Afficher Masquer
Passages biffés :
Sauts de pages :
Changements de mains :
Mots clés en marge
(main T) :
DistinguerIntégrer
Corrections du transcripteur :

Fermer

Accueil|Présentation du projet|Abréviations|Introductions|Texte|Index

Français|English Contacts

Volume I|Volume II|Volume III|Citer le texte et les notes| Écritures|Affichage

Pensées 2005 à 2009

M :Montesquieu 1726/1727-1755.
D :Bottereau-Duval 1718-1731.
E :1734-1739.
U :1739.
H :1741-1742.
J :1742.
K :1742-1743.
F :1743.
I :1743.
L :1743-1744.
O :1745-1747.
P :Damours 1748-1750.
Q :1750-1751.
R :Saint-Marc 1751-1754.
S :1754-1755.
V :1754.
JB :Jean-Baptiste Secondat ?-1795.
T :écriture des manchettes 1828-1835

Fermer

M : Montesquieu.
D : Bottereau-Duval_1721-1731.
H : 1741-1742.
P : Damours_1748-1750.
E : 1734-1739.
L : 1742-1744.
O : 1745-1747.
T : écriture des manchettes
JB : Jean-Baptiste_Secondat.
J : 1742.
K : 1742-1743.
F : 1743.
E2 :
I : 1743.
R : Saint-Marc_1751-1754.
Q : 1750-1751.
S : 1754-1755.
V : 1754.

Fermer

Pensées, volume III

2005

{f.308v} [Passage à la main Q] N’a pu entrer dans ma Deffense[1]

J’avois mis a la fin de ma reponse au pere Berthier sur Athenes[2]. Ces messieurs aiment beaucoup les combats mais ils sont legerement armés :

Passage de la main P à la main Q

2006

{f.309r}

Ceux qui font des ouvrages d’esprit doivent s’imaginer qu’ils seront jugés par leur pairs. Tout l’avantage qu’un ecrivain a naturellement sur ses lecteurs, c’est qu’il a plus reflechi qu’eux sur la matiere dont il traitte : mais si ceux ci ont reflechi a leur tour, ils se trouvent sous les mêmes termes. Il faut que l’amour propre aprenne un grand secret, il parle devant l’amour propre. Quoi ? Parce qu’un auteur seroit vain, il trouveroit des lecteurs modestes, et de ce qu’il seroit avantageux, on pourroit conclurre qu’il ne seroit pas foiblese. La candeur d’un ecrivain, est cette rougeur charmante des jeunes personnes, qui, si la nature avoit un art, seroit son art. Cherchons à nous faire aimer, si nous voulons nous faire lire. S’il est vrai qu’un homme ait de l’esprit, que cet esprit s’alie avec les autres esprits, {f.309v} et s’il ne peut pas s’alier avec eux, qu’il soit comme une pierre precieuse qui separe l’or d’avec l’or.
Qualis gemma micat quæ fulvum dividit aurum[1].
Grand Dieu ! Comment seroit il possible que nous eussions toujours raison, et que les autres eussent toujours tort. Les bons esprits trembleront donc de decider, et les autres auront reçu en dedommagement le plaisir de l’affirmative

- - - - -

Main principale Q

2007

Le talent de la declamation est le plus commun de tous ; les jeunes gens qui veulent écrire, commencent toujours par là soit que leurs maitres aient trouvé plus de facilité à prendre ce stile, soit que leurs disciples en aient trouvé d’avantage à le recevoir. Voyez, je vous prie, Demosthenes, dés qu’il ne foudroie pas, il est simple ; tel que le ciel, il {f.310r} est presque toujours serein, et il ne tonne que par intervals.

- - - - -

Main principale P

2008

Remarquez, je vous prie, l’esprit de la relligion chretienne, elle veut perpetuellement qu’on s’humilie, et elle deffend perpetuellement d’humilier les autres. Elle deteste l’orgueil et la vanité, et elle vous deffend egalement de concourir à l’orgueil et a la vanité des autres et à la choquer ; par la raison, qu’en choquant la vanité des autres, la votre trouve des delices qu’elle n’aprouve pas en vous.
Car à l’egard des autres, l’orgueil qu’on veut mortifier reprend des forces, par la consideration du dessein que l’on en a, et ce n’est pas un moien sûr de le deraciner que de le faire souffrir.
L’orgueil pressé par l’orgueil, prendroit des forces et le repousseroit à son tour.
L’orgueil voudroit-il contredire l’orgueil ? Ils ne feroient que se justifier l’un et l’autre. {f.310v} La modestie le fait deffendre.
La relligion chretienne exige de nous deux choses, l’une charmante, l’autre terrible, d’aimer les autres et de nous hair nous mêmes. Dieu ne veut rien de nous que nous-mêmes.
Les injures peuvent être le temoignage de la rudesse generale d’une nation, quelquefois de sa liberté, et de sa naiveté même. Dans ce cas la charité chretienne en seroit moins blessée, parce qu’il seroit indécis si elles seroient l’effet des mœurs générales, ou d’une violence particuliere : mais dans une nation, où les citoiens liés deja par les loix, se sont encor liés par les égards et où par consequent les injures suposent que celui contre qui elles sont dittes est si coupable, qu’on a été obligé de franchir toutes les barrieres, elles blessent {f.311r} extremement la charité chretienne.
Ainsi les Grecs et les Romains offensoient moins que nous, avec des paroles plus offensantes. Dans de pareilles nations, la charité chretienne en seroit moins blessée.
Si le cœur les a dittes, ou si les mœurs les ont laissé dire ; si c’est la conscience publique ou la particuliere qui doivent se faires des reproches fin :

- - - - -

Main principale Q

2009

Choses faites Ceci a este fait pour l’academie de Bordeaux[1]

- - - - -

L’histoire du ciel interesse tout l’univers. Elle est composée par les astronomes de tous les siecles. Chacun y consigne ce qu’il a vû ou ce qu’il a calculé, et il y a des nations qui n’ont d’autres interests communs que les observations astronomiques.
Ces observations nous font voir un merveilleux simple, au lieu de ce faux merveilleux que l’on imagine toujours dans ce qui est grand. Elles nous ont donné {f.311v} des points sûrs pour fixer les époques de la relligion ; car l’histoire des hommes, pour devenir invariable, a besoin d’etre fixée par les évenements qui arrivent dans le ciel.
C’est par là que l’on a fait évanouir tous ces siecles fabuleux, qui faisoient regarder par les incredules, les patriarches comme des hommes nouveaux, et qui établissoient une difference entre l’antiquité de la relligion et l’antiquité du monde. Par là, l’astronomie est devenüe une science sacrée, et l’on apele profanes les sciences utiles au genre humain, lorsqu’elles ne touchent pas le premier, le plus grand et le plus fort de ses interets.

- - - - -

Main principale Q


2005

n1.

Les nº 2005 et 2006 sont des rejets de la Défense de l’Esprit des lois [1750].

2005

n2.

Ce rejet correspond au contenu du cahier intitulé « Ceci regarde ma dispute avec le Journal de Trévoux, sur Athènes » dans le 6e carton, « Matériaux contre les critiques de L’Esprit des lois », répertorié dans la liste des manuscrits envoyés en Angleterre par Joseph-Cyrille de Montesquieu (LP, OC, t. 1, p. lxxviii). Montesquieu avait répondu à la Lettre au P. B. J. sur le livre intitulé « l’Esprit des lois », parue dans les Mémoires de Trévoux d’avril 1749, dans ses Éclaircissements sur l’Esprit des lois, à propos d’une divergence d’interprétation sur un passage de Diodore concernant le cens à Athènes (DEL, p. 116-117).

2006

n1.

Cf. nº 1955.

2009

n1.

Montesquieu fait allusion à la place de l’astronomie dans les activités de l’académie de Bordeaux dans son discours de rentrée du 15 novembre 1717 (OC, t. 8, p. 109) ; sur l’activité de l’auteur au sein de cette société bordelaise, voir Pierre Rétat, Dictionnaire électronique Montesquieu, art. « Discours académiques » [en ligne à l’adresse suivante : http://dictionnaire-montesquieu.ens-lyon.fr/index.php?id=157].