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Pensées 1962 à 1966

M :Montesquieu 1726/1727-1755.
D :Bottereau-Duval 1718-1731.
E :1734-1739.
U :1739.
H :1741-1742.
J :1742.
K :1742-1743.
F :1743.
I :1743.
L :1743-1744.
O :1745-1747.
P :Damours 1748-1750.
Q :1750-1751.
R :Saint-Marc 1751-1754.
S :1754-1755.
V :1754.
JB :Jean-Baptiste Secondat ?-1795.
T :écriture des manchettes 1828-1835

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M : Montesquieu.
D : Bottereau-Duval_1721-1731.
H : 1741-1742.
P : Damours_1748-1750.
E : 1734-1739.
L : 1742-1744.
O : 1745-1747.
T : écriture des manchettes
JB : Jean-Baptiste_Secondat.
J : 1742.
K : 1742-1743.
F : 1743.
E2 :
I : 1743.
R : Saint-Marc_1751-1754.
Q : 1750-1751.
S : 1754-1755.
V : 1754.

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Pensées, volume III

1962

{f.262r} Lorsque je lus le Testament politique du cardinal de Richelieu[1]

Testament Pol de Richelieu

je le regarday comme un des melieurs ouvrages que nous eusions en ce genre je crus qu’il faisoit honneur a son autheur, il me sembla que l’ame du grand cardinal y etoit toute entiere et comme on juge qu’un tableau est de Raphael parce qu’on y trouve le peinceau de ce grand peintre, je jug[e]ay de meme que le Testament politique etoit du cardinal de Richelieu parce que j’y trouvois toujours l’esprit du cardinal de Richelieu, et que je le voiois penser comme je l’avois vu agir. Je m’imaginay que le cardinal etoit du nombre de ces gens tres heureux dont parle un autheur romain {f.262v} qui ont recu ces deux dons du ciel de faire des choses memorables et de les ecrire. Je pensay que le Testament du cardinal de Richelieu etoit un ouvrage original qui aiant eté recu du public avec aplaudissement qui comme il arrive toujours avoit fait faire de mauvaises copies et que l’aplaudisssement avec lequel il avoit eté recu avoit engagé les libraires à faire composer les testaments de Mrs de Louvois et de Colbert[2] qui sont visiblement des pieces supposées, c’est en consequance de ceci que travaillant à l’Esprit des loix, je citay dans deux ou trois endroits ce Testament comme un ouvrage de celuy dont il portoit le nom, mais aiant par hazard ouy dire a Mr de Voltaire que cet ouvrage n’etoit pas du cardinal de {f.263r} Richelieu, je suprimay les endroits ou j’en avois parlé, mais Mr l’abbé Dubos tres s qui avoit beaucoup de connoissances sur ces sortes de faits[3] que je consultay me dit que l’ouvrage etoit du cardinal de Richelieu c’est a dire qu’il avoit eté composé par ordre, sous les yeux, et sur les idées de Mr le cardinal de Richelieu, par Mr de Bourlzeis[4] et un autre qu’il me nomma, il ne m’en falut pas davantage et je remis les endroits que j’avois tiré[5].
Aujourd’huy 26 en 9bre 1749, il parait une brochure de Mr de Voltaire[6] dans laquelle il explique les raisons qui luy font penser que le Testam l’ouvrage que nous appellons le Testament du cardinal de Richelieu n’est pas de luy {f.263v} ces raisons m’ont paru foibles et je n’ay pu m’y rendre, la plus forte de toutes est sont ces deux[:] que ce livre à èté publié 30 ans apres la mort du cardinal de Richelieu[7]. La seconde que le cardinal dit que l’on etoit en paix[8], et que cependant on etoit en guerre 1º ce livre n’etoit point de nature a etre publié des qu’il a eté fait, ce n’etoit pas la son objet, ce livre avoit eté fait pour le roy, et il avoit èté fait pour le cardinal et pour les vües du cardinal, ainsi bien loin de le publier il falloit ne le pas publier c’etoit une piece secrete qui ne devoit point paraitre que lorsque les circonstances n’exigeroient plus qu’il ne parut pas. 2º Je n’ay point devant mes yeux {f.264r} les termes dont se sert le cardinal de Richelieu il y a apparance qu’il vouloit dire que l’on etoit en paix parce que quand il ecrivoit il n’y avoit point de guerre civile en France, et effectivement dans ces tems la, l’etat ordinaire de la guerre etoit la guerre civile et quant a la guerre etrangere le card il y a eu des tems que le cardinal de Richelieu la faisoit plus faire qu’il ne la faisoit[9], il y en a eu ou nous etions plutot occi auxiliaires que partie principalle de plus s’il es comme Mr de B ceux qui ecrivirent sous les yeux du cardinal de R de plus comme Mr de Boulzes ecrivit sur les memoires du cardinal de Richelieu on ne peut pas dire que cet ouvrage est {f.264v} d’une date, ny qu’il soit d’une année particuliere, c’etoit des reflexions que le cardinal ecrivoit à mesure qu’elles luy venoient, il y à la date des reflexions, il y a la date de la la redaction. Ce seroit une faute trop grosiere de la part de celuy qui auroit fait ce Testament d’avoir ignoré si pendant le ministere du cardinal on etoit en paix ou en guerre, et l’auteur quelconque parait si instruit de l’etat de l’Europe pendant le ministere du cardinal qu’il ne peut pas avoir ignoré si on y etoit en paix ou en guerre, une autre objection de Mr de Voltaire c’est l’affaire du comptant[10], le cardinal dit-il auroit parlé contre luy même je repond que le cardinal a tant parlé pour luy {f.265r} dans ce Testament qu’on ne peut gueres le soupconner de s’etre oublié dans ce cas ci, le cardinal n’etoit point un ministre particulier il etoit roy, il s’en faut bien qu’il se confondit a qui il donnoit part au ministere ; toutes les autres objections de Mr de Voltaire portent contre le livre et ne decident point qui en est l’auteur, et dire qu’un c’est mal raisoné que de dire que le livre n’est pas du cardinal parce qu’il y a des endroits qu’on y peut reprendre[11], de dire que le cardinal a dit la Fargy en parlant d’une femme qui à èté embassadrice elle est embassadrice pour nous, et pour le cardinal elle n’etoit je crois que femme de chambre[12], et il fauderoit sçavoir {f.265v} si dans le tems qu’ecrivoit le cardinal, il luy manquoit de respect en disant la Fargy[13], cette expression peut etre tres basse, et peut etre tres haute, elle peut etre l’effet de l’orgueil comme elle peut l’etre aujourd’huy d’une mauvaise education. De plus et ce qui induit a le croire c’est que les expressions et les idées de tout le livre ne sont point basses, a l’egard du mot de la reyne[14] au lieu de la reyne mere, cette reyne avoit eté regente, et la il n’etoit point question de la reyne proprement dite, et c’est une negligence qui convenoit plus au cardinal qu’a un autre siet donc ou[15] celuy qui a ecrit ne devoit pas plus tomber que le cardinal si l’on regarde {f.266r} cela comme une faute.
A l’egard du stile il ne peut faire qu’honneur au cardinal il est plein de feu de mouvement il est plein d’une certaine impetuosité dans les phrases, d’un certain genie naturel d’une grande inexactitude, enfin on voit le stile d’un homme qui a toujours commancé a ecrire et qui n’a jamaïs ecrit, enfin on y voit plutot l’homme que l’ecrivain et je suis persuadé que ceux qui ont redigé ont plutot mis dans l’ouvrage l’ordre que les choses, Mr de Voltaire ne peut gueres dire que le stile du cardtestament ne resemble pas aux autres ouvrages du cardinal de Richelieu on scait que ses ouvrages theologiques il ne les a pas plus faits que nos evesques {f.266v} ont faits leurs mandemens, adopteroit-on le stile des ouvrages qu’il n’a point faits pour juger de ceux qu’il à faits, a l’egard de ce qu’on trouve dans le Testament que l’on pretend que la regale s’etend partout parce que la couronne du roy est ronde[16] ce n’est point une pensée du cardinal, il la cite me semble comme une pensée des jurisconsultes.
Je dis donc que le Testament politique est du cardinal parce que j’y trouve son caractere son geni, et ses passions, ses interests, ses ses vües, et jusques aux prejugés de son etat et de la profession qu’il avoit embrassée, seroit-ce Mr de Bourzes janseniste decidé qui auroit voulu aneantir les apels comme {f.267r} d’abus[17], seroit-ce Mr de Bourzes qui auroit imaginé des choses si specieuses pour empescher qu’un ministre ne put jamais etre deplacé ny convaincu de mal gouverner, seroit-ce M de Bourzes qui auroit fait faire des recherches si difficiles, si fines, si judicieuses sur le port port de Marseille, sur la scituation de la Mediteranée, les avantages et les inconveniens, qu’en tirerent les Espagnols et les Francais, il est visible que c’etoit le fruit de l’experience des bons et des mauvais succes du cardinal.
Mr de Voltaire dit qu’il y a une contradiction entre ce qui est dit dans un endroit de ce livre que les cinq dernieres années de la guerre couterent 60 millions de livres, et des un autre {f.267v} ou il est dit que les revenus de l’epargne ne montoint qu’a 35 millions[18]. Je renvoye Mr de Voltaire a l’ecrit que donna Mr Desmarets au commancement de la regence[19], il trouvera bien une autre disproportion entre la recepte et la depense, et ce n’est pas pour rien que Louis XIV. devoit en mourant pres de deux milliars, ce n’est pas pour rien que les finances se trouverent perdues au commancement de son regne, soit dans sa minorité sous Mr Demery[20], soit dans sa majorité sous Mr Fouquet, Mr de Volta
Mr de Voltaire s’etonne que le manuscript n’ait pas eté trouvé chez la famille, ny même autre part {f.268r} ce manuscript ne se trouve point parce que le livre est imprimé, quel est la on scait la destinée de la plus part des manuscripts que l’on fait imprimer, on est curieux des anciennes editions que par ce qu’elles tiennent lieu du manuscript ancien que les libraires avoient pour imprimer et qui s’est perdu ou gaté chez eux ; Mr de
Mr de Voltaire trouve puerile les allusions tirées de la philosopie d’Aristotte, mais aparament que le cardinal de Richelieu n’avoit point etudié la philosophie car cartesiene, et cela prouve plus que l’ouvrage est de luy, que de celuy {f.268v} qui le publia cinquante quelques années apres sa mort, tems auquel la philosophie d’Aristotte etoit si decriée, il faut donc selon Mr les paroles de Mr de Voltaire que le compilateur fut un pedant du college[21], mais personne ne peut dire que ce soit un pedant de colege qui ait fait cette compilation, il s’etonne qu’un ministre se soit declaré contre la regale, mais ce ministre etoit eclesiastique et qui plus est cardinal, le cardinal de Balu etoit ministre, et il se declara contre la pragmatique sanction qui etoit bien de toute autre importance que le glorie l’honorable mais vain droit de regale et qui est de si petite consequance {f.269r} qu’encore aujourd’huy les roys ne le tournent point a leur profit[22]. Mr de Voltaire s’etonne que le cardinal ait donné a un roy qui reignoit depuis 30 ans des instructions si petites par exemple, il faut qu’un roy ait de la piété &c. Mais ne sent il pas qu’un ministre qui instruit les roys, leur donne des est fort porté a leurs donner des instructions pour faire ce qu’ils font le cardinal de Richelieu conseille au roy d’etre pieux parce qu’il l’etoit, il luy conseille de n’avoir point de maitresses parce qu’il n’en avoit point, et peut etre encore parce qu’il en avoit luy meme {f.269v} il trouve pueril que le cardinal dise au roy qu’un prince doit avoir un conseil[23] qui pouvoit mieux dire cela que le cardinal qui ne pouvoit avoir oublié sa querelle avec Mr de St Marc[24], et qui avo avoit èté obligé de dire a ce dernier devant le roy, qu’on ne metoit point les affaires d’etat entre les mains des enfans, il disoit au roy ce qu’il avoit pris tant de peine a luy persuader toute sa vie, de mettre les affaires entre les mains des ministres et non p non pas des favoris.
Ce sont des idées jettées en l’air et des materiaux à rectifier, non pas un ouvrage Mr de Voltaire regarde comme une {f.270r} absurdité ce que le Testament politique dit qu’il faut borner le comptant[25] a 6 millions d’or il demande ce que c’est que 6 millions d’or, si ce sont des millions de marcs des millions de louis, il est aisé de repondre, ce sont 6 millions de livres en or, [lettres biffées non déchiffrées] on dit icy 6 millions d’or parce que le comptant ou le tresor royal paie toujours le comptant du roy en or, sous le cardinal Mazarin le comptant etoit prodigieux et passoit quarante millions. Le comptant a toujours eté necesaire, et d’un autre coté il à eté necesaire que l’on comptat a la chambre pour que le roy put se rendre raison a luy même, lorsque les cours se sont pleintes ont fait des representations on a fait de certaines bornes {f.270v} au comptant, et même sans representations car il doit toujours y avoir des depenses secretes, icy le cardinal de Richelieu veut que le comptant ait une etendue sufisante mais que d’ailleurs il n’en ait pas trop, afin que l’administration soit sage, le comptant qu’il etablit est a peu pres a ce qui est etably aujourd’huy, il est d’environ 15 millions.

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Main principale P

1963

[Passage à la main M] J’estois avec milord Bath[1] ches madame d’Eguillon[2] et je disois que lorsque j’avois harangué le roy[3] j’avois esté fort deconcerté. Mad d’Eguillon dit [:] et milord qui a tant parlè au parlement d’Angleterre n’estoit jamais deconcerté ; il est plus aisé repondis je de parler contre un roy que de parler a un roy :

Passage de la main P à la main M

1964

{f.271r} Je disois on scait qu’il n’a tenu qu’a feu Mr le duc de faire epouser sa seur au roy on voit par les memoires de l’abbé de Mongon qu’il avoit consenti que la branche d’Espagne succedat a la courone au prejudice de la ligne d’O[r]leans et par consequent celle de Bourbon[1] eh bien il a scu faire cela eh bien et le sot s’est donné la reputation d’estre un marchand de bled :
eh bien il ne s’est pas donné la reputation d’home magnanime et le sot parce qu’il estoit un sot il s’est donné la reputation d’un d’estre un marchand de bled
 

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Main principale M

1965

[Passage à la main P] Le 20 xbre 1749 voicy les reflexions que j’ay faites Mr de La Insenada[1] est un ministre d’Espagne qui a de grandes vües. Il a fait plusieurs operations en voicy une. On scait qu’il venient[2] des Indes des piastres destinées a circuler en Espagne et qu’il y en a d’autres dont on permet l’extraction et sur lesquelles les negotians gagnent cinq pour cent plus ou moins, Mr de La Insenada a jugé a propos de faire ce profit {f.271v} il a refusé l’extraction a nos marchands a envoié des commis dans les pays etrangers et s’est fait banquier luy même, il fait sortir les piastres, les envoie a ses commis qui les vendent aux marchands, moienan de certaines lettres de change paiables a des termes courts apres et quand il est paié il fait remettre son argent a Madrid, ce qu’il peut faire ou en especes ou en ch change ou en marchandises.
En especes cela est dificile, tant mieux s’il le faisoit en marchandises, mais il luy convient mieux de le faire par change.
Voicy ce qu’il auroit falu faire pour interompre son operation suposant qu’il eut a faire remettre a Madrid dix douze quinze millions monoye de France {f.272r} on pouvoit luy oter son profit en faisant baisser le change ce qui pouvoit se faire aisement par le roy en perdant cent ou deux cent mille ecus ce qui est une operation facile. Quand le ministre d’Espagne auroit vu que toute son operation luy auroit produit peu de profit car il ne laise[3] pas d’y avoir des depenses a faire en commis, transport de piastres &c. le jour qu’il auroit recu son memoire il n’y avoit qu’a luy faire presenter une reqte par nos marchands, et luy demander l’extraction moyenan deux pour cent de profit pour le roy, il est certain qu’il auroit accepté ce benefice clair, net et sans peine a une operation moins lucrative, plus couteuse, et plus penible, moyenen quoy {f.272v} il abandonnoit son projet.
On dit qu’il en à un autre c’est de rendre l’Espagne entierement maitresse du commerce de Cadix et d’envoier elle meme sans l’intervention des etrangers les marchandises dans les Indes, tant celles qu’il tirera des manufactures d’Espagne faites ou à faire que de celles qu’il acheptera en France ou en Alemagne, et pour rendre le commerce de Cadix plus independant des etrangers il prete aux Espagnols l’argent necesaire pour faire leurs envois et leur fait des avances, et cet argent qu’ils etoient obligés d’emprunter des etrangers a de groses usures leur donne la facilité de faire leur commerce et les etrangers sont encore privés de ce benefice qui etoit tres {f.273r} considerable, tout le commerce se fairoit donc directement de l’Espagne aux Indes d’autant plus que les etrangers se trouveroient privés des matieres premieres soient laines, argent, l’Espagne jouiroit d’une grande navigation &c.
Pour croiser tout cela voicy ce qu’il fauderoit[4] faire, il n’est point question de faire des representations par des ministres ou embassadeurs chacun est le maitre chez soy, faites des plaintes on vous faira des reponses d’oracles, on aleguera les anciennes loix d’Espagne, autres choses &c. nous avions autre fois un fameux consul a Cadix, qui disoit toujours aux negotians, messieurs, ne me faites point faire de plaintes, mais faites qu’on m’en fasse contre vous. Je seray fort {f.273v} si l’on se plaint de vos contrebandes, des coups de baton que vous aurez donné pour empescher qu’on ne vous visite, mais si vous vous plaignez des injustices qu’on vous aura fait je suis foible, pour revenir a notre propos sans se plaindre des nouveaux reglemens il n’y auroit qu’a permettre secretement à nos negotians d’envoier des vaisseaux bien armés moitié guerre moitié marchandises sur les cotes d’Espagne et et leur dire de penser surtout a n’etre pas pris, ils vienderoit[5] d’abord des plaintes en France nous ne sçavons ce que c’est dirions nous, il faut que ce soit quelques marchands qui ne pouvant plus negocier a Cadix, s’est imaginé de faire la {f.274r} contrebande, nous examinerons cela, mais si vous vouliés faire cesser tous les obstacles que vous metez au commerce generale de l’Europe nous nous en trouverions mieux vous et nous.
On concoit aisement que nos marchands qui enverroient directement des ports de France leurs marchandises a l’Amerique gagneroient 1º la navigation 2º les depenses pour porter dechar decharger, recharger leurs marchandises a Cadix. 3º Les droits du roy d’Espagne. 4º Les longueurs 5º les formalitez tant dans l’alée qu’apres les retours. 6º La facilité de vendre et de vendre a sa fantaisie

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{f.274v} Une page blanche

Passage de la main M à la main P

1966

{f.275r} Les Anglais voiant qu’ils ne peuvent plus obtenir de privilege exclusif en Espagne si ce n’est des dedomagemens pour ce qui leur restoit a jouir de leurs anciens traitez[1] cse sont me semble tournés d’un autre coté ils ont negotié avec le Portugal et ont songé a nous exclure de ce commerce, et outre cela a mettre a terre celuy que nous faisons avec l’Espa l’Espagne, ils ont obtenu des loix somptuaires par lesquelles toutes les modes et bijouteries sont deffendues[2], et tous les draps excepté le drap noir, et les draps etoff c’est a dire qu’ils ont fait en sorte que le Portugal ne prit rien de nous de tous nos draps il n’y avoit que les draps noirs que nous fournissions et pour d’autres marchandises nous ne fournissions que les modes et bijoux[3].
{f.275v} Ce n’est pas tout, ils ont fait en sorte que le Portugal a obtenu des permissions pour envoier des vaisseaux directement aux Indes, et comme le Portugal ne peut pas faire luy seul, ny toute la navigation ny ses envois il se trouve que c’est les Anglois qui le font sous le nom et sous le pretexte des Portugais[4] et que les Français [lettres biffées non déchiffrées] se trouvent exclus sans qu’il paraise qu’on veuille les exclure

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Main principale P


1962

n1.

Montesquieu possédait deux exemplaires de la première édition de 1688 (Richelieu, Testament politique d’Armand du Plessis, cardinal duc de Richelieu […], Amsterdam, H. Desbordes – Catalogue, nº 2430-2431). Sur la question de l’attribution, voir Laurent Avezou, « Autour du Testament politique de Richelieu : à la recherche de l’auteur perdu (1688-1778) », Bibliothèque de l’École des chartes, vol. 162, nº 2, 2004, p. 421-453 [en ligne à l’adresse suivante : http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_2004_num_162_2_463456].

1962

n2.

Le Testament politique de Messire Jean-Baptiste Colbert […] (La Haye, H. Van Bulderen, 1693), est attribué à Courtilz de Sandras, qui, selon Jean Lombard (Courtilz de Sandras et la crise du roman à la fin du Grand Siècle, Paris, PUF, 1980, p. 236-238), ne serait pas l’auteur du Testament politique du marquis de Louvois […] où l’on voit ce qui s’est passé de plus remarquable en France jusqu’à sa mort, également apocryphe (Cologne, chez le Politique, 1695). Une édition de 1749 avait réuni ces deux ouvrages avec celui de Richelieu dans le Recueil des testaments politiques du cardinal de Richelieu, du duc de Lorraine, de M. Colbert et de M. de Louvois (Amsterdam, Z. Chatelain, 4 vol.).

1962

n3.

Comme le souligne Laurent Avezou (« Autour du Testament politique de Richelieu : à la recherche de l’auteur perdu (1688-1778) », Bibliothèque de l’École des chartes, vol. 162, nº 2, 2004, p. 431 [en ligne à l’adresse suivante : http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_2004_num_162_2_463456]), l’abbé Dubos avait eu accès à une documentation de première main, comme commis de Torcy, secrétaire d’État aux Affaires étrangères, dont le dépôt avait recueilli les papiers de Richelieu en 1704.

1962

n4.

L’abbé Amable de Bourzeis (plus loin « Bourzes ») (1606-1672), membre de l’Académie française, janséniste, rédigea plusieurs des œuvres de Richelieu, selon Pellisson ; il était l’un des éditeurs, à titre posthume, du traité antiprotestant du cardinal intitulé La Méthode la plus facile et assurée de convertir ceux qui sont séparés de l’Église [1651] et en avait assuré la mise en forme ; voir le Dictionnaire des journalistes (1600-1789), J. Sgard (dir.) [en ligne à l’adresse suivante : http://dictionnaire-journalistes.gazettes18e.fr/journaliste/109-amable-de-bourzeis].

1962

n5.

Voir EL, III, 5 et note (c) : Derathé, t. I, p. 435-436, note 9 ; V, 10 et 11 ; XXIX, 16. Sur les hésitations de l’auteur concernant cette attribution, voir Catherine Volpilhac-Auger, « Le Testament politique attribué au cardinal de Richelieu », De l’esprit des loix (manuscrits), II, OC, t. 4, annexe B2, p. 899-901.

1962

n6.

Voltaire, Des mensonges imprimés, dans La Tragédie de Sémiramis et quelques autres pièces de littérature, Paris, P. G. Le Mercier et M. Lambert, 1749. Montesquieu commente les pages 164 à 171.

1962

n7.

Voltaire, Des mensonges imprimés, dans La Tragédie de Sémiramis et quelques autres pièces de littérature, Paris, P. G. Le Mercier et M. Lambert, 1749, p. 165. Le cardinal de Richelieu mourut en 1642 ; son Testament politique parut pour la première fois en 1688.

1962

n8.

Voltaire, Des mensonges imprimés, dans La Tragédie de Sémiramis et quelques autres pièces de littérature, Paris, P. G. Le Mercier et M. Lambert, 1749, p. 166. La « Succincte narration […] », qui ouvre le Testament politique, évoque à plusieurs reprises les succès obtenus en matière de paix jusqu’à la fin de 1738, année située en pleine guerre contre la maison d’Autriche (Richelieu, Testament politique d’Armand du Plessis, cardinal duc de Richelieu […], Amsterdam, H. Desbordes, 1689, 1re partie, chap. 1, p. 5-57).

1962

n9.

Sur cette justification, voir Laurent Avezou, « Autour du Testament politique de Richelieu : à la recherche de l’auteur perdu (1688-1778) », Bibliothèque de l’École des chartes, vol. 162, nº 2, 2004, p. 428 [en ligne à l’adresse suivante : http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_2004_num_162_2_463456].

1962

n10.

Le cardinal préconisait de limiter à un million d’or les comptans, dépenses secrètes du gouvernement dont il dénonçait les abus (Richelieu, Testament politique d’Armand du Plessis, cardinal duc de Richelieu […], Amsterdam, H. Desbordes, 1689, p. 378-379). Voltaire trouvait invraisemblable qu’un ministre s’élève contre « le plus cher privilège de sa place » (Des mensonges imprimés, dans La Tragédie de Sémiramis et quelques autres pièces de littérature, Paris, P. G. Le Mercier et M. Lambert, 1749, p. 168).

1962

n11.

Ces « indécences » sont relevées par Voltaire à la page 166 des Mensonges imprimés, dans La Tragédie de Sémiramis et quelques autres pièces de littérature, Paris, P. G. Le Mercier et M. Lambert, 1749.

1962

n12.

La « Fargis » désigne Madeleine de Silly de La Rochepot (?-1639), épouse de Charles d’Angennes, sieur du Fargis, ambassadeur de France en Espagne (1618-1619) ; dame d’atour d’Anne d’Autriche, elle fut condamnée par contumace en 1631 pour avoir intrigué contre le cardinal.

1962

n13.

Richelieu, Testament politique d’Armand du Plessis, cardinal duc de Richelieu […], Amsterdam, H. Desbordes, 1689, p. 41.

1962

n14.

Richelieu, Testament politique d’Armand du Plessis, cardinal duc de Richelieu […], Amsterdam, H. Desbordes, 1689, p. 24.

1962

n15.

Comprendre : .

1962

n16.

La critique de Voltaire portait sur le style de l’expression « les gens de palais mesurent la couronne du roi par sa forme qui étant ronde n’a point de fin » (Voltaire, Des mensonges imprimés, dans La Tragédie de Sémiramis et quelques autres pièces de littérature, Paris, P. G. Le Mercier et M. Lambert, 1749, p. 169), qui se trouve dans une section intitulée « Sur l’obéissance qu’on doit rendre au Pape » (Richelieu, Testament politique d’Armand du Plessis, cardinal duc de Richelieu […], Amsterdam, H. Desbordes, 1689, p. 116).

1962

n17.

Voir nº 470, note 3 ; Richelieu, Testament politique d’Armand du Plessis, cardinal duc de Richelieu […], Amsterdam, H. Desbordes, 1689, p. 64-78.

1962

n18.

Richelieu, Testament politique d’Armand du Plessis, cardinal duc de Richelieu […], Amsterdam, H. Desbordes, 1689, p. 55 et 386.

1962

n19.

Nicolas Desmarets, Mémoire de M. Desmarets sur l’administration des Finances, depuis le 20 février de l’année 1708 jusqu’au 1er septembre 1715, s. l. n. d.

1962

n20.

Michel Particelli d’Hémery (1596-1650), nommé surintendant des Finances en 1648 par Mazarin, fut l’artisan, pour faire face à des difficultés financières croissantes, de mesures fiscales très impopulaires.

1962

n21.

Voltaire se moque de la physique aristotélicienne contenue dans le Testament politique : « Est-il vraisemblable qu’un homme d’état […] dise […] que le feu, l’air ni l’eau ne peuvent soutenir un corps terrestre » (Voltaire, Des mensonges imprimés, dans La Tragédie de Sémiramis et quelques autres pièces de littérature, Paris, P. G. Le Mercier et M. Lambert, 1749, p. 169-170).

1962

n22.

C’est le onzième argument de Voltaire contre l’attribution à Richelieu (Voltaire, Des mensonges imprimés, dans La Tragédie de Sémiramis et quelques autres pièces de littérature, Paris, P. G. Le Mercier et M. Lambert, 1749, p. 170) ; sous Louis XI, le pape Paul II fit cardinal Jean La Balue, évêque d’Évreux, afin qu’il s’emploie à faire abolir la pragmatique sanction.

1962

n23.

Voltaire, Des mensonges imprimés, dans La Tragédie de Sémiramis et quelques autres pièces de littérature, Paris, P. G. Le Mercier et M. Lambert, 1749, p. 170-171.

1962

n24.

Voir nº 947.

1962

n25.

Voir nº 1962, note 10, « l’affaire du comptant ».

1963

n1.

Voir nº 593.

1963

n2.

Voir nº 1370.

1963

n3.

Voir nº 1281.

1964

n1.

Le duc de Bourbon, lors de son ministériat durant la minorité de Louis XV, fit renvoyer en Espagne l’infante, qui devait épouser le roi. On l’accusa de vouloir précipiter une autre union, de crainte, en cas de décès du jeune monarque, d’une transmission de la couronne à la branche d’Orléans. Pâris-Duverney et Mme de Prie, la maîtresse du duc, songèrent à la sœur de ce dernier, Henriette Louis Marie Françoise Gabrielle de Bourbon, dite Mlle de Vermandois (Mémoires de M. l’abbé de Montgon publiés par lui-même, s. l., 1748, t. I, p. 93 ; Saint Simon, t. VII, p. 93 et notes 6 et 7).

1965

n1.

Zenón de Somodevilla y Bangoechea, marquis de la Ensenada (1702-1781), principal ministre de Ferdinand VI d’Espagne, entreprit entre 1743 et 1754 une série de réformes visant à moderniser l’économie espagnole ; voir Stanley J. Stein et Barbara H. Stein, Silver, Trade and War : Spain and America in the Making of Early Modern Europe, Baltimore, Johns Hopkins University Press, 2000, p. 234-249. Montesquieu l’a probablement rencontré, d’après la conversation avec « M.r de Baranachea » rapportée dans le Spicilège (nº 446).

1965

n2.

Lire : vient.

1965

n3.

Lire : laisse.

1965

n4.

Lire : faudrait.

1965

n5.

Lire : viendrait.

1966

n1.

En vertu de l’Assiento (ou Asiento ou Assiente), l’Angleterre, depuis le traité d’Utrecht (1713), bénéficiait, pour trente ans, de l’exclusivité de la traite négrière vers les États du roi d’Espagne en Amérique et de la permission d’envoyer là-bas chaque année un navire de 500 tonneaux (650 les dix premières années), le vaisseau de permission, chargé de marchandises qui pouvaient être librement vendues aux foires de Porto Bello et de Veracruz ; voir nº 2047. Le traité avait été rompu en 1739 avec les débuts de la guerre dite « de l’oreille de Jenkins » (voir nº 1886), alors qu’il devait s’appliquer jusqu’en 1743. Les quatre ans qui restaient furent rendus par la paix de 1748 ([Jean Paganucci], Manuel historique, géographique et politique des négociants, ou Encyclopédie portative de la théorie et de la pratique du commerce, Lyon, J.-M. Bruyset, 1762, t. I, art. « Assiente », p. 96). C’est donc entre cette date et la fin de l’intervention du secrétaire P (1750) qu’il faut situer cette remarque.

1966

n2.

Ces interdictions concernant « la dorure en habits & en meubles, les broderies en soie et les dentelles » sont évoquées dans l’article « Lisbonne », rédigé entre 1755 et 1762, du Manuel historique, géographique et politique des négociants, ou Encyclopédie portative de la théorie et de la pratique du commerce ([Jean Paganucci], Lyon, J.-M. Bruyset, 1762, t. II, p. 289) ; dans le vocabulaire du commerce, les modes désignent tout ce qui se vend pour les « ajustemens des Dames » : voir ibid., t. II, p. 427 (sens non attesté dans les dictionnaires de langue avant Académie, 1835).

1966

n3.

Par le traité de Methuen (1703), le Portugal, qui avait interdit l’entrée des étoffes de laine étrangères, autorisa celles de Grande-Bretagne et obtint en contrepartie l’exportation de ses vins vers ce pays, ce qui mit fin à la position commerciale dominante de la France au Portugal ; voir [Jean Paganucci], Manuel historique, géographique et politique des négociants, ou Encyclopédie portative de la théorie et de la pratique du commerce, Lyon, J.-M. Bruyset, 1762, t. III, p. 522-523.

1966

n4.

Le commerce du Brésil était réservé aux vaisseaux portugais mais les Anglais, pour les cargaisons au départ de Lisbonne et de Porto, se servaient de prête-noms ([Jean Paganucci], Manuel historique, géographique et politique des négociants, ou Encyclopédie portative de la théorie et de la pratique du commerce, Lyon, J.-M. Bruyset, 1762, t. II, p. 739) ; sur cette pratique pour contourner l’exclusif, voir nº 169-170.