Afficher Masquer
Passages biffés :
Sauts de pages :
Changements de mains :
Mots clés en marge
(main T) :
DistinguerIntégrer
Corrections du transcripteur :

Fermer

Accueil|Présentation du projet|Abréviations|Introductions|Texte|Index

Français|English Contacts

Volume I|Volume II|Volume III|Citer le texte et les notes| Écritures|Affichage

Pensées 1636 à 1640

M :Montesquieu 1726/1727-1755.
D :Bottereau-Duval 1718-1731.
E :1734-1739.
U :1739.
H :1741-1742.
J :1742.
K :1742-1743.
F :1743.
I :1743.
L :1743-1744.
O :1745-1747.
P :Damours 1748-1750.
Q :1750-1751.
R :Saint-Marc 1751-1754.
S :1754-1755.
V :1754.
JB :Jean-Baptiste Secondat ?-1795.
T :écriture des manchettes 1828-1835

Fermer

M : Montesquieu.
D : Bottereau-Duval_1721-1731.
H : 1741-1742.
P : Damours_1748-1750.
E : 1734-1739.
L : 1742-1744.
O : 1745-1747.
T : écriture des manchettes
JB : Jean-Baptiste_Secondat.
J : 1742.
K : 1742-1743.
F : 1743.
E2 :
I : 1743.
R : Saint-Marc_1751-1754.
Q : 1750-1751.
S : 1754-1755.
V : 1754.

Fermer

Pensées, volume III

1636

En 17498 et 489 c’est un phenomene bien singulier que ce que nous voyons dans la nation suedoise une nation qui a obtenu par le bonheur le plus extraordinaire un gouvernement libre et qui en jouit pendant deux regnes[1] qui a este accablée par le gouvernement arbitraire pendant un regne ou elle a vu perir presque touts les sujets par l’opiniatrete et l’obstination d’un roy arbitraire[2] et ches laquelle s’eleve un parti puissant pour priver cette nation de son gouvernement libre et retablir le gouvernement arbitraire[3]
Ambitio tantum potuit suadere malorum[4]

- - - - -

Main principale M

1637

[Passage à la main P] La gravité

Gravité

est le bouclier des sots, mais quand il est une fois percé à jour c’est l’arme du monde la plus meprisable ; on s’indigne contre un homme parce qu’il s’est caché, et on l’acable parce qu’il est decouvert.

- - - - -

Passage de la main M à la main P

1638

{f.2r}

Prisoñiers

Je ne sçais comment il arriva qu’un Turc se trouva un jour avec un cannibale[1], vous etes bien cruels luy dit le mahometan, vous mangez les captifs que vous avez pris a la guerre ; que faites-vous des votres luy repondit le canibale ah ! nous les tuons ! Mais quand ils sont morts nous ne les mangeons pas[2].

Cruauté

Il semble qu’il n’y ait point de peuple qui n’ait point de peuple qui n’ait sa cruauté particuliere, que chaque nation ne soit touchée que de celle des autres nations comme si la barbarie etoit une affaire d’usage comme les modes, et les habits[3].

- - - - -

Main principale P

1639

Tout en Europe est plein de changemens

Changemens

, les etofes de laine en Angleterre n’etant plus d’un si grand usage si grand usage, et ne se consommant guêres plus principalement que dans le Levant et dans l’Orient on à augmenté la culture des terres en Angleterre et on en à cultivé de mauvais[es] terres qu’on ne cultivoit pas, de sorte qu’on compte a present en Angleterre qu’il sort pour 200 mille livres sterling de bled plus qu’il n’en sortoit autre fois, on cultive moins {f.2v} en Sicile, en Sardaigne, en Barbarie[1], en Pologne, de sorte que la Holande, la France, l’Italie même par Livourne, l’Espagne même ont besoin du bled d’Angleterre
On a trouvé de plus en Angleterre On a trouvé depuis douze ans, en Angleterre qu’on ne paroit tiroit pour environ 100 mille livres sterling d’argent, des mines d’etaing plomb[2] que l’on separe par le mercure, et l’on à trouvé que l’on pouvoit conserver l’etaing le plomb apres l’operation, il n’y a qu’un dechet d’un qu’un dixime[3], et l’etaing le plom même apres l’operation en est plus malleable, lorsqu’une centaine de pieces qui sont je crois 20 milliers pesant un thoneau de plomb qui est je croy deux cens miliers pesant donnent cinq onces d’argent qui sont environ cinq chelins il y à quelque profit les cinq onces chaque once fait cinq chelins[4] il y à quelque profit, mais on en tire quelque fois jusqu’à 14 onces
Milord Bath[5] m’a dit ceci.
Il m’a dit encore que du tems de Cromwel les revenus des postes en Angleterre ne montoient qu’à 30 mille livres sterling par an, qu’apres la restauration on do Charles II. les donna au duc d’Iorck[6] son frere pour son ap apanage, que depuis on les donna à ferme {f.3r} queque les fermiers oterent les abus et les firent mieux valoir. De On les mit ensuite en regie et a present on l’ etat en tire 150 mille livres sterling par an d’ou il faut conclure que la meilieure maniere est de commancer par la ferme par ce que les fermiers gens interessés commancent par oter les abus, et portent l’impost a sa valeur, apres quoy il faut aller à la regie[7]. * Ceci doit etre mis dans l’Esprit des loix au chap. de la regie[8].

- - - - -

Main principale P

1640

Milord Bath[1] dit que l’Angleterre et l’Ecosse ont donné dans des années jusqu’à 11. millions sterling[2] que cependant elles ne fait ont guéres par leur etendue que le tiers du royaume de France, ce qu’il or la France dit il ne paie pas beaucoup pres tant a proportion et comptant 8 millions d’habitans en Angleterre et Ecosse, et 20 millions en France il se trouve que la France ne paie autant {f.3v} a beaucoup pres, ni a proportion de ses habitans, ni à proportion de ses terres. Il attribue cela 1º au commerce 2º au gouvernement qui fait que se taxant soy même on se taxe au dessus de ses forces par un l’ amour pour la liberté, 3º aux richesses de leurs mines[3]. * J’ajoutay que la France a une grande partie de son pays en forests, que l’Angleterre y suplée par ses mines de charbon, il faut qui font le suplement des terres qui formeroient de grandes provinces, notre gouvernement qui fait qu’on ne peut taxer la noblesse trop loin parce qu’on en à besoin pour la guerre et pour la cour, pour l’exercice des charges civiles, ni les marchands toujours ta que la maltaute[4] ecrase deja, la taxe est donc sur le bas peuple qui est ecrasé, et tout est ecrasé encore parce qu’on commance par accabler, et que personne n’a le tems de s’enrichir

Main principale P


1636

n1.

Ulrique Éléonore, sœur de Charles XII, régna de 1718 à 1720 et abdiqua en faveur de son époux, Frédéric Ier, landgrave de Hesse-Cassel, mort en 1751. Ces deux règnes correspondent à une période appelée « Ère de liberté », marquée par une révolution constitutionnelle qui réduisit considérablement l’autorité royale au profit du parlement ; voir nº 2019. À partir de 1748, l’apoplexie qui frappa Frédéric Ier ouvrit un problème de succession dans un climat de tension avec la Russie ; voir Claude Nordmann, Grandeur et liberté de la Suède (1660-1792), Paris – Louvain, Béatrice-Nauwelaerts – Nauwelaerts, 1971, p. 229-239.

1636

n2.

Charles XII.

1636

n3.

Le parti dit des « Chapeaux », contraire à la Russie et appuyé par la France, était hostile au régime parlementaire et nostalgique d’une Suède conquérante (Claude Nordmann, Grandeur et liberté de la Suède (1660-1792), Paris – Louvain, Béatrice-Nauwelaerts – Nauwelaerts, 1971, p. 252-261) ; sur les nouvelles qui parviennent en France, voir la Gazette du 5 juillet 1749 (p. 339-341).

1636

n4.

« Tant l’ambition a pu conseiller de malheurs ! » : le mot « ambitio » remplace le terme « religio » du vers emprunté à Lucrèce (De natura rerum, I, v. 101) utilisé à l’article nº 1656.

1638

n1.

Entre 1748 et 1750 (secrétaire P), Montesquieu fait recopier ici ce fragment, paru parmi les lettres publiées dans Le Fantasque en 1745 (LP, p. 584-585). On en trouve une première version dans l’Histoire véritable [env. 1734-1739] : le rôle du Turc y est occupé par un « Egiptien », s’adressant à Ayesda, réincarné en Africain « chef d’un petit peuple sauvage » (OC, t. 9, p. 171, l. 880-885).

1638

n2.

Voir Montaigne, I, 31, p. 209 : « Je pense qu’il y a plus de barbarie à manger un homme vivant qu’à le manger mort, à deschirer, par tourmens et par geénes, un corps encore plein de sentiment […] ».

1638

n3.

Voir Montaigne, I, 31, p. 205 : « […] il n’y a rien de barbare et de sauvage en cette nation, à ce qu’on m’en a rapporté, sinon que chacun appelle barbarie ce qui n’est pas de son usage ».

1639

n1.

Voir nº 177, note 3.

1639

n2.

Il s’agit de plomb sulfuré ou galène argentifère, exploité dans plusieurs régions de Grande-Bretagne.

1639

n3.

Comprendre : dixième.

1639

n4.

Comprendre : shillings.

1639

n5.

Cf. nº 593. Guillaume Pulteney, devenu comte de Bath, que Montesquieu avait rencontré en Angleterre comme rédacteur du Craftsman (Notes sur l’Angleterre, Masson, t. III, p. 285), avait parlé à la Chambre des lords en 1749 des « sentimens sur les dettes publiques » exprimés dans L’Esprit des lois (ibid., p. 1216, 1221) et devait faire parvenir à l’auteur, par l’intermédiaire de Domville, une approbation de sa présentation de la Constitution d’Angleterre (ibid., p. 1229, 1235, 1244) ; Montesquieu le vit à Paris en 1750, selon une lettre de Bulkeley du 17 septembre (Masson, t. III, p. 1322). C’est de cette période qu’il faut dater les entretiens qui inspirent les nº 1639, 1640, 1641, 1648, 1649, 1650, articles axés principalement sur les ressources, la fiscalité et la dette de l’Angleterre, autographes ou transcrits par Damours (1748-1750), réflexion poursuivie dans la perspective d’une nouvelle édition de L’Esprit des lois (nº 1650, in fine) ; sur les corrections et révisions du texte en 1749-1750, voir Cecil P. Courtney, « Montesquieu et ses relations anglaises : autour de sa correspondance des années 1749-1750 sur deux éditions britanniques et deux traductions de L’Esprit des lois », CM, nº 9, 2005, Montesquieu, œuvre ouverte ? (1748-1755), p. 147-157.

1639

n6.

Par un acte du Parlement de 1663, le futur Jacques II (1633-1701), frère du roi Charles II, devenu duc d’York en 1643, s’était vu attribuer les profits de la poste, qui revinrent à la couronne lorsqu’il monta sur le trône en 1685 (Histoire d’Angleterre par M. de Rapin Thoyras, La Haye, A. de Rogissart, 1727, t. IX, p. 220 ; Howard Robinson, The British Post Office; a History [1948], Westport, Greenwood Press, 1970, p. 53, 77).

1639

n7.

C’est ce que suggère David Hume à Montesquieu, en s’appuyant sur l’exemple anglais, dans sa lettre du 10 avril 1749 : « Il y a cent mille arts & inventions pour prévenir les fraudes des particuliers, que l’intérêt des fermiers leur suggère & dont les régisseurs ne se seroient jamais doutés » (Masson, t. III, p. 1219-1220). Sur l’intérêt de Montesquieu pour la régie, voir nº 1572.

1639

n8.

EL, XIII, 19.

1640

n1.

Voir nº 1639, note 5.

1640

n2.

Il s’agit du montant des ressources fiscales.

1640

n3.

Cf. nº 1639, 1641, à propos du plomb argentifère.

1640

n4.

« Exaction indûe. Le Public appelle ainsi par abus toute sorte de nouvelles impositions » (Académie, 1740, art. « Maltôte »).