Chapitre 95

Capitulum XCV1caput 94 1536.

Testudo [la tortue de mer1La testudo est la tortue marine (Chelonioidea Bauer, 1893). Voir De Saint-Denis 1947, 112 ; Kitchell & Resnick 1999, 1702-1703 et n. 302. Chelonioidea est le nom d’une super-famille qui comprenait autrefois cinq familles constituées de plusieurs dizaines d’espèces. Il ne subsiste actuellement que deux familles sur cinq et sept espèces qui se répartissent entre ces deux familles.] [+][AM 24, 123 (56) [-]][+] [+][VB 17, 131 De testudine marina [-]][+]

Testudo [+][AM 24, 123 (56) [-]][+] [+][VB 17, 131 De testudine marina [-]][+]

Renvois internes : Testudo : cf. Barchora, ch. 12 ; Testeum, ch. 94 ; Tortuca, ch. 98 ; Zitiron, ch. 105.

Lieux parallèles : TC, De testudine maris Indie (6, 49).

poisson

[1] Albert au même livre que ci-dessus. [] AM 24, 123 (56)Il demeure dans la mer indienne des tortues ayant des carapaces si larges que quelques-unes, posées en guise de toit, suffisent aux hommes pour se faire un abri. Parfois aussi on navigue entre les îles dans ces carapaces comme dans des barques. Ces tortues, comme le dit Pline, s’attrapent ainsi : se plaisant dans la chaleur du soleil, elles nagent à la surface de la mer, tout leur dos émergeant, jusqu’à ce qu’elles soient desséchées au point de ne pas pouvoir s’immerger, et elles surnagent alors malgré elles, jusqu’au moment où ceux qui les ont aperçues les attrapent à la main. D’autres encore disent que ces tortues sortent la nuit pour se nourrir et que, repues, elles s’endorment, nageant à la surface de l’eau ; et alors, de très nombreuses personnes s’étant rassemblées pour les capturer, trois nagent vers une tortue : deux retournent la carapace dont ils se sont saisis, de façon que la coque gise sur le dos, et le troisième passe un lacet autour de la tête ou de la partie du corps qui tient lieu de cou. Et tous les autres, qui se tiennent sur le rivage, tirent sur ce lacet vers la terre. Cette grande tortue, comme la petite, n’a pas de dents, mais les bords de son bec sont tranchants comme une boîte2Du fait d’une omission, le texte de l’Hortus sanitatis est plus obscur que ses sources : les deux parties du rostre, parfaitement ajustées, ferment comme une boîte (Plin. nat. 9, 37 : claudente pyxidum modo ; AM, 24, 123 (56) : clauditur […] sicut pixide) et sont très coupantes.. Et on dit que son bec est si dur qu’il broie même les pierres. Pline dit aussi que ces animaux s’accouplent à la façon du bétail, et que les femelles ne supportent pas facilement l’accouplement jusqu’à ce que le mâle place son membre3De Saint-Denis 1955, 50, traduit le passage de Pline donec mas festucam aliquam inponat auersae par : « jusqu’à ce que le mâle place sur leur dos un fétu », et indique (ibid. 108, § 37, n. 1) que, si les données sont empruntées à Arist. HA 540 a 27-31, celui-ci « ne dit pas que la femelle résiste au mâle et le détail donec mas festucam aliquam inponat aversae est bizarre : est-ce une déformation de la phrase où Aristote dit que le mâle et la femelle possèdent un organe où se réunissent, dans l’accouplement, les canaux générateurs ? [voir trad. Louis 1968, 5] ». Notons que ni la traduction de De Saint-Denis, ni le commentaire n’éclairent vraiment le passage. dans l’orifice de la femelle qui lui tourne le dos. Sortie à terre, elle pond des œufs pareils à des œufs d’oie4Plin. nat. 9, 37 dit « semblables à ceux des oiseaux (auium) » (De Saint-Denis 1955, 49) ; et Arist. HA 558 a 5-6 : « de deux couleurs comme ceux des oiseaux » (Louis 1968, 59). ; elle en fait cent ou plus, les enfouit dans la terre hors de l’eau et, parfois, elle se couche sur eux de tout son long pendant la nuit. Et c’est pour cela que certains disent qu’elle les couve de son regard, ce qui pourtant est faux. Les tortues font éclore leurs petits sur terre et les emmènent dans l’eau.

[1] Albertus in libro ut supra2L’ensemble du paragraphe repris à Albert le Grand s’inspire du texte de Pline, dont il diffère par la formulation, mais il en respecte fidèlement le sens. Voir Plin. nat. 9, 35-37 : Testudines tantae magnitudinis Indicum mare emittit, uti singularum superficie habitabiles casas integant atque inter insulas Rubri praecipue maris his navigent cumbis. Capiuntur multis quidem modis, sed maxime euectae in summa pelagi antemeridiano tempore blandito, eminente toto dorso per tranquilla fluitantes, quae uoluptas libere spirandi in tantum fallit oblitas sui, ut solis uapore siccato cortice non queant mergi inuitaeque fluitent opportunae uenantium praedae. Ferunt et pastum egressas noctu auideque saturatas lassari atque, ut remeauerint matutino, summa in aqua obdormiscere ; id prodi stertentium sonitu. Tum adnatare <…> leniterque singulis ternos ; a duobus in dorsum uerti, a tertio laqueum inici supinae atque ita e terra a pluribus trahi. […] Dentes non sunt testudini, sed rostri margines acuti, superna parte inferiorem claudente pyxidum modo. In mari conchyliis uiuont, tanta oris duritia ut lapides comminuant, in terram egressae herbis. Pariunt oua auium ouis similia ad centena numero eaque defossa extra aquas et cooperta terra, pauita pectore et complanata, incubant noctibus. Educunt fetus annuo spatio. Quidam oculis spectandoque oua foueri ab his putant, feminas coitum fugere, donec mas festucam aliquam inponat auersae.. [] AM 24, 123 (56)Testudines habitant3habet AM. Indicum mare4indicum mare : in indico mari 1536. ita latas testas habentes quod hominibus sufficiunt ad hospitia paucae5paucae earum… positae AM : parte eorum… posita 1491 Prüss1 1536. earum in tecto positae. Aliquando etiam in testis illis navigatur inter insulas quasi in cimbis6timbis 1491 zimbis Prüss1 tymbis 1536.. Hae testudines sic capiuntur, ut dicit Plinius. In fervore enim solis gaudentes toto dorso eminente7eminente corr. 1536 ex Plin. : rostro 1491 Prüss1 testeo AM. natant in maris superficie, donec ita desiccantur8exsiccantur AM. quod mergi non possunt, et tunc invitae natant donec manibus accipiuntur videntium. Dicunt etiam aliqui quod nocte ad pastum testudines illae egrediuntur9egrediantur 1536. et saturatae obdormiunt in superficie aquae natantes, [1491/vue 55] et tunc, plurimis ob capturam congregatis, tres adnatant10natant Prüss1 1536. ad testudinem quorum duo apprehensam11ante apprehensam hab. ad 1491 Prüss1 1536. convertunt concham12concam AM. ita quod in tergo jacet13latet 1491 Prüss1 1536. ostreum14Ostreum, qui désigne l’huître, fait problème ici, de même que le mot concha (le coquillage). ; tertius autem laqueum injicit capiti vel membro quod est in15in non hab. AM. loco colli. Et residui qui in litore stant trahunt ipsum ad terram. Testudo autem haec magna, sicut et parva, dentes non habet, sed rostri margines habet acutas ita pixide16ita pixide : modo pixidum 1536 ita quod superior mandibula eius clauditur inferiori sicut pixide AM.. Et dicitur tanta esse oris ejus duritia ut etiam lapides comminuat. Dicit etiam Plinius quod haec animalia coeunt pecudum more et quod feminae coitum de facili17de facili post non hab. AM. non sustinent donec masculus adversae18adversus 1491 Prüss1 1536. feminae festucam19festucam correximus ex Plin. : festucas 1491 Prüss1 1536 AM. in ore posuerit. In terram20terrae 1491. egressae ovant ova ovis anserum21anseris AM. similia, et facit centum vel amplius, et illa fodit in terram extra aquam, et aliquando pectore jacet noctibus super ea. Et ideo quidam dicunt ea visu fovere, quod tamen22tantum 1491 Prüss1 1536. est falsum. Fetus autem23aut 1491 Prüss1 1536. in terra24in terra : anni spatio AM. educant et inducunt in aquam.

[2] [] VB 17, 131, 1 [] TC 6, 49Les tortues marines s’accouplent à la façon du bétail, Nota HScomme le dit Aristote5Voir Arist. HA 540 a 27-31. [] TC 6, 49, et, sorties sur terre, elles pondent une centaine d’œufs environ, pareils à des œufs d’oies ; au dire de certains, elles chauffent leurs œufs rien qu’en les fixant du regard6L’Hortus sanitatis, après avoir cité Albert le Grand pour le premier paragraphe, emprunte pour les suivants ses informations à Vincent de Beauvais ce qui entraîne des répétitions..

[2] [] VB 17, 131, 1 [] TC 6, 49Testudines marinae pecudum more coeunt, compil.ut25ut — aristoteles non hab. VB. dicit Aristoteles, [] TC 6, 49et in terram egressae ova usque ad centum ovis anserum similia pariunt ; quae et quidam ab illis tantum oculis spectando foveri dicunt.

[3] [] VB 17, 131, 2Isidore. [] Isid. orig. 12, 6, 56La tortue est appelée ainsi parce qu’elle est couverte d’une carapace qui la protège comme une voûte. Il y en a quatre espèces : l’une est celle dont il s’agit ici, à savoir la tortue marine ; une autre est la tortue de vase. Nota HSOn a parlé des autres espèces dans les chapitres qui les concernaient.

[3] [] VB 17, 131, 2Isidorus. [] Isid. orig. 12, 6, 56Testudo dictus eo quod tegmine testae sit adopertus in camerae modum. Sunt autem quattuor genera : terrestres, maritimae, lutariae, id est in caeno et paludibus uiuentes ; quartum genus fluuiatiles, quae in dulci aqua uiuunt.Testudo autem dicta est eo26eo om. 1536. quod tegmine testae in modum camerae adoperta est. Horum quattuor sunt genera : quorum unum est de quo hic agitur, scilicet27scilicet non hab. VBd. testudo marina, aliud vero est28est post testudo hab. VBd om. 1536. testudo lutaria. compil.De aliis29aliis : qua in tractatu de vermibus agetur infra VB. suis locis dictum est30est non hab. 1491..

[4] [] VB 17, 131, 3Solin. [] Sol. coll. 53, 20Les peuples de Thrace se plaisent à attraper des tortues marines. Elles sont si volumineuses qu’une de leurs carapaces couvre une habitation et accueille une famille nombreuse sans qu’elle s’y sente à l’étroit.

[4] [] VB 17, 131, 3Solinus. [] Sol. coll. 53, 20Marinas […] testudines capere gaudent, quarum tanta est magnitudo, ut superficies earum domum faciat et numerosam familiam non arte receptet.Thraciae31traciae 1491 Prüss1 VB2. populi32La remarque de Solin concerne le peuple de Trapoban. marinas testudines capere gaudent. Quarum tanta est magnitudo ut superficies33supercifies 1536. earum domum faciat et numerosam familiam non arcte receptat34recepta 1536..

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1La testudo est la tortue marine (Chelonioidea Bauer, 1893). Voir De Saint-Denis 1947, 112 ; Kitchell & Resnick 1999, 1702-1703 et n. 302. Chelonioidea est le nom d’une super-famille qui comprenait autrefois cinq familles constituées de plusieurs dizaines d’espèces. Il ne subsiste actuellement que deux familles sur cinq et sept espèces qui se répartissent entre ces deux familles.

2Du fait d’une omission, le texte de l’Hortus sanitatis est plus obscur que ses sources : les deux parties du rostre, parfaitement ajustées, ferment comme une boîte (Plin. nat. 9, 37 : claudente pyxidum modo ; AM, 24, 123 (56) : clauditur […] sicut pixide) et sont très coupantes.

3De Saint-Denis 1955, 50, traduit le passage de Pline donec mas festucam aliquam inponat auersae par : « jusqu’à ce que le mâle place sur leur dos un fétu », et indique (ibid. 108, § 37, n. 1) que, si les données sont empruntées à Arist. HA 540 a 27-31, celui-ci « ne dit pas que la femelle résiste au mâle et le détail donec mas festucam aliquam inponat aversae est bizarre : est-ce une déformation de la phrase où Aristote dit que le mâle et la femelle possèdent un organe où se réunissent, dans l’accouplement, les canaux générateurs ? [voir trad. Louis 1968, 5] ». Notons que ni la traduction de De Saint-Denis, ni le commentaire n’éclairent vraiment le passage.

4Plin. nat. 9, 37 dit « semblables à ceux des oiseaux (auium) » (De Saint-Denis 1955, 49) ; et Arist. HA 558 a 5-6 : « de deux couleurs comme ceux des oiseaux » (Louis 1968, 59).

5Voir Arist. HA 540 a 27-31.

6L’Hortus sanitatis, après avoir cité Albert le Grand pour le premier paragraphe, emprunte pour les suivants ses informations à Vincent de Beauvais ce qui entraîne des répétitions.

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1caput 94 1536.

2L’ensemble du paragraphe repris à Albert le Grand s’inspire du texte de Pline, dont il diffère par la formulation, mais il en respecte fidèlement le sens. Voir Plin. nat. 9, 35-37 : Testudines tantae magnitudinis Indicum mare emittit, uti singularum superficie habitabiles casas integant atque inter insulas Rubri praecipue maris his navigent cumbis. Capiuntur multis quidem modis, sed maxime euectae in summa pelagi antemeridiano tempore blandito, eminente toto dorso per tranquilla fluitantes, quae uoluptas libere spirandi in tantum fallit oblitas sui, ut solis uapore siccato cortice non queant mergi inuitaeque fluitent opportunae uenantium praedae. Ferunt et pastum egressas noctu auideque saturatas lassari atque, ut remeauerint matutino, summa in aqua obdormiscere ; id prodi stertentium sonitu. Tum adnatare <…> leniterque singulis ternos ; a duobus in dorsum uerti, a tertio laqueum inici supinae atque ita e terra a pluribus trahi. […] Dentes non sunt testudini, sed rostri margines acuti, superna parte inferiorem claudente pyxidum modo. In mari conchyliis uiuont, tanta oris duritia ut lapides comminuant, in terram egressae herbis. Pariunt oua auium ouis similia ad centena numero eaque defossa extra aquas et cooperta terra, pauita pectore et complanata, incubant noctibus. Educunt fetus annuo spatio. Quidam oculis spectandoque oua foueri ab his putant, feminas coitum fugere, donec mas festucam aliquam inponat auersae.

3habet AM.

4indicum mare : in indico mari 1536.

5paucae earum… positae AM : parte eorum… posita 1491 Prüss1 1536.

6timbis 1491 zimbis Prüss1 tymbis 1536.

7eminente corr. 1536 ex Plin. : rostro 1491 Prüss1 testeo AM.

8exsiccantur AM.

9egrediantur 1536.

10natant Prüss1 1536.

11ante apprehensam hab. ad 1491 Prüss1 1536.

12concam AM.

13latet 1491 Prüss1 1536.

14Ostreum, qui désigne l’huître, fait problème ici, de même que le mot concha (le coquillage).

15in non hab. AM.

16ita pixide : modo pixidum 1536 ita quod superior mandibula eius clauditur inferiori sicut pixide AM.

17de facili post non hab. AM.

18adversus 1491 Prüss1 1536.

19festucam correximus ex Plin. : festucas 1491 Prüss1 1536 AM.

20terrae 1491.

21anseris AM.

22tantum 1491 Prüss1 1536.

23aut 1491 Prüss1 1536.

24in terra : anni spatio AM.

25ut — aristoteles non hab. VB.

26eo om. 1536.

27scilicet non hab. VBd.

28est post testudo hab. VBd om. 1536.

29aliis : qua in tractatu de vermibus agetur infra VB.

30est non hab. 1491.

31traciae 1491 Prüss1 VB2.

32La remarque de Solin concerne le peuple de Trapoban.

33supercifies 1536.

34recepta 1536.

Annotations scientifiques

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