Histoire culturelle de l'Europe

Aïssa Messaoudi

Les phraséologismes à caractère religieux en classe de français langue étrangère : le cas des apprenants chinois et coréens

Article

Résumé

Dans cet article, nous nous interrogeons sur l’impact des phraséologismes à connotation religieuse sur les apprenants chinois et coréens du français langue étrangère. De fait, les réalités religieuses de la Chine et de la Corée du Sud sont bien éloignées du traditionnel catholicisme de la France d’une part et de sa laïcité d’autre part. La Chine, tout en reconnaissant cinq religions officielles, est principalement caractérisée un syncrétisme de croyances ancestrales. De son côté, la Corée du Sud baigne aussi dans un mélange de croyances, avec le confucianisme en filigrane. Toutes ces croyances se retrouvent en classe de langue et se pose alors la question du dialogue interculturel, en particulier dans une communication exolingue. Le syncrétisme ambiant régnant dans ses pays prédispose dans une certaine mesure les apprenants à une certaine ouverture. Mais c’est surtout la contextualisation de ces phraséologismes dans leur genèse qui permet à l’apprenant de se les approprier totalement. Cette recherche gagnerait à être appliquée pour comparaison sur une société monoreligieuse ou même à la société française.

Abstract

In this research paper, we question the impact of phraseological units with religious connotations on Chinese and Korean learners of French as a foreign language. Indeed, the religious realities of China and South Korea are different from the traditional Catholicism of France as well as from its secular character. China, while recognizing five official religions, is caracterised by a syncretism of ancestral beliefs. In South Korea there is also a mixture of beliefs, with Confucianism in the background. All these beliefs are represented in language class and then the question of intercultural dialogue arises, in particular in exolingual communication. The prevailing syncretism in these countries inclines learners to a certain degree of openness. However, it is above all the contextualization of these phraseological units in their genesis that will allow the learner to fully assimilate them. This research would benefit from being applied on a monoreligious society or even on French society.

Texte intégral

1Les phraséologismes français (plus communément appelés expressions idiomatiques et proverbes)1 reflètent l’histoire culturelle de la France. Remontant au Moyen Âge et bien au-delà pour certains, ils couvrent différents aspects : l’alimentation de base (bon comme du bon pain), un humour parfois teinté d’ironie (aimable comme une porte de prison), des craintes (se jeter dans la gueule du loup), des stéréotypes qu’ils soient positifs (fort comme un Turc) ou négatifs (soul comme un Polonais) et, entre autres, des croyances religieuses que les Français ont fait siennes (Ce n’est pas catholique !) ou pas (Ce n’est pas orthodoxe !).

2Ces expressions entièrement lexicalisées n’impliquent pas nécessairement que le locuteur adhère à leurs contenus originels, mais comme avec tout vocabulaire, cela est toujours une responsabilité, ainsi que le rappelle Schapira2. L’enseignant du français en tant que langue étrangère (FLE) doit-il craindre des réactions antagoniques de ses apprenants étrangers, en l’occurrence chinois et coréens, lors de l’enseignement-apprentissage de ces phraséologismes à caractère religieux ? Si c’est le cas, quels sont les phraséologismes qui peuvent poser problèmes dans ces deux pays aux croyances bien éloignée de celles de la France ?

3Pour répondre à toutes ses interrogations, nous présenterons dans un premier temps brièvement la situation religieuse et linguistiques de la France. Nous ne pourrons traiter malheureusement que du français standard parlé en France métropolitaine. Ensuite, nous définissons, tout en l’exemplifiant au fur et à mesure, la phraséodidactique, discipline relativement nouvelle où il règne encore un grand chaos définitoire. De là, nous nous focaliserons sur les phraséologismes à caractères religieux puis sur ceux qui pourraient heurter la sensibilité de nos apprenants chinois et coréens. Pour ce faire, nous devons nous attarder également un instant sur le paysage religieux des pays respectifs de ces deux publics. l nous sera plus aisé de saisir tous les enjeux qui se déroulent en classe de français langue étrangère lorsqu’il s’agit d’aborder la question de l’enseignement-apprentissage des phraséologismes à caractères religieux.

L’identité linguistico-religieuse de la France

4Indissociables l’une de l’autre, la culture (dont fait partie la religion) et la langue3 ont évolué conjointement en s’influençant au fil du temps. En effet, comme l’écrit Windmüller4 à ce sujet :

une langue est en elle-même un produit culturel. Elle naît et évolue grâce à un groupe social qui la reconnaît, l’utilise et continue à la transmettre. La langue est une partie de la culture, car les individus se servent de la langue pour codifier et caractériser les composantes culturelles de leur société.

5Pendant presque tout le Moyen Âge (476-1492), le royaume de France est catholique et connaît une ferveur religieuse au point de donner lieu à plusieurs croisades entre 1095 et 1270. Une expression idiomatique verra le jour de ces huit expéditions : partir en croisade5. L’époque moderne de 1492 à 1792 voit un processus de déchristianisation politique s’enclencher pendant la Révolution Française (1789 à 1799) qui reste encore majoritairement catholique et pratiquante, comme le précise Dousset6. Le 9 décembre 1905 la loi sur la séparation des Églises et de l’État est adoptée au profit de la laïcité qui a pour devise Liberté, Égalité, Fraternité.

6L’Observatoire de la laïcité définie la laïcité sous trois axes sur le site du gouvernement de la République Française7 :

7- La liberté8 de conscience et celle de manifester ses convictions dans les limites du respect de l’ordre public.

8- La séparation des institutions publiques et des organisations religieuses. L’État ne reconnaît, ni ne salarie aucun culte.

9- L’égalité de tous devant la loi, quelles que soient leurs croyances ou leurs convictions.

10« La France est un pays laïc, de tradition et de culture catholiques » comme le résume encore Laurence Duboys Fresney en 20219. Le catholicisme romain reste la religion dominante en France mais selon une étude du Pew Research Center de 2015, elle sera reléguée en deuxième position au profit de l’irréligion qui comptera le plus d’adeptes en 2050. Les croyances évoluent au même rythme que la langue et des phraséologismes traditionnels comme Ce n’est pas catholique ! cèdent progressivement leur place à des phraséologismes en devenir comme Ce n’est pas Charlie !

11Le français d’aujourd’hui est le fruit d’un long processus linguistique qui tire ses origines géographiques de la Gaule romaine. Cette langue issue du latin vulgaire que l’on opposait au latin classique et ecclésiastique prend une importance politique significative en 842 avec les Serments de Strasbourg, le premier document officiel écrit en roman. De là émerge naturellement l’ancien français (de 750 à 1400), fortement influencé par la langue d’Oïl, de laquelle émergera la variété appelée moyen français (de 1340 à 1611), la langue officielle du royaume de France. Le français classique va servir de base normative pour le français moderne puis contemporain

12L’Histoire de la France fait que sa langue s’est exportée dans le monde. À la date du 20 mars 2021, la population francophone mondiale s’élève à plus de 312,7 millions de locuteurs selon la plateforme Francoscope10qui regroupe les travaux de l’ODSEF11 et de l’OIF12. Le français est parlé sur tous les continents en tant que langue maternelle ou seconde13 et jusqu’en 2017, après des siècles à avoir eu l’Europe en tant que foyer principal, c’est sur le continent africain que la langue française est le plus parlée, en particulier à Kinshasa avec ses 14.6 millions d’habitants, qui devient au janvier 2021 la première ville francophone au monde détrônant pour l’occasion Paris et ses 11.1 millions d’habitants14.

Les phraséologismes à caractère religieux

13La phraséologie est une discipline relativement récente née de la lexicologie et/ou de la syntaxe selon les spécialistes. Il y est principalement étudié les phraséologismes (aussi appelés phrasèmes ou unités phraséologiques). Le néophyte comme l’initié font usage d’une profusion de termes15 pour désigner les phraséologismes dans leur ensemble ou un type en particulier comme l’explique Gledhill16. Aussi, les phraséologues favoriseront une typologie plutôt qu’une autre en fonction du champ où ils souhaitent opérer (sémantique, stylistique, lexicale, étymologique, lexicographique, didactique, pragmatique, etc.). La phraséologie est transdisciplinaire. Selon une définition relativement récente qui n’oublie aucun des aspects de la phraséologie, un phraséologisme est

une séquence polylexicale constituée de deux ou plusieurs mots graphiques catégoriquement liés, contigus ou non. Les UP se caractérisent linguistiquement par : (i) un certain degré de fixité syntaxique (blocage des propriétés transformationnelles et ordre des constituants inaltérable) ; et/ou (ii) un certain degré de figement sémantique (non-compositionnalité au moins partielle) ; et/ou (iii) un certain degré de figement lexical restriction paradigmatique ; et/ou (iv) une contrainte sur l’emploi en situation de communication.
Ces contraintes se traduisent généralement par un certain degré de collocabilité mesurable statistiquement en termes de fréquence de cooccurrence des constituants.17

14De cette définition, il est possible de classer les phraséologismes en trois sous-catégories : les collocations, les locutions idiomatiques et les parémies qui se différencient tous principalement par leur degré de figement. Observons les exemples ci-dessous (a), (b), (c) et (d). Une fois passée la composition libre (a), on entre dans le continuum phraséologique où pèse déjà un léger figement syntaxique sur les collocations (b), qui s’alourdit davantage sur les locutions idiomatiques (c) pour devenir total sur les parémies (d).

(a) Un gentil moine ;
(b) Un moine blanc ;
(c) Vivre comme un moine ;
(d) L’habit ne fait pas le moine.

Ces groupes de mots changés en statue de sel

15Le premier groupe, celui des collocations, vient juste après la composition libre. La collocation présente déjà des signes de figement syntaxique pour ne pas dire de préférences lexicales. Elle est généralement composée d’une base dont le sens est sémantiquement transparent et d’un collocatif. Dans l’exemple (b), le nom moine est effectivement sémantiquement transparent en faisant référence à un religieux. Pour autant, il est impossible de remplacer moine par religieux sous peine de perdre le sens de ce phraséologisme (* un religieux blanc serait maladroit pour désigner les moines de cet ordre). À l’inverse, son collocatif, blanc, est sémantiquement opaque et difficilement prédictible pour le profane. Est-ce une référence à la couleur de peau, aux vêtements portés, voire à la pureté dont ils doivent faire preuve ? En tout état de cause, voici la définition de Bolly qui considère les collocations comme étant des

séquences polylexicales constituées de deux ou plusieurs mots, contigus ou non dans l’usage, qui entretiennent entre eux une relation lexicalement contrainte, tout en conservant leur caractère compositionnel et leur contenu catégoriel propres. La collocation se compose d’une “base” et d’un “collocatif”, le “collocatif” étant sémantiquement contraint et sélectionné par la “base”18.

16Le deuxième groupe, celui des locutions idiomatiques (ou expressions idiomatiques) présente un figement un peu plus élevé que la collocation. La frontière entre les collocations et les locutions idiomatiques est très fine et certains spécialistes vont considérer par exemple les suites du type adjectif/verbe + comme + nom (par exemple : beau comme un dieu/boire comme un templier) comme des collocations alors que d’autres les classent comme étant des locutions idiomatiques. Ces différences conceptuelles sont dispensables dans cette recherche et nous pouvons donc nous contenter encore une fois de la définition de Bolly qui les considèrent comme étant des

séquences polylexicales […] qui se caractérisent sémantiquement par leur non-compositionnalité, au moins partielle, qui peut être le résultat d’un procédé tropique (essentiellement la métaphore ou la métonymie). Elles se définissent syntaxiquement par un degré minimal de fixité et lexicalement par une fermeture, au moins partielle, des classes paradigmatiques »19.

17Le troisième groupe est celui des parémies. Contrairement à son étymologie grecque paremia signifiant proverbe, il faut aussi y intégrer les maximes, les adages, les dictons, sans oublier les citations, les slogans et les devises. Une fois n’est pas coutume, les parémiologues débattent encore aujourd’hui des limites définitionnelles des différents énoncés de ce groupe mais ces nuances importent peu pour ce présent travail et nous pouvons encore une fois nous contenter de la définition de Bolly qui décrit les parémies comme étant des

unités polylexicales phrastiques véhiculant un contenu sémantique autonome (signifié global). Le champ parémiologique inclut traditionnellement les proverbes, les dictons et les adages. De manière étendue, les parémies peuvent comprendre les citations, les truismes et tautologies. Une parémie est un énoncé (Anscombre, 2003) : autonome ; générique, i.e. une phrase “ON-sentencieuse” ; minimal, i.e. qui “ne peut être subdivisé en deux sous-énoncés dont un serait au moins une parémie” ; à caractère sentencieux ; avec une structure20.

18Dans l’exemple (d), c’est bien une parémie dont il est question car en effet, nous avons bien affaire à un énoncé (il se suffit à lui-même et peut-être employé directement sans nécessairement être actualisé dans une phrase21). En outre, son figement est total. Il n’est possible d’ajouter aucun autre mot ni de modifier un mot par un synonyme. La parémie est syntaxiquement la plus contrainte. Toujours dans le même exemple (d) plus haut, remplacer habit par vêtement (*le vêtement ne fait pas le moine.) paraitrait peu naturel, pareillement pour moine si on le remplace par un synonyme (*l’habit ne fait pas le religieux)22.

Langue et religion

19Du fait de l’importance historique de la religion en France, la langue française possède de nombreux phraséologismes à caractère religieux. Par le terme de phraséologismes à caractère religieux, nous ne parlons pas de phraséologismes religieux comme dans les exemples (e), (f) et (g) qui relèvent de la phraséologie terminologique. Nous incluons toutefois les phraséologismes religieux entrés dans le langage courant comme dans les exemples (h), (i) et (j).

(e) Au nom du Père, (et) du Fils et du Saint-Esprit ;
(f) Un baptême de sang23 ;
(g) Célibat consacré/sacerdotal24 ;
(h) Être l’alpha et l’oméga25 ;
(i) Le Chemin de croix26 ;
(j) La Semaine sainte27.

20Les phraséologismes à caractère religieux se présentent sous deux aspects : l’un où la teneur religieuse est d’emblée perceptible grâce à un ou des mots évocateurs comme dans les exemples (k), (l) et (m), l’autre où cette teneur religieuse est opaque. Cette opacité peut être due à des mots-clés peu parlants pour une personne comme dans les exemples (n), (o) et (p), ou bien parce que cette essence religieuse couve dans l’historiette d’un phraséologisme à l’image des exemples (q), (r) et (s).

(k) La bête à bon Dieu28
(l) Ne connaître ni d’Ève ni d’Adam29
(m) Tenter le diable30
(n) Vivre un calvaire31
(o) Vieux comme Mathusalem32
(p) Un dragon de vertu33
(q) Toucher du bois34
(r) À la sueur de son front35
(s) Jeter des perles aux pourceaux/aux cochons36

21Avec tous ces exemples phraséologiques distillés tout le long, il est facile d’imaginer qu’il existe aussi des phraséologismes à caractère religieux qui risquent de heurter la sensibilité d’un individu pas pour, à juste titre, des raisons avérées de vulgarité, de sexisme, etc., mais pour des raisons allant à contresens des croyances ou des valeurs d’une personne. Considérons les deux exemples ci-dessous.

(t) Mon Dieu !
(u) Nom de Dieu !

22Une simple locution exclamative mettant en vedette le mot Dieu peut être vu comme un blasphème (t). Le christianisme interdit de prononcer le nom de Dieu hors de la prière : « Tu ne prendras point le nom de l'Éternel, ton Dieu, en vain ; car l'Éternel ne laissera point impuni celui qui prendra son nom en vain. » (Exode 20 : 7) mettent en garde plusieurs sites chrétiens. Ces exclamations (u) sont souvent des euphémismes de jurons blasphématoires reniant Dieu (Nom de Dieu !).

23Il n’est pas impossible non plus de tomber sur des phraséologismes anodins en apparence et qui révèlent, suite à une recherche étymologique, des faits litigieux. Le nom commun jérémiades que l’on trouve dans la locution verbale faire ses jérémiades voire dans l’interjection Arrête tes jérémiades renvoie à Jérémie, un prophète important du Judaïsme (voir l’exemple (v)). Il est bien fait référence à Marie Madeleine, l’une des femmes les plus importantes des Évangiles canoniques, dans l’exemple (w) et non pas au gâteau lorrain. Pareillement pour l’exemple (x) qui, entre autres hypothèses, viendrait selon Pellat37 qui, en 2019, cite le Trésor de la Langue Française informatisé (TLFi) et le Französisches Etymologisches Wörterbuch (FEW), d’une « altération de Alcoran », une ancienne appellation du livre saint des musulmans, le Coran.

(v) faire des jérémiades38
(w) pleurer comme une Madeleine39
(x) s’en moquer comme de l’an quarante40

24Sachant tout cela, ne convient-il pas de tourner sa langue sept fois dans sa bouche —un autre phraséologisme à caractère religieux— avant d’en faire usage au risque de blesser ? Au-delà de cette question qui n’attend pas de réponse tant le sujet est clivant, nous préférons la poser autrement : est-ce qu’un fidèle d’une croyance donnée emploie des phraséologismes à caractère religieux qui diffèrent de sa foi ? Inversement, est-ce qu’un non croyant emploie des phraséologismes à caractère religieux ? Nous apportons un début de réponse avec les apprenants chinois et coréens.

Ces phraséologismes en classe de langue

25Certains phraséologismes à caractère religieux sont problématiques même chez les Français ; alors que penser de leur viabilité dans une culture hôte comme celle de la Chine ou de la Corée ? Faut-il en escompter tant ? Si c’est le cas, retrouve-t-on les mêmes phraséologismes pédagogiquement épineux d’un pays à l’autre ou bien sont-ils tout autre ? Voyons d’abord brièvement les croyances de chacun de ces deux pays d’Asie qui présentent un paysage religieux bien différent de celui en France.

Les contextes religieux chinois et coréen

26La Chine est politiquement un état sécularisé qui reconnait officiellement cinq religions sur son territoire : le bouddhisme, le catholicisme, le taoïsme, l’islam et le protestantisme. Selon les statistiques de 2020 de la World Religion Database, il y a 31,8 % d’agnostiques, 30,8 % de fidèles de religions folkloriques chinoises, 16,6 % de bouddhistes, 7,4% de chrétiens, 6,8% d’athéistes, 4,2 % de fidèle de religions ethniques, 1.8 % de musulmans, 0.4 de taoïstes et 0.2 % d’autres croyances non répertoriées41. Ces données ne signifient pas que les Chinois sont spirituellement hermétiques. « Les signes d’une vie religieuse intense sont en évidence à tous les niveaux de la société chinoise », comme le mentionne Goossaer42. Le peuple chinois fait preuve d’un syncrétisme religieux très éclectique qui lui permet de célébrer instinctivement plusieurs dates sacrées jalonnant son calendrier traditionnel luni-solaire. On peut citer la fête des lanternes (元宵节 [yuánxiāojié]43) qui tirent ses origines selon les sources du bouddhisme et/ou du taoïsme. Toutefois, c’est bien le calendrier grégorien qui est officiellement en vigueur depuis 192944. La Saint-Valentin, Noël et Halloween sont fêtés chez les jeunes adultes, dépouillés de toute forme religieuse. Comme le souligne Li et Zhang45, « Two reasons are pushing Christmas popularity in China: First, more and more foreigners are rushing to China; second, Christmas economy plays an important role. 46» Ces raisons s’appliquent autres fêtes étrangères précitées.

27De son côté, la Corée du Sud prend progressivement un virage spirituel assez singulier par rapport à son passé. Les religions indigènes 무속신앙 [musokssinang]47 se voient très tôt supplantées par le bouddhisme introduit par la Chine à la fin du IVe siècle. Un bouddhisme typiquement coréen qui faisait politiquement force de loi cèdera ensuite sa place au confucianisme. Les Coréens se déclarent sans religion à 52 % du total de la population et de toutes les religions, c’est le protestantisme (20 %) qui compte le plus grand nombre de fidèles dans la péninsule si l’on se base sur les dernières statistiques indépendantes de 2020 de la Hankook Research48. Viennent ensuite le bouddhisme (16 %), le catholicisme (13 %) et enfin toutes les autres religions (1 %)49. À l’image des Chinois, la majorité des Coréens ne voient aucun problème à naviguer entre tous les évènements religieux du calendrier50. Il faut noter que : « many Koreans who harbor pro-Buddhist sentiments do not identify themselves as believers51 » et aussi une tendance à éviter les rites impliquant la célébration des ancêtres chez les chrétiens selon un article de la journaliste Rachel Premack52. De fait, les religions abrahamiques requièrent de leurs croyants une foi exclusive.

Aborder les phraséologismes à caractères religieux

28Contre toute attente, les phraséologies chinoise et coréenne partagent de nombreuses unités phraséologiques à caractère religieux avec la phraséologie française voire avec la phraséologie anglaise, proche du français. L’anglais peut effectivement servir de béquille anthropolinguistique dans ces deux pays où il a quasiment le statut de langue seconde. Considérons l’exemple (4) et l’exemple (8) qui possèdent des équivalents fidèles au mot près à la langue maternelle de l’apprenant et à l’anglais.

(4) Œil pour œil, dent pour dent.53
(5) 以眼还眼,以牙还牙. [Yǐ yǎn huán yǎn, yǐ yá huá yá.]
(6) 눈에는 눈, 이에는이. [Nun-e-neun nun, i-e-nun i.]
(7) An eye for an eye, a tooth for a tooth.
(8) Aide-toi et le ciel t’aidera.54
(9) 天助自助者. [Tiān zhù zì zhù zhě.]
(10)
하늘은 스스로 돕는 자를 돕는다. [Haneul-eun seuseuro domneun ja-reul domneunda.]
(11) Heaven helps those who help themselves.

29Considérons ensuite les exemples (12) et (15) qui n’ont pas d’équivalent ni en chinois ni en coréen. Dans ce cas, l’anglais devient un précieux allié pour l’apprenant, d’autant plus que l’utilisation de ces phraséologismes nécessitent un contexte bien précis.

(12) À vos/tes souhaits !55
(13) God bless you!
(14) Un ange passe !56
(15) Angels passing!

30Sachant cela, il n’existe aucun cours universitaire dédié à l’enseignement-apprentissage des phraséologismes seuls et les universités où nous étions en fonction n’y ont pas dérogé. Dès lors, nous avons dans la mesure du possible procédé comme suit sur le plan pédagogique lorsque nous rencontrions un phraséologisme avec les étudiants au détour d’un cours de littérature francophone, de civilisation française, d’oral, d’écrit, etc. Chaque phraséologisme nécessite un traitement contextualisé en regard de sa charge culturelle, cependant tous les phraséologismes suscitent quelques questions récurrentes qui peuvent être posées à l’apprenant dans sa recherche heuristique. Prenons la locution adjectivale pauvre comme Job pour illustrer notre démarche :

– Pouvez-vous en deviner le sens ?

31Dans un premier temps, nous demandons aux apprenant d’émettre des suppositions sur le sens, sans dictionnaire. Le contexte facilite très souvent la compréhension d’un phraséologisme mais il peut aussi le mener vers des pistes éloignées. Il existe aussi des cas sans contexte comme sur la couverture du roman d’Amélie Nothomb intitulé Ni d’Ève ni D’Adam. Des apprenants trouveront immédiatement le sens mais il subsistera toujours des subtilités que l’enseignant mettra au jour. Quoi qu’il en soit, le sens doit être validé dans les dernières étapes.

– Qu’est-ce que Job57 ? Qui est Job ?

32L’enseignant, toujours sans confirmer le sens, ni donner d’indication à travers la nouvelle question posée, invite les apprenants à faire des recherches sur un ou des éléments composant le phraséologisme, cette fois, à l’aide de leurs smartphones connectés à Internet. Encore une fois, les réponses seront diversement riches. On trouve Job écrit avec une minuscule, ce qui peut faire croire à un synonyme de métier chez les apprenants. Avec la majuscule, certains ont fait le parallèle avec Steve Jobs et ont pensé être en face d’une antiphrase. En dernière analyse, nous guidons l’apprenant vers le personnage désiré, à savoir celui appartenant à la Bible hébraïque.

– À votre avis, qu’est-ce qui caractérise le plus ce personnage ?

33Les informations trouvées sur un sujet donné peuvent abondées, à plus forte raison lorsqu’elles viennent de sites français et chinois/coréens. Dès lors, l’enseignant ne s’interdira pas de poser d’autres questions pour guider l’apprenant vers le renseignement qui crée le lien avec la phraséologie étudiée : Job était un homme prospère ayant tout perdu. C’est généralement pendant ces discussions étymologiques que l’apprenant tente d’y trouver une logique par rapport à ses propres références du monde. Il peut manifester une réserve comme avec cette étudiante catholique surprise par l’anecdote derrière le phraséologisme faire le mariole/mariolle58. Lui faire savoir que la majorité des Français l’utilisait de manière lexicalisée sans en connaître l’étymologie lui a fait revoir sa position. En revanche la locution nominale le sexe faible59 est plus difficilement défendable — pour ne pas dire sexiste — auprès des apprenantes comme des apprenants : les Françaises et les Français eux-mêmes semblent prendre leur distance avec ce groupe de mots, comme l’attestent de nombreux articles et ouvrages qui l’utilisent comme une patate chaude (« Les hommes sont le "sexe faible" et c’est scientifiquement prouvé60 ») ou pour une mise au point (« À ceux qui considèrent encore les femmes comme le "sexe faible"61 »).

– À la lumière de ces nouvelles données, redéfinissez cette locution idiomatique ?

34Ici, les apprenants devraient être aptes définir le phraséologisme rencontré : être très pauvre. Si malgré tout il subsiste des doutes, l’enseignant confirmera le sens ainsi que les subtilités d’utilisation comme mentionné plus haut. Dans cette locution, il s’agit uniquement de pauvreté matérielle. On ne dira pas d’une personne malheureuse qu’elle est pauvre comme Job.

– Possédez-vous un équivalent idiomatique en chinois/coréen ?

35Il est toujours intéressant de valider le sens d’un phraséologisme français à travers la langue maternelle et la langue seconde de l’apprenant, notamment pour relever d’éventuelles similitudes et différences. Les Chinois disent littéralement en français être comme un pauvre qui se lave (一贫如洗 [yīpínrúxǐ]), donc sans même un vêtement, le dernier de ses biens. Les Coréens disent littéralement en français être pauvre à son déchirer l’anus (똥구멍이 찢어지게 가난하다 [ttongkumeongi jjijeojige gananhada]) car l’affamé a dû se rabattre sur de l’écorce de pin pour tromper sa faim. Les Anglophones retiennent de Job sa patience (to have the patience of Job) plutôt que sa pauvreté extrême qu’ils disent littéralement en français être aussi pauvre qu’une souris d’église (to be as poor as a church mouse) ; les églises ne sont en effet pas réputées pour engranger de la nourriture.

36C’est pendant la première phase des trois étapes d’appropriation (formulation→ automatisation→ reformulation), c’est-à-dire lorsque l’apprenant s’entraîne « à utiliser les UP [unités phraséologiques] sous toutes leurs formes et dans tous types de situations » selon Maria Isabel González Rey62 qu’il nous a été donné l’occasion d’observer les apprenants à l’œuvre. Et à ce jour, aucun phraséologisme à caractère religieux n’a heurté la sensibilité de nos apprenants chinois et coréens et nous continuons à garder les doigts croisés pour cela63. Bien au contraire, dans le meilleur des cas, les étudiants se les appropriaient non sans une touche d’humour ou d’ironie. Par exemple, un étudiant protestant décrit une situation comme « n’étant pas catholique », une étudiante qui lance le débat sur la pression sociale faite sur les femmes pour qu’elles se marient au plus tard à 27 ans, cela grâce à la locution verbale coiffer Sainte-Catherine, sans compter les nombreux Mon Dieu ! qui s’échappaient ici et là, et dont la plupart abusait déjà en anglais (Oh, my God!). Au pire, ils s’abstenaient d’utiliser les unités phraséologiques avec lesquelles ils étaient en désaccord. Plus que les phraséologismes à caractère religieux, ce sont les phraséologismes à caractère ethnique, peu nombreux, qui ont soulevé le plus de discussions comme en (1) et (2).

(1) C’est du chinois !64
(2) Travailler comme un Coréen65

37Cet accueil favorable se justifie par plusieurs faits. Le premier est manifestement dû au contexte syncrétique des deux pays. Bien que ces mélanges de croyances diffèrent, la Chine et la Corée naviguent entre toutes leurs croyances sans heurt apparent que cela soit en conscience ou pas. La seconde justification est relative à notre public universitaire qui encore une fois dans la grande majorité opte de son plein gré pour des études françaises. Ce public non captif a donc déjà une dynamique d’aller à la rencontre de l’autre. Les apprenants sont fiers de pouvoir placer quelques expressions idiomatiques françaises ici et là car ils savent qu’elles sont un véritable défi et qu’elles symbolisent un haut degré d’acquisition de la langue.

38Porcher faisait déjà ressortir à son époque que « toute langue véhicule avec elle une culture dont elle est à la fois la productrice et le produit »66. Par conséquent, rien ne sert d’éluder cet aspect, qui plus est important, de la langue-culture. Qu’on le veuille ou non, l’apprenant y sera confronté au détour d’un film, d’une chanson ou d’une conversation entre Français. Mieux vaut alors qu’il y soit préparé. Pour cela, il faut les enseigner avec leurs histoires puis les contextualiser au contraire des méthodes actuelles qui ne livrent que leurs significations. Nous sommes conscient que ces moments fugaces à échanger avec nos apprenants ne peuvent prétendre qu’à servir d’indicateurs de tendance. Cependant, les instituts de langue française, plus libres dans la création de leurs cours, peuvent s’inspirer de notre expérience pour définir un protocole et l’appliquer à une classe monoreligieuse par exemple, si la situation le permet.

Notes

1 Le terme phraséologisme est défini plus bas.

2 Charlotte Schapira, « Les stéréotypes : stéréotypes de pensée et stéréotypes de langue », SHS Web of Conferences 8, 65-83 (2014), Volume 8, 2014, p. 80. Il s’agit du 4e Congrès Mondial de Linguistique Française, Consultable en ligne sur : <https://doi.org/10.1051/shsconf/20140801398>

3 C’est pour cette raison que les didacticiens en langue préfèrent parler de langue-culture plutôt que de la seule « langue ».

4 Florence Windmüller, « Apprendre une langue, c’est apprendre une culture. » Leurre ou réalité ?, Giessener Elektronische Bibliothek, 2015, p. 39.

5 Les Français partent toujours en croisade mais cette fois contre la pauvreté ou la faim.

6 Christine Dousset, Entre tolérance et violence : la Révolution française et la question religieuse, In Religions, pouvoir et violence. Toulouse : Presses universitaires du Midi, 2004. Consultable en ligne sur : <http://books.openedition.org/pumi/19266>. DOI : https://doi.org/10.4000/books.pumi.19266.

7 Consultable en ligne sur : <www.gouvernement.fr/qu-est-ce-que-la-laicite>

8 Liberté, séparation et égalité sont en gras dans le document d’origine.

9 Laurence Duboys Fresney, Atlas des Français, Paris, Autrement, 2021, p. 120

10 Consultable en ligne sur : www.outils-odsef-fss.ulaval.ca/francoscope/

11 Observatoire démographique et statistique de l’espace francophone

12 Organisation internationale de la Francophonie

13 Plus de détails sur le site du Centre d’étude et de réflexion sur le monde francophone (CERMF). Consultable en ligne sur : <www.cermf.org/population-du-monde-francophone-atteint-524-millions>

14 Tristan Gaudiaut, « Où trouve-t-on le plus de francophones ? », Journée internationale de la francophonie, Statista, 20 mars 2019. Consultable en ligne sur : <https://fr.statista.com/infographie/17421/pays-avec-le-plus-de-francophones/>

15 Les phraséologues illustrent souvent cette profusion à travers ces termes communs de vulgarisation : expression/ locution idiomatique, expression/locution figée, expression figurée, expression toute faite, expression imagée, idiotisme, idiomatisme, etc.

16 « Linguists and non-linguists alike use a wide number of terms to express what are commonly thought of as chunks or strings in language ». « Les linguistes comme les non-linguistes utilisent un nombre conséquent de termes pour exprimer ce que l'on considère généralement comme des morceaux ou des chaînes de caractères. » [Traduit de l’anglais par nos soins.] Christopher Gledhill, « Towards a description of English and French Phraseology », 1999. In Chris Beedham (éd.), Langue and Parole in Synchronic an Diachronic Perspective, p. 221-237, ici p. 2.

17 Catherine Bolly, Phraséologie et collocation, Bruxelles, Peter Lang, 2011, p. 28.

18 Signifie vivre austèrement. Catherine Bolly, op.cit., p. 49.

19 Ibid., p. 43.

20 Ibid., p. 44.

21 Si on souhaite actualiser ce proverbe dans une phrase, on pourrait avoir un exemple de ce type : Comme l’habit ne fait pas le moine, garde-toi de tout jugement.

22 Pour des raisons stylistiques, il est tout de même possible de jouer avec les phraséologismes en les défigeant :

23 Forme de baptême pour le martyr n’ayant pu se faire baptiser de son vivant.

24 Célibat demandé aux religieuses et aux religieux afin qu’ils puissent se consacrer pleinement à Dieu.

25 Signifie le début et la fin.

26 Signifie parcours difficile.

27 Semaine avant Pâques.

28 Signifie coccinelle. Cette locution nominale remonte au Moyen Âge. Le roi Robert II le Pieux épargna un condamné à mort sur lequel une coccinelle tentait de se poser malgré les gestes brusques et répétés du bourreau pour l’éloigner.

29 Signifie ne pas connaitre du tout.

30 Signifie prendre un risque inconsidéré.

31 Signifie vivre un moment très difficile. Le mot calvaire vient du grec ancien Golgotha, le nom du lieu où Jésus a été crucifié.

32 Signifie être très ancien. Mathusalem est le personnage le plus ancien de la Bible pour avoir vécu 969 années.

33 Désigne une femme à la vertu austère. Le dragon fait partie du bestiaire de la Bible. Il symbolise le mal à l’opposé de son congénère chinois qui est de bon augure.

34 Se rencontre surtout sous la forme exclamative Je touche du bois ! suivi du geste. Selon une hypothèse, c’est une habitude datant du Moyen Âge. Les chrétiens de cette époque pensaient conjurer le mauvais sort en s’approchant de Jésus à travers le bois. Cette pratique est toujours très répandue chez les superstitieux indépendamment de leur croyance.

35 Cette locution adverbiale aux origines bibliques est souvent en association avec gagner son pain/travailler. Signifie durement. « C'est à la sueur de ton visage que tu mangeras du pain, jusqu'à ce que tu retournes dans la terre, d'où tu as été pris ; car tu es poussière, et tu retourneras dans la poussière. » peut-on lire dans la Genèse, (3 : 19).

36 Signifie donner une chose de valeur à une personne qui ne saurait l’apprécier. « Ne donnez pas aux chiens ce qui est sacré ; ne jetez pas vos perles aux pourceaux », peut-on lire dans le verset 6 du chapitre 7 de l’Évangile selon Matthieu.

37 Jean-Christophe Pellat, « Pourquoi "s‘en moquer comme de l’an quarante" ? », 25/05/2019, Grevisse. Consultable en ligne sur : <www.grevisse.fr/le-blog-chroniques-grevisse/histoire-des-mots/pourquoi-s-en-moquer-comme-de-l-quarante>

38 Signifie se plaindre sans cesse sans raison valable.

39 Signifie pleurer abondamment. Une madeleine est dans cette locution verbale une antonomase de Marie Madeleine. Dans cette locution verbale, on trouve également Madeleine orthographié sans majuscule (madeleine).

40 Signifie se moquer complètement de quelque chose.

41 Consultable en ligne sur : <www.cfr.org/backgrounder/religion-china>

42 Vincent Goossaert, « Chine, un peuple religieux, un Etat athée ? », Sciences Humaines, n°51, juin-juillet 2018. Consultable en ligne sur : <www.scienceshumaines.com/chine-un-peuple-religieux-un-etat-athee_fr_39713.html>

43 Nous utilisons le système de romanisation officiel du chinois mandarin appelé hànyǔ pīnyīn pour transcrire la langue.

44 À cette occasion, il est courant d’offrir et de se voir offrir des pomme rouges, 苹果 [píngguŏ] estampées des sinogrammes 爱 [ài] (amour), 平安 [píngān] (paix) ou 心 [xīn] (cœur). Le fruit est phonétiquement proche de 平安夜 [píngānyè], veille de Noël.

45 Liping Li et Gaoyuan Zhang, « A reflection on ‘’Christmas fever’’ in China in the globalizing world. International », Journal of Sociology and Anthropology, Vol. 2(10), Décembre 2010, p. 244-247, ici p. 247. Consultable en ligne sur : <https://academicjournals.org/article/article1379432576Li%20and%20Zhang%20pdf.pdf>

46 Deux raisons rendent Noël populaire en Chine : la première est que de plus en plus d’étrangers s’aventurent en Chine ; la seconde est que Noël joue un rôle économique important. [Traduit de l’anglais par nos soins]

47 Nous utilisons le système de romanisation officiel du coréen appelé Romanisation révisée du coréen pour transcrire la langue.

48 Consultable en ligne sur : <https://hrcopinion.co.kr/archives/16859>

49 Les statistiques nationales sont faites tous les dix ans depuis 1985. Les prochaines sont en 2025.

50 Consultable en ligne sur : <www.indexmundi.com/south_korea/religions.html>

51 « Beaucoup de Coréens qui nourrissent des sentiments pro-bouddhistes ne s’identifient pas comme croyants » [traduit de l’anglais par nos soins]. Woncheol Yun, Beom Seok Park, « Responses of Korean Buddhism to the Ethos of Contemporary Korea : Three Discourses in the Wake of Modernization », 2018, p. 8. Consultable en ligne sur : <https://www.mdpi.com/2077-1444/10/1/6/htm>

52 L’article de 2017 de Rachel Premack est consultable en ligne sur : <www.forbes.com/sites/rachelpremack/2017/12/20/welcome-to-the-paradoxical-world-of-korean-christmas/?sh=4faadb647ca8>

53 Signifie que le coupable d’un délit ou d’un crime doit subir une sanction identique à son acte.

54 S’adresse à une personne désireuse mais passive pour l’exhorter à passer à l’action.

55 S’adresse à une personne venant d’éternuer. Avant l’arrivée de la peste en 1347, les Français disaient « Que Dieu vous bénisse. » S’utilise aussi par plaisanterie lorsque son interlocuteur dit un mot difficilement prononçable.

56 Se dit pour relancer la conversation lorsqu’un long silence gênant s’y installe.

57 On trouve Job écrit avec une minuscule, ce qui peut faire croire à un synonyme de métier chez les apprenants.

58 Signifie faire le malin. Entre autres théories, Mariole/Mariolle serait un des surnoms méprisants affublés à la vierge Marie, qu’on accusait de mentir.

59 La locution nominale le sexe faible est en fait un phraséologisme à caractère religieux car ce n’est pas de force physique dont il est question mais de faiblesse d’esprit qui aboutit à la cueillette du fruit défendu.

60 C’est notamment le titre de cet article d’une journaliste scientifique, consultable en ligne sur : <https://www.pourquoidocteur.fr/Articles/Question-d-actu/24204-Les-hommes-sexe-faible-c-est-scientifiquement-prouve-l-homme-peril>

61 C’est notamment le titre de cet article d’un journaliste scientifique, consultable en ligne sur : <https://www.huffingtonpost.fr/entry/a-ceux-qui-considerent-encore-les-femmes-comme-le-sexe-faible-blog_fr_5f22cc8dc5b656e9b09837dc>

62 Maria Isabel González Rey, Le processus de conscientisation dans la phraséodidactique d’une L2, Repère DoRif n. 18, p. 6, « Phraséodidactique : de la conscience à la compétence », DoRiF Università, Roma juillet 2019, coordonné par G. Henrot Sostero et Maria Isabel González Rey. Consultable en ligne sur : www.dorif.it/reperes/maria-isabel-gonzalez-rey-le-processus-de-conscientisation-dans-la-phraseodidactique-dune-l2/ [version pdf sans numérotation de page]

63 Croiser les doigts est un autre phraséologisme à caractère religieux. On forme une croix chrétienne avec ses doigts pour se protéger de la malchance.

64 Deux réactions possibles à cette locution exclamative. Les Chinois tirent une certaine fierté de savoir que leur langue est réputée difficile. Inversement, d’autres regrettent que cette locution exclamative décourage d’éventuels sinophiles français à franchir le cap de l’apprentissage du chinois.

65 Ce n’est pas encore un phraséologisme qui a droit de cité dans les dictionnaires mais il connait une certaine vitalité en raison notamment de nombreux documentaires dépeignant les Coréens de la sorte.

66 Louis Porcher, Le français langue étrangère : émergence et enseignement d’une discipline, Paris, Hachette-Education, 1995.

Pour citer ce document

Aïssa Messaoudi, «Les phraséologismes à caractère religieux en classe de français langue étrangère : le cas des apprenants chinois et coréens», Histoire culturelle de l'Europe [En ligne], Revue d'histoire culturelle de l'Europe, Langues et religions en Europe du Moyen Âge à nos jours, Du fait religieux dans les langues de l’Europe au plurilinguisme comme religion de l’Europe ? (XXe-XXIe siècles),mis à jour le : 07/05/2022,URL : http://www.unicaen.fr/mrsh/hce/index.php?id=2373

Quelques mots à propos de : Aïssa Messaoudi

Aïssa Messaoudi est détenteur d’un doctorat en éducation des langues étrangères obtenu à l’Université nationale de Séoul (SNU). Sa thèse porte sur l’enseignement-apprentissage des phraséologismes du français. Il est actuellement professeur-invité à l’université des finances et de l’économie à Shandong (SDUFE). Il possède une expérience d’enseignement dans des contextes divers (académie militaire, université bouddhiste, université catholique.