Chapitre 45

[1491/vue 27] Capitulum XLV1caput 44 1536.

Kalaoz [le muge1Toutes les informations sur le kalaoz proviennent d’Aristote : Et quidam pisces, ut fastaroz et kalaoz et mariquez : nocet eis pluvia quoniam cecat illos, cum fuerit multa (Arist. HA 602 a 1-3 MS), « Et certains poissons comme le fastaroz, le kalaoz et le mariquez souffrent de la pluie parce qu’elle les rend aveugles, lorsqu’elle est abondante ». Ce sont les mêmes informations que pour le corez (ch. 24), ce qui permet d’identifier ce poisson comme étant le muge (Mugil cephalus Linné, 1758).], karkora [le murex2Comme la source de ce passage est un extrait d’Aristote (Arist. HA 603 a 16-17 MS), on peut reconnaître sous le nom karkora (traduction latine de πορφύρα chez Michel Scot) celui du murex (Murex Linné, 1758).] et kilok [l’anémone de mer3Nonobstant la mention de pattes avant et de pattes arrière et la description erronée de la carapace, la description évoque selon toute vraisemblance une anémone de mer (Actiniaria von Ternate, 1897), hypothèse que retiennent aussi Kitchell & Resnick 1999, 1686, à propos du Kyloz d’Albert le Grand. L’hypothèse est confirmée par une information supplémentaire donnée par Aristote sur l’anémone de mer, non retenue par Vincent de Beauvais (VB 17, 60), mais conservée par Thomas de Cantimpré (TC 7, 43) et Albert le Grand (AM 24, 64 (37) : une des espèces de kilok est comestible.] [+][VB 17, 60 De kalaoz et karkora et kilok [-]][+]

Kalaoz2kalaos 1536 ut semper., karkora et kilok3kiloch 1536 ut semper. [+][VB 17, 60 De kalaoz4calao VBd. et karkora5carcora VBd ut semper. et kilok [-]][+]

Renvois internes : Kalaoz : cf. Ahuna, ch. 11 ; Chilon, ch. 21 ; Corez, ch. 24 ; Fastaleon, ch. 39 ; Mugilus, ch. 56.
Karkora : cf. Barchora, ch. 12 ; Murix, ch. 58 ; Purpura, ch. 74.
Kilok : cf. Urtica, ch. 102.

Lieux parallèles : Kalaoz dans TC, De kalaoz (7, 42) ; AM, [Kalaoz] (24, 63 (36)).
Kilok dans TC, De kilok (7, 43) ; AM, [Kyloz] (24, 64 (37)).

poisson

[1] [] VB 17, 60, 1 Nota HSIsidore. [] TC 7, 42Le muge est un poisson de mer aux apparences multiples ; l’eau de pluie, qui constitue d’ordinaire, pour tous les autres poissons, un remède salutaire, et les aide à engraisser4C’est une idée couramment répandue : voir par exemple Arist. HA 601 b 10-15., est pour lui mortelle : en effet, s’il pleut beaucoup, il devient aveugle ; et par conséquent, comme il ne peut plus chercher sa nourriture, il meurt de faim5 Voir Corez, ch. 24, 3..

[1] [] VB 17, 60, 1 compil.Isidorus6isidorus non hab. VB.7Le marqueur est erroné. Vincent de Beauvais suit de très près Thomas de Cantimpré.. [] TC 7, 42Kalaoz8calaos VBd. est piscis maris specie multiformis. Pluvia, quae ceteris piscibus ad vitae remedium et impinguationis juvamen esse solet, huic pro exitio9exicitio 1491 Prüss1. datur ; nam si multa pluvia fuerit, oculis caecatur, ac per consequens, cum cibum quaerere non possit, fame moritur.

[2] [] VB 17, 60, 1 Nota HSLe même. [] Arist. HA 603 a 16-17 MSLe murex est un poisson qui, après avoir été pris, vit longtemps et trouve en lui-même sa propre nourriture, car sa coquille est recouverte d’algues.

[2] [] VB 17, 60, 1 compil.Idem10idem non hab. VB.. [] Arist. HA 603 a 16-17 MSKarkora11Cet animal ne figure que dans l’œuvre de Vincent de Beauvais, que l’Hortus sanitatis suit au mot près. Ce passage est incompréhensible en l’état, par suite d’une succession de contresens. Le premier est imputable à la traduction de Michel Scot. La source du passage, en effet, est constituée par les lignes d’Aristote que voici (Arist. HA 603 a 15-17) : « Et pourtant le murex, une fois pêché, vit environ cinquante jours. Ils se nourrissent entre eux, car il leur pousse sur les coquilles une espèce d’algue ou de lichen » (Louis 1969, 47). Or Michel Scot traduit ainsi : Et karkora, postquam deprehenditur, vivit multo tempore. Et karkora cibat se ex se, quoniam est super eius testam uiror aquae (Arist. HA 603 a 15-17 MS). Outre l’ambiguité induite par les termes ex se, si Michel Scot traduit le mot grec πορφύρα (murex) par karkora, c’est peut-être parce qu’il a fait un lien avec un autre animal, le karahez (le muge morveux, aussi dénommé chilon, voir ch. 21), pensant qu’il s’agit du même (Et quoddam karahez non pascitur, set cibatur ab humiditate uiscosa quae exit ab eo, et propter hoc est semper ieiunus (Arist. HA 591 a 18 MS)). Par ailleurs, dans l’impossibilité de comprendre viror aquae, périphrase désignant les algues, Vincent de Beauvais a écrit nidor aquae, termes devenus dans l’Hortus sanitatis nidior (pour nitidior ?) aqua. Enfin, une dernière couche d’opacité a été ajoutée lorsque le terme testam, figurant chez Michel Scot, est devenu chez Vincent de Beauvais intestina, que nous corrigeons. vero est12est post piscis hab. VB. piscis qui, postquam deprehenditur, multo vivit tempore et cibat se ex se, quia super ejus testam13testam correximus ex Arist. : intestina 1491 Prüss1 1536 VB. est †nidior aqua†14nidior aqua : nidor aquae VB..

Propriétés et indications

Operationes

[3] [] VB 17, 60, 1A. Nota HSLe même. [] TC 7, 43Le kilok est un poisson de mer qui se cache dans une coquille hérissée6L’emploi du terme testa vient d’une mauvaise compréhension du texte d’Aristote (Arist. HA 531 b 4), qui dit que l’actinie a le rocher pour coquille. Le passage sera correctement traduit par Théodore Gaza (De saxo quasi de testa vivit, « Il vit sur son rocher comme dans une coquille »), mais Michel Scot l’a omis et le contresens est déjà présent chez Thomas de Cantimpré (Testa eius in qua latet similis est teste vasis et est aspera multum, « La coquille, dans laquelle il se cache, est semblable à l’argile d’un vase et elle est très dure »)., dont l’ouverture est au milieu du corps.

[3] [] VB 17, 60, 1A. compil.Idem15idem non hab. VB.16Dans ce passage, Vincent de Beauvais, repris par l’Hortus sanitatis, suit au mot près le texte de Thomas de Cantimpré. La source en est Aristote (Arist. HA 531 a 31 - b 6 MS) : Est genus animalis quod dicitur graece akaleki […] et applicatur lapidibus sicut animal cuius testa est aspera, similis teste uasis. Et non habet testam, sed creatio sui corporis est similis creationi carnis. Et hoc genus sentit et rapit quicquid appropinquat manibus, et applicatur lapidibus cum suis pedibus sicut animal multorum pedum. Et fortasse tumescit corpus eius, quando applicatur alicui rei. Le même texte a servi pour l’urtica (ch. 102). L’indication sur la situation centrale de l’orifice buccal, absente de la traduction de Michel Scot, se trouve chez Thomas de Cantimpré : et orificium eius in medio corporis est (TC 7, 43).. [] TC 7, 43Kilok17ciloc VBd. est piscis marinus in testa multum aspera latens, cujus orificium est in medio corporis.

[4] [] VB 17, 60, 1B. [] TC 7, 43Il sent tout ce qui approche de lui et se plaque contre les pierres avec ses pattes de derrière.

[4] [] VB 17, 60, 1B. [] TC 7, 43Sentit autem quicquid ei appropinquat, et applicatur18applicat Prüss1. lapidibus cum suis pedibus posterioribus.

[5] [] VB 17, 60, 1C. [] TC 7, 43Et avec ses pattes avant, qu’il utilise comme des mains7Le texte grec d’Aristote (Arist. HA 531 a 31 - b 6) ne mentionne pas les mains (ni d’ailleurs les pieds) de l’actinie mais celles de l’expérimentateur : « Les actinies constituent également un genre à part. Car elles sont fixées aux rochers comme certains testacés, mais il arrive qu’elles s’en détachent. Elles sont sensibles au toucher et saisissent et retiennent la main qui s’approche, comme le poulpe avec ses tentacules, à tel point que la main a la chair qui se met à enfler. Elle a une bouche au milieu, et elle vit avec le rocher pour coquille. Et si quelque minuscule poisson passe à sa portée, elle le retient comme elle fait pour la main. Et ainsi quand quelque chose de bon à manger se trouve à sa portée, elle le mange » (Louis 1964, 136)., il attrape tout poisson qui passe auprès de lui, quel qu’il soit ; mais s’il en passe un qu’il croit n’avoir aucune chance de vaincre, il enfle et se contracte, et il s’accroche plus fermement à la pierre contre laquelle il se plaque.

[5] [] VB 17, 60, 1C. [] TC 7, 43Anterioribus autem, quibus pro manibus utitur, quicquid per eum transit ex19ex — transit non hab. 1491 Prüss1 1536. piscibus depraedatur ; si quid vero transit quod nequaquam vincere se posse credit, tumescit seque contrahit et adhaeret fortius lapidi cui applicatur.

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1Toutes les informations sur le kalaoz proviennent d’Aristote : Et quidam pisces, ut fastaroz et kalaoz et mariquez : nocet eis pluvia quoniam cecat illos, cum fuerit multa (Arist. HA 602 a 1-3 MS), « Et certains poissons comme le fastaroz, le kalaoz et le mariquez souffrent de la pluie parce qu’elle les rend aveugles, lorsqu’elle est abondante ». Ce sont les mêmes informations que pour le corez (ch. 24), ce qui permet d’identifier ce poisson comme étant le muge (Mugil cephalus Linné, 1758).

2Comme la source de ce passage est un extrait d’Aristote (Arist. HA 603 a 16-17 MS), on peut reconnaître sous le nom karkora (traduction latine de πορφύρα chez Michel Scot) celui du murex (Murex Linné, 1758).

3Nonobstant la mention de pattes avant et de pattes arrière et la description erronée de la carapace, la description évoque selon toute vraisemblance une anémone de mer (Actiniaria von Ternate, 1897), hypothèse que retiennent aussi Kitchell & Resnick 1999, 1686, à propos du Kyloz d’Albert le Grand. L’hypothèse est confirmée par une information supplémentaire donnée par Aristote sur l’anémone de mer, non retenue par Vincent de Beauvais (VB 17, 60), mais conservée par Thomas de Cantimpré (TC 7, 43) et Albert le Grand (AM 24, 64 (37) : une des espèces de kilok est comestible.

4C’est une idée couramment répandue : voir par exemple Arist. HA 601 b 10-15.

5 Voir Corez, ch. 24, 3.

6L’emploi du terme testa vient d’une mauvaise compréhension du texte d’Aristote (Arist. HA 531 b 4), qui dit que l’actinie a le rocher pour coquille. Le passage sera correctement traduit par Théodore Gaza (De saxo quasi de testa vivit, « Il vit sur son rocher comme dans une coquille »), mais Michel Scot l’a omis et le contresens est déjà présent chez Thomas de Cantimpré (Testa eius in qua latet similis est teste vasis et est aspera multum, « La coquille, dans laquelle il se cache, est semblable à l’argile d’un vase et elle est très dure »).

7Le texte grec d’Aristote (Arist. HA 531 a 31 - b 6) ne mentionne pas les mains (ni d’ailleurs les pieds) de l’actinie mais celles de l’expérimentateur : « Les actinies constituent également un genre à part. Car elles sont fixées aux rochers comme certains testacés, mais il arrive qu’elles s’en détachent. Elles sont sensibles au toucher et saisissent et retiennent la main qui s’approche, comme le poulpe avec ses tentacules, à tel point que la main a la chair qui se met à enfler. Elle a une bouche au milieu, et elle vit avec le rocher pour coquille. Et si quelque minuscule poisson passe à sa portée, elle le retient comme elle fait pour la main. Et ainsi quand quelque chose de bon à manger se trouve à sa portée, elle le mange » (Louis 1964, 136).

~

1caput 44 1536.

2kalaos 1536 ut semper.

3kiloch 1536 ut semper.

4calao VBd.

5carcora VBd ut semper.

6isidorus non hab. VB.

7Le marqueur est erroné. Vincent de Beauvais suit de très près Thomas de Cantimpré.

8calaos VBd.

9exicitio 1491 Prüss1.

10idem non hab. VB.

11Cet animal ne figure que dans l’œuvre de Vincent de Beauvais, que l’Hortus sanitatis suit au mot près. Ce passage est incompréhensible en l’état, par suite d’une succession de contresens. Le premier est imputable à la traduction de Michel Scot. La source du passage, en effet, est constituée par les lignes d’Aristote que voici (Arist. HA 603 a 15-17) : « Et pourtant le murex, une fois pêché, vit environ cinquante jours. Ils se nourrissent entre eux, car il leur pousse sur les coquilles une espèce d’algue ou de lichen » (Louis 1969, 47). Or Michel Scot traduit ainsi : Et karkora, postquam deprehenditur, vivit multo tempore. Et karkora cibat se ex se, quoniam est super eius testam uiror aquae (Arist. HA 603 a 15-17 MS). Outre l’ambiguité induite par les termes ex se, si Michel Scot traduit le mot grec πορφύρα (murex) par karkora, c’est peut-être parce qu’il a fait un lien avec un autre animal, le karahez (le muge morveux, aussi dénommé chilon, voir ch. 21), pensant qu’il s’agit du même (Et quoddam karahez non pascitur, set cibatur ab humiditate uiscosa quae exit ab eo, et propter hoc est semper ieiunus (Arist. HA 591 a 18 MS)). Par ailleurs, dans l’impossibilité de comprendre viror aquae, périphrase désignant les algues, Vincent de Beauvais a écrit nidor aquae, termes devenus dans l’Hortus sanitatis nidior (pour nitidior ?) aqua. Enfin, une dernière couche d’opacité a été ajoutée lorsque le terme testam, figurant chez Michel Scot, est devenu chez Vincent de Beauvais intestina, que nous corrigeons.

12est post piscis hab. VB.

13testam correximus ex Arist. : intestina 1491 Prüss1 1536 VB.

14nidior aqua : nidor aquae VB.

15idem non hab. VB.

16Dans ce passage, Vincent de Beauvais, repris par l’Hortus sanitatis, suit au mot près le texte de Thomas de Cantimpré. La source en est Aristote (Arist. HA 531 a 31 - b 6 MS) : Est genus animalis quod dicitur graece akaleki […] et applicatur lapidibus sicut animal cuius testa est aspera, similis teste uasis. Et non habet testam, sed creatio sui corporis est similis creationi carnis. Et hoc genus sentit et rapit quicquid appropinquat manibus, et applicatur lapidibus cum suis pedibus sicut animal multorum pedum. Et fortasse tumescit corpus eius, quando applicatur alicui rei. Le même texte a servi pour l’urtica (ch. 102). L’indication sur la situation centrale de l’orifice buccal, absente de la traduction de Michel Scot, se trouve chez Thomas de Cantimpré : et orificium eius in medio corporis est (TC 7, 43).

17ciloc VBd.

18applicat Prüss1.

19ex — transit non hab. 1491 Prüss1 1536.

Annotations scientifiques

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