Chapitre 12

[Prüss1/vue 6] Capitulum XII1caput 11 1536.

Barchora [la tortue de mer ; le murex1Comme dans le cas de l’ahuna, il est impossible de proposer une identification univoque pour la barchora, dont la description découle d’une mauvaise compréhension des informations délivrées par Aristote en Arist. HA 590 b 1-9 MS. L’erreur incombe ici non à une défaillance de la traduction de Michel Scot, mais à une lecture trop rapide du texte qu’il fournit. Le chapitre ramène à un seul animal des données qui concernent, d’une part, la tortue marine (Chelonioidea Bauer, 1893) et, d’autre part, le murex (Murex Linné, 1758). Quoi qu’il en soit du détail de la notice sur la barchora, le mot barchora est employé par Michel Scot là où on lit chez Aristote : πορφύρα, le nom grec du murex.] [+][VB 17, 102 De barchora [-]][+]

Barchora [+][VB 17, 102 De barchora [-]][+]

Renvois internes : Barchora : cf. Karkora, ch. 45 ; Murix, ch. 58 ; Purpura, ch. 74 ; Testeum, ch. 94 ; Testudo, ch. 95 ; Tortuca, ch. 98 ; Zitiron, ch. 105.

Lieux parallèles : TC, De barchora (6, 5) ; AM, [Barchera] (24, 19 (12)).

poisson

[1] [] VB 17, 102, 1 Nota HSAlbert le Grand dans le même livre que ci-dessus. [] TC 6, 5La barchora2Un passage d’Aristote (Arist. HA 590 b 1-9 MS) évoque la nourriture des testacés en mentionnant successivement le murex (πορφύρα traduit par barchora) et la tortue de mer (χελώναι θαλάσσιαι traduit par tortuca marina) : Et animalia que moventur et comedunt animalia, cibantur a piscibus parvis, sicut barcora ; quoniam ipse comedit pisces parvos, et propter hoc eiciunt ei pisces parvos. Et tortuca marina comedit kokile, et orificium eius est fortius omni ore cuiuslibet animalis, quoniam si acceperit lapidem cum suo ore, accipiet ipsum et frangit ipsum ; et exit ad ripam et pascitur herbis, « Et les animaux qui se meuvent et qui sont carnassiers, se nourrissent de petits poissons, comme la barchora ; et puisqu’elle mange des petits poissons, on lui jette pour cette raison des petits poissons. Et la tortue marine mange des coquillages, et son bec est plus dur que celui de tous les autres animaux puisque si elle prend une pierre dans son bec, elle la mange et la broie ; elle sort aussi sur la rive et se nourrit d’herbe ». Une lecture rapide a fait de tortuca marina un synonyme de barchora, entraînant une contamination des informations. est un animal marin qui, de tous les animaux, a la mâchoire la plus puissante. En effet, si elle prend une pierre dans sa bouche, elle la brise. Parfois elle sort sur le rivage et s’y nourrit d’herbes. Et, quand il le faut, elle retourne à l’eau et s’y plonge pour éviter que la peau de son dos ne se dessèche au soleil et qu’elle n’ait plus la souplesse voulue pour se tourner comme il faut. Elle se nourrit aussi de petits poissons, dont on se sert pour l’attraper. En effet, les pêcheurs jettent dans la mer de petits poissons vivants enfilés sur une ligne ; ceux-ci, tandis qu’ils frétillent sans pouvoir s’échapper, s’exposent aux attaques de l’animal cité plus haut. Mais, pendant qu’il est occupé tout entier à les avaler l’un après l’autre, il se fait attraper3En l’état actuel de nos recherches, nous n’avons pas retrouvé la source exacte de cette information. S’agit-il d’une indication concernant le murex ? On sait en effet que les murex étaient capturés grâce à des appâts de viande avariée (voir, par exemple, Arist. HA 535 a 7-9 MS : Animal vero, cuius corium est asperum ut testa, habet sensus tactus et gustus, ut manifestatur in modis delusionis, sicut carcora, quoniam ipse deluditur per fetidum, « Mais cet animal, dont le cuir est dur comme une carapace, possède le sens du toucher et du goût, comme on le voit en les trompant : c’est le cas du carcora [murex], puisqu’on le trompe avec de la chair avariée ») ou de coquillages vivants enfermés dans des nasses (voir Plin. nat. 9, 132). Ou s’agit-il d’une technique de capture des tortues de mer ? Les tortues de mer ont de puissantes mâchoires, qui leur permettent de broyer coquillages et crustacés. Selon les espèces, elles se nourrissent de coquillages, de crustacés, de poissons, d’oursins ou de calmars et de méduses. La pêche à la palangre reste ainsi de nos jours une des causes de mortalité des tortues de mer, qui se laissent piéger par des appâts visant directement d’autres espèces..

[1] [] VB 17, 102, 1 compil.Albertus2albertus — supra non hab. VB. in libro ut supra3Le marqueur est erroné. La source de Vincent de Beauvais est Thomas de Cantimpré, même si la notice d’Albert le Grand est très voisine. Kitchell & Resnick 1999, 1665, à propos d’AM 24, 19 (12), indiquent comme source Plin. nat. 9, 35-39, et inscrivent le passage dans une tradition latine ; mais les ressemblances sont beaucoup plus pertinentes avec Arist. HA 590 b 1-9 MS, et le début de la notice suit aussi fidèlement la source grecque que Pline lui-même.. [] TC 6, 5Barchora est animal marinum habens orificium prae omnibus animalibus fortissimum. Nam et lapidem si in ore suo4ore suo : os suum 1536. acceperit, eum frangit. Haec5hoc 1536. quandoque ad ripas exit et herbas depascit. Et quando oportet, in aquam revertitur ibique submergitur ne cutis dorsi ejus a sole exsiccetur et ad nutum debitum deflectere se non possit. Pisciculos quoque6quoque — piscatores : quos — piscatores post consutos transt. 1536. comedit et per illos deprehenditur. Piscatores namque pisciculos7pisciculos om. 1536. parvos vivos filo consutos in mare projiciunt. Qui dum effugere non valent, sed insimul fluitant, animalis praedicti morsibus patent. At ipsum animal, dum unum post alium transglutire laborat, interim occupatum8occupatus VB2. deprehenditur.

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1Comme dans le cas de l’ahuna, il est impossible de proposer une identification univoque pour la barchora, dont la description découle d’une mauvaise compréhension des informations délivrées par Aristote en Arist. HA 590 b 1-9 MS. L’erreur incombe ici non à une défaillance de la traduction de Michel Scot, mais à une lecture trop rapide du texte qu’il fournit. Le chapitre ramène à un seul animal des données qui concernent, d’une part, la tortue marine (Chelonioidea Bauer, 1893) et, d’autre part, le murex (Murex Linné, 1758). Quoi qu’il en soit du détail de la notice sur la barchora, le mot barchora est employé par Michel Scot là où on lit chez Aristote : πορφύρα, le nom grec du murex.

2Un passage d’Aristote (Arist. HA 590 b 1-9 MS) évoque la nourriture des testacés en mentionnant successivement le murex (πορφύρα traduit par barchora) et la tortue de mer (χελώναι θαλάσσιαι traduit par tortuca marina) : Et animalia que moventur et comedunt animalia, cibantur a piscibus parvis, sicut barcora ; quoniam ipse comedit pisces parvos, et propter hoc eiciunt ei pisces parvos. Et tortuca marina comedit kokile, et orificium eius est fortius omni ore cuiuslibet animalis, quoniam si acceperit lapidem cum suo ore, accipiet ipsum et frangit ipsum ; et exit ad ripam et pascitur herbis, « Et les animaux qui se meuvent et qui sont carnassiers, se nourrissent de petits poissons, comme la barchora ; et puisqu’elle mange des petits poissons, on lui jette pour cette raison des petits poissons. Et la tortue marine mange des coquillages, et son bec est plus dur que celui de tous les autres animaux puisque si elle prend une pierre dans son bec, elle la mange et la broie ; elle sort aussi sur la rive et se nourrit d’herbe ». Une lecture rapide a fait de tortuca marina un synonyme de barchora, entraînant une contamination des informations.

3En l’état actuel de nos recherches, nous n’avons pas retrouvé la source exacte de cette information. S’agit-il d’une indication concernant le murex ? On sait en effet que les murex étaient capturés grâce à des appâts de viande avariée (voir, par exemple, Arist. HA 535 a 7-9 MS : Animal vero, cuius corium est asperum ut testa, habet sensus tactus et gustus, ut manifestatur in modis delusionis, sicut carcora, quoniam ipse deluditur per fetidum, « Mais cet animal, dont le cuir est dur comme une carapace, possède le sens du toucher et du goût, comme on le voit en les trompant : c’est le cas du carcora [murex], puisqu’on le trompe avec de la chair avariée ») ou de coquillages vivants enfermés dans des nasses (voir Plin. nat. 9, 132). Ou s’agit-il d’une technique de capture des tortues de mer ? Les tortues de mer ont de puissantes mâchoires, qui leur permettent de broyer coquillages et crustacés. Selon les espèces, elles se nourrissent de coquillages, de crustacés, de poissons, d’oursins ou de calmars et de méduses. La pêche à la palangre reste ainsi de nos jours une des causes de mortalité des tortues de mer, qui se laissent piéger par des appâts visant directement d’autres espèces.

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1caput 11 1536.

2albertus — supra non hab. VB.

3Le marqueur est erroné. La source de Vincent de Beauvais est Thomas de Cantimpré, même si la notice d’Albert le Grand est très voisine. Kitchell & Resnick 1999, 1665, à propos d’AM 24, 19 (12), indiquent comme source Plin. nat. 9, 35-39, et inscrivent le passage dans une tradition latine ; mais les ressemblances sont beaucoup plus pertinentes avec Arist. HA 590 b 1-9 MS, et le début de la notice suit aussi fidèlement la source grecque que Pline lui-même.

4ore suo : os suum 1536.

5hoc 1536.

6quoque — piscatores : quos — piscatores post consutos transt. 1536.

7pisciculos om. 1536.

8occupatus VB2.

Annotations scientifiques

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