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Pensées 262 à 265

M :Montesquieu 1726/1727-1755.
D :Bottereau-Duval 1718-1731.
E :1734-1739.
U :1739.
H :1741-1742.
J :1742.
K :1742-1743.
F :1743.
I :1743.
L :1743-1744.
O :1745-1747.
P :Damours 1748-1750.
Q :1750-1751.
R :Saint-Marc 1751-1754.
S :1754-1755.
V :1754.
JB :Jean-Baptiste Secondat ?-1795.
T :écriture des manchettes 1828-1835

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M : Montesquieu.
D : Bottereau-Duval_1721-1731.
H : 1741-1742.
P : Damours_1748-1750.
E : 1734-1739.
L : 1742-1744.
O : 1745-1747.
T : écriture des manchettes
JB : Jean-Baptiste_Secondat.
J : 1742.
K : 1742-1743.
F : 1743.
E2 :
I : 1743.
R : Saint-Marc_1751-1754.

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Pensées, volume I

262

Horrible

Faute de l’Espagne et du Portugal

faute de l’Espagne et du Portugal qui sous pretexte d’une guerre veine avec les Turcs se privent du comerce des Echelles du Levant[1], qu’ils pourroint faire avec bien plus de facilité que les autres nations puis qu’ils ont les matieres d’argent que dont les autres on ne peut se passer pour le comerce et que les Holandois et autres nations vont chercher d’eux ou des Genois aucun vaissau holandois par exemple n’allant au Levant qu’il {p.273} ne s’arreste a Cadix ou a Livourne pour prendre des piastres  que les Genois leur fournissent[2] : d’ailleurs les draps que les nations Anglois apportent au Levant sont presque touts de pure leine d’Espagne et le reste de leur negoce a la reserve de leurs peches et peu d’autres marchandises s’y fait presque tout en pieces de huit[3] ils y pourroint porter de la cochenille du bois du Bresil… ocuperoint des navires et feroint un transporteroint les marchandises come les de l’indigo surtout a Smirne du vermillon en Egipte

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Main principale M

262bis

Les friponeries se font presque toujours par le moyen de ceux qui les devroint empecher on fait aisement toutes sortes de choses deffendues [mots biffés non déchiffrés] il n’y a pour cela qu’a se servir du valet qui a coutume de faire les commissions des gredins et porter leurs fardeaux [mots biffés non déchiffrés] et un home [mot biffé non déchiffré].

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Main principale M

263

Un couvent de moines placé a Bagnieres ou Bareges[1] feroit bien ses affaires dans un temps d’ignorance de la phisique et de la relligion quelles sources de richesses d’ailleurs quelle vertu que celle jointe a la puissance de la nature et celle de la confiance

Main principale M

264

{p.274} Comerce du Levant

Commerce du Levant

pour l’Espagne on en tireroit des cires qui viennent de Barbarie de Smirne de Constantinople d’Alexandrie de Satalie et on metteroit un droit fort sur toutes les marchandises du Levant qui viendroit en Espagne sur des vaisseaux etrangers

Espagne

. Des bles qu’on tire des cotes voisines de Smirne et meme de quelques isles de l’Archipel en cas qu’on establit des manufactures des poils de chevre d’Angouri de la premiere main et des cotons d’Alep et autres echeles[1].
D’ailleurs on tireroit directement toutes sortes de toiles de coton d’Alep et d’Alexandrette des camelots admirables et enfin une partie de cette infinité de marchandises qui viennent du Caire ou d’Alexandrie en Europe. Rien n’a fait plus de tort a l’Espagne que cette interdiction de comerce mutuelle entre ses estats et ceux du Grand Seigneur parce ce qu’elle a diminué d’autant sa navigation pour en transporter la puissance aux nations hérétiques d’Europe ce qui a eloigné d’autant le royaume de Dieu et affaibli d’autant la puissance des catholiques. La situation de l’Espagne rend le comerce naturel et a presant qu’elle est privée des parties detachées de sa {p. 275} domination[2] elle sera detachée pour ainsi dire du reste du monde si la navigation et le comerce ne l’y rapellent d’ailleurs l’Espagne pourroit faire la navigation du Levant par le moyen d’une compagnie qu’on etabliroit a Barcelone ou quelque autre port de la Mediterranée ou le roy lui meme pourroit prendre part et do les convois qu’il doneroit come les Holandois sont obligés de faire[3] aux a cause des corsaires de Barbarie augmenteroint d’autant la navigation. Si le roy d’Espagne establissoit des manufactures de draps elles conviendroint beaucoup mieux pour le Levant que pour l’Amerique parce qu’il faut au Levant des draps beaucoup plus beaux et beaucoup plus fins c’est que l’Espagne a dire de pures leines d’Espagne*. Il en faut aussi beaucoup de grossiers : * L’Espagne profite aussi du commerce de l’Angleterre qui consomme de ses denrées que d’autres ne consommeroient pas.
{p. 276}  {p. 277} Deux folios arrachés

Main principale M

265

{p.278}

Payens
Adorer plusieurs dieux

Il semble que les payens devoint regarder come un plus grand crime de n’adorer qu’un dieu que nous ne [un mot biffé non déchiffré] regarderions l’idolaterie les chretiens ne regardent celui d’en adorer plusieurs parce que celui qui en adore plusieurs ne detruit pas la divinité du vray dieu totalement dans les pai mais au ches les payens un home qui n’auroit adoré qu’un dieu offencoit touts les autres

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Main principale M


262

n1.

« [...] Villes de la Méditerranée orientale, sous domination ottomane, comme Smirne, Alep, Chypre, Seyde [anc. Sidon, auj. Saïda], Constantinople, Alexandrie, et par extension tout le commerce qui s’y pratique par les Français, Hollandais, Anglais et Italiens » (Jacques Savary des Bruslons, Dictionnaire universel de commerce, [Amsterdam], Jansons, 1726-1732, t. I, p. 999, art. « Commerce du Levant »). Une série d’articles (nº 262, 264, 266, 269, 270) concernant le rôle commercial de l’Espagne et de l’Autriche, particulièrement en Méditerranée, est transcrite dans les années des affaires de la Compagnie d’Ostende et de Gibraltar.

262

n2.

Les piastres, frappées à Séville, pouvaient être négociées sur les marchés levantins, ou bien échangées en Italie, particulièrement à Livourne, contre des espèces appréciées dans les villes de commerce du Levant. L’argent, rare en Orient, se valorisait par rapport à l’or à mesure qu’on s’éloignait vers l’est de la Méditerranée ; voir Fernand Braudel, La Méditerranée et le monde méditerranéen à l’époque de Philippe II, Paris, A. Colin, t. 2, 1985, p. 436-458. Sur l’achat des piastres à Cadix, voir Jacques Savary des Bruslons, Dictionnaire universel de commerce, [Amsterdam], Jansons, 1726-1732, t. I, p. 925.

262

n3.

La pièce de huit (huit réaux) ou dollar espagnol était devenue au début du XVIIIe siècle la monnaie de référence au Levant et celle utilisée par la compagnie commerciale anglaise, la Levant Company (Alfred C. Wood, A History of the Levant Company [1re éd. Oxford, 1935], Abingdon, Cass, 1964, p. 96-97).

262

n4.

Comme l’indique la note, le texte se poursuit à la page 274, avec le nº 264.

263

n1.

Bagnères de Bigorre et la vallée de « Baredge » (auj. Barèges), au pied des Pyrénées, réputées pour leurs eaux thermales, attiraient de nombreux malades de France et d’Espagne (Thomas Corneille, Dictionnaire universel géographique et historique, Paris, J.-B. Coignard, 1708, art. « Bagneres ou Bagnieres » et « Baredge »).

264

n1.

Sur la Barbarie et l’Archipel, voir nº 177, note 3. Satalie (auj. Antalya) est une ville d’Anatolie, sur la côte de la petite Caramanie ; voir Olfert Dapper, Description exacte des îles de l’Archipel et de quelques autres adjacentes […], Amsterdam, G. Gallet, 1703, p. 169. Angouri ou Angora (anc. Ancyre, auj. Ankara), capitale de la Galatie, était réputée pour la beauté et la finesse du poil de ses chèvres et les étoffes qu’on en tirait, appelées camelots, mêlées de laine ou de soie (Furetière, 1690, art. « Camelot »), qui se négociaient entre autres à Alep, en Syrie, et dans son port, Alexandrette. Sur les lieux de production de cire dans le Levant, voir Jacques Savary des Bruslons, Dictionnaire universel de commerce, [Amsterdam], Jansons, 1726-1732, t. I, p. 765 ; sur les marchandises échangées, ibid., art. « Commerce du Levant ».

264

n2.

Le traité de Vienne (30 avril 1725) confirma, avec la Quadruple-Alliance (1720), la renonciation de l’Espagne à ses provinces d’Italie et des Pays-Bas.

264

n3.

Les vaisseaux hollandais qui faisaient le commerce en droiture vers le Levant étaient escortés de navires de guerre (Jacques Savary des Bruslons, Dictionnaire universel de commerce, [Amsterdam], Jansons, 1726-1732, t. I, p. 963 ; voir Furetière, 1690, art. « Convoy »).