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Pensées 1886 à 1890

M :Montesquieu 1726/1727-1755.
D :Bottereau-Duval 1718-1731.
E :1734-1739.
U :1739.
H :1741-1742.
J :1742.
K :1742-1743.
F :1743.
I :1743.
L :1743-1744.
O :1745-1747.
P :Damours 1748-1750.
Q :1750-1751.
R :Saint-Marc 1751-1754.
S :1754-1755.
V :1754.
JB :Jean-Baptiste Secondat ?-1795.
T :écriture des manchettes 1828-1835

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M : Montesquieu.
D : Bottereau-Duval_1721-1731.
H : 1741-1742.
P : Damours_1748-1750.
E : 1734-1739.
L : 1742-1744.
O : 1745-1747.
T : écriture des manchettes
JB : Jean-Baptiste_Secondat.
J : 1742.
K : 1742-1743.
F : 1743.
E2 :
I : 1743.
R : Saint-Marc_1751-1754.
Q : 1750-1751.
S : 1754-1755.
V : 1754.

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Pensées, volume III

1886

J’ai oui dire que dans nos isles de l’Amerique on comencoit à employer plus de chevaux et de mulets qu’on ne faisoit autrefois, au moins à St Domingue, et il y a des terres qui ont assez de profondeur pour souffrir le labour, les mulets mangent moins {f.125v} que les chevaux et travaillent plus.
Les negres sont si naturellement paresseux que ceux qui sont libres ne font rien et la plus part sont entretenus ou nouris par ceux qui sont serfs, ou demandent l’aumone ou sont miserables, on employe d’ailleurs les chevaux a porter le sucre au port.
On espere toujours un meilleur commerce aprés la paix ; mais l’année aprés la paix les denrées baissent ordinairement parce que le commerce devenant libre, personne ne se presse d’achetter[1].

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Main principale Q

1887

{f.126r} Histoire du commerce[1]

La navigation de la Mediterranée et de la mer Noire etoient les seules qu’on connût ; celle de l’ocean etoit impraticable ; la boussole n’avoit pas encore reuni l’univers[2]
Les voyages qu’un marchand de Constantinople ou de Smirne font dans deux mois, faisoient dans ce tems l’admiration du monde et etoient chantés par tous les poëtes[3] ; ainsi il ne faut pas s’etonner de voir tant de defectuosités dans les anciennes histoires, et tant d’empires et de royaumes dans l’oubli.
Il n’en etoit pas comme à present que tous les peuples sont si liés que {f.126v} l’histoire de l’un éclaircit toujours celle des autres.
Chaque grande nation se regardoit presque comme la seule : les Chinois croyoient que leur empire étoit le monde. Les Romains se croyoient les monarques de l’univers. L’impenetrable continent de l’Affrique, celui de l’Amerique formoient toute la terre pour ses conquerants.
La philosophie ne faisoit que decourager ceux qui auroient voulu tenter quelques decouvertes ; elle enseignoit que de cinq parties de la terre, il n’y en avoit que deux habitables, et que ceux qui étoient dans l’une ne pouvoient pas penetrér {f.127r} jusque dans l’autre.
Cependant tous les obstacles ont reculé devant les voyageurs.
Souvent on s’est garenti des ardeurs du soleil en se mettant au milieu de la zone torride, et souvent on s’est sauvé du grand froid en approchant de plus prés du pole. Souvent on a trouvé sur une même montagne la zone torride d’un côté et la zone glaciale de l’autre.
La mer a donné des passages où l’on croyoit qu’il n’y avoit que des terres et de grands continents ont paru dans les lieux où l’on ne soupçonnoit que de vastes mers
Les eclipses des astres ont été une source {f.127v} de connoissances, et ce que les hommes croyoient ne s’etre passé dans le ciel que pour les intimider n’y paroissoit que pour les conduire.

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Main principale Q

1888

Je voyois la liste des marchandises que les negotians d’Europe portent tous les ans à Smirne, je voyois avec plaisir que ces bonnes gens prenoient quatre cens balles de papier pour plier du sucre et ne prenoient que trente balles de papier pour ecrire :

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Main principale Q

1889

{f.128r} Despotisme

Il ne faut pas que les rois d’Europe s’exposent au despotisme de l’Asie. Ce petit bonheur d’avoir des volontés irrevocables s’y achette si cher qu’un home sensé ne le peut envier.
Les rois d’Europe gouvernent come des hommes et ils jouissent d’une condition aussi inalterable que celle des dieux, les rois d’Asie gouvernent comme les dieux et ils sont sans cesse exposés a la fragilité de celle des hommes

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Main principale Q

1890

{f.128v} Duel. Suicide

La loi de Platon (liv. 9 des Loix) vouloit qu’on ensevelit sans aucun honneur ceux qui se tuoient eux mêmes ; notre loi canonique

Voir la loi canonique au chapitre second.

leur refuse la sepulture aussi bien qu’a ceux qui sont tués en duel[1]. Ces loix font tres bien de punir par l’infamie des crimes la plus part du tems commis par orgueil

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Main principale Q


1886

n1.

La guerre dite « de l’oreille de Jenkins », front antillais de la guerre de Succession d’Autriche, prit fin en 1748. Entre 1750 et 1755, le port de Bordeaux expédiait en moyenne cent soixante-deux navires par an dont 50 à 60 % pour Saint-Domingue. Montesquieu pouvait avoir obtenu ces informations de relations bordelaises ; voir Philippe Chassaigne, « L’économie des îles sucrières dans les conflits maritimes de la seconde moitié du XVIIIe siècle », Histoire, économie et société, vol. 7, nº 1, 1988, p. 93-105.

1887

n1.

Matériaux pour L’Esprit des lois, livre XXI, « Des lois, dans le rapport qu’elles ont avec le commerce, considéré dans les révolutions qu’il a eues dans le monde ».

1887

n2.

Sur le rôle de cette invention dans l’ouverture de nouvelles routes commerciales, voir EL, XXI, 10 : Derathé, t. II, p. 39.

1887

n3.

Cf. EL, XXI, 6 : Derathé, t. II, p. 24.

1890

n1.

Cf. EL, XXIX, 9 ; Montesquieu est ici fidèle au texte de Platon (Lois, IX, 873d), que Condorcet lui reprochera d’avoir mal interprété dans L’Esprit des lois en présentant comme loi établie ce qui était jugé souhaitable (Derathé, t. II, p. 546, note 9). Sur le refus de sépulture aux morts par suicide et par duel dans le droit canonique, voir Giovanni Paulo Lancelotti, Institutes juris canonici […], liv. II, titre 24, « De sepulturis », col. 83, dans Corpus juris canoniciemendatum et notis illustratum, Gregorii XIII pont. max. jussu editum. Indicibus variis et novis et appendice Pauli Lancelotti, Lyon, 1605 – Catalogue, nº 989 ; Louis de Héricourt, Les Lois ecclésiastiques de France, Paris, D. Mariette, 1719, « Analyse des Décrétales […] », liv. III, titre 28 – Catalogue, nº 1010.