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Pensées 113 à 117

M :Montesquieu 1726/1727-1755.
D :Bottereau-Duval 1718-1731.
E :1734-1739.
U :1739.
H :1741-1742.
J :1742.
K :1742-1743.
F :1743.
I :1743.
L :1743-1744.
O :1745-1747.
P :Damours 1748-1750.
Q :1750-1751.
R :Saint-Marc 1751-1754.
S :1754-1755.
V :1754.
JB :Jean-Baptiste Secondat ?-1795.
T :écriture des manchettes 1828-1835

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M : Montesquieu.
D : Bottereau-Duval_1721-1731.
H : 1741-1742.
P : Damours_1748-1750.
E : 1734-1739.
L : 1742-1744.
O : 1745-1747.
T : écriture des manchettes
JB : Jean-Baptiste_Secondat.
J : 1742.
K : 1742-1743.
F : 1743.
E2 :
I : 1743.
R : Saint-Marc_1751-1754.

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Pensées, volume I

113

D’affreuses maladies inconnuës a nos peres ont attaqué la nature humaine jusque dans la source de la vie et des plaisirs[1],

J’ay mis cela dans ma Difference des genies.[2]

on a vû les grandes familles d’Espagne qui avoient echapé a tant de siecles perir presque toutes de nos jours, ravage que la guerre n’a point fait et qui ne doit etre attribué qu’a un mal trop commun pour etre honteux et qui n’est plus que funeste[3].

- - - - -

Les plaisirs & la santé

Les plaisirs de et la santé sont devenus presque incompatibles, les peines de l’amour tant chantées par les anciens poëtes ne sont plus les rigueurs ou l’inconstance d’une { p108} maitresse, le tems a fait naitre d’autres dangers, et l’Apollon de nos jours est moins le dieu des vers que celui de la medecine.

- - - - -

Main principale D

114

Homere

Homere n’a eté theologien que pour etre poëte[1]

- - - - -

Main principale D

115

L’ouvrage divin de ce siecle Telemaque dans

Télemaque

lequel Homere semble respirer est une preuve sans replique de l’excellence de cet ancien poëte,
Je ne suis point du nombre de ceux qui regardent Homere comme le pere et le maitre de toutes les sciences[1]. Cet eloge est ridicule en faveur de tout auteur, mais il est absurde pour un poëte.

Main principale D

116

Mr. de la Mottee est un enchanteur qui nous seduit

Mr de Lamothe

par la force des charmes, mais il faut se defier de l’art qu’il employe {p.109} il a porté dans la dispute ce genie divin, ces talens heureux si connus dans ce siecle ciy mais que la posterité connoitra mieux encore, madame Dacier au contraire a joint a tous les defauts d’Homere tous ceux de son esprit

Made Dacier

, tous ceux de son ses etudes et j’ose même dire tous ceux ceux de son sexe, telle que ces prêtresses superstitieuses qui deshonoroient le dieu qu’elles reveroient et qui diminuoient la religion a force d’augmenter le culte[1].
Je ne dis pas que madame Dacier ne meritâtsse de plus cette belles places qu’on lui a données dans la republique des lettres et qu’elle semble avoir obtenuë malgré le destin même qui l’avoit plutôt faite naitre pour faire le bonheur de quelque moderne que pour la gloire des anciens, tout le {p.110} monde a senti la justesse le tour et même le feu de ses traductions[2] mais elle a fini sa vie dans un siecle ou le souverain merite est de penser juste et qui dans le tems qu’il admire une belle traduction de l’Iliade n’est pas moins frapé d’un mauvais raisonnement sur l’Iliade.
Ainsi l’on pouvait dire de cette guerre ce qu’on dit dans celle de Pyrrhus et des Romains que les Epirotes n’avoient pas vaincu les Romains, mais que le consul avoit eté vaincu par le roi des Epirotes[3].

Main principale D

117

J’avouë qu’une des choses qui m’a le plus charmé dans la dispute les ouvrages des anciens c’est qu’ils attrapent en même tems le grand et le simple

Anciens attrapent en meme tems le grand & le simple

, au lieu qu’il arrive presque toujours que nos modernes {p.111} en cherchant le grand perdent le simple ou en cherchant le simple perdent le grand, il me semble que je vois dans les uns de belles et vastes campagnes avec leur simplicité et dans les autres les jardins d’un homme riche avec des bosquets et des parterres :
Je vous prie de voir la plupart des ouvrages des Italiens et des Espagnols, s’ils donnent dans le grand ils outrent la nature au lieu de la peindre, s’ils donnent dans le simple on voit bien qu’il ne s’est pas presenté a eux mais qu’ils l’ont recherché et qu’ils n’ont tant d’esprit que parce qu’ils manquent de genie.

Main principale D


113

n1.

Cf. Spicilège, nº 218, où l’expression est attribuée à Mézeray (Abrégé chronologique, ou Extrait de l’histoire de France [1608], Paris, T. Jolly, 1667, II, p. 651 – Catalogue, nº 3010 et 3011, éd. de 1668, 1690).

113

n2.

Cf. C. Volpilhac-Auger, « La dissertation Sur la différence des génies, essai de reconstitution », RM, nº 4, 2000, p. 230 ; voir nº 6, note 1.

113

n3.

Cette remarque s’inscrivait dans une opposition entre la gaieté du monde païen et les fléaux présents, ce dont témoigne une transcription tardive (écriture P, 1748-1750) du passage (« On a vu […] funeste », nº 1606). Reprise dans L’Esprit des lois, elle illustre l’utilité des lois destinées à empêcher la communication de certaines maladies (XIV, 11). Sur l’extension de la syphilis, voir aussi LP, 102 (105), p. 417, l. 24-25, et 109 (113), p. 436, l. 19-21 ; nº 216.

114

n1.

Pour Anne Dacier, comme pour Huet et Thomassin, le jeu des allégories montrait la conformité de la religion d’Homère à la théologie chrétienne (voir Noémi Hepp, Homère en France au XVIIe siècle, Paris, Klincksieck, 1968, p. 319-334 ; 642-644).

115

n1.

La connaissance de la cosmographie, de la géographie, des sciences militaire et médicale, soulignée dès l’Antiquité par Strabon, Athénée et le pseudo-Plutarque, était un argument des panégyristes du poète en faveur de sa science universelle, dont se moque Houdar de La Motte dans son Discours sur Homère [1re éd. 1714] (Œuvres, Paris, Prault, 1754, t. II, p. 4). L’opinion relevait des préjugés des partisans des Anciens qui ne voulaient créditer les Modernes d’aucune découverte, comme l’avait souligné Adrien Baillet (Jugements des savants sur les principaux ouvrages des auteurs [1re éd. 1685-1686], Paris, C. Moette, C. Le Clerc, P. Morisset, P. Prault et J. Chardon, 1722, t. I, p. 71) ; voir Noémi Hepp, Homère en France au XVIIe siècle, Paris, Klincksieck, 1968, p. 43, 105-110.

116

n1.

Voir Pensées, nº 894 et 895 ; BM Bordeaux, ms 2526/2a, f. 19r. L’affrontement entre Anne Dacier et Houdar de La Motte, qui réagit à la traduction en prose de l’Iliade publiée par l’helléniste (L’Iliade d’Homère, traduite en français, avec des remarques, Paris, Rigaud, 1711) dans son Iliade abrégée en alexandrins, précédée d’un Discours sur Homère (Paris, G. Dupuis, 1714 – Catalogue, nº 2058), suscite la seconde phase de la Querelle (voir Noémi Hepp, Homère en France au XVIIe siècle, Paris, Klincksieck, 1968, p. 629-772 ; Salvatore Rotta, « L’Homère de Montesquieu », dans Homère en France après la Querelle, 1715-1900, F. Létoublon et C. Volpilhac-Auger (éd.), Paris, H. Champion, 1999, p. 141-149). Mme Dacier est visée dans les Lettres persanes comme auteur Des causes de la corruption du goût (Paris, Rigaud, 1714) ; voir LP, 137 (143), p. 521, note 8.

116

n2.

Voir cependant Pensées, nº 1681.

116

n3.

Plutarque, Vie de Pyrrhus, XVIII, 1.