Seconde épître

Epistula secunda... *epistulae desunt in C*epistulae desunt in B

À tous ceux qui, à travers toute la Sicile, reçoivent le nom d’évêque ou de clerc, frère Geoffroi Malaterra, <avec le souhait qu’>en portant ce nom ils témoignent aussi de sa signification.

Omnibusa'L’existence de deux lettres adressées à deux destinataires différents apparaît clairement dans Z et dans l’édition princeps, et on ne voit pas pourquoi Pontieri les avait réunies pour n’en faire qu’une seule. Le sujet a déjà été traité par D’Angelo 2003b, puis par Desbordes 2006. Il reste que l’interprétation de la salutatio fait difficulté, comme l’a remarqué Desbordes 2006, 202. Malaterra semble souhaiter, dans sa formule d’ouverture (voir de même dans l’épître précédente), à tous les clercs de Sicile de porter dignement le nom d’évêque ou de clerc. Par ailleurs, D’Angelo 2003b, 141-142, s’interrogeant sur la raison qui a poussé Malaterra à composer deux épîtres, a émis l’hypothèse que la seconde épître, dont le contenu est plus banal que celui de la première, a été composée avant celle-ci et avant aussi que l’œuvre ait été lue ; la première lettre, en revanche, a été écrite après que les détracteurs de l’œuvre eurent exposé leurs critiques, afin de justifier ses choix et de placer son œuvre sous la protection d’Anger. quibus per universam Siciliam episcopale [+] [episcopale A : -lem Z. [-]] episcopaleepiscopaleepiscopalem vel clericale [+] [clericale A : -lem Z. [-]] clericaleclericaleclericalem nomen assignatur frater [+] [frater om. Z ed. pr. [-]] frater[om.] Gaufredus [+] [gaufredus Z : gosfridus A. [-]] GaufredusGaufredusGosfridus Malaterra cum assignatione nominis etiam [+] [etiam A : et Z edd. [-]] et significatum.

<1> L’exemple des philosophes anciens a développé chez les générations qui les ont suivis l’usage de noter par écrit les faits des hommes valeureux pour les transmettre à la postérité, afin que les faits mémorables ne disparaissent pas dans un obscur silence avec leurs auteurs, mais que plutôt, ainsi consignés dans des ouvrages, lus et connus par les générations suivantes, ils redonnent vie en quelque manière, de cette sorte de vie qu’assure la mémoire, à ceux qui les ont accomplis. <2> C’est ce qu’a recommandé Salluste, qui est, entre les historiographes, le plus louable orateur, quand il a écrit au début de son livre : « Tout homme, jaloux de s’élever au-dessus des autres êtres, doit travailler de toutes ses forces à ne point passer sa vie dans un obscur silence, comme font les animaux que la nature a penchés vers la terre et asservis à leur estomac ». <3> Instruit de ces pratiques par les lectures assidues qu’on lui faisait des Histoires composées par les Anciens, le très célèbre prince Roger, ayant décidé, sur le conseil des siens, de faire connaître à la postérité ses triomphes, obtenus non sans peine et au prix de risques considérables1Bien que l’expression puisse s’appliquer à de nombreuses actions du comte rapportées par Malaterra, elle annonce peut-être en particulier les événements énoncés en II, 30. En effet, Roger, assiégé à Troina depuis quatre mois, est sur le point de mettre un terme aux épreuves et aux privations décrites en II, 29. Malaterra emploie alors les termes laboriosus et discrimen (II, 30, 2 : comes, in tanto discrimine positus ; II, 30, 3 : Nostris […] in tam laborioso discrimine positis)., – c’est-à-dire la manière dont il a soumis à la force des armes d’abord la Calabre puis la Sicile –, m’a demandé de m’atteler à la tâche en composant le présent ouvrage. <4> Mais, comme il m’est impossible, en raison du bienfait qu’il m’a déjà accordé, de rien refuser de ce qu’il me demande, doté d’un style sans recherche et d’une expression sans force, j’avance craintivement, comme on le ferait dans un lac très profond quand on ne sait pas nager, vous redoutant au plus haut point, vous et votre indignation à mon égard, étant donné surtout que c’est à vous, qui vous êtes enivrés à la source si pure de la discipline grammaticale, et non à moi, qui n’ai pas mangé du pain de cette science, qu’il revenait de s’atteler à un tel ouvrage. <5> Mais, sachant que des intérêts supérieurs vous occupent – vous qui vous vouez tantôt comme Marthe au soin des églises, tantôt comme Marie à une sainte contemplation –, le prince vous épargne, afin de ne pas vous détourner d’une activité aussi importante ; mais moi, qui dans son esprit serais désœuvré et ne me livrerais à aucune tâche, il s’emploie, en me bousculant pour ainsi dire de la main, à me rendre plus actif. <6> C’est pourquoi, je vous en prie, vous souvenant de l’Écriture qui dit : « Portez les fardeaux les uns des autres, et vous accomplirez ainsi la loi du Christ », et parce qu’il est écrit ailleurs : « Quand un frère aide son frère, les deux sont consolés », pour soutenir mon faible chant, prêtez-moi l’appui de votre faveur, afin que, protégé par le bouclier de votre autorité, je n’aie pas à craindre les attaques des détracteurs et celles de ceux qui tentent de dénigrer d’une dent ennemie les dits ou faits des autres. <7> Il y a des gens, en effet, qui, ayant atteint vaille que vaille le haut degré d’une science et obtenu, grâce à cela, la faveur de la gloire auprès des hommes, se gonflent d’orgueil et débordent de tant de jalousie qu’ils ne veulent avoir personne dans leur entourage qui les égale dans les lettres. Si pourtant cela leur arrive, ils ne cessent, en dénigrant l’œuvre de l’autre, de la déchirer d’une dent caustique, craignant que la gloire de leur concurrent ne rabaisse la leur. On peut parfaitement leur appliquer ce verset de l’Écriture, qui dit : « La science gonfle d’orgueil », mais il ne s’ensuit pas chez eux : « La charité édifie ». <8> Chez d’autres, au contraire, la science ennoblit à ce point les mœurs <que>, plus ils s’enivrent à la source philosophique, moins ils se laissent emporter par l’arrogance : fixant toujours leur conduite dans l’humilité, ils n’attaquent pas les dits ou faits des autres, mais quand ils ont entendu un discours prononcé sans élégance, ils le corrigent avec bienveillance en privé seulement et non en public, de crainte de heurter les auteurs. Et ils s’emploient à louer ces derniers afin que, par leurs éloges, ils obtiennent la faveur des puissants de ce monde, considérant leur gloire et leur fortune à l’égal de la leur. <9> Je vous prie de me traiter avec l’affectueuse bienveillance de tels hommes. Et moi, je vous présenterai tout mon récit, afin que vous le corrigiez et le pariez des roses de votre science : ainsi, la vigne, retravaillée par vos soins, émondée par l’élégance de votre science, produisant des fruits plus abondants, trouvera auprès du prince plus de gloire et de faveur.

<1> Antiquorumb'La traduction que nous proposons pour le début de cette lettre (Antiquorum — dicens) doit beaucoup à celle de Guenée 1983, 446. philosophorum traditione futurae propaginis humanae mos inolevit [+] [inolevit A Z2 : violente Z. [-]] inolevitinolevit [+] [Z2 : inolevit [-]] violente fortium [+] [ante fortium add. sed A. [-]] fortiumfortiumsed fortium facta virorum apicibus adnotata ad posteros transmittere, ne facta memoranda cum ipsis a quibus fiunt [+] [fiunt Z : fruit A ut vid. [-]] fiuntfiuntfruit*fruit ut vid. silentio depereant, sed potius ita litteris [+] [litteris A Z2 : -re Z. [-]] litterislitteris [+] [Z2 : litteris [-]] littere commendata et [+] [et Z : aʼ A an pro?. [-]] etet*an pro & ? a futuris lecta [+] [lecta A Z2 : -to Z. [-]] lectalecta [+] [Z2 : lecta [-]] lecto vel cognita ipsos a quibus facta sunt quadam vita memoriae [+] [vita memoriae A : vitae memoria Z edd. [-]] vitae memoria quodammodo [+] [post quodammodo add. quasi Z edd. [-]] quodammodo quasi vivere faciant [+] [faciant A Z : faciat ed. pr. [-]] faciantfaciantfaciat. <2> Quod commendans [+] [commendans A : -dat Z edd. [-]] commendat Sallustius [+] [sallustius edd. : salus- A Z. [-]] SallustiusSalustius, ille inter historiographos laudabilis rhetor [+] [rhetor edd. : rethor Z rector A. [-]] rhetorrethorrector, in [+] [in A Z : qui in Z2 edd. [-]] inqui in [+] [Z2 : qui in [-]] principio sui libri scripsit, dicens : « Omnis [+] [omnis A Z : omnes Pontieri. [-]] OmnisOmnisOmnes homines qui sese student praestare [+] [praestare A : p͠rare Z. [-]] praestarepraestarep͠rare ceteris [+] [ceteris om. Z edd. [-]] [om.] animalibus summa ope niti [+] [ope niti A : operati Z. [-]] ope nitiope nitioperati decet, ne vitam silentio transeant quomodo pecora, quae natura prona ventrique oboedientia finxit »αLa citation de Sall. Cat. 1, 1, est presque littérale, à part la substitution de veluti par quomodo et de atque uentri par ventrique, si bien que nous avons repris la traduction d’Ernout & Hellegouarc’h 1994, 54.. <3> Talibus [+] [talibus A Z : pluribus Pontieri. [-]] TalibusTalibusPluribus edoctus [+] [edoctus A Z2 : -tis Z. [-]] edoctusedoctus [+] [Z2 : edoctus [-]] edoctis a pluribus [+] [a pluribus A : auctoribus Z edd. [-]] auctoribus sibi veterum historias recitantibus, famosissimus [+] [famosissimus A : -mis Z. [-]] famosissimusfamosissimusfamosissimis princeps Rogerius laboriosos [+] [laboriosos Z1 : -rioso A -rios Z. [-]] laboriosos [+] [Z1 : laboriosos [-]] laboriosolaborios et non sine magno discrimine triumphos suos, qualiter videlicet primo Calabriam, dehinc [+] [dehinc A : deinde Z edd. [-]] deinde vero Siciliam armata manu subjugaverit, posteris consilio suorum mandare decernens, mihi ut ad [+] [ad om. A. [-]] adad[om.] hujus operis laborem dictando [+] [dictando A Z : -dum edd. [-]] dictandodictandum accingar injunxit. <4> Sed quia, praecedente [+] [praecedente A Z2 : proce- Z. [-]] praecedentepraecedente [+] [Z2 : praecedente [-]] procedente in me beneficio suo, quicquid injunxerit [+] [injunxerit A : -xit Z edd. [-]] injunxit negare nequeo, minus erudito stilo et enervi poetria [+] [post po[etria def. A. [-]] poetriapoetriapo... , quasi lacum profundissimum natandi nescius, timidus ingredior vosque vestramque adversum me indignationem plurimum pertimescens, praesertim cum vos, limpidissimo fonte grammaticae artis debriatos, non autem me, talis [+] [talis Z2 : tali Z. [-]] talis [+] [Z2 : talis [-]] tali scientiae pane jejunum [+] [jejunum Z2 : -nii Z. [-]] jejunum [+] [Z2 : jejunum [-]] jejunii, ad tale opus accingi oportuit [+] [oportuit Z2 : poterit Z. [-]] oportuit [+] [Z2 : oportuit [-]] poterit. <5> Sed praedictus princeps, vos majoribus utilitatibus occupatos – interdum videlicet ecclesiarum curis cum Martha, interdum vero beatae contemplationi cum Maria insudantes – cognoscens, vobis, ne a meliori proposito vos revocet, parcit ; me vero, quasi vacantem et nulli exercitio deditum, quadam manus pulsatione [+] [manus pulsatione Desbordes : manu pulsationis Z edd. [-]] manu pulsationis vigilantiorem reddere satagit. <6> Rogo itaque vos ut, memores Scripturae dicentis : « Invicem onera vestra portate, et sic adimplebitis legem Christi »βGal. 6, 2 : Alter alterius onera portate, et sic adimplebitis legem Christi., et quod alibi dicitur : « Frater fratrem adjuvans, ambo consolantur »γIl ne s’agit ni d’une citation exacte de Pro. 18, 19 dans la version hiéronymienne (frater qui adjuvatur a fratre quasi civitas firma), ni du même verset tel qu’il apparaît dans la Vetus Latina (t. II, p. 325), bien que le premier membre de la phrase en soit plus proche : Frater fratrem adjuvans exaltabitur sicut civitas magna. Le syntagme participial de la Vetus est connu et abondamment cité par Jérôme (Epistulae, I. Hilberg (éd.), Vindobonae, F. Tempsky, et Leipzig, G. Freytag (Corpus scriptorum ecclesiasticorum latinorum ; 54-56), 1910-1918, vol. 55, Epist. 76, 1, p. 35, l. 14), Paulin de Nôle (PL, t. LXI, 1861, col. 207C) ou Grégoire le Grand (Registrum epistularum, livre IX, Epist. 215) ; pour d’autres exemples, voir la base de données de Brepolis. Mais on trouve cette maxime ailleurs, citée sous cette forme ou sous une forme proche, dans des textes antérieurs et postérieurs au De rebus gestis Rogerii. Ainsi, dans le Proverbiorum liber du Pseudo-Bède (PL, t. XC, 1862, col. 1096D) : Frater si fratrem adjuvat, ambo consolabuntur. Dans un extrait de la Vita sancti Mummolini, in AASS, Octobris, t. VII, Bruxelles, A. Greuse, 1845, Dies 16, col. 981F, l’auteur a associé cette phrase au verset tiré de l’Épître aux Galates, comme Malaterra après lui : Audierant enim quia frater fratrem adjuvans ambo consolantur. Audierant quoque quod alter alterius onera portando legem Dei adimplet, et gratiam divinam promeretur. Plus tard, on la retrouve presque à la lettre – à l’exception du futur consolabuntur – dans deux lettres et un sermon de Bernard de Clairvaux (Epistolae, in Sancti Bernardi Opera, J. Leclercq, H. M. Rochais (éd.), Rome, Editiones Cistercienses, 1957-1977, vol. VII, Epist. 142, 2, p. 341, l. 4, et vol. VIII, Epist. 244, 1, p. 134, l. 17 ; Sermones in quadragesima, in Sancti Bernardi Opera, vol. IV, Sermo 4, 2, p. 369, l. 2)., ad debile carmen meum sustentandum pedem vestri favoris porrigatis, ut, clypeo vestrae auctoritatis munitus, incursus detrahentium et inimico [+] [inimico Z2 : -cis Z. [-]] inimico [+] [Z2 : inimico [-]] inimicis dente aliorum dicta vel facta rodere conantium [+] [conantium Z : tentantium edd. [-]] tentantium minus pertimescam. <7> Sunt enim quidam qui, cum alicujus scientiae gradus utcumque [+] [utcumque Z2 : utrumque Z. [-]] utcumque [+] [Z2 : utcumque [-]] utrumque attigerint [+] [attigerint Zx : attingerit Z. [-]] attigerint [+] [Zx : attigerint [-]] attingerit et exinde humanae laudis favorem adepti fuerint, tumenti supercilio tanta invidia superfluunt ut neminem sibi litteris aequipollentem ex proximo habere velint. Si [+] [si Z : sin edd. [-]] Sin autem eos habere contigerit, opus alienum detrahendo [+] [detrahendo Z2 : -di Z. [-]] detrahendo [+] [Z2 : detrahendo [-]] detrahendi mordaci dente appetere non desistunt, alterius laude suam minui timentes. His [+] [his edd. : hiis Z. [-]] HisHiisc'Les formes hii et hiis sont systématiques dans Z (sauf une occurrence en II, 33, 1) et très fréquentes dans B en face de hi et his de A et C, si bien qu’elles correspondent probablement à des variantes graphiques du démonstratif plutôt que de l’anaphorique (voir à ce propos Havet 1911, 231, § 978) – ce que nous n’avons pas rappelé systématiquement dans l’apparat critique. C’est pourquoi, quand A et C manquaient simultanément (voir I, 17, 2 ; I, 17, 6 ; I, 18, 2, où Z et B portent hiis), nous avons suivi l’édition princeps et Pontieri, qui ont imprimé hi et his. Une seule fois dans le livre I (I, 16, 6) et, respectivement deux et trois fois dans le livre II (II, 36, 3 ; II, 41, 3 et II, 45, 1, pour Pontieri), l’édition princeps et Pontieri se sont accordés sur l’anaphorique aux dépens du démonstratif ; mais l’accord A ZB sur hi conduit à adopter cette leçon en I, 16, 6, et, du fait de l’autorité de C sur ZB, à opter pour his dans les trois occurrences du livre II mentionnées ci-dessus. competenter assignari [Z/f.7v-8r (7v)] potest illud Scripturae, qua dicitur : « Scientia inflat », sed non subsequitur in eis : « Caritas aedificat »δI Cor. 8, 1 : Scientia inflat, caritas autem aedificat. Voir aussi Pseudo-Bède, Proverbiorum liber, col. 1109D.. <8> Adsunt alii econtra quorum scientia etiam [+] [etiam Z : et edd. [-]] et mores ipsos in tantum nobilitat [+] [nobilitat ego : -tant Z edd. [-]] nobilitant  <ut> [+] [ut add. edd. [-]] <ut>, quanto [+] [quanto Desbordes : quantum Z edd. [-]] quantum plus philosophico fonte debriantur, tanto minori extollentia rapiantur : gressum mentis semper in humilitate figentes [+] [figentes Z2 : fing- Z. [-]] figentes [+] [Z2 : figentes [-]] fingentesεL’expression gressum — figentes, reprise en IV, 15 (Pontieri, p. 94, l. 4-5), est peut-être une réminiscence de Grégoire le Grand, Moralia in Job, ou de Bède le Vénérable, Homeliarum euangelii libri II, homélie 4 ; voir « Introduction » de la version imprimée, n. 297., aliorum dicta vel facta non remordent [+] [remordent Desbordes : -dentes Z edd. [-]] remordentes, sed quod minus ornate [+] [ornate Z2 : -to Z. [-]] ornate [+] [Z2 : ornate [-]] ornato dictum ab eis audierunt cum mansuetudine intra seipsos tantum [+] [tantum om. edd. [-]] [om.], non autem in publico, ne forte scandalizentur, corrigunt. Et ut eos apud potentes hujus saeculi gratiosos verbis faciant [+] [faciant Z : faciat Pontieri. [-]] faciantfaciat, extollere ni [EP/p.8-9 (8)] tuntur, eorum laudem vel lucrum quasi suum aestimantes. <9> Horum affectuosam benevolentiam adversum me invitari exposco. Ego vero quaecumque dictavero vobis corrigenda et rosis vestrae scientiae exornanda praesentabo [+] [praesentabo corr. Desbordes : reput- Z edd. [-]] reputabo, ut vinea, a vobis exarata, cultu [+] [cultu Z2 : cultus Z. [-]] cultu [+] [Z2 : cultu [-]] cultus vestrae scientiae putata [+] [putata Z : potata Pontieri. [-]] putatapotata, uberiores fructus reddens, in majorem laudem et gratiam perveniat principis.principis.principis.

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1Bien que l’expression puisse s’appliquer à de nombreuses actions du comte rapportées par Malaterra, elle annonce peut-être en particulier les événements énoncés en II, 30. En effet, Roger, assiégé à Troina depuis quatre mois, est sur le point de mettre un terme aux épreuves et aux privations décrites en II, 29. Malaterra emploie alors les termes laboriosus et discrimen (II, 30, 2 : comes, in tanto discrimine positus ; II, 30, 3 : Nostris […] in tam laborioso discrimine positis).

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a'L’existence de deux lettres adressées à deux destinataires différents apparaît clairement dans Z et dans l’édition princeps, et on ne voit pas pourquoi Pontieri les avait réunies pour n’en faire qu’une seule. Le sujet a déjà été traité par D’Angelo 2003b, puis par Desbordes 2006. Il reste que l’interprétation de la salutatio fait difficulté, comme l’a remarqué Desbordes 2006, 202. Malaterra semble souhaiter, dans sa formule d’ouverture (voir de même dans l’épître précédente), à tous les clercs de Sicile de porter dignement le nom d’évêque ou de clerc. Par ailleurs, D’Angelo 2003b, 141-142, s’interrogeant sur la raison qui a poussé Malaterra à composer deux épîtres, a émis l’hypothèse que la seconde épître, dont le contenu est plus banal que celui de la première, a été composée avant celle-ci et avant aussi que l’œuvre ait été lue ; la première lettre, en revanche, a été écrite après que les détracteurs de l’œuvre eurent exposé leurs critiques, afin de justifier ses choix et de placer son œuvre sous la protection d’Anger.

b'La traduction que nous proposons pour le début de cette lettre (Antiquorum — dicens) doit beaucoup à celle de Guenée 1983, 446.

c'Les formes hii et hiis sont systématiques dans Z (sauf une occurrence en II, 33, 1) et très fréquentes dans B en face de hi et his de A et C, si bien qu’elles correspondent probablement à des variantes graphiques du démonstratif plutôt que de l’anaphorique (voir à ce propos Havet 1911, 231, § 978) – ce que nous n’avons pas rappelé systématiquement dans l’apparat critique. C’est pourquoi, quand A et C manquaient simultanément (voir I, 17, 2 ; I, 17, 6 ; I, 18, 2, où Z et B portent hiis), nous avons suivi l’édition princeps et Pontieri, qui ont imprimé hi et his. Une seule fois dans le livre I (I, 16, 6) et, respectivement deux et trois fois dans le livre II (II, 36, 3 ; II, 41, 3 et II, 45, 1, pour Pontieri), l’édition princeps et Pontieri se sont accordés sur l’anaphorique aux dépens du démonstratif ; mais l’accord A ZB sur hi conduit à adopter cette leçon en I, 16, 6, et, du fait de l’autorité de C sur ZB, à opter pour his dans les trois occurrences du livre II mentionnées ci-dessus.

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αLa citation de Sall. Cat. 1, 1, est presque littérale, à part la substitution de veluti par quomodo et de atque uentri par ventrique, si bien que nous avons repris la traduction d’Ernout & Hellegouarc’h 1994, 54.

βGal. 6, 2 : Alter alterius onera portate, et sic adimplebitis legem Christi.

γIl ne s’agit ni d’une citation exacte de Pro. 18, 19 dans la version hiéronymienne (frater qui adjuvatur a fratre quasi civitas firma), ni du même verset tel qu’il apparaît dans la Vetus Latina (t. II, p. 325), bien que le premier membre de la phrase en soit plus proche : Frater fratrem adjuvans exaltabitur sicut civitas magna. Le syntagme participial de la Vetus est connu et abondamment cité par Jérôme (Epistulae, I. Hilberg (éd.), Vindobonae, F. Tempsky, et Leipzig, G. Freytag (Corpus scriptorum ecclesiasticorum latinorum ; 54-56), 1910-1918, vol. 55, Epist. 76, 1, p. 35, l. 14), Paulin de Nôle (PL, t. LXI, 1861, col. 207C) ou Grégoire le Grand (Registrum epistularum, livre IX, Epist. 215) ; pour d’autres exemples, voir la base de données de Brepolis. Mais on trouve cette maxime ailleurs, citée sous cette forme ou sous une forme proche, dans des textes antérieurs et postérieurs au De rebus gestis Rogerii. Ainsi, dans le Proverbiorum liber du Pseudo-Bède (PL, t. XC, 1862, col. 1096D) : Frater si fratrem adjuvat, ambo consolabuntur. Dans un extrait de la Vita sancti Mummolini, in AASS, Octobris, t. VII, Bruxelles, A. Greuse, 1845, Dies 16, col. 981F, l’auteur a associé cette phrase au verset tiré de l’Épître aux Galates, comme Malaterra après lui : Audierant enim quia frater fratrem adjuvans ambo consolantur. Audierant quoque quod alter alterius onera portando legem Dei adimplet, et gratiam divinam promeretur. Plus tard, on la retrouve presque à la lettre – à l’exception du futur consolabuntur – dans deux lettres et un sermon de Bernard de Clairvaux (Epistolae, in Sancti Bernardi Opera, J. Leclercq, H. M. Rochais (éd.), Rome, Editiones Cistercienses, 1957-1977, vol. VII, Epist. 142, 2, p. 341, l. 4, et vol. VIII, Epist. 244, 1, p. 134, l. 17 ; Sermones in quadragesima, in Sancti Bernardi Opera, vol. IV, Sermo 4, 2, p. 369, l. 2).

δI Cor. 8, 1 : Scientia inflat, caritas autem aedificat. Voir aussi Pseudo-Bède, Proverbiorum liber, col. 1109D.

εL’expression gressum — figentes, reprise en IV, 15 (Pontieri, p. 94, l. 4-5), est peut-être une réminiscence de Grégoire le Grand, Moralia in Job, ou de Bède le Vénérable, Homeliarum euangelii libri II, homélie 4 ; voir « Introduction » de la version imprimée, n. 297.

* epistulae desunt in C

* epistulae desunt in B