chapitre 29

capitulum XXIX

Les Grecs ourdissent un complot contre le comte à Troina

Graeci apud Traynam comiti fraudem machinantur

<1> Alors, après avoir largement rétribué ses hommes en armes, chevaux et autres équipements nécessaires et organisé sagement pour ses fidèles la terre qui lui était dévolue, le comte entreprend de nouveau de conquérir la Sicile avec trois cents hommes, emmenant avec lui sa jeune épouse, bien qu’elle fût craintive et qu’elle s’y opposât autant que le lui permettait sa témérité1Sur quelques traits de caractère de Judith, voir « Introduction » de la version imprimée, p. 56.. À son arrivée à Troina, les Grecs chrétiens, qui l’avaient déjà accueilli semblablement l’autre fois, le reçoivent à nouveau, sans autant d’enthousiasme cependant que la première fois2Voir II, 18, 2. ; il renforce la ville en l’aménageant selon ses vœux, même si la configuration de la montagne sur laquelle elle était située en faisait une place facile à défendre3Troina est située à 1 121 m d’altitude ; voir II, 18, 2., et, ayant laissé sa femme en cet endroit avec une petite troupe, il part attaquer les forteresses des proches alentours. <2> Mais les Grecs, peuple toujours si perfide4Ce syntagme qualifie chez Malaterra aussi bien les Lombards que les « Grecs » de Calabre et de Sicile (I, 13, 1 ; I, 14, 3 ; I, 28) ; voir « Introduction » de la version imprimée, p. 43., furent irrités par le seul fait que les chevaliers du comte étaient logés chez eux et leur faisaient craindre pour leurs femmes et leurs filles5Malaterra sous-entend que cette crainte n’est pas justifiée (hoc solo offensionis quod […]) ; voir pourtant l’anecdote rapportée en II, 11. Voir aussi Loud 2000, 154 et « Introduction » de la version imprimée, p. 64. : un jour que le comte se trouvait à Nicosia6Nicosia (prov. Enna) se trouve à environ 30 km à l’ouest de Troina. C’est la seule occurrence de ce toponyme. Voir Maurici 2001, 205, pour l’historique des castra Nicosiae. pour attaquer la place, voyant le peu d’hommes restés avec la comtesse et s’imaginant qu’il leur serait facile de l’emporter sur eux, ils entreprirent de les attaquer, afin de se débarrasser du joug qu’ils leur faisaient subir, en les chassant de la ville ou alors en les tuant. <3> Mais, les nôtres, malgré leur petit nombre, particulièrement prompts cependant à réagir et à intervenir par la force, se ruent sur leurs armes aussitôt qu’ils ont découvert le piège : défendant avec ardeur leur maîtresse et eux-mêmes pour sauver leur vie, ils résistent avec acharnement, jusqu’à ce que la nuit interrompe le combat. <4> Le comte, ayant appris par un messager ce qui s’était passé, accourt en toute hâte ; mais les Grecs avaient coupé la ville par le milieu et construit pour se défendre un retranchement entre eux et les Normands, si bien qu’il les attaquait sans aucun succès sur le moment. Alors, tous les Sarrasins des forteresses voisines qui étaient les plus déterminés au combat, très heureux d’apprendre que les Grecs avaient abandonné le parti des nôtres, les avaient désormais rejoints pour leur apporter leur aide : et, grâce au secours de ces hommes, les Grecs se défendaient très efficacement. <5> En effet, pendant qu’un tel siège se prolongeait, les nôtres, occupés sans cesse au combat – tantôt en assaillant les ennemis, tantôt en se défendant eux-mêmes –, se trouvaient dans l’impossibilité de se ravitailler par des opérations de pillage menées en divers lieux selon leur habitude, si bien qu’ils étaient très durement éprouvés par les affres de la faim, la pression exercée sur eux par les combats incessants et les veilles, toutes choses qui, d’ordinaire, ne leur arrivent pas du tout en même temps. Chacun, en effet, était à ce point attentif à sa propre personne que même le comte n’avait pour lui préparer son repas que sa femme et ses écuyers. <6> Comme, à l’intérieur de la ville, l’attention que requérait la nécessité de se défendre continuellement empêchait d’aller faire du butin et que, à l’extérieur, tous montaient la garde pour surprendre ceux qui se risqueraient au pillage avec une petite troupe, le danger imminent les dissuadait de n’en rien faire. C’est pourquoi, ils étaient dans une telle disette qu’ils ne pouvaient ni voler, ni rien obtenir l’un de l’autre par un don généreux, ni rien recevoir par un échange, car ils souffraient presque tous de privation au même degré, depuis le comte lui-même jusqu’à son dernier serviteur. Ils manquaient aussi de vêtements au point que le comte et la comtesse, qui à eux deux ne possédaient qu’un seul manteau, s’en servaient à tour de rôle, selon que chacun en ressentait le besoin plus que l’autre. <7> Les Grecs et les Sarrasins, au contraire, qui, soutenus par les habitants de toute la région, y circulaient à loisir, étaient comblés d’une profusion de biens. En effet, il ne leur était pas nécessaire d’aller ici ou là chercher la nourriture, car tous les Siciliens, rivalisant pour leur apporter tout le nécessaire, les ravitaillaient spontanément en abondance. <8> Bien que les nôtres, en raison des privations si grandes dont ils souffraient, fussent à bout de forces à cause de la pression exercée par la faim, la fatigue et les veilles, ils se cachaient bravement l’un à l’autre leur faiblesse, afin de ne pas se démoraliser mutuellement, et s’efforçaient de faire apparaître une certaine gaieté sur leur visage et dans leurs propos ; et si la jeune comtesse étanchait sa soif avec de l’eau, en revanche, elle ne savait apaiser sa faim que par les larmes et le sommeil, ne disposant d’aucun autre expédient. Le combat était continu, † … †, la nourriture manquait ; les assauts de l’ennemi interdisaient à chacun de quitter son poste. <9> Mais de temps à autre, afin que l’ennemi ne s’aperçût pas de leur abattement s’ils ne se précipitaient sur leurs armes qu’en cas d’assaut, ils faisaient preuve opportunément de cette fougue qui leur était naturelle, même si leurs forces physiques s’y refusaient7Sur le caractère des Normands, voir « Introduction » de la version imprimée, p. 39 et 59-60..

<1> Comes igitur [+] [igitur C B : vero Z ed. pr. [-]] igiturigiturvero, suos abundanter armis et equis ceterisque [+] [ceterisque C Z : et cetera B et coeteris Pontieri. [-]] ceterisqueceterisqueet ceteraet coeteris quae necessaria erant remunerans et terram [+] [terram C Z : eterni B ut vid. [-]] terramterramterrameterni*eterni ut vid. quae suae sorti [+] [suae sorti C : sorti suae B Pontieri sibi sorte Z ed. pr. [-]] sorti suaesibi sorte cesserat fidelibus suis prudenter ordinans, iterum Siciliam cum trecentis debellaturus aggreditur, uxorem juvenculam, quamvis timidam [+] [quamvis timidam C B Ca : om. Z ed. pr. [-]] quamvis timidamquamvis timidamquamvis timidam[om.] et in quantum [+] [et in quantum C B Ca : et in quamvis Z et quamvis Zx quamvis ed. pr. [-]] et in quantumet in quantumet in quantumet in quamvis [+] [Zx : et quamvis [-]] quamvis audebat [+] [audebat C ZB Me : audiebat edd. [-]] audebataudebataudebataudiebat renitentem [+] [renitentem C Z Me : renuentem B. [-]] renitentemrenitentemrenitentemrenitentemrenuentem, secum ducens [+] [ducens C Z : ducit B. [-]] ducensducensducensducit. Veniens itaque apud Traynam [+] [traynam C Z2B : trayam Z trainam ed. pr. [-]] TraynamTraynam [+] [Z2 : Traynam [-]] TrayamTrainam, a christianis Graecis, qui eum jam altera vice similiter [+] [similiter om. ed. pr. [-]] similitersimilitersimiliter[om.] susceperant, iterum, etsi non [+] [etsi non C Z : et summo B. [-]] etsi nonetsi nonetsi nonet summo cum tanta ut prius, alacritate tamen [+] [ut prius alacritate tamen C : alacritate ut prius tamen B ut prius tamen alacritate Z edd. [-]] alacritate ut prius tamenut prius tamen alacritate suscipitur ; urbemque [+] [urbemque C Z : urbem B. [-]] urbemqueurbemqueurbemqueurbem, quamvis natura montis in quo sita est satis defensabilis foret, ad votum [+] [votum ZB : notum C. [-]] votumvotumvotumnotum suum aptando fortiorem reddens, uxore [+] [uxore C Z : uxorem B. [-]] uxoreuxoreuxoreuxorem ibi cum paucis dimissa, circumquaque vicina [+] [post vicina add. et C. [-]] vicinavicinavicinavicina et castra lacessitum vadit. <2> Graeci [+] [graeci C ZxB : graecis Z. [-]] Graeci [+] [Zx : Graeci [-]] Graecis vero, genus semper [+] [genus semper ego : genui semper C semper genus Z edd. gens semper B. [-]] semper genusgenui sempergens semper perfidissimum [+] [perfidissimum C Z : -ma B. [-]] perfidissimumperfidissimumperfidissimumperfidissima, hoc solo offensionis [+] [offensionis C B : offensi Z edd. [-]] offensionisoffensi, quod milites comitis in domibus suis [+] [post suis add. ubi B Pontieri. [-]] suissuissuis ubi hospitabantur, de uxoribus et filiabus timentes, quadam die, cum comes apud Nicosinum [+] [nicosinum C Z : nicoxiam B. [-]] NicosinumNicosinumNicosinumNicoxiama'Dans I diplomi della cattedrale di Messina…, p. 2, acte I daté de 1087, on trouve Nicossinum. L’acte XII, daté de 1151 (ibid., p. 16), présente la graphie Nicosinum. Pour d’autres occurrences, voir ibid., p. 503, index, s.v. oppugnandi [+] [oppugnandi C Z : ap- B. [-]] oppugnandioppugnandioppugnandiappugnandi gratia [+] [gratia ZB : quoniam C. [-]] gratiagratiagratiaquoniam moraretur, videntes paucos cum comitissa remansisse, suspicati [+] [suspicati C Z : -canti B. [-]] suspicatisuspicatisuspicatisuspicanti se [+] [se om. B. [-]] sesese[om.] in eos [+] [eos C ZB Me : eosdem Pontieri eodem ed. pr. [-]] eoseoseoseosdemeodem facile praevalere, ut eos ab urbe expellendo vel certe occidendo jugum eorum a se [+] [se C Z : suo B Pontieri collo post excutiant addentes. [-]] sesesuo excutiantexcutiantexcutiantexcutiant collo, oppugnare [+] [oppugnare C Z : expu- B. [-]] oppugnareoppugnareoppugnareexpugnare coeperunt. <3> Sed nostri, quamvis pauci, animo [+] [animo C Z : -mi B. [-]] animoanimoanimoanimi tamen et armis promptissimi [+] [promptissimi C Z : propurissimi B ut vid. [-]] promptissimipromptissimipromptissimipropurissimi*propurissimi ut vid., dolo cognito, in arma ocius [+] [in arma ocius C : in arma citius Z ed. pr. citius in arma B Pontieri. [-]] in arma citiuscitius in armab'La lecture de C est sûre et impose ici le choix d’ocius, mais la proximité graphique d’ocius et de citius et la fréquence de citius (huit occurrences) au regard de celle d’ocius (quatre occurrences) ont pu conduire les copistes de la branche β – B notamment –, à corriger ocius en citius. Sur les trois autres occurrences d’ocius, dont deux apparaissent dans la même expression qu’ici, deux ont été corrigées par B (III, 26 [Pontieri, p. 72, l. 34] : ocius in arma ruentes (ocius C : citius B Pontieri om. Z ed. pr.) ; III, 26 [Pontieri, p. 73, l. 15-16] : navibusque litore ocius amotis (oc(c)ius C Z : citius B Pontieri) ; III, 37 [Pontieri, p. 80, l. 5] : ocius in arma ruunt). ruunt : dominam suam seseque pro vita alacriter defendentes, acerrime resistunt [+] [resistunt ZB : -tant C. [-]] resistuntresistuntresistuntresistant, donec nox certamen diremit. <4> Comes vero, quod acciderat per legatum [+] [legatum C ZxB : legatum suscipiens Z. [-]] legatumlegatumlegatum [+] [Zx : legatum [-]] legatum suscipiens cognoscens, citissimus advolat, Graecosque qui, jam urbe [+] [urbe… recisa Zx : urbem… recisa C urbem… recisam ZB. [-]] urbe [+] [Zx : urbe [-]] urbem ad medietatem recisarecisarecisa [+] [Zx : recisa [-]] recisam, inter se et Normannos quandam munitionem ad se defendendum fecerant [+] [fecerant Z : face- C refece- B Pontieri. [-]] fecerantfacerantrefecerant, minus ad praesens proficiens oppugnabat [+] [oppugnabat C B : expu- Z edd. [-]] oppugnabatexpugnabat. Sarraceni denique de vicinis castris [C/f.17v-18r] quique militia [+] [quique militia C Me : quinque milia ZB edd. a nobis post milia addentes B Pontieri. [-]] [C/f.17v-18r] quique militiaquinque miliaquinque milia a nobis promptiores, audientes Graecos [+] [graecos om. B. [-]] GraecosGraecosGraecos[om.] a nostris dissentire, non minimum gavisi [+] [gavisi ZB : quia nisi C ut vid. gravisi ed. pr. [-]] gavisigavisiquia nisi*quia nisi ut vid.gravisi, auxilium laturi se jamjamjamjam [+] [Z1 : jam [-]] [om.] ad illos contulerant : quorum praesidio [+] [praesidio C Z : auxilio B. [-]] praesidiopraesidiopraesidioauxilio Graeci [+] [post graeci add. se B Pontieri. [-]] GraeciGraeciGraeci se perplurimum [+] [perplurimum C Z : plurimum B. [-]] perplurimumperplurimumperplurimumplurimum tuebantur. <5> Nam cum diu talis [+] [talis C : taliter Z edd. se taliter B. [-]] taliterse taliter impugnatio duraverit, nostri nunc inimicos [+] [impugnatio — inimicos om. ZB edd. [-]] [om.] impugnando [+] [impugnando C Z : oppug- B. [-]] impugnandoimpugnandoimpugnandooppugnando, nunc autem se ipsos [+] [ipsos ZB : ipsis C. [-]] ipsosipsosipsosipsis defendendo jugi incursione detenti [+] [detenti C Z : decenti B ut vid. [-]] detentidetentidetentidecenti*decenti ut vid., dum per diversa loca [+] [loca ZB : loco C. [-]] localocalocaloco praedando victum quaerere, ut soliti fuerant [+] [fuerant C B : erant Z edd. [-]] fueranterant, impediuntur, famis angustia et assidui certaminis et vigiliarum aestu, quae [+] [quae C B : qui Z. [-]] quaequaequaequi minime sibi pariter conveniuntc'Le sens de conveniunt chez Malaterra a été étudié par Desbordes 2009, 74-75, qui a proposé une traduction de la fin de cette phrase (ibid., n. 14) : « il se dit généralement [comme ici] de concentrations de toute nature (troupes, vaisseaux, individus ayant pris rendez-vous ; etc.) »., perplurimum [+] [perplurimum ZB : -mam C. [-]] perplurimumperplurimumperplurimumperplurimam afficiebantur [+] [afficiebantur B : afficab- C dificieb- Z deficiebant ed. pr. [-]] afficiebanturafficabanturdificiebanturdeficiebant. In tantum enim quisque sibimet [+] [quisque sibimet C Z : sibi quisquemet B. [-]] quisque sibimetquisque sibimetquisque sibimetsibi quisquemet intentus erat ut etiam ipse comes vix aliquem haberet qui [+] [qui C ZB1 : que B. [-]] quiquiqui [+] [B1 : qui [-]] que sibi cibum excepta uxore [+] [uxore C Z : uxoris B. [-]] uxoreuxoreuxoreuxoris et armigeris appararet. <6> Nam, cum infra urbem, ne extra [+] [extra om. B. [-]] extraextraextra[om.] praedatum irent*irent ut vid. [+] [irent C Z ut vid. : iret B edd. [-]] irent*irent ut vid.iret, jugi defensione [+] [defensione Z : -onem C detentione B. [-]] defensionedefensionedefensionemdetentione intenti [+] [intenti C B : in tantum Z ut vid. interim edd. [-]] intentiin tantum*in tantum ut vid.interim detinerenturdetinerenturdetinerenturdetinerentur [+] [Z1 : detinerentur [-]] tinerentur, extra autem omnium oculi [+] [oculi C Z : -lis B. [-]] oculioculioculioculis ad hoc intenderent [+] [intenderent C Z2B : -runt Z. [-]] intenderentintenderentintenderent [+] [Z2 : intenderent [-]] intenderunt, ut, si cum paucis latrocinari tentarent [+] [tentarent C B : -ret Z edd. [-]] tentarenttentaret, deprehenderentur [+] [deprehenderentur B : -retur C Z edd. [-]] deprehenderetur, quodvis horum [+] [horum C Z Me : eorum B Pontieri. [-]] horumhorumhorumeorum agere [+] [agere C ZB : tangere vel agere prop. Me . [-]] agereagereagereageretangere vel agere*tangere vel agere prop. Me imminens periculum dehortabatur. Unde et tanta penuriapenuriapenuriapenuria [+] [C1 : penuria [-]] penuria illis erat ut inter ipsos [+] [ipsos C B : eos Z edd. [-]] ipsoseos erat [+] [erat C B : om. Z fuit edd. [-]] erat[om.]fuit ut [+] [ut C Z : unde B. [-]] utututunde neque rapere neque, gratia largiente, alter ab altero impetrare vel mutuo aliquid accipere possent [+] [possent C Z : possint B. [-]] possentpossentpossentpossint, omnibus paene ab ipso comite usque [+] [ab ipso comite usque C Z : usque ad ipsum comitem B. [-]] ab ipso comite usqueab ipso comite usqueab ipso comite usqueusque ad ipsum comitem ad ultimum clientem [+] [clientem C Z : dicentem B. [-]] clientemclientemclientemdicentemd'Le terme cliens, qui ne se rencontre pas ailleurs dans l’ouvrage, pose un problème de traduction. À l’époque médiévale, il peut avoir différents sens (voir Du Cange 1937-1938, s.v. : 1 « armiger » et 2 « familiaris, domesticus »). Le sens que nous lui donnons est déduit de la qualification par ultimum, tandis qu’armiger est employé supra, en II, 29, 5. aequo pondere indigentibus. Vestium et [+] [et C : etiam ZB edd. [-]] etiam tanta penuria illis erat [+] [erat C B : erant Z. [-]] eraterateraterant ut [+] [ut om. ZB. [-]] utut[om.], inter comitem et comitissam non nisi unam cappam [+] [unam cappam ZB : una cappa C. [-]] unam cappamunam cappamunam cappamuna cappa habentes, alternatim, prout cuique [+] [cuique C B : unicuique Z edd. [-]] cuiqueunicuique major [+] [major ZB : majori C. [-]] majormajormajormajori necessitas incumbebat, ea [+] [ea C Z : ita B. [-]] eaeaeaita utebantur. <7> Graeci vero et Sarraceni, quibus omnis [+] [omnis C Z : omnia B. [-]] omnisomnisomnisomnia patria favens [+] [favens C Z : favebat B patebat omittens. [-]] pro libitu [+] [libitu C B : libito Z edd. [-]] patebatfavens pro libito patebatfavebat pro libitu, plurima replebantur abundantia. Neque enim necesse [+] [necesse post illis transt. Z ed. pr. [-]] illisnecesse illisnecesse illisillis necesse erat victum quaerendo [+] [quaerendo C Z : -di B. [-]] quaerendoquaerendoquaerendoquaerendi aliquorsum vagare [+] [vagare C ZB : -ri edd. [-]] vagarevagarevagarie'Sur l’emploi de vagare pour vagari, voir Flobert 1975, 293., quippe quibus omnis Sicilia quaeque [+] [post quaeque add. quae B. [-]] quaequequaequequaequequaeque quae necessaria erant certa [EP/f.36-37] tim [+] [certatim om. B. [-]] certa [EP/p.36-37] timcerta [EP/p.36-37] timcerta [EP/p.36-37] tim[om.] deferens ultro [+] [ultro C Z : ultra B Pontieri. [-]] ultroultroultra suppeditabat. <8> Nostri autem, quamvis tanta penuria affecti [+] [affecti C Z2B : ef- Z. [-]] affectiaffectiaffecti [+] [Z2 : affecti [-]] effecti famis et laboris vigiliarumque aestu inter [+] [inter om. B. [-]] interinterinter[om.] se ipsos [+] [post ipsos add. terram B. [-]] ipsosipsosipsosipsos terram flebiliores anhelarent, viriles animo alter alteri flebilitatem [+] [flebilitatem C B : flebitatem Z debilitatem Me. [-]] flebilitatemflebilitatemflebilitatemflebitatemdebilitatem suam, ne ad invicem dehortarentur, occultantes, quandam hilaritatem [+] [quandam hilaritatem C B : quadam hilaritate Z edd. [-]] quandam hilaritatemquadam hilaritate vultu et [+] [et C Z : in B. [-]] etetetin verbis simulare tentabant. Sed juvencula comitissa sitim quidem aqua extinguebat ; famem vero non nisi lacrimis et somno, aliud [+] [aliud C B : aliquid Z edd. [-]] aliudaliquid unde non habens, refrenare sciebatsciebatsciebatsciebatsiebat. Certamen assiduum, † quod cibus non [+] [quod cibus non C Z Me : quo ad cibum qui B. [-]] † quod cibus non †† quod cibus non †† quod cibus non †† quod cibus non †quo ad cibum qui cibus non [+] [cibus non C B Me : cibus Z edd. [-]] cibus noncibus noncibus suppeditabat ; hostilis [+] [hostilis ZB : hostibus C. [-]] hostilishostilishostilishostilibus impugnatio abesse prohibebatf'Le passage certamen – prohibebat est manifestement corrompu : la séquence quod cibus non cibus, transmise par C et Z, est proprement inintelligible, et les corrections auxquelles se sont essayés le copiste de B et Pontieri ne sont pas convaincantes. La phrase tout entière n’est peut-être qu’une manchette insérée dans le texte et doit être éliminée. C’est, en effet, le produit d’une espèce de marqueterie : impugnatio et certamen assiduum viennent de II, 29, 5, suppeditabat de II, 29, 7. Cependant, la reprise de ces termes à la fin du chapitre, agencés de manière à former un chiasme – certamen assiduum / hostilis impugnatio –, dont on trouve l’écho en IV, 17 ([Pontieri, p. 96, l. 21] : jugis decertatio, certamen assiduum), est peut-être née du souci de l’auteur de composer une conclusion succincte et frappante, avant d’évoquer la bravoure des Normands dans la phrase suivante. Plutôt que de l’écarter totalement, nous avons donc choisi de placer entre cruces les mots que nous ne pouvions pas traduire.. <9> Sed interdum, ne [+] [ne Z2B : nec C Z. [-]] nene [+] [Z2 : ne [-]] nec ab hostibus deficere viderentur [+] [deficere viderentur ego : d. videretur C dificerentur Z deriperentur B diffiterentur ed. pr. diriperentur Pontieri. [-]] deficere videreturdificerenturderiperenturdiffiterenturdiriperenturg'Le verbe diriperentur établi par Pontieri, après correction du deriperentur de B, ne convient pas dans la situation décrite précédemment, puisque Malaterra a insisté sur l’extrême dénuement des Normands. De même deficerentur (dificerentur Z) ne donne pas un sens satisfaisant, si l’on tient compte du groupe non nisi impugnati qui suit. Le texte de C, en revanche, offre un texte tout à fait acceptable pour peu qu’on corrige videretur en viderentur (l’oubli d’un tilde est une faute commune : voir II, 1, 4, à propos de conviator). En effet, ce n’est pas tant la défaite que les Normands craignent (ne ab hostibus diriperentur / deficerentur), selon Malaterra, que de montrer aux ennemis leur faiblesse, s’ils se bornent à repousser les attaques des ennemis., si non nisi [+] [nisi C Z : etiam B del. Bx om. Pontieri. [-]] nisinisietiam [+] [Bx : del. [-]] [om.] impugnati [+] [impugnati C Z : -nant B. [-]] impugnatiimpugnatiimpugnatiimpugnant in arma ruerent [+] [ruerent C Z : ruendo B. [-]] ruerentruerentruerentruendo, ipsa animis eorum innata ferocitas sagaciter, etiam nolentibus [+] [nolentibus C ZB : vo- ed. pr.. [-]] nolentibusnolentibusnolentibusvolentibus viribus, repraesentabat.

II, 22, 4 (post erant) – II, 46 desunt in A

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1Sur quelques traits de caractère de Judith, voir « Introduction » de la version imprimée, p. 56.

2Voir II, 18, 2.

3Troina est située à 1 121 m d’altitude ; voir II, 18, 2.

4Ce syntagme qualifie chez Malaterra aussi bien les Lombards que les « Grecs » de Calabre et de Sicile (I, 13, 1 ; I, 14, 3 ; I, 28) ; voir « Introduction » de la version imprimée, p. 43.

5Malaterra sous-entend que cette crainte n’est pas justifiée (hoc solo offensionis quod […]) ; voir pourtant l’anecdote rapportée en II, 11. Voir aussi Loud 2000, 154 et « Introduction » de la version imprimée, p. 64.

6Nicosia (prov. Enna) se trouve à environ 30 km à l’ouest de Troina. C’est la seule occurrence de ce toponyme. Voir Maurici 2001, 205, pour l’historique des castra Nicosiae.

7Sur le caractère des Normands, voir « Introduction » de la version imprimée, p. 39 et 59-60.

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a'Dans I diplomi della cattedrale di Messina…, p. 2, acte I daté de 1087, on trouve Nicossinum. L’acte XII, daté de 1151 (ibid., p. 16), présente la graphie Nicosinum. Pour d’autres occurrences, voir ibid., p. 503, index, s.v.

b'La lecture de C est sûre et impose ici le choix d’ocius, mais la proximité graphique d’ocius et de citius et la fréquence de citius (huit occurrences) au regard de celle d’ocius (quatre occurrences) ont pu conduire les copistes de la branche β – B notamment –, à corriger ocius en citius. Sur les trois autres occurrences d’ocius, dont deux apparaissent dans la même expression qu’ici, deux ont été corrigées par B (III, 26 [Pontieri, p. 72, l. 34] : ocius in arma ruentes (ocius C : citius B Pontieri om. Z ed. pr.) ; III, 26 [Pontieri, p. 73, l. 15-16] : navibusque litore ocius amotis (oc(c)ius C Z : citius B Pontieri) ; III, 37 [Pontieri, p. 80, l. 5] : ocius in arma ruunt).

c'Le sens de conveniunt chez Malaterra a été étudié par Desbordes 2009, 74-75, qui a proposé une traduction de la fin de cette phrase (ibid., n. 14) : « il se dit généralement [comme ici] de concentrations de toute nature (troupes, vaisseaux, individus ayant pris rendez-vous ; etc.) ».

d'Le terme cliens, qui ne se rencontre pas ailleurs dans l’ouvrage, pose un problème de traduction. À l’époque médiévale, il peut avoir différents sens (voir Du Cange 1937-1938, s.v. : 1 « armiger » et 2 « familiaris, domesticus »). Le sens que nous lui donnons est déduit de la qualification par ultimum, tandis qu’armiger est employé supra, en II, 29, 5.

e'Sur l’emploi de vagare pour vagari, voir Flobert 1975, 293.

f'Le passage certamen – prohibebat est manifestement corrompu : la séquence quod cibus non cibus, transmise par C et Z, est proprement inintelligible, et les corrections auxquelles se sont essayés le copiste de B et Pontieri ne sont pas convaincantes. La phrase tout entière n’est peut-être qu’une manchette insérée dans le texte et doit être éliminée. C’est, en effet, le produit d’une espèce de marqueterie : impugnatio et certamen assiduum viennent de II, 29, 5, suppeditabat de II, 29, 7. Cependant, la reprise de ces termes à la fin du chapitre, agencés de manière à former un chiasme – certamen assiduum / hostilis impugnatio –, dont on trouve l’écho en IV, 17 ([Pontieri, p. 96, l. 21] : jugis decertatio, certamen assiduum), est peut-être née du souci de l’auteur de composer une conclusion succincte et frappante, avant d’évoquer la bravoure des Normands dans la phrase suivante. Plutôt que de l’écarter totalement, nous avons donc choisi de placer entre cruces les mots que nous ne pouvions pas traduire.

g'Le verbe diriperentur établi par Pontieri, après correction du deriperentur de B, ne convient pas dans la situation décrite précédemment, puisque Malaterra a insisté sur l’extrême dénuement des Normands. De même deficerentur (dificerentur Z) ne donne pas un sens satisfaisant, si l’on tient compte du groupe non nisi impugnati qui suit. Le texte de C, en revanche, offre un texte tout à fait acceptable pour peu qu’on corrige videretur en viderentur (l’oubli d’un tilde est une faute commune : voir II, 1, 4, à propos de conviator). En effet, ce n’est pas tant la défaite que les Normands craignent (ne ab hostibus diriperentur / deficerentur), selon Malaterra, que de montrer aux ennemis leur faiblesse, s’ils se bornent à repousser les attaques des ennemis.