chapitre 5

capitulum V

Le comte Roger livre un combat contre les habitants de Messine

Comes Rogerius cum Messanensibus proeliatur

<1> Alors, les habitants de Messine, considérant que, dès lors qu’un certain nombre d’ennemis avait embarqué, ils pouvaient facilement se saisir d’eux vu qu’ils étaient réduits de moitié, tous, cavaliers et fantassins, sortent de la ville et lancent l’offensive1Selon Aimé (V, 10), ce sont les Normands qui, ayant fait du butin à Rometta, prirent l’initiative d’attaquer Messine, où ils s’étaient rendus la nuit suivante.. Cependant, comme le vent était contraire2Aimé V, 10, rapporte que la tempête empêcha les Normands de mettre à la voile avant trois jours. Voir encore infra, II, 6, 3., aucun des hommes en armes n’avait embarqué. <2> Le comte, ayant appris que les ennemis venaient l’attaquer, ordonne à Serlon3Serlon [II] est le fils de Serlon de Hauteville, dernier né de Tancrède et de Murielle (voir I, 4, 1 et I, 38-39). Dès le début de la conquête de la Sicile, il joue un rôle important aux côtés de Roger, qui le place à plusieurs reprises en tête d’une troupe d’éclaireurs, comme ici., son neveu, de les approcher avec sept cavaliers – c’était le fils de son frère Serlon, dont nous avons fait mention plus haut à la fin du premier livre –, tandis que lui-même le suivrait de près, pour empêcher les ennemis, au cas où ils voudraient fuir – ce qu’ils firent –, de le faire librement. Ainsi, Roger ayant suivi rapidement ceux qu’il avait envoyés en avant, tua tant d’hommes, pendant qu’ils tentaient de fuir, qu’un seul à peine sur un si grand nombre en réchappa.

<1> Porro Messanenses [+] [messanenses C B : mas- Z. [-]] MessanensesMessanensesMessanensesMassanenses putantes, quibusdam [+] [quibusdam post jam transt. Z ed. pr. [-]] jamquibusdam jamquibusdam jamjam quibusdam naves [+] [naves Z2 def. Desbordes : navibus C ZB. [-]] navesnaves [+] [Z2 : naves [-]] navibus ingressis, se illos quasi semipartitos facilius [+] [facilius post posse transt. Z ed. pr. [-]] possefacilius possefacilius posseposse facilius occupare, equitatu et peditatu [+] [peditatu edd. : pede ZB ped. C. [-]] peditatupedeped.a'La leçon de C – prolongée d’un signe abréviatif – ne confirme ni n’infirme la conjecture de l’édition princeps. Equitatu se rencontre ailleurs dans le récit, mais peditatu est un hapax. Néanmoins, faute de solution sûre, nous décidons de le maintenir. Ailleurs, pour désigner les fantassins, Malaterra emploie fréquemment le substantif pedes ou le syntagme peditum copiae : voir II, 45, 1 ; III, 4 (Pontieri, p. 58, l. 24) ; III, 16 (Pontieri, p. 66, l. 21) ; III, 37 (Pontieri, p. 79, l. 14 et l. 20) ; IV, 10 (Pontieri, p. 91, l. 14) ; IV, 22 (Pontieri, p. 100, l. 8 et l. 11) ; IV, 24 (Pontieri, p. 102, l. 14-15 et l. 16-17) ; une fois aussi manu peditum (I, 21, 1)., omnes urbem [+] [urbem C Z : ab urbe B Pontieri urbe ed. pr. [-]] urbemab urbeurbe egressi, invadere vadunt [+] [vadunt C : vadit Z volunt B. [-]] vaduntvaduntvaditvolunt. Verum, quia ventus contrarius erat, nullus armatorum naves intraverat. <2> Comes vero, cognoscens eos versum [+] [versum C Z : versus B Pontieri. [-]] versumversumversus se adventare, Serlonem, nepotem suum – filium [+] [filium post sui transt. Z edd. om. C. [-]] videlicet [+] [videlicet ZB : ut C. [-]]  Serlonis fratris suividelicet Serlonis fratris sui filiumut Serlonis fratris sui, cujus superius in fine primi libri mentionem fecimus –, cum [+] [cum — jubet om. ZB edd. [-]] ... *om. Pontieri praeeuntibus B ed. pr.*om. ed. pr. praeeunte Z septem equitibus hostes appropiare [+] [appropiare Desbordes : appropriare C. [-]] appropriareb'Sur le choix de cette leçon, voir Desbordes 2007, 58, n. 15 ; Niermeyer 1997, s.v., signale la confusion commune dans les manuscrits entre les deux verbes appropriare et appropiare. Voir encore III, 34 (Pontieri, p. 77, l. 37-38) : illorsum cum paucis appropiare accelerat (appropiare Z : appropriare C appropinquare B Pontieri). subsecuturus jubet, ne, si fugere – sicut [+] [sicut… sic edd. : sicut… sicut ZB sût… sic C. [-]] sicutsicutsicutsût et [+] [et om. B. [-]] etetet[om.] fecerunt – vellent, liberius possent. SicSicSicSicut praemissis [+] [praemissis C ZB : -sum edd. [-]] praemissispraemissispraemissumc'La leçon des manuscrits, rejetée par les éditeurs précédents, doit être analysée comme un ablatif absolu sans sujet., ipse velocius subsecutus, dum fugere nituntur, ita intercepit [+] [post intercepit iter. ita Z. [-]] intercepitintercepitintercepitintercepit itad'Sur la synonymie possible d’intercipere et d’occidere, voir Desbordes 2007, 66-67. ut vix ex tanta multitudine unus [+] [unus C B : unius Z om. ed. pr. [-]] unusunusunius[om.] evaserit.

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1Selon Aimé (V, 10), ce sont les Normands qui, ayant fait du butin à Rometta, prirent l’initiative d’attaquer Messine, où ils s’étaient rendus la nuit suivante.

2Aimé V, 10, rapporte que la tempête empêcha les Normands de mettre à la voile avant trois jours. Voir encore infra, II, 6, 3.

3Serlon [II] est le fils de Serlon de Hauteville, dernier né de Tancrède et de Murielle (voir I, 4, 1 et I, 38-39). Dès le début de la conquête de la Sicile, il joue un rôle important aux côtés de Roger, qui le place à plusieurs reprises en tête d’une troupe d’éclaireurs, comme ici.

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a'La leçon de C – prolongée d’un signe abréviatif – ne confirme ni n’infirme la conjecture de l’édition princeps. Equitatu se rencontre ailleurs dans le récit, mais peditatu est un hapax. Néanmoins, faute de solution sûre, nous décidons de le maintenir. Ailleurs, pour désigner les fantassins, Malaterra emploie fréquemment le substantif pedes ou le syntagme peditum copiae : voir II, 45, 1 ; III, 4 (Pontieri, p. 58, l. 24) ; III, 16 (Pontieri, p. 66, l. 21) ; III, 37 (Pontieri, p. 79, l. 14 et l. 20) ; IV, 10 (Pontieri, p. 91, l. 14) ; IV, 22 (Pontieri, p. 100, l. 8 et l. 11) ; IV, 24 (Pontieri, p. 102, l. 14-15 et l. 16-17) ; une fois aussi manu peditum (I, 21, 1).

b'Sur le choix de cette leçon, voir Desbordes 2007, 58, n. 15 ; Niermeyer 1997, s.v., signale la confusion commune dans les manuscrits entre les deux verbes appropriare et appropiare. Voir encore III, 34 (Pontieri, p. 77, l. 37-38) : illorsum cum paucis appropiare accelerat (appropiare Z : appropriare C appropinquare B Pontieri).

c'La leçon des manuscrits, rejetée par les éditeurs précédents, doit être analysée comme un ablatif absolu sans sujet.

d'Sur la synonymie possible d’intercipere et d’occidere, voir Desbordes 2007, 66-67.