chapitre 29

capitulum XXIX

Sur la paix conclue entre Robert Guiscard et son frère Roger

De pace facta inter Robertum Guiscardum et Rogerium fratrem suum

Quand la nouvelle de ce complot lui fut rapportée, Guiscard, voyant qu’il était en train de perdre la Calabre et que la Pouille était tout entière en proie au désordre, fit venir son frère par des représentants et conclut la paix avec lui : il lui concédait la moitié de toute la Calabre depuis les sommets du mont Nicefola et du mont Squillace, territoire qu’ils avaient achevé de conquérir ou qu’ils avaient l’intention de conquérir jusqu’à Reggio1Le partage des terres de Calabre, décidé, selon Malaterra, à la fin du printemps ou au début de l’été 1058, n’a pas été appliqué avant 1062, après une nouvelle dissension puis réconciliation entre les deux frères (voir II, 28). L’accord aurait donné lieu à l’établissement d’un condominium d’après Chalandon – suivi par Pontieri –, selon lequel Robert et Roger détiendraient chacun la moitié de chaque forteresse et de chaque ville situées au sud de la ligne Rocca Niceforo-Squillace jusqu’à Reggio, qui reste encore à conquérir en 1058. La moitié septentrionale de la Calabre reste sous la domination de Robert, de sorte que la province est divisée en deux territoires, gouvernés, pour le nord, par le seul Robert et, pour le sud, par les deux frères à la fois (voir Hervé-Commereuc 1994, 83). Cette interprétation des termes de l’accord s’appuie sur des éléments d’information donnés par le récit de Malaterra : en II, 28, 5, Roger répond aux habitants de Gerace, lorsque ceux-ci lui reprochent d’édifier un château, qu’il est libre de le faire dans la partie de la ville qui lui est dévolue ; en III, 42 (Pontieri, p. 82, l. 28-29), Roger Borsa, fils de Robert Guiscard, concède pleinement à Roger la totalité des forteresses dont le comte ne possédait encore que la moitié : Omnia castella Calabriae, quorum necdum nisi medietatem cujusque comes Rogerius habebat, a nepote ad plenum sibi concessa consignantur. À propos de IV, 17, voir II, 45, 7. Sur cet accord et sa présentation par Malaterra, voir encore Fodale 2001, 28-32..

Quod cum Guiscardo renuntiatum [+] [renuntiatum C Z : nun- B ed. pr. [-]] renuntiatumrenuntiatumnuntiatum fuisset [+] [fuisset C Z : esset B Pontieri. [-]] fuissetfuissetesset, videns se [+] [post se add. versus in C Z ed. pr. [-]] sese versus in Calabriam perdere et Apuliam totam turbari, fratrem per legatos accersiens, pacem cum ipso [+] [ipso C B : eo Z ed. pr. [-]] ipsoipsoeo facit [+] [facit C def. Desbordes : fecit Z edd. confirmat B. [-]] facitfecitconfirmat, concedens ei [+] [ei Z : et C om. B. [-]] eieiet[om.] medietatem [+] [medietatem post calabriae transt. B. [-]] totius [+] [totius om. ed. pr. [-]]  Calabriaemedietatem totius Calabriaemedietatem totius Calabriaetotius Calabriae medietatemmedietatem Calabriae a [+] [a ZB : et C. [-]] aaaet jugo montis Nicefoli [+] [nicefoli ego : nichef- C nitef- Z nuchif- B niclef- Ca intef- ed. pr. nichif- Pontieri. [-]] NichefoliNitefoliNuchifoliNiclefoliIntefoliNichifolia'Nous avons uniformisé la graphie Nicefoli sans h, mais conservé la finale de génitif en i, témoin des fluctuations possibles de ce terme issu d’un anthroponyme grec. Sur l’identification de ce toponyme, voir I, 20, 1, note historique. et [+] [et om. Z ed. pr. [-]] etet[om.] montis Schillacii [+] [schillacii C : squil- Z squillachii B scyllatii ed. pr. sckillacii Pontieri. [-]] SquillaciiSquillachiiScyllatiiSckillacii, quod acquisitum erat vel quod usque [+] [quod usque C : quousque B Pontieri usque Z ed. pr. [-]] quousqueusque RegiumRegiumRegium [+] [Z1 : Regium [-]] [om.]Rhegium essent acquisituri.

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1Le partage des terres de Calabre, décidé, selon Malaterra, à la fin du printemps ou au début de l’été 1058, n’a pas été appliqué avant 1062, après une nouvelle dissension puis réconciliation entre les deux frères (voir II, 28). L’accord aurait donné lieu à l’établissement d’un condominium d’après Chalandon – suivi par Pontieri –, selon lequel Robert et Roger détiendraient chacun la moitié de chaque forteresse et de chaque ville situées au sud de la ligne Rocca Niceforo-Squillace jusqu’à Reggio, qui reste encore à conquérir en 1058. La moitié septentrionale de la Calabre reste sous la domination de Robert, de sorte que la province est divisée en deux territoires, gouvernés, pour le nord, par le seul Robert et, pour le sud, par les deux frères à la fois (voir Hervé-Commereuc 1994, 83). Cette interprétation des termes de l’accord s’appuie sur des éléments d’information donnés par le récit de Malaterra : en II, 28, 5, Roger répond aux habitants de Gerace, lorsque ceux-ci lui reprochent d’édifier un château, qu’il est libre de le faire dans la partie de la ville qui lui est dévolue ; en III, 42 (Pontieri, p. 82, l. 28-29), Roger Borsa, fils de Robert Guiscard, concède pleinement à Roger la totalité des forteresses dont le comte ne possédait encore que la moitié : Omnia castella Calabriae, quorum necdum nisi medietatem cujusque comes Rogerius habebat, a nepote ad plenum sibi concessa consignantur. À propos de IV, 17, voir II, 45, 7. Sur cet accord et sa présentation par Malaterra, voir encore Fodale 2001, 28-32.

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a'Nous avons uniformisé la graphie Nicefoli sans h, mais conservé la finale de génitif en i, témoin des fluctuations possibles de ce terme issu d’un anthroponyme grec. Sur l’identification de ce toponyme, voir I, 20, 1, note historique.