Chapitre 84

[1491/vue 49] Capitulum LXXXIIII1caput 83 1536.

Spinachia [l’épinoche1Le latin spinachia a probablement été pris par les nomenclateurs à Jean de Cuba, si l’on en croit Peter Artedi, Synonymia nominum piscium, 1738, p. 80 (voir s. v. Pungitivus), pour désigner l’épinoche de mer (Spinachia spinachia Linné, 1758). Mais il n’est pas sûr que Vincent de Beauvais (VB 17, 94), puis l’auteur de l’Hortus sanitatis aient distingué ce poisson de l’épinoche commune. En effet, la taille du poisson et la présence des épines dorsales sont des caractéristiques déjà évoquées dans le chapitre Pungitivus (épinoche commune, Gasterosteus aculeatus Linné, 1758).] et squatina [l’ange de mer2Les squatinidés ou anges de mer, dont fait partie l’ange de mer commun (Squalus squatina Linné, 1758), appartiennent, comme la raie, avec laquelle ils partagent certaines similitudes dans l’apparence (corps plat, très larges nageoires pectorales), à la famille des squales. La forme particulière de leurs nageoires, semblables à des ailes, est à l’origine de leur nom. Ce poisson a pour principale caractéristique d’être ovovivipare, c’est-à-dire que la femelle ne pond pas, mais conserve les œufs fécondés en son sein jusqu’à leur éclosion. Voir De Saint-Denis 1947, 108-109 ; D’Arcy Thompson 1947, 222.] [+][VB 17, 94 De spinachia et squatina [-]][+]

Spinachia et squatina [+][VB 17, 94 De spinachia et squatina [-]][+]

Renvois internes : Spinachia : cf. Ficis, ch. 39 ; Pungitivus, ch. 73.
Squatina : cf. Monachus marinus, ch. 62 ; Scuamis, ch. 87.

Lieux parallèles : Squatina dans TC, De scatina (7, 76) ; AM, [Scuatina] (24, 111 (52)).

poisson

[1] [] VB 17, 94, 1D’après le Liber de natura rerum. [] TC ? L’épinoche a un corps minuscule ; mais, très efficacement défendue par les piquants dont elle est hérissée, elle ne risque jamais d’être mordue par un autre poisson, quel qu’il soit.

[1] [] VB 17, 94, 1Ex Libro de naturis rerum2Thomas de Cantimpré ne dit rien de la spinachia. Nous n’avons pas identifié la source de Vincent de Beauvais.. [] TC ? Spinachia corpore quidem est pusilla, sed utilissime undique spinis extantibus munita3minuta VB., a morsu cujuslibet alterius piscis est tutissima4acutissima 1491 Prüss1..

[2] [] VB 17, 94, 2Isidore. [] Isid. orig. 12, 6, 37L’ange [squatinus] est ainsi nommé parce qu’il est rendu piquant par ses écailles [squamis]. C’est pourquoi sa peau sert à polir le bois.

[2] [] VB 17, 94, 2Isidorus. [] Isid. orig. 12, 6, 37Squatus dictus quos sit squamis acutus. Vnde et eius cute lignum politur.Squatinus5squatina 1536 squatus VB.6Le nom masculin squatinus est une singularité de 1491 et de Prüss1 : Vincent de Beauvais avait conservé le nom squatus donné par Isidore de Séville, et qui, selon De Saint-Denis 1947, 108 (citant Plin. nat. 9, 162 ; Plin. nat. 32, 150), désigne le même poisson que son diminutif féminin squatina, adopté par 1536. dictus7dicta 1536. eo quod squamis sit acutus8acuta 1536.. Unde et ejus cute lignum politur9Voir aussi Plin. nat. 9, 40 : […] squatina, qua lignum et ebora poliuntur..

[3] [] VB 17, 94, 3Pline, livre 11. [] Plin. nat. 9, 78L’ange appartient à l’espèce des poissons qui ont des cartilages à la place des arêtes. Ce sont tous des poissons plutôt charnus, et ils se mettent sur le dos pour manger. [] Plin. nat. 9, 161Les poissons d’espèces différentes ne s’accouplent pas ensemble, sauf l’ange et la baudroie3Il faut sans doute lire ici raia (selon la correction de 1536, sans doute d’après Pline), apparentée, comme nous l’avons dit, à la squatina et non rana, la baudroie. Voir Plin. nat. 9, 161 : « Les poissons d’espèces différentes ne s’accouplent pas, sauf l’ange et la raie, qui donnent naissance à un poisson semblable à la raie par sa partie antérieure, et recevant chez les Grecs un nom composé des deux autres » (De Saint-Denis 1955, 89)., qui donnent naissance à un poisson semblable, dans sa partie antérieure, à la baudroie ; et celui-ci reçoit, chez les Grecs, une appellation tirée des noms de l’un et de l’autre. [] Plin. nat. 9, 162Parmi les poissons, certains fraient trois fois par an, certains deux fois, au printemps et en automne. Parmi les poissons plats, seul l’ange s’accouple deux fois, en automne et au coucher des Pléiades. [] Plin. nat. 9, 165L’ange4Vincent de Beauvais a attribué à la squatina des propriétés que Pline avait affectées à la torpedo. Voir la même citation au chapitre Torpedo, ch. 92, 3. produit à l’intérieur de son corps des œufs mous, qu’il fait se déplacer dans une autre partie de sa matrice, où il les fait éclore. Tous les animaux que l’on dit cartilagineux font aussi de même. Ainsi, ce sont les seuls parmi les poissons à donner naissance à un animal et à concevoir des œufs.

[3] [] VB 17, 94, 3Plinius libro undecimo. [] Plin. nat. 9, 78Planorum piscium alterum est genus quod pro spina cartilaginem habet, ut raiae, pastinacae, squatinae […]. Omnia autem carniuora sunt talia et supina uescuntur.Squatina est ex10est ex : ex 1536 est Prüss1. piscium genere qui pro spina cartilaginem habent. Omniaque talia carnosiora sunt, et supina vescuntur. [] Plin. nat. 9, 161Piscium diuersa genera non coeunt praeter squatinam et raiam, ex quibus nascitur priore parte raiae similis, et nomen ex utroque conpositum apud Graecos trahit.Diversa piscium genera non coeunt insimul11insimul om. 1536. praeter squatinam et ranam12raiam 1536.. Ex quibus nascitur piscis parte priori ranae13raiae 1536. similis. Et nomen ex utroque compositum apud Graecos trahit14Voir aussi Arist. HA 566 a 27.. [] Plin. nat. 9, 162[…] [piscibus] squatina [parit] bis sola, autumno, occasu Vergiliarum.Piscium quidam ter in anno pariunt, quidam bis, vere et autumno ; ex planis sola squatina bis, autumno occasuque Vergiliarum15Voir encore Arist. HA 543 a 14.. [] Plin. nat. 9, 165Torpedo octogenos fetus habens invenitur eaque intra se parit ova praemollia in alium locum uteri transferens atque ibi excludens. Simili modo omnia quae cartilaginea appellavimus. Ita fit ut sola piscium et animal pariant et ova concipiant.Squatina vero intra se parit ova praemollia in alium locum uteri transferens ibique excludens. Simili modo et omnia quae appellavimus cartilaginea. Ita fit ut sola piscium et animal pariant et ova concipiant.

[4] [] VB 17, 94, 4D’après le Liber de natura rerum. [] TC 7, 76L’ange est un poisson de mer, dont le corps mesure cinq coudées5 Selon Thomas de Cantimpré le poisson mesure cinq pieds, ce qui fait environ 1,47 m, tandis que cinq coudées font environ 2,20 m. La taille de l’ange de mer peut atteindre 2,50 m pour 80 kg (voir Muus et al. 1998, 61). de long, et la queue un pied. Caché dans la vase, il s’empare des poissons par surprise6Pline comparait le mouvement de leurs nageoires à celui de petits vers ; Plin. nat. 9, 144 : simili modo squatina et rhombus abditi pinnas exertas mouent specie uermiculorum, « De même l’ange et le turbot, lorsqu’ils sont cachés, agitent hors du sable leurs nageoires, semblables à des vermisseaux » (De Saint-Denis 1955, 83). Voir ici Arist. HA 620 b 29-33.. Il a une peau si rugueuse qu’on s’en sert pour polir le bois et les ivoires. Le poil sur sa peau est court et noir. La nature a fait ce poisson si dur qu’on parvient à peine à l’entailler avec la pointe d’un instrument de fer ou d’acier.

[4] [] VB 17, 94, 4Ex Libro de naturis rerum16Le texte de Vincent de Beauvais reprend pour le sens celui de Thomas de Cantimpré.. [] TC 7, 76Squatina piscis est in mari quinque cubitos habens longitudinis et caudam pedalem. Hic absconditus in limo pisces corripit subito. Cutem tam asperam habet ut ex ea lignum et ebora poliantur. Pilus ipsius cutis brevis et niger est. Hunc adeo durum natura creavit ut ferri vel chalybis17calibis 1491 Prüss1 1536 VB2. acumine vix incidi18inscidi VBd. possit.

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1Le latin spinachia a probablement été pris par les nomenclateurs à Jean de Cuba, si l’on en croit Peter Artedi, Synonymia nominum piscium, 1738, p. 80 (voir s. v. Pungitivus), pour désigner l’épinoche de mer (Spinachia spinachia Linné, 1758). Mais il n’est pas sûr que Vincent de Beauvais (VB 17, 94), puis l’auteur de l’Hortus sanitatis aient distingué ce poisson de l’épinoche commune. En effet, la taille du poisson et la présence des épines dorsales sont des caractéristiques déjà évoquées dans le chapitre Pungitivus (épinoche commune, Gasterosteus aculeatus Linné, 1758).

2Les squatinidés ou anges de mer, dont fait partie l’ange de mer commun (Squalus squatina Linné, 1758), appartiennent, comme la raie, avec laquelle ils partagent certaines similitudes dans l’apparence (corps plat, très larges nageoires pectorales), à la famille des squales. La forme particulière de leurs nageoires, semblables à des ailes, est à l’origine de leur nom. Ce poisson a pour principale caractéristique d’être ovovivipare, c’est-à-dire que la femelle ne pond pas, mais conserve les œufs fécondés en son sein jusqu’à leur éclosion. Voir De Saint-Denis 1947, 108-109 ; D’Arcy Thompson 1947, 222.

3Il faut sans doute lire ici raia (selon la correction de 1536, sans doute d’après Pline), apparentée, comme nous l’avons dit, à la squatina et non rana, la baudroie. Voir Plin. nat. 9, 161 : « Les poissons d’espèces différentes ne s’accouplent pas, sauf l’ange et la raie, qui donnent naissance à un poisson semblable à la raie par sa partie antérieure, et recevant chez les Grecs un nom composé des deux autres » (De Saint-Denis 1955, 89).

4Vincent de Beauvais a attribué à la squatina des propriétés que Pline avait affectées à la torpedo. Voir la même citation au chapitre Torpedo, ch. 92, 3.

5 Selon Thomas de Cantimpré le poisson mesure cinq pieds, ce qui fait environ 1,47 m, tandis que cinq coudées font environ 2,20 m. La taille de l’ange de mer peut atteindre 2,50 m pour 80 kg (voir Muus et al. 1998, 61).

6Pline comparait le mouvement de leurs nageoires à celui de petits vers ; Plin. nat. 9, 144 : simili modo squatina et rhombus abditi pinnas exertas mouent specie uermiculorum, « De même l’ange et le turbot, lorsqu’ils sont cachés, agitent hors du sable leurs nageoires, semblables à des vermisseaux » (De Saint-Denis 1955, 83). Voir ici Arist. HA 620 b 29-33.

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1caput 83 1536.

2Thomas de Cantimpré ne dit rien de la spinachia. Nous n’avons pas identifié la source de Vincent de Beauvais.

3minuta VB.

4acutissima 1491 Prüss1.

5squatina 1536 squatus VB.

6Le nom masculin squatinus est une singularité de 1491 et de Prüss1 : Vincent de Beauvais avait conservé le nom squatus donné par Isidore de Séville, et qui, selon De Saint-Denis 1947, 108 (citant Plin. nat. 9, 162 ; Plin. nat. 32, 150), désigne le même poisson que son diminutif féminin squatina, adopté par 1536.

7dicta 1536.

8acuta 1536.

9Voir aussi Plin. nat. 9, 40 : […] squatina, qua lignum et ebora poliuntur.

10est ex : ex 1536 est Prüss1.

11insimul om. 1536.

12raiam 1536.

13raiae 1536.

14Voir aussi Arist. HA 566 a 27.

15Voir encore Arist. HA 543 a 14.

16Le texte de Vincent de Beauvais reprend pour le sens celui de Thomas de Cantimpré.

17calibis 1491 Prüss1 1536 VB2.

18inscidi VBd.

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