chapitre 13

capitulum XIII

Le duc et le comte, ayant réglé les affaires de Messine selon leur désir, vont assiéger Rometta

Dux et comes, pro libitu suo Messanam ordinantes, Rimetam obsessum vadunt

<1> Ainsi, ayant pendant huit jours réglé sagement leurs affaires et renforcé à leur gré les défenses de la ville, dans laquelle ils laissèrent une garnison1À son arrivée à Messine, Robert, selon Aimé V, 19, ayant contemplé la ville et ses alentours, prend soin de renforcer ses défenses : « Et, que la cité etoit vacante des homes liquel i habitoient avant, il la forni de ses chevaliers, et pour lui la fortifica de grant forteresce »., les deux frères prirent la direction de Rometta2Aimé V, 20, témoigne de la même progression de l’armée normande. avec la cavalerie, tandis que les navires restaient à Messine. <2> Mais, les habitants de Rometta, déjà prévenus que les combattants de Messine, dont le nombre était considérable, avaient succombé sous les coups d’une petite troupe de leurs ennemis3 Sur le nombre d’hommes de l’armée de Guiscard, voir Aimé V, 20 : « [Robert] nombra li chevalier et li pedon, et trova que tant estoient li chevalier quant li pedon : c’est mille »., craignant de subir le même sort, envoient, épouvantés, au-devant des ennemis qui approchaient, des ambassadeurs chargés de demander la paix ; et, livrant leur ville et eux-mêmes à leur autorité, ils confirment <leur soumission> par un serment de fidélité4Pour la reddition de Rometta, voir Aimé V, 20 : « lo caïte de celle cité [Rimete], pour paour, lui ala à genoilz devant, et lui demanda paiz, et lui donna present pour tribut ; et se obliga de estre à son comandement tout entierement ». Sur les modalités de la reddition des villes en Sicile, voir Nef 2011, 38-40, qu’ils prononcent en plaçant devant eux les livres qui contenaient les règles de leurs superstitions5De même les Palermitains (II, 45, 5) et les Maltais (IV, 16 [Pontieri, p. 95, l. 29-30]) prêtent serment sur leur loi (lex sua). Superstitio est utilisé deux autres fois par Malaterra pour désigner la religion musulmane : en II, 45, 6, dans une périphrase qui désigne la mosquée de Palerme, et en III, 16 (Pontieri, p. 66, l. 22-23), à propos des musulmans, victimes du châtiment de Roger (neminem ejusdem superstitionis impunitum dimisit). Le terme, employé par les Pères de l’Église, dénonçait une pratique religieuse contraire à la loi divine et proche de l’idolâtrie. Voir, par exemple, Tertullien, De pudicitia, 5 ; Lucas-Avenel 2006, 241..

<1> Rebus [+] [rebus AC2 ZB : debite C. [-]] RebusRebusRebusRebus [+] [C2 : Rebus [-]] * A debite incipit capitulum XII in C.Debite itaque suis sapienter [+] [sapienter post dies transt. Z edd. [-]] per octo diessapienter per octo diessapienter per octo diesper octo dies sapienter dispositis et urbe pro velle suo firmata [+] [firmata AC B : -to Z. [-]] firmatafirmatafirmatafirmatafirmato, custodibus dimissis [+] [dimissis AC ZB : diversis ed. pr. [-]] dimissisdimissisdimissisdimissisdiversisa'Le sens de dimissis, « laisser derrière eux » (voir Loud 2005) se trouve ailleurs dans l’œuvre (par exemple en II, Proem. 2 : voir Desbordes 2010, 200 sq. et n. 29 ; II, 20, 1) ; « congédier » (Lo Curto 2002, 105) ne convient pas (Wolf 2005, 92, ne traduit pas), mais la synonymie du verbe avec relictis a sans doute gêné Zurita, qui avait corrigé dimissis en diversis. Sur ce membre de phrase, voir encore note suivante., equestri [+] [equestri A ZB : -ter C. [-]] equestriequestriequestriequestriequester exercitu [+] [exercitu A ZB : -tat C -tu et Pontieri. [-]] exercituexercituexercituexercitatexercitu etb'Pontieri avait ajouté la conjonction et après exercitu, de sorte que ce terme, coordonné à navibus, devenait aussi sujet de relictis. Il semble toutefois très improbable que les deux frères se soient démunis de leur cavalerie pour faire le siège de Rometta, alors que Messine est dotée d’une garnison et protégée par la flotte. Equestri exercitu est donc un ablatif instrumental d’accompagnement sans préposition (voir Ernout & Thomas 1953, 87), comme en II, 34, 1 : [Pisani] mandant ut equestri exercitu Panormi illis occurrat. Sans doute Pontieri avait-il été influencé par le texte de l’édition princeps, qui, ne disposant pas de navibus omis par Z, avait corrigé relictis en relicto rapporté nécessairement à equestri exercitu. Resta 1964, 50, avait déjà proposé de supprimer et., navibus [+] [navibus om. Z ed. pr. [-]] navibusnavibusnavibus[om.] apud Messanam relictis [+] [relictis AC ZB : -to ed. pr. [-]] relictisrelictisrelictisrelictisrelicto, versus Rimetam [+] [rimetam AC Z : rameta Z2 rametam ed. pr. ramectam B Pontieri. [-]] RimetamRimetam [+] [Z2 : Rameta [-]] RametamRamectam utrique fratres intendunt [+] [intendunt AC Z : incedunt B. [-]] intenduntintenduntintenduntintenduntincedunt. <2> Rimetenses [+] [rimetenses AC Z : ramectensesque B rametenses ed. pr. ramectentes Pontieri. [-]] RimetensesRimetensesRamectensesqueRametensesRamectentes autem [+] [autem om. B. [-]] autemautemautemautem[om.], jamdudum [+] [jamdudum AC B : dudum Z ed. pr. [-]] jamdudumjamdudumjamdudumdudum cognito in parva manu hostium eorumdem [+] [eorumdem A ZB : cor- C. [-]] eorumdemeorumdemeorumdemeorumdemcorumdem maximam multitudinem Messanensium bellatorum occubuisse, ne simile [+] [simile (-li B) post quid (quod C) transt. Z edd. [-]] quidsimile quodsimili quidquid simile sibi accidat [+] [accidat C ZB : -dit A. [-]] accidataccidataccidataccidataccidit, advenientibus hostibus obviam [+] [obviam A ZB : oviam C. [-]] obviamobviamobviamobviamoviam territi legatos qui pacem postulent [+] [postulent AC Z : -lant B. [-]] postulentpostulentpostulentpostulentpostulant mittunt ; urbemque et seipsos dicioni dedentes [+] [dedentes AC B : dantes Z ed. pr. [-]] dedentesdedentesdedentesdantes, libris superstitionum [+] [superstitionum AC Z : -nis B edd. [-]] superstitionumsuperstitionumsuperstitionis legis [+] [legis om. B. [-]] legislegislegislegis[om.] suae coram positis, juramento fidelitatis [+] [fidelitatis AC Z : -tatem B Pontieri. [-]] fidelitatisfidelitatisfidelitatisfidelitatem firmant [+] [firmant A ZB : -mat C. [-]] firmantfirmantfirmantfirmantfirmat.

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1À son arrivée à Messine, Robert, selon Aimé V, 19, ayant contemplé la ville et ses alentours, prend soin de renforcer ses défenses : « Et, que la cité etoit vacante des homes liquel i habitoient avant, il la forni de ses chevaliers, et pour lui la fortifica de grant forteresce ».

2Aimé V, 20, témoigne de la même progression de l’armée normande.

3 Sur le nombre d’hommes de l’armée de Guiscard, voir Aimé V, 20 : « [Robert] nombra li chevalier et li pedon, et trova que tant estoient li chevalier quant li pedon : c’est mille ».

4Pour la reddition de Rometta, voir Aimé V, 20 : « lo caïte de celle cité [Rimete], pour paour, lui ala à genoilz devant, et lui demanda paiz, et lui donna present pour tribut ; et se obliga de estre à son comandement tout entierement ». Sur les modalités de la reddition des villes en Sicile, voir Nef 2011, 38-40

5De même les Palermitains (II, 45, 5) et les Maltais (IV, 16 [Pontieri, p. 95, l. 29-30]) prêtent serment sur leur loi (lex sua). Superstitio est utilisé deux autres fois par Malaterra pour désigner la religion musulmane : en II, 45, 6, dans une périphrase qui désigne la mosquée de Palerme, et en III, 16 (Pontieri, p. 66, l. 22-23), à propos des musulmans, victimes du châtiment de Roger (neminem ejusdem superstitionis impunitum dimisit). Le terme, employé par les Pères de l’Église, dénonçait une pratique religieuse contraire à la loi divine et proche de l’idolâtrie. Voir, par exemple, Tertullien, De pudicitia, 5 ; Lucas-Avenel 2006, 241.

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a'Le sens de dimissis, « laisser derrière eux » (voir Loud 2005) se trouve ailleurs dans l’œuvre (par exemple en II, Proem. 2 : voir Desbordes 2010, 200 sq. et n. 29 ; II, 20, 1) ; « congédier » (Lo Curto 2002, 105) ne convient pas (Wolf 2005, 92, ne traduit pas), mais la synonymie du verbe avec relictis a sans doute gêné Zurita, qui avait corrigé dimissis en diversis. Sur ce membre de phrase, voir encore note suivante.

b'Pontieri avait ajouté la conjonction et après exercitu, de sorte que ce terme, coordonné à navibus, devenait aussi sujet de relictis. Il semble toutefois très improbable que les deux frères se soient démunis de leur cavalerie pour faire le siège de Rometta, alors que Messine est dotée d’une garnison et protégée par la flotte. Equestri exercitu est donc un ablatif instrumental d’accompagnement sans préposition (voir Ernout & Thomas 1953, 87), comme en II, 34, 1 : [Pisani] mandant ut equestri exercitu Panormi illis occurrat. Sans doute Pontieri avait-il été influencé par le texte de l’édition princeps, qui, ne disposant pas de navibus omis par Z, avait corrigé relictis en relicto rapporté nécessairement à equestri exercitu. Resta 1964, 50, avait déjà proposé de supprimer et.