boheme avoit contre lui la maison d’Autriche la couronne de France à qui sa maison êtoit odieuse par les à cause des secours qu’elle avoit toujours accordés aux protestants les negociations de son beau pere ses irresolutions [lettres biffées non déchiffrées] souvent compagnes de l’adversité et souvent plus fatales que l’adversité même.
Stuard maison sur laquelle le destin frape sans cesse pour {f.162v} etonner tous les rois qui a eu une dont la grandeur [mots biffés non déchiffrés] n’a [lettres biffées non déchiffrées] êté faite que pour les disgraces, qui a souffert des outrages inconnus aux souverains qui a eu des malheurs semblables à ceux que vantent les femmes fables.
Le mariage de la princesse de France[123] avec Charles 1er  mariage qui avoit d’abort allarmé les Espagnols ne fut heureux ni pour la France ni pour l’Angleterre ni même pour les deux epoux. Dans le voyage que Bukinkam[124] favori du roi d’Angleterre avoit fait pour chercher sa reine il avoit vû la jeune reine de France et avoit eû l’ambition eu l’audace de l’aimer et Richelieu celle d’en être jaloux : la haine des deux favoris passa dans le cœur des deux rois, la reine de France fut toujours insultée par Richelieu ; celle d’Angleterre par Buckinkam, on ôte a la 1ere ses plus chers domestiques on chicanna la 2e sur sa religion, enfin les deux cours ne {f.163r} perdirent aucune occasion pour exercer ces petites vengeances exquises comme les passions qui les font naitre et qui soulagent quelquefois la haine autant qu’une guerre ouverte.
Epernon êtoit un homme egalement fier dans la bonne et dans la mauvaise fortune, dans la faveur et dans la disgrace avec ses superieurs ses egaux et ses inferieurs il savoit monter mais il ignoroit absolument comment on pouvoit descendre.
La reine mere n’avoit rien qui la mit au dessous des femmes du commun ni rien qui la mit au dessus jamais princesse ne fut moins italienne elle ne vit rien au travers de ses preventions, ses plaintes et ses aigreurs eternelles eloignerent plus qu’elles ne toucherent son mari et son fils.
{f.163v} Loüis sans esprit et plus encore sans force d’esprit il s’amusoit à des niaiseries et êtoit jaloux du gouvernement il prit tous les soupçons et tous les chagrins que ses ministres voulurent lui donner, il devora tous les siens, il dut son nom de juste à l’exercice qu’il fit des vangeances qu’il fit du cardinal[125]. Devot au lieu d’être pieux il n’avoit pas cette devotion qui vient de la force de l’ame mais celle qui nait de sa foiblesse
Le caractere du roi n’êtoit pas bien different de celui de Monsieur[126] mais le metier de Monsieur êtoit plus difficile a faire que celui du roi qui alloit tout seul rien ne retranchant plus les difficultés que la puissance.
Monsieur entroit toujours dans les affaires avec l’inquietude d’en sortir. Il entreprenoit contre le cardinal et se conduisoit de façon qu’il ne lui montroit que de {f.164r} vaines inimitiés, il ne savoit être innocent ni coupable il croyoit ne perdre rien en ne perdant que ses serviteurs et regardoit leur perte avec une indifference qui n’a guêre jamais eû d’exemple il ne portoit dans les partis ou il entroit que ses craintes et un esprit tantôt susceptible de toutes les impressions tantôt susceptible d’aucunes

Voy. mem. de Montresor tom. 1. p 162. Lett. de Mr, du roi et du cardl[127]

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Richelieu homme privé qui avoit plus d’ambition que tous les rois monarques du monde, il ne regardoit les peuples et les rois que comme des instrumens de sa fortune, il faisoit la guerre moins contre les ennemis que contre les intrigues de la paix, la France, l’Espagne, l’Allemagne, l’Italie, l’Europe

Richelieu

entiere tout l’univers n’êtoit pour lui qu’un theatre propre à signaler son ambition {f.164v} sa haine ou sa vangeance
Il gouverna comme maitre et non pas comme ministre : c’êtoit regner que de gouverner comme lui il augmentoit l’autorité royale non par flatterie non par attachement mais par ambition, il faisoit des esclaves pour en joüir, il forçoit par ses mauvais traitems les princes du sang au ressentiment et en tiroit avantage. Il êtoit jaloux même de son maitre et usurpoit sur lui cette autorité qu’il lui faisoit reprendre sur les grands. Favori sans avoir le cœur [mot biffé non déchiffré] : jaloux même des talens mediocres pensant moins à exercer qu’à signaler son ministere, homme enfin qui avoit toujours de l’ascendant sur les esprits et jamais de l’empire sur les cœurs. Il {f.165r} Il se soutint sans faveur uniquement par son propre genie et par la grandeur des affaires. Il fit joüer a son monarque le second rosle dans la monarchie et le premier dans l’Europe il avilit le roi et honora le regne et lui lui ota les lauriers de toutes ses victoires[128].
Il faut avoüer que les moyens qu’il employa pour saisir l’esprit du roi n’êtoit pas de ces moyens communs qui reussissent si bien dans les cours aux ames viles. Il laissa le poste de favori sous lui il prit le prince du côté de la sureté de la gloire et par là il se rendit maitre d’un homme egalement soupçonneux jaloux et ambitieux mais ambitieux comme un particulier est avare et qui n’avoit d’un grand homme que quelque envie de le devenir.
{f.165v} Il parvint a mettre le prince dans cet êtat qu’il ne [lettres biffées non déchiffrées] que ses interets n’êtoient plus separés de ceux de son ministre qui ayant irrité tous les grands lui rendoit necessaires ses victoires contre les ennemis du dehors. Enfin il ne fut autre chose que l’instrument de la grandeur du cardinal, et comme j’ai dit, son secret fut de donner toujours au roi plus d’affaires qu’il n’en pouvoit porter :
Marillac porta jusques sur l’echafaut la reputation de son innocence le marechal de Montmorency[129] fut pleuré de ceux mêmes qui le condamnerent pendant que l’implacable cardinal s’indignoit de la pitié universelle et rendoit le roi aussi inflexible dans sa justice qu’il l’êtoit lui même dans sa haine ; ainsi il ne faut qu’un jour pour efacer devant les princes les actions de mille années.
{f.166r} Monsieur le Grand de saint Marc 

Mr de St Marc

avoit l’ame grande, l’air noble, des amis et de l’ambition, même avant d’être favori. Le cardal avoit mis dans ses mains la faveur du roi comme un depost qu’il devoit lui rendre, il vouloit qu’il se contentast de l’honneur d’amuser le roy mais une telle moderation n’êtoit point faite pour Mr le Grand qui cherchoit à se signaler par tout ce qu’ayent pu qui peut faire les grands hommes, car il demandoit de commander dans les armées et vouloit entrer dans les affaires enfin ces deux hommes porterent si loin leurs inimitiés qu’ils ne laisserent plus le roi le maitre de les souffrir tous deux
{f.166v} Les huguenots bien embarrassés sous Loüis 13 les grands de leur party avoient abandonné les manes de leurs peres Condé[130] pour de l’argent, La Force pour le baton de marechal de France ; Lesdiguieres pour être connestable le seul Rohan[131] faisoit revivre l’amiral[132] dans un tems ou les secours etrangers n’êtoient plus ou Jacques n’êtoit qu’un vain phantome de ce heros connu sous le nom d’Elizabeth ou le zele êtoit rallenti ou la paix avoit enervé les courages ou les capitaines et les soldats êtoient devenus des citoyens, ou la religion nouvelle commençoit à prendre la tiedeur de l’ancienne ou l’air de la cour avoit placé l’ambition là ou êtoit la superstition ou les ministres etoient moins connus par leurs predications que par leur avarice et leur {f.167r} foiblesse ou la subordination etoit perdüe, ou tout bourgeois vouloit être capitaine et tout capitaine courtisan, ou le parti catholique qui n’avoit pu detruire l’autorité royale l’avoit pour ainsi dire enveloppé. Mais tout êtoit ranimé par le feu par l’activité par la presence du duc de Rohan grand homme de cabinet grand capitaine Montauban se deffendit avec cette fureur et cette patience qui ne se trouvent que lorsque l’on a une religion à deffendre l’armée catholique êtoit presque détruite et n’êtoit pas encore lassée
Bukinkam[133] qui attaqua en vain l’isle de Ré ôta les vivres a La Rochelle et en facilita la prise. La Rochelle êtoit deffendüe par sa situation, sa reputation sa religion, le courage d’un peuple soldat et citoyen par l’ar les secours, même par lesa fureurs de la mer enfin par l’ardeur naturelle {f.167v} a deffendre son independance. De ce coin de terre devoit dependre le destin de l’Europe. Richelieu songea à la reduire par. La difficulté de l’entreprise servit à la faire réussir parce que personne ni au dedans ni au dehors ne songea a la traverser et si l’on y fait bien attention les desseins les moins sensés sont souvent ceux qui reussissent le mieux. On forme mille obstacles contre les entreprises que l’on peut craindre ou que l’on peut prevoir.
La prise de cette ville changea la face de toute l’Europe le genie de la France s’éleva des ce moment contre celui de l’Espagne cette derniere se lava à la verité des accusations tant de fois faites de {f.168r} n’avoir d’autre religion que celle qui favorisoit sa grandeur ou sa politique la chûte du parti huguenot l’expulsion des morts[134] la justifia, mais que ne lui en couta t il pas pour se justifier.
Le ministere du comte duc d’Olivares fut une perpetuelle decadence.
La guerre se faisoit non pour la gloire des princes l’utilité des peuples le bien de la religion mais pour l’orgueil de deux ministres qui se joüoient de leur patrie et abusoient du genre humain.
Les deux plus mechans citoyens que la France ait eus Richelieu et Louvois[135]. J’en nomerois un troisieme mais epargnons le dans sa disgrace :
{f.168v} Une page blanche

{f.169r} Loüis 14 [136]

Louis XIV

Le cardinal Imperiali qui avoit offensé le roi trouva par tout la colere d’un grand prince[137].
A la paix de... on donna a la France la haute et base Alsace et le... Les ambassadeurs de France se recrierent sur le peu allés dit Mr Foscarini plenipotentiaire de Venize il y a plus de deux cens mille ans qu’aucun ambassadeur de France n’envoya a son maitre trois provinces dans une lettre[138].
{f.169v} Une armée de cent mille Turquescs parut tout à coup devant Vienne, on en fut plutot plus etonné que consterné, l’empereur[139] retiré a Lintz demande et trouve partout du secours il osa même refuser le nôtre Sobieski[140] arrive avec... secours d’autant plus agreable qu’il n’êtoit pas suspect qu’il avoit à peine êté demandé à peine esperé et qu’il se pouvoit refuser par les raisons de sa deffense propre.
Nous ne primes donc d’autre part a l’affaire de Vienne que celle pour laquelle il plut aux imperiaux de nous y mettre. Ils pretendirent avoir trouvé des preuves firent courir le bruit que nous avions nous mêmes attiré ce fleau au non chretien[141] ils pretendirent en avoir trouvé des preuves dans la cassette du grand vizir soit que cela fut vrai soit que cela fut propre à exciter la haine
{f.170r} Loüis ne sembloit travailleroit qu’à reveiller contre lui la jalousie de l’Europe il sembloit avoir formé le projet de l’inquieter plutôt que de la conquerir. Le genie d’un grand politique cherche a etablir la puissance avant de la faire sentir, le genie de Loüis êtoit de la faire sentir avant de l’avoir etablie.
Il sembloit n’avoir de puissance que pour l’ostentation tout êtoit fanfaron jusqu’à sa politique et si l’on veut lire les negociations lettres du comte d’Estrades avec au cardinal Mazarin et ensuite au roy on verra combien que cetl’esprit fanfaron avoit gagné autant de terrein sur le roy qu’il en avoit peu sur le cardinal[142].
Son Il avoit une ambition etoit si fausse qu’il se ruinoit à prendre des places qu’il savoit qu’il seroit obligé de {f.170v} rendre. Enfin Il ambitionnoit un certain genre d’heroïsme dont les histoires ne nous ont pas encore donné d’exemples.
Louvois

Louvois

le plus mauvais Francois qui soit peut être encore né[143] lui faisoit faire la guerre que pour se rendre necessaire [mot biffé non déchiffré] crime qui comprend tous ceux que la seule justice de la guerre rend legitimes les princes qui auroient soutenu dans le respect la grandeur du roi, il les desesperoit par son insolence.
Le prince d’Orange[144] n’avoit point les talens d’un homme de guerre, mais il avoit tant de parties d’un grand homme que l’on mettoit ses fautes au nombre {f.171r} de ses malheurs et au lieu qu’on a coutume d’accuser les autres generaux des fautes du destin on mettoit sur le compte de la fortune les defaites continuelles de celui cy soit pour sa gloire soit contre la nôtre.
{f.171v} Baville

Baville

homme d’une famille qui a produit de grands hommes : il estoit le grand instrument du pouvoir arbitraire qui s’êtoit fait etablir dans une grande province comme une espece de dictateur sur les commandans des troupes et sur les compagnies souveraines comme un inquisiteur sur la foy comme un questeur rigide pour les deniers publics. Homme le plus propre a eteindre une religion qui a vielli et le plus propre à irriter le zele d’une religion qui commence qui sur son tribunal repandoit le sang comme les guerriers le versent sur le champ de battaille qui confondoit sans cesse la puissance civile avec la militaire, genie plus dangereux qu’un mediocre, parce qu’il outroit les principes, homme d’ailleurs aimant la police et qui ne negligeoit pas le bien lorsqu’il êtoit compatible avec ses preventions laborieux diligent propre à rompre les entreprises des ennemis et à seconder celles du ministere
Voy. ci dessus le caractere de Louis 14[145]

Passage de la main E à la main M

1303

{f.172r} [Passage à la main M] Jusques icy
Je disois l’humeur est la passion de l’esprit

- - - - -

Passage de la main E à la main M

1304

Ecrivant une lettre de recomandation a Mr de Fontenelle je finissois ainsi je vous demande de vous interesser pour un homme de merite et pour un honete homme je ne scache rien a vous dire de plus seduisant pour vous :

- - - - -

Main principale M

1305

Voy. la p. 34 de ce volume
A mesure qu’on a plus exigé des autheurs on a moins exigé des critiques
{f.172v} Une page blanche

Main principale M

1306

{f.173r} [Passage à la main E] Jusques icy la fortune sembloit avoir pris plaisir à corrompre le cœur du roi elle seen lassa.
Avant la battaille d’Hostet[1] la France êtoit montée à ce periode de grandeur que l’on regarde comme immuable quoiqu’il touche au momt. de la decadence. Il est certain que la ligue se fit par desespoir [lettre biffée non déchiffrée]
Nous perdimes donc a Hostet cette confiance que nous avions acquise par trente ans de victoires [signes non déchiffrés en bout de ligne]
Bataillons se rendirent prisonniers de guerre nous regrettames leurs vies comme nous aurions regretté leur mort.
Il semble que Dieu qui a voulu mettre des bornes aux empires ait donné aux François cette facilité d’acquerir avec cette facilité de perdre ce feu auquel rien ne resiste avec ce decouragement qui fait plier à tout
{f.173v} Made de Maintenon. Le tems lui ota la beauté jamais de certaines graces ; son esprit insinuant fit seul et malgré les yeux cette grande conquête. Elle servit sa famille avec moderation et n’eut aucun attachement pour les richesses[2], elle ne demanda plus rien aprés le cœur et jouït dans la mediocrité joüit de la plus grande de toutes les fortunes. Lorsque le roi devint difficile sans cesse exposée a ses chagrins, elle sembla plutôt les adoucir que les souffrir. Il est vrai que le roi avoit l’ame trés plus grande que la sienne ce qui faisoit qu’elle abbaissoit continuellement celle du roi[3].
Le roi avoit perdu le cœur de ses sujets par les tributs intolerables dont il les avoit chargés, soutien necessaire d’une guerre vaine, car telle est la nature des choses {f.174r} qu’ordinairement ceux qui commencent à combattre pour la gloire finisst par combattre pour le salut de l’êtat.
La guerre entreprise souvent sans sujet fit croire que toutes celles qu’il fit dans la suitte etoit aussi peu legitimes et quand on combattoit pour le salut du royaume on croyoit encore ne combattre que pour les passions du roi :
Il avoit un desir immoderé d’accroitre sa puissance sur ses sujets en quoi je ne sai si je dois le tant blamer d’un sentiment commun à presque tous les hommes.
Il

Louis XIV

avoit plus les qualités mediocres d’un roi que les grandes une figure noble, un air grave, accessible, poli[4], constant dans ses amitiés n’aimant à changer de ministres ni de manieres de gouverner astraint aux loix et aux regles dés les qu’elles ne choquoient pas ses interêts, aimant a conserver les droits des sujets envers les sujets {f.174v} liberal envers ses domestiques[5] trés propre enfin à soutenir l’exterieur de la royauté, mais né avec un esprit mediocre il se trompa souvent de la vraye grandeur à la fausse[6], il ne sut ni commencer ses guerres ni les finir, dans un siecle et dans une partie du monde ou le heroisme est devenu impossible il eut le foible de le chercher, determiné a ses entreprises par l’interêt de ses ministres[7] il ne sçut ni attendre les pretextes ni les prendre, le ciel lui donna des ministres et des generaux, son choix ne lui en donna jamais[8], ses confesseurs qui accomoderent toujours sa devotion à sa situation presente lui firent croire lorsqu’il fit des traités ou il abandonnoit tout que la devotion consistoit dans la moderation lorsqu’il essuya des revers qu’elle consist faisoit la guerre ils ne lui parlerent que de David lorsqu’il fit la paix ils ne lui parlerent que de Salomon. Cette devotion acheva de lui ôter le {f.175r} peu de genie que la nature lui avoit donné son conseil de conscience de dure qu’êtoit son gouvernement le rendit odieux et ridicule[9]. Il[10] le filouta pendt 40 ans[11] aux yeux de toute l’Europe, il fut pris sur le fait sans perdre sa dupe. On admiroit la hardiesse du conseil de conscience et la debilité des autres. Là tout êtoit feu partout ailleurs de la tiedeur et de la consternation. Le ministere idiot de Chamillard[12] acheva de le degrader. [Lettres biffées non déchiffrées] Très facile à tromper parce qu’il se communiquoit peu.
Mr de Cambray[13] par sa devotion pensa devenir son 1er ministre. Difficile a amuser Sur la fin de ses jours difficile a amuser, incapable de chercher ni de trouver dans lui même des ressources, sans lectures, sans passions, attristé par sa devotion et avec une vieille femme livré au chagrin d’un vieux roi. Il[14] avoit une qualité qui chés les devots passe la devotion même {f.175v} qui est de se laisser tromper par les devots eux. Dans les differens choix qu’il faisoit il consultoit toujours son cœur avant son esprit

{f.176r} Regence [15]

Mr le duc d’Orleans

Duc d’Orleans

avoit toutes les qualités d’un bon gentilhomme[16]
Le cardal Dubois êtoit un vrai quistre[17]. Le regent êtoit si las de lui qu’il l’auroit chassé s’il avoit vecu deux mois de plus[18], mais pourquoi le fit il c’est une question qu’on doit faire parce qu’on n’en voit pas la reponse. C’êtoit l’homme du monde le plus timide les ministres d’Angleterre se divertissoient à se debiter de fausses nouvelles quil l’empechoient de dormir et lui disoient le lendemain que la nouvelle êtoit fausse. M. le d. d’Orl. lui disoit quelquefois abbé vous ne me dites rien de ce paÿs, il alloit dicter une lettre à son secretaire et la portoit a Mr le duc d’Orleans. On a trouvé a sa mort des paquets de trois semaines qui n’avoient pas êté ouverts. Des lettres du grand vizir qui etoient là depuis un an[19] ; il avoit attention à ce que les depeches ne vinssent directement qu’a lui. Il se servoit de gens obscurs {f.176v} qui n’y pouvoient point aboutir. Quand Mr le duc d’Orleans proposoit une chose il se faisoit ecrire par ces gens là des difficultés et ensuite il les faisoit cesser, de sorte que le d. d’Orl. êtoit charmé de son esprit.
Il dit un jour a Mr le d. d’Orl. que les ministres etrangers n’avoient point de confiance en lui parce qu’il n’avoit jamais travaillé seul avec le roy, b. et coquin que tu es lui dit Mr d’Orl. je te donnerai vingt coups de pied au cul si tu me tiens jamais de pareils discours.
On dit que le dessein de Mr d’Orl. êtoit d’abord de faire un conseil royal dont auroit êté le mal de Villeroy[20] Mr Dussel[21] Tallard[22] & quelques autres moyennant quoi Dubois n’auroit pas êté premier ministre, mais le marechal de Villeroy ne voulut pas s’y prêter[23].
Voyes la p. 202 de ce volume et la p. 203[24]
{f.177r} Le cardl Dubois êtoit une mauvaise copie du cardl de Mazarin quelle infamie d’avoir revelé les complices de la conspiration de l’evêque de Rochester[25] : n’employa t il pas le pretendant pour se faire faire cardinal et n’ecrivoit il pas en Angleterre que quand il le seroit il se joüeroit de l’imbecile[26]
Aprés ce que j’ai vu je ne compterai jamais pour rien les loüanges données au ministre qui est en place. J’ai vu les gens les plus sensés admirer le cardl Dubois comme un Richelieu et trois jours aprés sa mort tout le monde est convenu que c’êtoit un quistre[27] incapable d’aucune partie du ministere.
On portoit le respect aussi loin qu’on avoit d’abort porté {f.177v} le mepris et sans examiner les raisons d’un progrés si rapide cette on prenoit cette rapidité même pour une raison de la grandeur du genie.
Voicy la raison de ces sortes de reputations. On veut passer pour un homme sage on veut quelquefois passer pour un homme de cour. Trés peu de personnes peuvent donner le ton au public dés que ce petit nombre de personnes interessées a cessé de parler le public retracte son jugement.
Le cardl Dub. mourut ne laissant aprés lui personne qui en rapellât le souvenir le duc d’Orleans prit sa place ayant connu qu’il ne convient qu’au roi d’avoir des 1ers ministres et que le 3e degré êtoit trop prés du second

Voy. dans le Spicilege quelques anecdotes que je n’ay point mis icy[28]

Voy ibid p 209[29] :

Passage de la main M à la main E


1302

n1.

Sur ce projet, voir nº 1111 et 1183. La transcription, effectuée par le secrétaire E, peut être située en 1738-1739 (voir, dans cette édition, les parties introductives « Les Pensées dans l’œuvre de Montesquieu » et « Histoire de la constitution du recueil »). La réflexion sur les rois des trois premières races, la transmission héréditaire ou élective du pouvoir, les libertés de la noblesse, l’affaiblissement de l’autorité royale et la mise en place du gouvernement féodal, sera poursuivie dans le livre XXXI de L’Esprit des lois. Sur les enjeux politiques des origines de la monarchie chez Montesquieu, voir Céline Spector, Dictionnaire électronique Montesquieu, art. « Féodalité » [en ligne à l’adresse suivante : http://dictionnaire-montesquieu.ens-lyon.fr/index.php?id=288]. Pour sa documentation, Montesquieu disposait de la Bibliothèque historique de France contenant le catalogue de tous les ouvrages qui traitent de l’histoire de ce royaume du père Jacques Le Long, de l’Oratoire (Paris, G. Martin, 1719 – Catalogue, nº 2984) et, pour les périodes plus reculées, de la Bibliothèque des auteurs, qui ont écrit l’histoire et topographie de la France d’André Du Chesne (Paris, S. Cramoisy, 1618 – Catalogue, nº 2542).

1302

n2.

Montesquieu reprend ici les éléments essentiels de la thèse germaniste défendue par Boulainvilliers : la conquête des Gaules par les Francs est l’événement fondateur de la monarchie et « Clovis n’étoit que le Général d’une armée libre, qui l’avoit choisi pour la conduire dans des entreprises, dont la gloire et le profit devoient être communs » (Histoire de l’ancien gouvernement de la France, La Haye et Amsterdam, aux dépens de la Compagnie, 1727, t. I, p. 25-26 – Catalogue, nº 2912).

1302

n3.

Childéric ou Chilpéric I, père de Clovis, chassé en 457 par ses sujets pour sa luxure, selon Grégoire de Tours (II, 12) ; sur les incertitudes du nom, voir Moreri, 1707, art. « Childeric ».

1302

n4.

Le royaume de Clovis fut partagé entre ses quatre fils, Thierry, Chlodomir, Childebert et Clotaire, qui luttèrent pour étendre les possessions des Francs en Gaule. Selon Boulainvilliers, la mort de Clovis mit fin à une autorité despotique et ce partage remit en vigueur les lois (Histoire de l’ancien gouvernement de la France, La Haye et Amsterdam, aux dépens de la Compagnie, 1727, t. I, p. 57).

1302

n5.

Cette expression se retrouve dans l’éloge du gouvernement de Brunehaut de L’Esprit des lois (XXXI, 1 : Derathé, t. II, p. 353) ; Montesquieu, sur la reine, avait lu la Chronique de Frédégaire (Historiæ Francorum scriptores coætanei ab ipsius gentis origine ad nostras usque tempora, A. Du Chesne (éd.), Paris, S. Cramoisy, 1636, t. I, Fredegarii Scholastici Chronicon, p. 740 et suiv. – Catalogue, nº 2932).

1302

n6.

Voir EL, XXXI, 2 : Derathé, t. II, p. 355-356 ; sur Frédégonde, Montesquieu s’appuie sur le livre VIII de Grégoire de Tours (Gregorii Turonensis Episcopi Historiæ Francorum libri decem […], Paris, N. du Fossé, 1610 – Catalogue, nº 2955 ; Bâle, P. Pernam, 1568 – Catalogue, nº 2956).

1302

n7.

« Ils choisissent les rois d’après leur noblesse, les chefs d’après leur courage » (Tacite, La Germanie, VII, 1-2). Montesquieu allègue fréquemment ce passage : voir nº 1171, 1548, 1906 ; EL, XXXI, 4 ; voir la fin de cet article.

1302

n8.

Montesquieu reprend les termes et l’argumentation de Boulainvilliers qui souligne, dans les rois de la première race, la distinction entre roi et général ou maire, effacée par Clovis, puis par Pépin (Histoire de l’ancien gouvernement de la France, La Haye et Amsterdam, aux dépens de la Compagnie, 1727, t. I, p. 27-28) ; sur l’autorité des maires du palais, voir EL, XXXI, 3-6.

1302

n9.

Dans L’Esprit des lois, Montesquieu précisera qu’avec Pépin, premier roi de la seconde race, la couronne fut à la fois élective, « parce que le peuple choisit », et héréditaire « parce qu’il choisit toujours dans la même famille » (XXXI, 16). Montesquieu a soutenu le caractère héréditaire de la royauté dans la première race dans l’article nº 199.

1302

n10.

« Ils choisissent les rois d’après leur noblesse, les chefs d’après leur courage » (Tacite, La Germanie, VII, 1-2). Voir nº 1302, note 7.

1302

n11.

Montesquieu, dans L’Esprit des lois (XXXI, 18), développera l’éloge de Charlemagne, dont Boulainvilliers avait célébré la justice, l’esprit de concorde et la science (Histoire de l’ancien gouvernement de la France, La Haye et Amsterdam, aux dépens de la Compagnie, 1727, t. I, p. 155, 230-231). Les tenants du pouvoir nobiliaire s’accordaient à louer Charlemagne pour avoir favorisé le partage du pouvoir : voir ibid., p. 112, 226-227.

1302

n12.

L’hérédité des grands offices, attribuée à Charles le Chauve, marque, dans L’Esprit des lois, l’affaiblissement du pouvoir royal (EL, XXXI, 7 [in fine] ; 28).

1302

n13.

Voir nº 1171 ; EL, XVIII, 31.

1302

n14.

Voir EL, XXXI, 16 (dernière phrase) : « Le titre de roi fut uni au plus grand fief ».

1302

n15.

Montesquieu réfute, comme Boulainvilliers, la thèse d’historiens « flatteurs », tel le père Daniel qui, récusant ainsi la légitimité des prétentions nobiliaires à l’égard du pouvoir royal, prétendait qu’Hugues Capet avait laissé aux seigneurs leurs usurpations et leurs privilèges en échange de sa couronne (Histoire de France depuis l’établissement de la monarchie française dans les Gaules [1696], Paris, D. Mariette, J.-B. Delespine et J.-B. Coignard, 1722, 7 vol., t. II, p. 407) ; voir Boulainvilliers, Histoire de l’ancien gouvernement de la France, La Haye et Amsterdam, aux dépens de la Compagnie, 1727, t. I, p. 148-149, 166. Sur le père Daniel, voir nº 206.

1302

n16.

Sur la situation humiliante du premier roi de la troisième race parmi les ducs et les comtes jouissant de droits régaliens, voir Mézeray, Abrégé chronologique, ou Extrait de l’histoire de France, Amsterdam, A. Schelte, 1696, 1re partie, t. II, p. 460-461 – Catalogue, nº 3010-3011, éd. de 1668 et 1690.

1302

n17.

Les comtes de Dammartin, seigneurie indépendante, prirent plusieurs fois les armes contre les rois de France : Manassès contre Henri Ier, Hugues II contre Louis VI, Renaud Ier, vaincu à Bouvines, contre Philippe Auguste.

1302

n18.

Montesquieu s’affirme ici comme un partisan modéré de la thèse nobiliaire, conscient des risques d’une fragmentation de l’autorité. Avec l’hérédité des fiefs et des offices, le pouvoir royal ne parvient plus à maîtriser le réseau des vassalités et l’on passe du « gouvernement politique » au « gouvernement féodal » ; voir Céline Spector, Dictionnaire électronique Montesquieu, art. « Féodalité » [en ligne à l’adresse suivante : http://dictionnaire-montesquieu.ens-lyon.fr/index.php?id=288].

1302

n19.

La diète du Saint-Empire, devenue perpétuelle et fixée à Ratisbonne en 1663, était composée de trois collèges, celui des électeurs, celui des princes (ducs, comtes, prélats…) et celui des villes libres.

1302

n20.

Sur le « gouvernement gothique », voir nº 810 et EL, XI, 8. Pour Montesquieu, comme pour Boulainvilliers, les Germains ont inventé une monarchie modérée par une représentation nationale, dont la forme la plus accomplie s’est manifestée entre les invasions et Charlemagne et dont on perçoit les vestiges dans la diète de Ratisbonne ou le Parlement d’Angleterre (EL, XI, 6 : Derathé, t. I, p. 179) ; voir Diego Venturino, « Boulainvilliers et Montesquieu ou de la modération nobiliaire », CM, nº 2, 1995, L’Europe de Montesquieu, p. 108-109.

1302

n21.

La Ligue du Bien public, formée en 1465, manifestation de révolte féodale, réunit contre Louis XI le duc Charles de Berry, frère du roi, le duc de Bourbon, le duc de Bretagne, le fils du duc de Lorraine et Charles le Téméraire.

1302

n22.

Philippe Ier, roi de France de 1060 à 1108, excommunié pour avoir répudié sa femme Berthe de Hollande et s’être remarié avec Bertrade de Montfort, ne put pour cette raison participer à la première croisade.

1302

n23.

Foulques IV, dit le Réchin ou le Querelleur (1043-1109), comte d’Anjou, premier mari de Bertrade de Montfort.

1302

n24.

Cf. nº 373. Sur la césure qui, pour Montesquieu, marque le passage du règne de Charles VII à Louis XI, voir nº 195. Boulainvilliers juge pareillement que le règne de Louis XI a été « l’origine du despotisme », livrant les sujets à l’arbitraire du prince (Histoire de l’ancien gouvernement de la France, La Haye et Amsterdam, aux dépens de la Compagnie, 1727, t. III, « XIV. Lettre », p. 186-187).

1302

n25.

Le « Bâtard d’Orléans », compagnon de Jeanne d’Arc, reçut de Charles VII le titre de « Restaurateur de sa patrie » pour avoir contribué par ses victoires à rétablir sur le trône de France le fils de Charles VI, dépossédé de son royaume par le traité de Troyes (1420) au profit du roi d’Angleterre ; voir l’éloge de Dunois par Mézeray dans l’Abrégé chronologique, ou Extrait de l’histoire de France (Paris, D. Thierry, J. Guignard et C. Barbin, 1690, t. II, p. 301 – Catalogue, nº 3011).

1302

n26.

Voir nº 914, note 3.

1302

n27.

Montesquieu fait un parallèle entre Tibère et Louis XI dans ses Réflexions sur le caractère de quelques princes et sur quelques événements de leur vie (env. 1731-1733 ; OC, t. 9, p. 52-53) ; dans une lettre à Guasco du 19 octobre 1747, il parle des Mémoires sur lesquels il travaillait pour une Histoire de Louis XI, brûlés par inadvertance. Son correspondant date ce travail des années 1739-1740 (Masson, t. III, p. 1097 et note (a) de Guasco). Un article du Spicilège appartenant à des matériaux transcrits tardivement par Damours en 1748-1750, contenant une ébauche de portrait de Louis XI (nº 748), indique les sources utilisées par Montesquieu sur ce règne : Pierre Matthieu, Histoire de Louis XI […], Paris, P. Mettayer, 1610 – Catalogue, nº 2985 ; Claude de Seyssel, Histoire singulière du roi Louis XII […], Paris, G. Corrozet, 1558, « Brieve histoire de Loys unzieme », p. 36 et suiv. ; Pierre Bayle, peut-être pour l’article « Louis XI » du Dictionnaire historique et critique ; il faut y ajouter les Mémoires de Philippe de Commines, mentionnés plus bas, dont Montesquieu possédait trois éditions (Catalogue, nº 2920-2922, éd. de 1615, 1524, 1614). Sa bibliothèque contenait en outre les Chroniques d’Enguerrand de Monstrelet dans l’édition de Denys Sauvage de 1572 (Paris, P. L’Huillier – Catalogue, nº 3017) et l’ouvrage de Varillas, La Minorité de saint Louis avec l’histoire de Louis XI et de Henri II (La Haye, A. Moetien, 1697 – Catalogue, nº 3060).

1302

n28.

Louis XI avait reçu le Dauphiné en donation, ce qui, à sa majorité, enlevait à son père toute autorité sur la province ; selon Varillas, le dauphin était le seul à le savoir (La Minorité de saint Louis avec l’histoire de Louis XI et de Henri II, La Haye, A. Moetien, 1697, t. I, p. 100-101 – Catalogue, nº 3060).

1302

n29.

Comprendre : ils ne possédoient plus que Calais. Leurs divisions nous assuraient encore plus qu’elles ne nous vengeaient.

1302

n30.

François II de Bretagne (1433-1488).

1302

n31.

Amédée IX de Savoie (1435-1472), frère de Charlotte, reine de France.

1302

n32.

Lire : Milanais.

1302

n33.

Philippe III de Bourgogne, dit le Bon.

1302

n34.

Adam Fumée (1430-1494), médecin de Charles VII, avait été emprisonné sur des soupçons d’empoisonnement du roi. Louis XI garda Fumée à son service, d’abord comme médecin, puis comme maître des requêtes ; voir les Mémoires de Messire Philippe de Commines […], sur les principaux faits et gestes de Louis XI et de Charles VIII […], Paris, J. Chouet, 1615, liv. VI, chap. 7, p. 535.

1302

n35.

Sur la pragmatique sanction de Bourges, voir nº 1226. Louis XI l’abolit le 27 novembre 1461 mais elle resta en vigueur jusqu’au concordat de 1516 par suite de la résistance du parlement de Paris.

1302

n36.

Louis XI s’était engagé à trouver un apanage à son frère Charles de France, duc de Berry (1446-1472), qui avait dû abandonner le duché de Normandie à la Couronne. Pour éviter de lui céder la Champagne, il lui attribua finalement la Guyenne ; voir les Mémoires de Messire Philippe de Commines […], sur les principaux faits et gestes de Louis XI et de Charles VIII […], Paris, J. Chouet, 1615, liv. II, chap. 15, p. 183-184 – Catalogue, nº 2920-2922, éd. de 1615, 1524, 1614.

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n37.

Une fois sur le trône, Louis XI fit libérer le duc Jean II d’Alençon, emprisonné après avoir été condamné à mort pour trahison en 1458.

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n38.

Charles le Téméraire. Voir Réflexions sur le caractère de quelques princes et sur quelques événements de leur vie, OC, t. 9, p. 51-52.

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n39.

Le frère du roi.

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n40.

La bataille de Montlhéry, le 16 juillet 1465, à l’issue militaire indécise, qui opposa Louis XI aux coalisés de la Ligue du Bien public (voir ci-dessus), s’acheva par les traités de Conflans et de Saint-Maur (octobre 1465). Louis XI dut céder de nombreux avantages politiques et territoriaux.

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n41.

Voir ci-après le projet de retraite chez Francesco Sforza.

1302

n42.

La ville de Liège, incitée à la révolte contre Charles le Téméraire par les agents de Louis XI, se souleva le 9 septembre 1468. Charles le Téméraire retint Louis XI prisonnier, l’engagea à participer en personne à l’écrasement de la révolte liégeoise et l’obligea à signer le 14 octobre 1468, à des conditions humiliantes, le traité de Péronne.

1302

n43.

Louis de Luxembourg-Ligny, comte de Saint-Pol (1418-1475), entré dans la Ligue du Bien public, nommé ensuite connétable par Louis XI, dont il était devenu le beau-frère, fut décapité sur des soupçons d’intelligence avec Charles le Téméraire après avoir été dénoncé par Édouard IV d’Angleterre et livré au roi par les hommes du duc de Bourgogne ; sa conduite équivoque avec ces « trois grands princes » causait sa perte.

1302

n44.

Louis XI intenta un procès pour félonie au défunt duc de Bourgogne, représenté par des avocats, et, dans l’héritage de son ennemi, s’empara des villes de la Somme et de la Bourgogne proprement dite, sur lesquelles il avait des droits, avant de revendiquer aussi l’Artois et la Franche-Comté.

1302

n45.

La fin de Louis XI à Plessis-lès-Tours, ses soupçons et sa crainte de la mort, sont évoqués dans les Mémoires de Messire Philippe de Commines […], sur les principaux faits et gestes de Louis XI et de Charles VIII […], Paris, J. Chouet, 1615, liv. IV, chap. 9 et 10 – Catalogue, nº 2920-2922, éd. de 1615, 1524, 1614.

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n46.

Commines.

1302

n47.

Il s’agit du « sage conseil », selon Commines, donné par le duc de Milan, Francesco Sforza (1401-1466), « Francisque Sforce », d’accepter toute condition, au traité de Conflans, qui permettrait de séparer les ligueurs (Mémoires de Messire Philippe de Commines […], sur les principaux faits et gestes de Louis XI et de Charles VIII […], Paris, J. Chouet, 1615, liv. I, chap. 8, p. 59).

1302

n48.

Francesco Sforza était, selon Commines, « grand ami » du roi. Louis XI avait pensé se retirer auprès de lui en 1465, au moment de la bataille de Montlhéry (Mémoires de Messire Philippe de Commines […], sur les principaux faits et gestes de Louis XI et de Charles VIII […], Paris, J. Chouet, 1615, liv. I, chap. 8, p. 58).

1302

n49.

Montesquieu possédait l’Histoire de Louis XII […] ès années 1499, 1500 et 1501 de Jean d’Auton (Paris, A. Pacard, 1620), la biographie de Louis XII contenue dans les Mémoires de Messire Pierre de Bourdeille, seigneur de Brantome […] (Leyde, J. Sambix le Jeune, 1699, 1re partie, p. 61-77 – Catalogue, nº 2913), une édition de la chronique d’Humbert Vellay (« Humbertus Velleus ») de 1521, éditée à la suite du Compendium de Francorum regnum gestis de Robert Gaguin (Paris, J. Cornillau et P. Viart, 1521 – Catalogue, nº 2948) ; il avait lu l’Histoire singulière du roi Louis XII […] par Claude de Seyssel (Paris, 1508 ; revue par D. Sauvage, Paris, J. du Puys, 1587 ; voir Spicilège, nº 748) ; étaient aussi disponibles sur le même règne pour ses contemporains l’Histoire de Louis XII de Varillas (Paris, C. Barbin, 1688) et l’Histoire de France depuis Faramond […] de Mézeray (Paris, J. Guignard et C. Barbin, 1685, t. II, p. 811 et suiv.). Sur la légende de Louis XII aux XVIIe et XVIIIe siècles et sa comparaison avec Louis XI, voir Laurent Avezou, « Louis XII », Revue historique, nº 625, 2003, p. 95-125 [en ligne à l’adresse suivante : http://www.cairn.info/revue-historique-2003-1-page-95.htm].

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n50.

L’apophtegme est donné comme un des meilleurs prononcés « depuis mille ans » dans l’Histoire de Louis XII de Varillas (Paris, C. Barbin, 1688, t. III, liv. XI, p. 542). Montesquieu s’est intéressé à son style à propos du commentaire qu’en a donné Boileau : voir nº 2181.

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n51.

Probablement la bataille de Novare le 6 juin 1513, par laquelle la France perdit le duché de Milan et la seigneurie de Gênes, nouvellement acquis ; voir l’Histoire de France depuis Faramond […] de Mézeray (Paris, J. Guignard et C. Barbin, 1685, t. II, p. 867-869).

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n52.

Georges d’Amboise : voir nº 1258.

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n53.

Sur le surnom de « père du peuple », voir Laurent Avezou, « Louis XII », Revue historique, nº 625, 2003, p. 95-125 [en ligne à l’adresse suivante : http://www.cairn.info/revue-historique-2003-1-page-95.htm].

1302

n54.

Cf. nº 618.

1302

n55.

Le règne de François Ier marque le début d’un désordre corollaire du développement de la vie de cour, décrit au nº 1272. Sur la documentation de Montesquieu concernant la période, voir ci après, dans la première note concernant le passage consacré à « Henri second ».

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n56.

Sur Anne de Pisseleu, duchesse d’Étampes, voir Spicilège, nº 747.

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n57.

Diane de Poitiers.

1302

n58.

La rivalité des deux femmes à la tête de deux factions à la cour de François Ier est évoquée par Varillas (Histoire de François Premier, Paris, C. Barbin, 1685, t. II, p. 434 et suiv.). Sur les intrigues des femmes à la Cour, voir nº 1254 ; EL, VII, 9.

1302

n59.

Mézeray a décrit cet empire de Diane de Poitiers sur Henri II dans son Abrégé chronologique, ou Extrait de l’histoire de France (Paris, D. Thierry, J. Guignard et C. Barbin, 1690, t. III, p. 2) ; sur le personnage chez les historiens de l’époque, voir aussi l’article « Poitiers (Diane de) » dans le Dictionnaire historique et critique de Bayle (1re éd., Rotterdam, Reinier Leers, 1697). Sur les règnes de François Ier et de Henri II, Montesquieu possédait les ouvrages de Mézeray, de de Thou (Historiarum sui temporis ab anno Domini 1543 usque ad annum 1607. Libri CXXXVIII, Genève, P. de La Rovière, 1620 – Catalogue, nº 3054), de Brantôme (Mémoires de Messire Pierre de Bourdeille, seigneur de Brantome […], Leyde, J. Sambix le Jeune, 1699 – Catalogue, nº 2913), de Varillas (La Minorité de saint Louis avec l’histoire de Louis XI et de Henri II, La Haye, A. Moetien, 1697 – Catalogue, nº 3060).

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n60.

Charles Quint, après avoir renoncé à la souveraineté en faveur de son fils, se retira en 1556 dans un couvent d’Estrémadure (Mézeray, Abrégé chronologique, ou Extrait de l’histoire de France, Paris, D. Thierry, J. Guignard et C. Barbin, 1690, t. III, p. 34 et 39).

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n61.

Sur la période des guerres de religion et sur les règnes de Charles IX et d’Henri III, voir la séquence nº 614-623 : les sources de Montesquieu sont Mézeray, Maimbourg, Brantôme, d’Aubigné, Davila, de Thou. Il possédait en outre l’Histoire de Henri III de Scipion Dupleix (Paris, D. Béchet, 1663 – Catalogue, nº 3267).

1302

n62.

Montesquieu a consacré une partie de ses Réflexions sur le caractère de quelques princes et sur quelques événements de leur vie à ce monarque (OC, t. 9, p. 59-60) et c’est cet écrit qu’il désigne dans la phrase suivante par le terme « Paralleles ». Voir nº 614.

1302

n63.

Ce titre, dont on trouve ici la seule occurrence dans les écrits de Montesquieu, a sans doute désigné un projet d’écriture de portraits historiques, dans la tradition plutarquienne, l’une des formes prises par le sujet diversement désigné par Princes, Journal, etc. : voir nº 140, nº 1258, note 1 et l’introduction des Réflexions sur le caractère de quelques princes et sur quelques événements de leur vie, OC, t. 9, p. 47.

1302

n64.

La Hollande et la Zélande, avec Guillaume d’Orange comme stathouder, se révoltèrent contre le gouvernement des Pays-Bas espagnols.

1302

n65.

Don Juan d’Autriche (1545-1578), fils naturel de Charles Quint, brillant capitaine, avait occupé Tunis en 1573, reperdue l’année suivante. Il tenta, avec l’aide du pape, d’obtenir la couronne anglaise en épousant Marie Stuart, alors prisonnière de sa cousine Élisabeth. Mézeray rapporte les soupçons d’empoisonnement imputés au roi, son demi-frère, Philippe II, qui ont suivi sa mort (Abrégé chronologique, ou Extrait de l’histoire de France, Paris, D. Thierry, J. Guignard et C. Barbin, 1690, t. III, p. 203).

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n66.

François, devenu duc d’Anjou, frère du roi.

1302

n67.

Guillaume I d’Orange, stathouder de Hollande (1533-1584).

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n68.

Les cités des Flandres et du Brabant, sur lesquelles le duc d’Anjou devait régner de façon purement représentative en vertu du traité de Plessis-lès-Tours (1580) et qu’il voulut soumettre militairement.

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n69.

Allusion à l’attaque d’Anvers (1583) tentée par le duc d’Anjou malgré les assurances données à Guillaume d’Orange et qui se solda par l’hostilité des Provinces-Unies contre les Français ; voir l’Abrégé chronologique, ou Extrait de l’histoire de France de Mézeray (Amsterdam, A. Schelte, 1696, t. V, p. 264-267 – Catalogue, nº 3010-3011, éd. de 1668 et 1690).

1302

n70.

Philippe II déféra le testament de son père à l’Inquisition ; voir Vayrac, État présent de l’Espagne […], Amsterdam, Steenhouwer et Uytwerf, 1719, t. II, p. 68 – Catalogue, nº 3171, éd. de Paris, A. Des Hayes, 1718.

1302

n71.

Don Carlos, fils de Philippe II, arrêté sur l’ordre de son père, fut condamné par l’Inquisition pour avoir traité en 1567 avec les Pays-Bas révoltés contre l’Espagne. On imputa sa mort, survenue l’année suivante, à son père qui l’aurait fait empoisonner ou étouffer (Mézeray, Abrégé chronologique, ou Extrait de l’histoire de France, Amsterdam, A. Schelte, 1696, t. V, p. 105 – Catalogue, nº 3010-3011, éd. de 1668 et 1690). Sur Philippe II et sa cruauté, voir Réflexions sur le caractère de quelques princes et sur quelques événements de leur vie, OC, t. 9, p. 53-55.

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n72.

Voir nº 346 ; Spicilège, nº 457. Ces « deux fois » désignent les excommunications de Jean sans Terre et d’Henri VIII.

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n73.

Sur le règne d’Henri IV et l’histoire de la Ligue, Montesquieu possédait, outre les ouvrages de Mézeray, de de Thou, de Pierre de L’Estoile, mentionnés ci-dessus et ci-après, les Chronologies de Palma Cayet (Chronologie novenaire, contenant l’histoire de la guerre, sous le règne du très chrétien roi de France et de Navarre, Henri IV, Paris, J. Richer, 1608, 2e partie ; Chronologie septenaire de l’histoire de la paix entre les rois de France et d’Espagne, Paris, J. Richer, 1611 – Catalogue, nº 2963-2964) et l’Histoire de Henri le Grand IVe du nom de Scipion Dupleix (Paris, 1663 – Catalogue, nº 3285).

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n74.

Les Seize, comité de Ligueurs formé vers 1585, ainsi nommé parce que ses membres principaux furent chargés chacun d’un des seize quartiers de Paris, exercèrent de nombreuses violences jusqu’à ce que le duc de Mayenne les soumît par la force en décembre 1591. Ils avaient fait arrêter et exécuter le président Brisson ainsi que les conseillers Larcher et Tardif en novembre 1591, pour venir à bout des tendances modérées et de l’attentisme des magistrats (Pierre de L’Estoile, Mémoires pour servir à l’histoire de France depuis 1515 jusqu’en 1611 […], Cologne, chez les héritiers de H. Demen, 1719, t. II, p. 53 – Catalogue, nº 3005). Cette affaire justifia la répression contre les Ligueurs ; voir Robert Descimon, Qui étaient les Seize ? Mythes et réalités de la Ligue parisienne (1585-1594), Paris, Klincksieck, 1983 ; du même auteur, La Sainte Ligue, le juge et la potence. L’assassinat du président Brisson (15 novembre 1591), Paris, Hachette, 1985.

1302

n75.

Charles de Lorraine, duc de Mayenne, frère d’Henri de Guise, dit le Balafré, prit la tête de la Ligue après l’assassinat de celui-ci ; il s’opposa aux extrémistes et fit la paix avec Henri IV en 1596.

1302

n76.

Montesquieu reprend les termes de Pierre de L’Estoile (Mémoires pour servir à l’histoire de France depuis 1515 jusqu’en 1611 […], Cologne, chez les héritiers de H. Demen, 1719, t. II, p. 3 – Catalogue, nº 3005) : le duc de Mayenne en 1689 fit déclarer « Roy de la Ligue » le vieux cardinal Charles de Bourbon, sous le nom de Charles IX.

1302

n77.

Formule reprise dans L’Esprit des lois (VIII, 9).

1302

n78.

Il s’agit du Journal de Pierre de L’Estoile dont Montesquieu possédait deux éditions : l’une de J. Le Duchat et D. Godefroy (Journal des choses mémorables advenues durant le règne de Henri III, roi de France et de Pologne, Cologne, chez les héritiers de P. Marteau, 1720, 4 vol. – Catalogue, nº 2961) et l’autre de J. Godefroy (Mémoires pour servir à l’histoire de France depuis 1515 jusqu’en 1611 […], Cologne, chez les héritiers de H. Demen, 1719, 2 vol. – Catalogue, nº 3005). La pagination de cette dernière édition est utilisée dans l’extrait ci-après concernant la mort du roi. Les événements racontés au début du tome II correspondent à l’année 1589, après la mort d’Henri III.

1302

n79.

« Se dit […] de l’étenduë de la seigneurie ou jurisdiction du Prevost. Les Coustumes de la Prevosté et Vicomté de Paris » (Furetière, 1690, art. « Prevosté »).

1302

n80.

Erreur de foliotation (155 au lieu de 165) qui se poursuit.

1302

n81.

Le cardinal est l’oncle d’Henri de Navarre, le futur Henri IV.

1302

n82.

Le 4 décembre 1591, il fait pendre quatre membres des Seize (Pierre de L’Estoile, Mémoires pour servir à l’histoire de France depuis 1515 jusqu’en 1611 […], Cologne, chez les héritiers de H. Demen, 1719, t. II, p. 62 – Catalogue, nº 3005).

1302

n83.

Isabelle Claire Eugénie de Habsbourg, archiduchesse d’Autriche et infante d’Espagne (1566-1633) ; en 1593, Philippe II chercha à la faire monter sur le trône de France par un mariage avec le duc de Guise, soutenu comme futur roi par l’Espagne et les Ligueurs (Pierre de L’Estoile, Mémoires pour servir à l’histoire de France depuis 1515 jusqu’en 1611 […], Cologne, chez les héritiers de H. Demen, 1719, t. II, p. 130-131 – Catalogue, nº 3005).

1302

n84.

Début de l’extrait des Mémoires pour servir à l’histoire de France depuis 1515 jusqu’en 1611 […] de Pierre de L’Estoile (Cologne, chez les héritiers de H. Demen, 1719, t. II, p. 305-345 –  Catalogue, nº 3005).

1302

n85.

Comprendre : blessé (Edmond Huguet, Dictionnaire de la langue française du seizième siècle, Paris, chez É. Champion puis aux éditions Didier, 1925-1967, art. « Navrer ») ; le terme, repris aux Mémoires pour servir à l’histoire de France depuis 1515 jusqu’en 1611 […] de Pierre de L’Estoile, ne s’emploie plus qu’en un sens figuré à l’époque de Montesquieu (Furetière, 1690, art. « Navrer »).

1302

n86.

Le confesseur d’Henri IV employa, selon Pierre de L’Estoile, le terme « huguenot » (Mémoires pour servir à l’histoire de France depuis 1515 jusqu’en 1611 […], Cologne, chez les héritiers de H. Demen, 1719, t. II, p. 309 – Catalogue, nº 3005).

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n87.

Jean Duret (1563-1629), médecin ligueur, compromis dans le massacre de la Saint-Barthélemy et dans une conspiration contre le roi, protégé de Marie de Médicis, n’obtint jamais le pardon d’Henri IV.

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n88.

Le manuscrit place en vis-à-vis, sur deux colonnes, l’extrait des Mémoires pour servir à l’histoire de France depuis 1515 jusqu’en 1611 […] de Pierre de L’Estoile (Cologne, chez les héritiers de H. Demen, 1719, t. II, p. 305-345 –  Catalogue, nº 3005) et les analyses de Montesquieu. La présentation de la transcription respecte la topographie de la page manuscrite : pour poursuivre la lecture de chaque colonne d’un folio à l’autre il convient donc de passer de droite à gauche ou de gauche à droite.

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n89.

En 1594, certains Ligueurs, comme le duc d’Aumale et le maréchal de Rosne, choisirent l’exil et s’installèrent sur les terres du roi d’Espagne ; voir Robert Descimon et José Javier Ruiz Ibáñez, Les Ligueurs de l’exil : le refuge catholique français après 1594, Seyssel, Champ Vallon, 2005.

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n90.

La société désigne les jésuites.

1302

n91.

Concini.

1302

n92.

Dominique de Vic (1551-1610), dit « le capitaine Sarred », seigneur d’Ermenonville, serviteur dévoué d’Henri IV.

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n93.

Abréviation pour : président.

1302

n94.

Louis Servin (1555-1626), avocat général, magistrat réputé pour son érudition, défenseur des libertés de l’Église gallicane.

1302

n95.

Abréviation pour : Ravaillac.

1302

n96.

Henri Ier de Montmorency (1534-1614), seigneur de Damville, puis duc de Montmorency.

1302

n97.

« Proced. » : pour procédures. Le mot se trouve à la page 319 des Mémoires de Pierre de L’Estoile pour désigner ce qui a été entrepris pour faire tourner court l’enquête sur d’éventuels complices (Mémoires pour servir à l’histoire de France depuis 1515 jusqu’en 1611 […], Cologne, chez les héritiers de H. Demen, 1719, t. II – Catalogue, nº 3005).

1302

n98.

Il s’agit du prêtre qui confessa Ravaillac après son attentat.

1302

n99.

Le cœur du roi défunt.

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n100.

Le sixième chapitre du De Rege et Regis institutione libri III ad Phillippum III Hispaniæ Regem Catholicum (Toleti, P. Rodericus, 1599), composé par le jésuite Juan de Mariana (1536-1624), apparut comme une légitimation possible du régicide après l’assassinat d’Henri III par Jacques Clément. Malgré l’expression de regrets par l’auteur et une édition remaniée en 1605, l’assassinat d’Henri IV entraîna la condamnation de l’ouvrage. Montesquieu avait programmé sa lecture dans un article du Spicilège (nº 561).

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n101.

Abréviation pour : frère ; Jacques Clément était dominicain.

1302

n102.

François d’Antragues, gouverneur d’Orléans et sa fille, la marquise de Verneuil, Catherine Henriette de Balzac d’Entragues (1583-1633), ancienne maîtresse du roi Henri IV, qui participa avec son père et son frère à une conspiration contre ce monarque.

1302

n103.

François de Bourbon, prince de Conti, seigneur de Château-Renault (1558-1614).

1302

n104.

Charles de Bourbon (1566-1612).

1302

n105.

Lire : Metz.

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n106.

Le père Gontier, prédicateur mentionné à la page 337 des Mémoires de Pierre de L’Estoile (Mémoires pour servir à l’histoire de France depuis 1515 jusqu’en 1611 […], Cologne, chez les héritiers de H. Demen, 1719, t. II – Catalogue, nº 3005).

1302

n107.

William Baldwin ou Bawden (1563-1632), jésuite anglais impliqué dans la Conspiration des poudres.

1302

n108.

Sur Louis XIII, Montesquieu possédait, outre les histoires de France déjà mentionnées, l’Histoire du roi Louis XIII de Charles Bernard (Paris, veuve de N. de Sercy, 1646 – Catalogue, nº 2909), l’Histoire de Louis XIII de Claude Malingre (Paris, J. Petit-Pas, 1616 – Catalogue, nº 2987), les Mémoires de M. de Montrésor […] (Cologne, J. Sambix le Jeune, 1723 – Catalogue, nº 3018), les Mémoires de François de Paule de Clermont, marquis de Montglat (Amsterdam, 1727, 4 vol. – Catalogue, nº 3015), l’Histoire de Louis le Juste, XIIIe du nom, roi de France et de Navarre [1633] de Scipion Dupleix (Paris, D. Béchet, 1654 – Catalogue, nº 3266) ; il pouvait aussi consulter l’Abrégé chronologique de l’histoire de France sous les règnes de Louis XIII et de Louis XIV, continuation par Henri-Philippe de Limiers de la somme de Mézeray (Amsterdam, D. Mortier, 1720, 2 vol.). Sur ce roi et son règne, voir nº 538, 947, 1216.

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n109.

Lire : Milanais.

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n110.

Lire : Valteline.

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n111.

Lire : Valteline.

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n112.

Urbain VIII, pape de 1623 à 1644.

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n113.

Battista Nani, Historia della Republica Veneta, Venise, Combi et La Nou, 1663, p. 312 – Catalogue, nº 3090.

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n114.

Concini.

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n115.

Abréviation pour : république.

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n116.

Alfonso de La Cueva, marquis de Bedmar (1572-1665), ambassadeur d’Espagne à Venise, organisa en 1618 avec le duc d’Ossuna (« Ossone »), vice-roi de Naples, une conspiration pour livrer aux Espagnols la Sérénissime, alors alliée avec la France, la Suisse et les Pays-Bas.

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n117.

Louis XIII, pour venir en aide aux Habsbourg, proposa une médiation dans le conflit qui opposait les princes protestants à la maison souveraine du Saint-Empire (traité d’Ulm du 3 juillet 1620).

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n118.

Pierre-Ernest II Manseld (1580-1626), un des grands chefs militaires de la guerre de Trente Ans, dirigeait une armée de mercenaires.

1302

n119.

Frédéric V de Wittelsbach-Simmern (1596-1632), prince électeur et comte palatin du Rhin, élu roi de Bohême en 1619, avait épousé Élisabeth d’Angleterre, fille de Jacques Ier, en 1613.

1302

n120.

Sur la puissance de la maison d’Autriche en Europe, enrichie par les richesses de l’Amérique, voir les Réflexions sur la monarchie universelle en Europe [env. 1733-1734], OC, t. 2, p. 354.

1302

n121.

Abréviation pour : religion.

1302

n122.

Grégoire XV, pape de 1621 à 1623.

1302

n123.

Henriette-Marie de France (1609-1669), fille d’Henri IV.

1302

n124.

Georges Villiers, 1er duc de Buckingham (1592-1628).

1302

n125.

Voir nº 538, 635.

1302

n126.

Gaston d’Orléans, frère du roi.

1302

n127.

Il s’agit des lettres consécutives à l’arrestation de « Monsieur le Grand », Cinq-Mars (Mémoires de M. de Montrésor […], Cologne, J. Sambix le Jeune, 1723, t. I, p. 162 – Catalogue, nº 3018) ; voir nº 947.

1302

n128.

Cf. nº 610.

1302

n129.

Voir nº 538, note 2.

1302

n130.

Henri II de Bourbon (1588-1646), d’abord rebelle, se laissa séduire par Richelieu et, grâce à sa collaboration avec le pouvoir royal, édifia une immense fortune ; voir Katia Béguin, Les Princes de Condé. Rebelles, courtisans et mécènes dans la France du Grand Siècle, Seyssel, Champ Vallon, 1999, p. 38 et suiv.

1302

n131.

Le duc de La Force (1558-1652) dirigea avec le duc de Rohan le soulèvement des protestants en 1621 et défendit Montauban. Condamné à mort pour rébellion, il se soumit au roi en 1622 et fut fait maréchal de France la même année. François de Bonne, duc de Lesdiguières (1543-1626), fut nommé connétable après avoir abjuré le protestantisme en 1622. Henri, duc de Rohan (1579-1638), chef du parti protestant, combattit Louis XIII jusqu’à l’édit d’Alès (1629), qui le contraignit à l’exil. Il tint Luynes en échec devant Montauban en 1621.

1302

n132.

Coligny.

1302

n133.

Sur Buckingham, voir ci-dessus.

1302

n134.

Plusieurs mesures d’expulsion frappèrent les Maures (« morts »), musulmans d’Espagne, au début du XVIe siècle ; celle touchant les Morisques, convertis au christianisme, fut promulguée en 1609 par Philippe III d’Espagne.

1302

n135.

Voir ci-après, dans le passage du même article intitulé « Loüis 14 », f. 170v.

1302

n136.

Montesquieu pouvait consulter, sur cette période encore proche, divers documents signalés dans la Bibliothèque historique de France contenant le catalogue de tous les ouvrages qui traitent de l’histoire de ce royaume du père Jacques Le Long (Paris, G. Martin, 1719 – Catalogue, nº 2984), des Mémoires comme ceux de Montglat (voir ci-dessus sur Louis XIII) et de Bussy-Rabutin (Les Mémoires de Messire Roger de Rabutin, Paris, J. Anisson, 1696), l’Histoire de France sous le règne de Louis XIV d’Isaac de Larrey (Rotterdam, M. Bohm et Compagnie, 1718-1722, 9 vol.), l’Histoire du règne de Louis XIV (Amsterdam, aux dépens de la Compagnie, 1717) de Henri-Philippe de Limiers, et, du même, l’Abrégé chronologique de l’histoire de France sous les règnes de Louis XIII et de Louis XIV, continuation de la somme de Mézeray (Amsterdam, D. Mortier, 1720, 2 vol.) ; il pouvait en outre recueillir des témoignages comme celui de Saint-Simon (voir nº 1306, note 4). Dans son Catalogue, il signale par une citation de Tacite et un portrait du monarque, transcrit dans les articles nº 1122 et 1145, l’ouvrage de La Fare (Mémoires et réflexions sur les principaux événements du règne de Louis XIV […], Rotterdam, G. Fritsch, 1716 – Catalogue, nº 2989).

1302

n137.

En 1662, le cardinal Lorenzo Imperiali (1612-1673), gouverneur de Rome, aurait laissé la milice romaine et les gardes corses faire des insultes aux Français de la capitale. L’ambassadeur de France à Rome et son épouse, le duc et la duchesse de Créquy, furent menacés. Le jeune Louis XIV exigea du pape le bannissement du cardinal. Celui-ci vint s’excuser auprès du roi le 18 août 1664, conformément au traité de Pise (12 février 1664). Cette affaire est racontée en détail par Isaac de Larrey dans son Histoire de France sous le règne de Louis XIV (Rotterdam, M. Bohm et Compagnie, 1721, t. III, p. 290-305), par Bussy-Rabutin dans ses Mémoires [1696] (L. Lalanne (éd.), Paris, Charpentier, 1857, t. II, p. 129-130 et 138-139) et par Jacques Basnage dans ses Annales des Provinces-Unies depuis les négociations pour la paix de Munster (La Haye, C. Le Vier, 1719, p. 658-660).

1302

n138.

Sebastiano Foscarini, ambassadeur de Venise en France entre 1678 et 1683, suivit les négociations relevant de la politique des Réunions qui visait à faire reconnaître les annexions françaises sur la frontière du Nord-Est. La trêve de Ratisbonne du 15 août 1684 reconnut temporairement les acquisitions de Louis XIV en Alsace et dans la Sarre (Le Relazioni degli stati europei lette al Senato dagli ambasciatori veneti nel secolo decimosettimo, N. Barozzi et G. Berchet (éd.), Venise, P. Naratovitch, 1863, vol. III, « Francia », p. 349-437).

1302

n139.

Léopold Ier de Habsbourg.

1302

n140.

Jean III Sobieski, le roi de Pologne, défit les Turcs au Kalhenberg en 1683.

1302

n141.

Le « non chrétien », qui subit cette cuisante défaite, désigne la puissance ottomane. Le grand vizir Kara Mustafa Pacha (1627-1683), commandant en chef de l’armée des Turcs, attaqua Vienne de sa seule initiative et, à la suite de son échec, fut décapité. Louis XIV l’avait poussé à soutenir Tököly et les Malcontents de Hongrie, espérant obtenir de l’empereur d’Autriche la reconnaissance des Réunions (Jean Bérenger, « De la prépondérance à l’équilibre. Quelques réflexions sur la politique étrangère de Louis XIV », dans L’Ordre européen du XVI au XXe siècle, G.-H. Soutou et J. Bérenger (éd.), Paris, Presses de l’Université de Paris-Sorbonne, 1998, p. 69-73). Des rumeurs selon lesquelles le siège de Vienne était le résultat d’une conspiration franco-turque se répandirent, comme le rapporte Isaac de Larrey dans son Histoire de France sous le règne de Louis XIV (Rotterdam, M. Bohm et Compagnie, 1722, t. V, p. 124-126).

1302

n142.

Ces lettres ont connu plusieurs éditions au moment où écrit Montesquieu : une partie parut en 1709 (Lettres, mémoires et négociations de M. le Cte d’Estrades, ambassadeur de Sa Majesté très chrétienne auprès de leurs hautes puissances messeigneurs les États Généraux des Provinces-Unies des Pays-Bas, pendant les années 1663 jusques 1668 inclus, J. Aymon (éd.), Bruxelles [La Haye], H. le Jeune [A. de Hondt], 1709, 5 vol.), une autre en 1710 (Lettres et négociations […], La Haye, A. Moetjens, 1710, 3 vol.) ; en 1718 parurent deux volumes de lettres de la période précédente (Ambassades et négociations […], depuis l’année 1637 jusqu’en l’année 1662, Amsterdam, J.-F. Bernard, 1718, 2 vol.) ; une nouvelle édition en six volumes fut publiée en 1719 (Lettres, mémoires et négociations de M. le comte d’Estrades, La Haye, A. de Hondt, 1719).

1302

n143.

Cf. ci-dessus, f. 168r, in fine, le parallèle avec Richelieu ; le participe semble avoir été relu comme une négation ne, ce qui explique l’ajout de que.

1302

n144.

Guillaume III d’Orange-Nassau (1650-1702), roi d’Angleterre, d’Écosse et d’Irlande.

1302

n145.

Nº 1122 et 1145.

1306

n1.

Comprendre : Höchstädt. Voir nº 300 et 555.

1306

n2.

Voir Spicilège, nº 757.

1306

n3.

Cf. nº 279.

1306

n4.

Sur ces qualités de Louis XIV, acquises dans sa jeunesse à la cour de sa mère et chez la comtesse de Soissons, voir Saint-Simon, t. V, p. 509, 527-528, 530.

1306

n5.

Voir Saint-Simon, t. V, p. 529 : « Il traitait bien ses valets ».

1306

n6.

Saint-Simon parle d’un esprit « au-dessous du médiocre », qui se plaît dans les détails (Saint-Simon, t. V, p. 478, 481).

1306

n7.

Saint-Simon attribue à la jalousie et à l’ambition de Louvois la politique belliciste de Louis XIV (Saint-Simon, t. V, p. 486).

1306

n8.

Dans son portrait du roi, Saint-Simon déclare au contraire que Louis XIV choisissait ses ministres et ses généraux selon son goût, en écartant l’esprit et le mérite, afin de paraître tout diriger lui-même (Saint-Simon, t. V, p. 500-502).

1306

n9.

Cf. nº 1122, note 1.

1306

n10.

Le Conseil de conscience.

1306

n11.

C’est-à-dire de 1675, date à laquelle le père de La Chaise devint confesseur du roi et contrôla l’attribution des bénéfices à la mort de ce dernier en 1715 : voir la note d’Arthur de Boislile dans son édition des Mémoires de Saint-Simon (Paris, Hachette, 1879, t. II, p. 199, note 1) ; voir aussi Thierry Sarmant et Mathieu Stoll, Régner et gouverner. Louis XIV et ses ministres, Paris, Perrin, 2010, p. 161.

1306

n12.

Michel Chamillart (1652-1721), Contrôleur général des Finances en 1699, ministre d’État en 1700, secrétaire d’État à la Guerre en 1701, disgracié en 1709.

1306

n13.

Fénelon.

1306

n14.

Louis XIV.

1306

n15.

Sur cette période, Montesquieu pouvait s’appuyer sur ce qu’il avait observé, lu dans les gazettes pendant les événements ou appris des témoins. Au moment de la transcription de cet article, les Mémoires de la Régence (La Haye, J. Van Duren, 1729 ; Amsterdam, Z. Chatelain, 1729, 3 vol.) du chevalier de Piossens constituaient une histoire du gouvernement de Philippe d’Orléans.

1306

n16.

Montesquieu a brossé les portraits de Pisitrate (le duc d’Orléans) et de son ministre « d’une naissance obscure » (Dubois) dans les Lettres de Xénocrate à Phérès [1724] (OC, t. 8, p. 299-305) et dans l’article nº 173 des Pensées.

1306

n17.

Lire : cuistre. Dubois est qualifié de la même manière par Saint-Simon (t. VII, p. 755 ; t. VIII, p. 596).

1306

n18.

Selon Saint-Simon, le duc d’Orléans, en 1723, « mourait d’envie de s[e] débarrasser » du cardinal Dubois (Saint-Simon, t. VIII, p. 605).

1306

n19.

Saint-Simon parle de milliers de lettres cachetées retrouvées après le décès de Dubois (Saint-Simon, t. VIII, p. 601).

1306

n20.

Voir nº 1167.

1306

n21.

Nicolas de Laye Du Blé, marquis puis maréchal d’Huxelles (1652-1730), avait été nommé en 1718 membre du Conseil de Régence.

1306

n22.

Camille d’Hostun de La Baume, duc et maréchal de Tallard (1652-1728), entra au Conseil de Régence en 1717.

1306

n23.

La formation d’un « Conseil étroit », envisagée en 1719-1720, dans lequel le Régent se serait adjoint quatre personnes, paraissait un moyen d’éviter la toute-puissance du cardinal Dubois. Saint-Simon et Torcy, pour empêcher la nomination de Dubois comme premier ministre, voulurent rallier à leur cause le maréchal de Villeroi qui refusa de se prêter à ce qu’il considérait comme une cabale (Saint-Simon, t. VII, p. 501, 581, 782-786).

1306

n24.

Renvois à des articles qui concernent le duc d’Orléans (nº 1396, 1407).

1306

n25.

En 1722, Dubois était en relation avec le chargé de mission du gouvernement anglais à Paris, le Bâlois Luke Schaub, que Montesquieu rencontra à Paris en 1736 (Spicilège, nº 772 ; lettre à Bulkeley du 18 juillet 1736, Masson, t. III, p. 979). Les autorités anglaises furent averties par la France d’une conspiration visant à placer le prétendant Stuart sur le trône de Grande-Bretagne. Les soupçons se portèrent sur François Atterbury, évêque de Rochester, puis sur le comte Orrery, les Lords North et Grey ; sur cette affaire, voir Eveline Cruickshanks et Howard Erskine-Hill, The Atterbury Plot, Basingstoke, Palgrave Macmillan, 2004.

1306

n26.

Dubois avait obtenu, pour devenir cardinal, d’être de la nomination de Jacques III Stuart, en échange d’une pension versée au roi catholique, le « chevalier de Saint-Georges », en exil à Rome ; grâce à l’abbé de Tencin, la promesse fut finalement tenue ; voir Edward Corp, The Stuarts in Italy, 1719-1766: A Royal Court in Permanent Exile, Cambridge, Cambridge University Press, 2011, p. 19-22 ; sur l’ingratitude de Dubois, voir Spicilège, nº 749.

1306

n27.

Lire : cuistre.

1306

n28.

Montesquieu avait recueilli des anecdotes sur Dubois auprès de Saint-Simon dont il fut l’hôte à la Ferté-Vidame en 1734 : voir Spicilège, nº 657.

1306

n29.

Nº 1439.