Chapitre 75

[1491/vue 44] Capitulum LXXV1caput 74 1536.

Rayte [la raie1La raie, peut-être la raie bouclée (Raja clavata Linné, 1758) qui est l’espèce la plus commune, est ici décrite de manière très précise, à travers ses signes distinctifs les plus caractéristiques, et notamment la disposition si particulière de son orifice buccal, situé sur la partie ventrale de l’animal. Voir De Saint-Denis 1947, 93 ; D’Arcy Thompson 1947, 26-28.] et raha [la torpille2La torpille (Raja torpedo Linné, 1758) est souvent assimilée à la famille des rajidés (on parle ainsi de « raie électrique »), mais relève d’une catégorie distincte, les torpédinidés ; des muscles électrogènes, situés autour de ses ouïes, sont capables d’émettre une décharge électrique (pouvant atteindre jusqu’à 220 volts), qui paralyse ses proies. Pour les références aux textes anciens, on se reportera à De Saint-Denis 1947, 115.] [+][VB 17, 84 De raithe et raha [-]][+]

Rayte et raha [+][VB 17, 84 De raithe et raha [-]][+]

Renvois internes : Rayte : cf. Ryachae, ch. 78.
Raha : cf. Narcos, ch. 63 ; Torpedo, ch. 92.

Lieux parallèles : Rayte dans TC, De raithis (7, 68) ; AM, [Raythae] (24, 103 (50)).

poisson

[1] [] VB 17, 84, 1D’après le Liber de natura rerum. [] TC 7, 68La raie, qui est appelée rahis en français, est un poisson de mer mis au rang des espèces de qualité. C’est pourtant une espèce tout à fait bon marché, et notamment là où le poisson est abondant. Elle est à peu près ronde, et presque aussi longue que large. Elle a des yeux horribles. Sa bouche livide est elle aussi affreuse et ne se trouve pas au même endroit que chez les autres poissons, mais sur le ventre : elle n’est pas là où se trouvent sa tête et ses yeux. Elle possède une queue très longue, comme la couleuvre, avec dessus des épines très acérées. Elle a aussi parfois une pierre dans la tête, et on ne croit pas que la nature a fait cela sans raison3Sur cet élément de description, voir Amnis, ch. 9.. Ses chairs sont difficiles à digérer, comme la viande de bœuf. Selon Aristote, elle engraisse quand souffle le vent du sud4Cette caractéristique a déjà été attribuée à la Botha, ch. 13 (le flet) et vient d’Arist. HA 602 a 23-25 MS : Et quidam pisces inpinguantur vento septentrionali et quidam meridionali. Et pisces longi inpinguantur septentrionali, et propter hoc deprehenduntur multi illorum in estate, et pisces ampli cum meridionali, « Et certains poissons engraissent quand souffle le vent du nord, d’autres, quand souffle le vent du sud. Les poissons longs engraissent par vent de nord, et à cause de cela on les prend en grand nombre en été, tandis que les poissons larges engraissent par vent de sud »..

[1] [] VB 17, 84, 1Ex Libro2libris 1491 Prüss1. de naturis rerum3Vincent de Beauvais suit fidèlement le texte de Thomas de Cantimpré : s’il est un peu plus concis, il reprend tous les aspects retenus par sa source. Il corrige cependant la leçon impregnantur en impinguantur.. [] TC 7, 68Rayte4raithe VB., quae rahis5rais VB. gallice dicuntur6dicitur VBd., est piscis maris inter pisces nobiles reputatus, admodum vilis, et hoc ubi est piscium copia7post copia add. et 1536.. Propemodum rotundus est, et in longitudine et latitudine fere aequalis. Oculos habet horribiles. Os quoque deformitate lividum8On trouve luridum, de sens voisin, chez Thomas de Cantimpré., et hoc non eo loco quo pisces ceteri, sed loco ventris ; ubi vero caput et oculi sunt, os non habet9habent 1491 VB2.. Caudam habet praelongam ut coluber et in ea spinulas quasdam acutas valde. Habet et quandoque in capite lapidem, nec credimus quod natura creaverit eum inutilem. Hujus carnes indigestibiles sunt ut carnes bovinae. Impinguatur, ut dicit Aristoteles, vento meridionali flante.

[2] [] VB 17, 84, 2Iorach. [] AS 2, 8, 27aIl existe un poisson du nom de la torpille qui paralyse, au point que, lorsqu’on le porte dans un filet, l’engourdissement gagne la main du porteur. Il se dissimule dans le sable et dans la vase. Il capture tous les poissons qui s’approchent <de lui> et, parce qu’il les paralyse au point que ceux-ci ne peuvent pas bouger, il s’en empare et les dévore.

[2] [] VB 17, 84, 2Jorath. [] AS 2, 8, 27aQui est piscis, qui nominatur Rahas. Et est iste piscis stupefaciens ; quia, cum portatur in rete, pervenit stupor eius ad manum qua portatur. Et iste piscis occultatur in harena et luto. Et venatur totum quod appropinquat ei ex piscibus, quia stupefacit ipsos et non possunt moveri, ipse ergo consequitur et comedit eos (Iorach est cité d’après Arnold de Saxe). Voir Draelants 2000, 263.Est autem piscis nomine rahas stupefaciens, ita quod, cum rete10reti 1491 VB. portatur, pervenit stupor ejus ad manum qua portatur. Hic occultatur in arena et luto. Venaturque totum quod ex piscibus appropinquat11post appropinquat hab. ei VB. et, quia stupefacit eos ita quod non possunt moveri, ipseque consequitur illos et comedit eos.

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1La raie, peut-être la raie bouclée (Raja clavata Linné, 1758) qui est l’espèce la plus commune, est ici décrite de manière très précise, à travers ses signes distinctifs les plus caractéristiques, et notamment la disposition si particulière de son orifice buccal, situé sur la partie ventrale de l’animal. Voir De Saint-Denis 1947, 93 ; D’Arcy Thompson 1947, 26-28.

2La torpille (Raja torpedo Linné, 1758) est souvent assimilée à la famille des rajidés (on parle ainsi de « raie électrique »), mais relève d’une catégorie distincte, les torpédinidés ; des muscles électrogènes, situés autour de ses ouïes, sont capables d’émettre une décharge électrique (pouvant atteindre jusqu’à 220 volts), qui paralyse ses proies. Pour les références aux textes anciens, on se reportera à De Saint-Denis 1947, 115.

3Sur cet élément de description, voir Amnis, ch. 9.

4Cette caractéristique a déjà été attribuée à la Botha, ch. 13 (le flet) et vient d’Arist. HA 602 a 23-25 MS : Et quidam pisces inpinguantur vento septentrionali et quidam meridionali. Et pisces longi inpinguantur septentrionali, et propter hoc deprehenduntur multi illorum in estate, et pisces ampli cum meridionali, « Et certains poissons engraissent quand souffle le vent du nord, d’autres, quand souffle le vent du sud. Les poissons longs engraissent par vent de nord, et à cause de cela on les prend en grand nombre en été, tandis que les poissons larges engraissent par vent de sud ».

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1caput 74 1536.

2libris 1491 Prüss1.

3Vincent de Beauvais suit fidèlement le texte de Thomas de Cantimpré : s’il est un peu plus concis, il reprend tous les aspects retenus par sa source. Il corrige cependant la leçon impregnantur en impinguantur.

4raithe VB.

5rais VB.

6dicitur VBd.

7post copia add. et 1536.

8On trouve luridum, de sens voisin, chez Thomas de Cantimpré.

9habent 1491 VB2.

10reti 1491 VB.

11post appropinquat hab. ei VB.

Annotations scientifiques

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