Chapitre 32

[1491/vue 20] Capitulum XXXII1caput 30 1536.

Equus marinus [« le cheval de mer »1L’equus marinus est une créature imaginaire, directement issue des légendes mythologiques et des arts figurés, et sans rapport aucun avec l’hippocampe. Il est représenté sous la forme d’un monstre hybride mi-cheval mi-poisson, très souvent présent dans les scènes mythologiques : il participe notamment du cortège traditionnel de Neptune et Amphitrite. De Saint-Denis 1947, 36, assimile ces equi marini à de « gigantesques hippocampes », ce qui ne saurait constituer une explication satisfaisante, ne serait-ce que d’un point de vue étymologique, dans la mesure où la dénomination latine n’est nullement un calque du grec ἱππόκαμπος ; voir Février (dir.) 2009, 33-47. La notice de l’Hortus sanitatis fait ici référence au monstre mythologique, en aucun cas à l’animal que nous nommons hippocampe et qui, pourtant, était connu des Anciens. Sur cette distinction, voir D’Arcy Thompson 1947, 93-94.], equonilus et equus fluminis [le cheval du Nil : hippopotame2« Cheval du Nil » et « cheval du fleuve » ne désignent probablement qu’un seul et même animal, l’hippopotame (Hippopotamus amphibius Linné, 1758) ; voir Kitchell & Resnick 1999, 1680-1681, n. 150-154. Voir Plin. nat. 8, 95 : Maior altitudine in eodem Nilo belua hippopotamius editur, ungulis binis quales bubus, dorso equi et iuba et hinnitu, rostro resimo, cauda et dentibus aprorum aduncis, sed minus noxiis, tergoris ad scuta galeasque inpenetrabilis, praeterquam si umore madeant. Depascitur segetes destinatione ante, ut ferunt, determinatas in diem et ex agro ferentibus uestigiis, ne quae reuertenti insidiae comparentur, « Il naît dans le même Nil une bête beaucoup plus haute de taille, l’hippopotame. Il a le sabot fendu comme les bœufs, la croupe, la crinière, et le hennissement du cheval, le museau camus et retroussé, la queue du sanglier et ses boutoirs, mais moins dangereux, un cuir dont on fait des boucliers et des casques impénétrables, sauf s’ils sont mouillés. Il dévaste les récoltes, et on assure qu’il détermine chaque jour la moisson qu’il a résolu de dévorer le lendemain, et qu’il entre à reculons dans les champs, pour éviter qu’on ne lui tende des embûches à son retour » (Ernout 1952, 56).] [+][VB 17, 115 De equo marino et equonilo et equo fluminis [-]][+]

Equus marinus, equonilus et equus fluminis [+][VB 17, 115 De equo marino et equonilo et equo fluminis [-]][+]

Renvois internes : Equus fluminis : cf. Ypotamus, ch. 103.

Lieux parallèles : Equus marinus dans TC, De equis marinis (6, 18) ; AM, [Equus maris] (24, 43 (30)).
Equonilus dans TC, De equo Nili fluminis (6, 19) ; AM, [Equus Nili] (24, 44 (30)).
Equus fluuialis dans TC, De equo fluminis (6, 20) ; AM, [Equus fluminis] (24, 45 (30)).

poisson

[1] [] VB 17, 115, 1Isidore. [] Isid. orig. 12, 6, 9 Les chevaux de mer sont ainsi dénommés parce que ce sont des chevaux par leur partie antérieure et qu’à l’arrière ils finissent en poisson.

[1] [] VB 17, 115, 1Isidorus. [] Isid. orig. 12, 6, 9Equi marini, quod prima parte equi sunt, postrema soluuntur in piscem. […] Equi marini prima parte equi sunt, postrema resoluuntur in pisces.Equi marini vocati sunt eo quod prima parte equi sunt, postrema vero solvuntur in piscem2Voir aussi Serv. auct. georg. lib. 4, comm. ad versum 387 : eosdem et pisces et equos dicit..

Propriétés et indications

Operationes

[2] [] VB 17, 115, 2A. D’après le Liber de natura rerum. [] TC 6, 18Le cheval de mer est un monstre d’une exceptionnelle vigueur. Il ne peut rien faire hors de l’eau, selon Aristote, mais sitôt qu’il perdra le contact avec l’élément liquide, il perdra aussi la vie.

[2] [] VB 17, 115, 2A. Ex Libro de naturis rerum3Les operationes A et B reprennent fidèlement le texte de Thomas de Cantimpré, à l’exception d’une phrase que Thomas de Cantimpré, sans le préciser, avait puisée chez Isidore de Séville et qui figure, dans l’Hortus santiatis, en tête du chapitre.. [] TC 6, 18Equus marinus est monstrum fortissimum. Nihil extra aquam potest, ut dicit Aristoteles4L’information donnée par Thomas de Cantimpré vient sans doute de cet enseignement d’Aristote (Arist. HA 589 a 24-29 MS) : Et multa animalia <ambulantia et> anhelantia habent cibum ab aqua. Et quedam animalia manent in aqua, ita quod non possunt vivere extra aquam, sicut tartuce aquee et tenchee et equus aquosus et genus ranarum ; quoniam omnia ista moriuntur, si separentur ab aqua. ; sed statim ut aquarum caruerit natura, carebit et vita.

[3] [] VB 17, 115, 2B. [] TC 6, 18Il se nourrit de la chair des autres poissons. Il est cruel au combat, mais il redoute l’homme et craint de l’affronter.

[3] [] VB 17, 115, 2B. [] TC 6, 18Aliorum piscium carnibus5piscium carnibus : piscibus carnium 1491 Prüss1. vivit. In pugna crudele6crudelis 1536. est ; sed hominem timet et contra eum partiri7patiri 1536 VBd. bella8bello VBd. formidat.

[4] [] VB 17, 115, 2C. Nota HSLe même. [] TC 6, 19Le cheval du Nil est, selon Michel, un monstre énorme, d’une vigueur exceptionnelle, qui vit dans le Nil.

[4] [] VB 17, 115, 2C. compil.Idem9idem non hab. VB.10Les operationes C à F reprennent à l’identique le texte de Thomas de Cantimpré, dont Vincent de Beauvais n’a pas rappelé le nom, bien que Thomas de Cantimpré ait consacré au cheval du Nil un paragraphe spécifique. Le rappel du marqueur par idem est donc une précision apportée par l’auteur de l’Hortus sanitatis.. [] TC 6, 19Equonilus, ut dicit Michael11Dans sa préface à la récente édition du De proprietatibus rerum de Barthélemy l’Anglais, Van den Abeele suggère de voir, derrière le marqueur Misaël, présent chez Barthélemy, une référence à Michel Scot ; mais, comme l’éditeur lui-même en convient prudemment, cette idée reste à vérifier (voir Van den Abeele 2007, 9). On pourrait penser que par cette mention, Vincent de Beauvais se réfère lui aussi à Michel Scot., monstrum est ingens ac fortissimum12ferocissimum VB. in Nilo habitans.

[5] [] VB 17, 115, 2D. [] TC 6, 19Il a les pattes, les pieds et les griffes du crocodile, mais en beaucoup plus grand. Il cherche sans cesse à causer la mort des hommes. Car, lorsque dans un port un navire s’avance vers lui, posant une patte sur la berge et agrippant de l’autre l’avant du navire, il le fracasse sans effort ou bien parfois le fait chavirer, puis sombrer.

[5] [] VB 17, 115, 2D. [] TC 6, 19Crura, pedes et ungues habet ut cocodrillus, sed multo majora. Humanarum mortium cupidissimum est. Nam cum ei navis in portu occurrerit, unum pedem in terra figens, altero navem in anteriori arripiens facillime scindit vel inclinatam aliquando mergit.

[6] [] VB 17, 115, 2E. [] TC 6, 19C’est pour cela qu’aux lieux où il séjourne, il cause la perte d’un très grand nombre d’hommes ; mais on est très rarement confronté à ce fléau.

[6] [] VB 17, 115, 2E. [] TC 6, 19Unde in locis in quibus habitat immanis multitudo hominum perditur per eum ; sed hoc malum rarissime invenitur.

[7] [] VB 17, 115, 2F. [] TC 6, 19Aucun outil ne permet de l’attraper, si ce n’est un filet de mailles de fer que fabriquent, tout exprès, les habitants de Damas. De même, une fois qu’on l’a capturé, on ne peut le tuer qu’avec des marteaux de fer. On prétend que sa peau est épaisse d’une coudée et qu’elle est si dure qu’aucun trait, ni aucune arme, ne peut l’entamer.

[7] [] VB 17, 115, 2F. [] TC 6, 19Nullis13nullus 1491 Prüss1 VB2. capi possit14potest 1536 posset VB. instrumentis nisi rheti ferreo ex cathenis apud Damascenos in hoc opus fabricatis15fabricato VB.. Captum quoque malleis16melleis VBd per errorem typographi. tantum ferreis occiditur. Pellis ejus unius cubiti spissitudinem habere dicitur tantaeque esse duritiae17duriciei 1536. ut nullo jaculo et armatura penetrari possit.

[8] [] VB 17, 115, 2G. Nota HSLe même. [] TC 6, 20Le cheval du fleuve, selon Aristote, est un monstre que l’on trouve en Orient : sa morphologie est extraordinaire et il est d’une taille gigantesque.

[8] [] VB 17, 115, 2G. compil.Idem18idem non hab. VB.19Même remarque que ci-dessus, ch. 32, 4 : la description du cheval du fleuve, auquel Thomas de Cantimpré a consacré un chapitre particulier, a été recopiée fidèlement par Vincent de Beauvais.. [] TC 6, 20Equus fluminis20fluvialis Prüss1 1536., ut dicit Aristoteles21Voir Arist. HA 502 a 9 MS : Equus vero fluminis, qui manet in terra Egipti, habet crines equi, et pedes eius sunt fissi, et habent sotulares ut vaca et habet simam faciem, et habet in pedibus kahab et dentes eius cornua et cauda eius sicut cauda porci, et hinnit sicut equus, et magnitudo eius sicut magnitudo asini, et corium eius valde grossum ; quapropter parantur ex eo sotulares. Eius uero interius assimilatur interiori equi et asini. Voir encore Arist. HA 589 a 24-29 MS, cité ch. 32, 2, note philologique, et Arist. HA 605 a 13-14 MS., est monstrum in Oriente forma mirabili, sublimis faciei.

[9] [] VB 17, 115, 2H. [] TC 6, 20Il a la crinière du cheval, les sabots fendus et les astragales de la vache et la queue du cochon.

[9] [] VB 17, 115, 2H. [] TC 6, 20Crines habet ut equus, pedes fissos et sotulares ut vacca, caudam ut porcus.

[10] [] VB 17, 115, 2I. [] TC 6, 20Son cuir est très épais. Sa constitution interne est celle du cheval, et sa taille celle de l’âne. Il hennit comme le cheval. On dit qu’il séjourne autant sur la terre ferme que dans la mer.

[10] [] VB 17, 115, 2 I. [] TC 6, 20Corium ejus valde grossum22crassum VBd. est ; interiora ejus23ejus om. 1536. ut equi, magnitudo autem ut24autem ut om. 1536. asini. Hinnit ut equus. In terra et in aquis aequaliter manere dicitur.

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1L’equus marinus est une créature imaginaire, directement issue des légendes mythologiques et des arts figurés, et sans rapport aucun avec l’hippocampe. Il est représenté sous la forme d’un monstre hybride mi-cheval mi-poisson, très souvent présent dans les scènes mythologiques : il participe notamment du cortège traditionnel de Neptune et Amphitrite. De Saint-Denis 1947, 36, assimile ces equi marini à de « gigantesques hippocampes », ce qui ne saurait constituer une explication satisfaisante, ne serait-ce que d’un point de vue étymologique, dans la mesure où la dénomination latine n’est nullement un calque du grec ἱππόκαμπος ; voir Février (dir.) 2009, 33-47. La notice de l’Hortus sanitatis fait ici référence au monstre mythologique, en aucun cas à l’animal que nous nommons hippocampe et qui, pourtant, était connu des Anciens. Sur cette distinction, voir D’Arcy Thompson 1947, 93-94.

2« Cheval du Nil » et « cheval du fleuve » ne désignent probablement qu’un seul et même animal, l’hippopotame (Hippopotamus amphibius Linné, 1758) ; voir Kitchell & Resnick 1999, 1680-1681, n. 150-154. Voir Plin. nat. 8, 95 : Maior altitudine in eodem Nilo belua hippopotamius editur, ungulis binis quales bubus, dorso equi et iuba et hinnitu, rostro resimo, cauda et dentibus aprorum aduncis, sed minus noxiis, tergoris ad scuta galeasque inpenetrabilis, praeterquam si umore madeant. Depascitur segetes destinatione ante, ut ferunt, determinatas in diem et ex agro ferentibus uestigiis, ne quae reuertenti insidiae comparentur, « Il naît dans le même Nil une bête beaucoup plus haute de taille, l’hippopotame. Il a le sabot fendu comme les bœufs, la croupe, la crinière, et le hennissement du cheval, le museau camus et retroussé, la queue du sanglier et ses boutoirs, mais moins dangereux, un cuir dont on fait des boucliers et des casques impénétrables, sauf s’ils sont mouillés. Il dévaste les récoltes, et on assure qu’il détermine chaque jour la moisson qu’il a résolu de dévorer le lendemain, et qu’il entre à reculons dans les champs, pour éviter qu’on ne lui tende des embûches à son retour » (Ernout 1952, 56).

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1caput 30 1536.

2Voir aussi Serv. auct. georg. lib. 4, comm. ad versum 387 : eosdem et pisces et equos dicit.

3Les operationes A et B reprennent fidèlement le texte de Thomas de Cantimpré, à l’exception d’une phrase que Thomas de Cantimpré, sans le préciser, avait puisée chez Isidore de Séville et qui figure, dans l’Hortus santiatis, en tête du chapitre.

4L’information donnée par Thomas de Cantimpré vient sans doute de cet enseignement d’Aristote (Arist. HA 589 a 24-29 MS) : Et multa animalia <ambulantia et> anhelantia habent cibum ab aqua. Et quedam animalia manent in aqua, ita quod non possunt vivere extra aquam, sicut tartuce aquee et tenchee et equus aquosus et genus ranarum ; quoniam omnia ista moriuntur, si separentur ab aqua.

5piscium carnibus : piscibus carnium 1491 Prüss1.

6crudelis 1536.

7patiri 1536 VBd.

8bello VBd.

9idem non hab. VB.

10Les operationes C à F reprennent à l’identique le texte de Thomas de Cantimpré, dont Vincent de Beauvais n’a pas rappelé le nom, bien que Thomas de Cantimpré ait consacré au cheval du Nil un paragraphe spécifique. Le rappel du marqueur par idem est donc une précision apportée par l’auteur de l’Hortus sanitatis.

11Dans sa préface à la récente édition du De proprietatibus rerum de Barthélemy l’Anglais, Van den Abeele suggère de voir, derrière le marqueur Misaël, présent chez Barthélemy, une référence à Michel Scot ; mais, comme l’éditeur lui-même en convient prudemment, cette idée reste à vérifier (voir Van den Abeele 2007, 9). On pourrait penser que par cette mention, Vincent de Beauvais se réfère lui aussi à Michel Scot.

12ferocissimum VB.

13nullus 1491 Prüss1 VB2.

14potest 1536 posset VB.

15fabricato VB.

16melleis VBd per errorem typographi.

17duriciei 1536.

18idem non hab. VB.

19Même remarque que ci-dessus, ch. 32, 4 : la description du cheval du fleuve, auquel Thomas de Cantimpré a consacré un chapitre particulier, a été recopiée fidèlement par Vincent de Beauvais.

20fluvialis Prüss1 1536.

21Voir Arist. HA 502 a 9 MS : Equus vero fluminis, qui manet in terra Egipti, habet crines equi, et pedes eius sunt fissi, et habent sotulares ut vaca et habet simam faciem, et habet in pedibus kahab et dentes eius cornua et cauda eius sicut cauda porci, et hinnit sicut equus, et magnitudo eius sicut magnitudo asini, et corium eius valde grossum ; quapropter parantur ex eo sotulares. Eius uero interius assimilatur interiori equi et asini. Voir encore Arist. HA 589 a 24-29 MS, cité ch. 32, 2, note philologique, et Arist. HA 605 a 13-14 MS.

22crassum VBd.

23ejus om. 1536.

24autem ut om. 1536.

Annotations scientifiques

  • Donec tempor euismod sagittis
  • Cum sociis natoque penatibus
  • Morbi tempus nulla sed quam vestibulum
  • Donec eleifend aliquam interdum