Première épître
[EP/p.6-7] [Z/f.6v-7r] Epistula prima [+] [inscriptio incipit epistola religiosi viri gaufredi beati benedicti monachi destinata ab eodem ad venerabilem patrem dominum cathanie͠n episcopum Z deest in A. [-]] ... *epistulae desunt in C*epistulae desunt in BIncipit epistola religiosi viri Gaufredi beati benedicti monachi destinata ab eodem ad venerabilem patrem dominum cathanie͠n episcopumIncipit epistola religiosi viri Gaufredi beati benedicti monachi destinata ab eodem ad venerabilem patrem dominum Catanensem episcopumIncipit epistola Gaufredi monachi destinata ad venerabilem patrem Cathanensem episcopuma'D’Angelo 2003b, 141-142, a proposé de revoir l’ordre de rédaction des deux épîtres, considérant que la seconde avait été composée avant la première ; voir Epist. 2, note philologique attachée à Omnibus.
Au très vénérable Anger1Sur Anger, voir l’article de Garavaglia 2013 et, pour plus de détails, celui de Beech 2014. Ces derniers ne remettent pas en doute l’information donnée par Geoffroi Malaterra (IV, 7), selon laquelle Anger était breton d’origine, mais tandis que Garavaglia (2013, 156-157) préfère voir en Anger un ancien moine de Saint-Évroult-en-Ouche, Beech montre qu’il appartenait à l’abbaye de Saint-Florent de Saumur, d’où il partit en pèlerinage à Jérusalem (Beech 2014, 150-154). Il s’arrêta en Italie méridionale à son retour et s’établit à Sant’Eufemia, où il devint prieur. Vers 1088, Roger lui demanda de prendre la direction de l’abbaye de Sant’Agata de Catane, comme l’indique Malaterra (IV, 7 [Pontieri, p. 90, l. 3-4]). Les documents conservés émanant du comte Roger et du pape Urbain II et datés de 1091-1092 indiquent comment le comte a d’abord nommé Anger, abbé de Sant’Agata le 9 décembre 1091 ; il accorde en outre à ce dernier l’autorité sur la cité de Catane et sur la région qui en dépend et qui était placée auparavant entre les mains des Sarrasins. Il fait ainsi d’Anger, auquel il concède des biens considérables, l’un des plus puissants prélats de l’île. La bulle pontificale du 9 mars reconnaît dans l’abbé de Sant’Agata – Anger ainsi que tous les abbés qui devaient lui succéder – l’évêque de Catane. Ces actes, édités dans R. Pirri, Sicilia sacra disquisitionibus et notitiis illustrata, A. Mongitore, V. M. Amico (éd.), Palerme, P. Coppulae, 1733, t. I, p. 521-523, ont fait l’objet de nombreuses études (voir par exemple White 1938, 105-107 ; Scalia 1961 ; et, plus récemment, Becker 2008a, 178-180, et 248-249 et Beech 2014, surtout 156-162, qui s’appuie sur les conclusions de Becker). Anger mourut en 1124, si bien que son abbatiat dura trente-trois ans. Bien qu’on n’ait conservé que peu de documents, l’épitaphe de douze vers, composée en son honneur et conservée dans un manuscrit de la bibliothèque du Trinity College de Dublin, et le poème de cinquante vers qu’il écrivit lui-même à la fin de sa vie donnent à son sujet des informations précieuses (voir « Introduction » de la version imprimée, p. 40-41)., évêque de Catane, de bienheureuse mémoire, frère Geoffroi, ayant reçu le surnom Malaterra de mes ancêtres, <avec le souhait qu’>après avoir mené une vie heureuse dans le monde avec Marthe, il ressuscite pour jouir du bonheur du <vrai> repos que connaît Marie avec son frère Lazare.
[A/f.1v-2r (2r)] Reverentissimo [+] [reverentissimo A : om. Z ed. pr. reverendissimo Pontieri. [-]] [om.]Reverendissimo beatae memoriae [+] [beatae memoriae A Z : m. nostrae Pontieri. [-]] beatae memoriaebeatae memoriaememoriae nostraeb'L’adjectif beatus n’est pas habituel dans une salutatio, car il est généralement employé pour qualifier des défunts. Mais Du Cange 1937-1938, s.v., donne quelques contre-exemples. Angerio [+] [angerio A : egregio Z georgio aut gregorio dubitanter Z2 georgio ed. pr. [-]] AngerioEgregio [+] [Z2 : Georgio aut Gregorio dubitanter [-]] Georgio, Cathaniensium [+] [cathaniensium A : cathenie͠n Z catanensi ed. pr. cathanensium Pontieri. [-]] Cathenie͠nCatanensiCathanensium episcopo, fraterc'Conformément aux habitudes de l’épistolographie pratiquée par les auteurs chrétiens à partir du IVe siècle, le destinataire est exprimé en premier lieu au datif, puis vient le nom de l’expéditeur au nominatif. Cependant, Desbordes 2006, 201, a montré que l’expéditeur énonce aussi un souhait, comme dans une salutatio antique, « qui revêt ici […] la forme d’un infinitif subordonné mais en apparence indépendant, sans sujet exprimé (resuscitari), […] laissant […] au lecteur le soin de suppléer le verbe requis par le sens ». Gaufredus, ab antecessoribus Malaterra agnomen [+] [agnomen A : agonem Z ed. pr. [-]] agnomenagonem trahens, felici [+] [felici A Z : infelici Z2 edd. [-]] feliciinfelici [+] [Z2 : infelici [-]] cursu mundano cum Martha habito, ad felicitatem quietis Mariae cum LazaroαSur Marthe, Marie et Lazare, voir Luc. 10, 38-42 et Jo 11, 1-44. fratre [+] [fratre A Z1 : om. Z. [-]] fratrefratre [+] [Z1 : fratre [-]] [om.] resuscitari [+] [resuscitari A Z def. Desbordes : -tavi Pontieri -tatus D’Angelo. [-]] resuscitariresuscitariresuscitariresuscitaviresuscitatus.
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1Sur Anger, voir l’article de Garavaglia 2013 et, pour plus de détails, celui de Beech 2014. Ces derniers ne remettent pas en doute l’information donnée par Geoffroi Malaterra (IV, 7), selon laquelle Anger était breton d’origine, mais tandis que Garavaglia (2013, 156-157) préfère voir en Anger un ancien moine de Saint-Évroult-en-Ouche, Beech montre qu’il appartenait à l’abbaye de Saint-Florent de Saumur, d’où il partit en pèlerinage à Jérusalem (Beech 2014, 150-154). Il s’arrêta en Italie méridionale à son retour et s’établit à Sant’Eufemia, où il devint prieur. Vers 1088, Roger lui demanda de prendre la direction de l’abbaye de Sant’Agata de Catane, comme l’indique Malaterra (IV, 7 [Pontieri, p. 90, l. 3-4]). Les documents conservés émanant du comte Roger et du pape Urbain II et datés de 1091-1092 indiquent comment le comte a d’abord nommé Anger, abbé de Sant’Agata le 9 décembre 1091 ; il accorde en outre à ce dernier l’autorité sur la cité de Catane et sur la région qui en dépend et qui était placée auparavant entre les mains des Sarrasins. Il fait ainsi d’Anger, auquel il concède des biens considérables, l’un des plus puissants prélats de l’île. La bulle pontificale du 9 mars reconnaît dans l’abbé de Sant’Agata – Anger ainsi que tous les abbés qui devaient lui succéder – l’évêque de Catane. Ces actes, édités dans R. Pirri, Sicilia sacra disquisitionibus et notitiis illustrata, A. Mongitore, V. M. Amico (éd.), Palerme, P. Coppulae, 1733, t. I, p. 521-523, ont fait l’objet de nombreuses études (voir par exemple White 1938, 105-107 ; Scalia 1961 ; et, plus récemment, Becker 2008a, 178-180, et 248-249 et Beech 2014, surtout 156-162, qui s’appuie sur les conclusions de Becker). Anger mourut en 1124, si bien que son abbatiat dura trente-trois ans. Bien qu’on n’ait conservé que peu de documents, l’épitaphe de douze vers, composée en son honneur et conservée dans un manuscrit de la bibliothèque du Trinity College de Dublin, et le poème de cinquante vers qu’il écrivit lui-même à la fin de sa vie donnent à son sujet des informations précieuses (voir « Introduction » de la version imprimée, p. 40-41).
2Par l’adjectif Apulum, Malaterra désigne toute l’Italie méridionale à l’exclusion de la Calabre, de la Sicile et de la principauté de Capoue (Houben 1996, 83).
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a'D’Angelo 2003b, 141-142, a proposé de revoir l’ordre de rédaction des deux épîtres, considérant que la seconde avait été composée avant la première ; voir Epist. 2, note philologique attachée à Omnibus.
b'L’adjectif beatus n’est pas habituel dans une salutatio, car il est généralement employé pour qualifier des défunts. Mais Du Cange 1937-1938, s.v., donne quelques contre-exemples.
c'Conformément aux habitudes de l’épistolographie pratiquée par les auteurs chrétiens à partir du IVe siècle, le destinataire est exprimé en premier lieu au datif, puis vient le nom de l’expéditeur au nominatif. Cependant, Desbordes 2006, 201, a montré que l’expéditeur énonce aussi un souhait, comme dans une salutatio antique, « qui revêt ici […] la forme d’un infinitif subordonné mais en apparence indépendant, sans sujet exprimé (resuscitari), […] laissant […] au lecteur le soin de suppléer le verbe requis par le sens ».
d'Sans doute la leçon quo de Z a-t-elle incité Zurita à corriger concimur par concingimur, qui a l’avantage d’éviter la présence dans la même phrase des deux synonymes, concimur, sur lequel A et Z s’accordent, et vobis me uniri. Cependant la répétition sémantique occasionnée par le rapprochement de ces deux verbes et le double emploi d’habitus amènent à considérer que ce morceau de phrase est apocryphe. Sa disparition rend à la phrase sa limpidité, tant pour la syntaxe que pour le sens.
e'Le morceau de phrase a été corrigé et traduit par Desbordes 2006, 205.
f'La juxtaposition de quo et de ut, dans une proposition à valeur finale, ne se rencontre pas ailleurs, selon toute apparence, ni chez Malaterra ni dans les ouvrages que nous avons consultés. Malaterra connaît la valeur finale de quo suivi du comparatif, qu’il emploie notamment comme ici avec facilius ou facilior (voir I, 8, 2 : donec […] chirographum quo liberius transeant Farum […] accipiat ; II, 38, 2 : castrum, quo se […] facilius tuerentur, […] firmavit ; II, 43, 11 : montem, quo facilior descensus ad mare […] fieret, rescindere facit). Ailleurs, pour exprimer le but, Malaterra emploie le plus souvent ut, qu’il y ait ou non un comparatif dans la subordonnée. On peut renvoyer aux exemples suivants (en se limitant aux deux premiers livres) : Epist. 1, 1 ; Epist. 1, 4 ; I, 19, 2 ; II, 32, 2 ; II, 33, 1 ; II, 33, 6 ; II, 46, 2.
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αSur Marthe, Marie et Lazare, voir Luc. 10, 38-42 et Jo 11, 1-44.
* epistulae desunt in C
* epistulae desunt in B