Chapitre 3

Capitulum III1caput 42 1536.

Allec [le hareng1On peut reconnaître le hareng (Clupea harengus Linné, 1758) dans l’allec présenté par Thomas de Cantimpré (TC 7, 5), ou Albert le Grand (AM 24, 2 (7)), comme un poisson spécifique de la mer du Nord et de la Manche. En revanche le terme (h)allec / (h)allex désignait dans l’Antiquité soit une sorte de marinade, soit le poisson qui entrait dans sa composition (De Saint-Denis 1947, 45). Pline (Plin. nat. 31, 95) nomme (h)allex une sauce à base de menuise décomposée et comparable au garum, mais distingue le condiment du poisson qu’il appelle apua, vocable rapproché du grec ἀφυή : « L’allex, rebut du garum, n’est qu’une lie grossière et mal filtrée. Cependant on s’est mis à en préparer aussi spécialement avec un poisson tout petit et sans valeur : nous l’appelons apua, les Grecs aphyé » (Serbat 1972, 65). Ni le témoignage de Pline ni celui d’Isidore de Séville (Isid. orig. 12, 6, 39) ne permettent de déterminer s’il s’agissait d’une espèce de menuise particulière. André 1986, 204, n. 384, note que le diminutif allicula renvoie chez Columelle à un petit poisson de rivière qui pourrait être le vairon (Phoxinus laevis Linné, 1758) et que le terme allec a des représentants romans qui désignent la sardine et l’alose.] [+][VB 17, 30 De halece [-]][+]

Allec2halec 1536 ut semper. [+][VB 17, 30 De allece — halece VBd ut semper. [-]][+]

Lieux parallèles : TC, De alleciis (7, 5) ; AM, [Allec] (24, 2 (7)).

poisson

[1] [] VB 17, 30, 4D’après le Liber de natura rerum. [] TC 7, 5Le hareng est un poisson de mer de très petite taille qui vit dans la partie de la mer occidentale comprise entre la Grande-Bretagne et la Germanie. Comme presque tous les poissons de mer ont une époque privilégiée où ils sont bons à manger – d’août à décembre –, celui-ci, consommé frais, offre une chair très délicate. Salé, il reste propre à la consommation plus longtemps que les autres poissons. De tous les poissons, il est aussi presque le seul à ne vivre que d’eau et à ne pouvoir vivre que dans l’eau. Car il expire sitôt qu’il a touché à l’air, et il n’y a aucun délai entre le contact de l’air et sa mort. La nuit, ses yeux brillent dans la mer comme des lanternes, mais il perd ce pouvoir à sa mort. Ces poissons se rassemblent en bancs autour des lumières partout où ils en voient briller en mer au-dessus des eaux. C’est une astuce dont on se sert pour les attirer dans les filets au moment voulu, comme si un don de Dieu les avait réservés à la pêche pour la consommation de l’homme2Les harengs se nourrissent de zooplancton qu’ils filtrent avec leurs arcs branchiaux, la lumière attire le zooplancton et donc les harengs qui s’en nourrissent. De même, on pêche encore aujourd’hui les sardines et les anchois au lamparo, c’est-à-dire à la lanterne, de nuit, quand les bancs remontent à la surface.. L’hiver, ils se réfugient dans les eaux profondes au large de la Germanie tout le temps nécessaire.

[1] [] VB 17, 30, 4Ex Libro de naturis rerum4Vincent de Beauvais suit de très près Thomas de Cantimpré.. [] TC 7, 5Allec est piscis marinus admodum parvus in occiduo mari quod mediterraneum est inter majorem Britanniam et Germaniam. Cumque5hoc ut VBd. unumquodque fere genus piscium marinorum habeat6habet VBd. tempus suum in quo solo sit bonum – scilicet ab Augusto usque ad Decembrem –, qui, cum recens captus fuerit, delicatiorem cibum praebet7La modification par l’auteur de l’Hortus sanitatis du Speculum naturale (cumque […] habeat au lieu de hoc ut […] habet) crée, entre les deux propositions de la phrase, une relation sémantique aberrante, mais comme la phrase reste compréhensible, nous avons conservé le texte tel qu’il a toujours été édité.. Salsus autem in usum hominum ultra quam alii pisces sanus durare potest. Omnium quoque fere piscium solus aqua vivit tantum nec nisi in aqua vivere[Prüss1/vue 3] potest. Nam statim ut aeris serena contigerit, expirat nec ulla mora est inter contactum aeris et expirationem. Oculi ejus instar luminis de nocte lucent in mari ; sed horum virtus8virus 1491. cum ipso pisce moritur. Ubicumque super aquas in mari lumen vident, gregatim adnatant, et hoc astu tum9dum VB. ad retia dictis temporibus alliciuntur, quasi parati ad capiendum divino munere in usus hominum deducuntur. Hibernis autem temporibus secreto maris10secreto maris : secrete maris 1491 Prüss1 secretae mari 1536. usque ad tempus debitum absconduntur, et hoc circa Germaniam.

[2] [] VB 17, 30, 1Isidore. [] Isid. orig. 12, 6, 39Le hareng est un poisson approprié à la saumure liquide [allec], d’où son nom.

[2] [] VB 17, 30, 1Isidorus. [] Isid. orig. 12, 6, 39Allec pisciculus ad liquorem salsamentorum idoneus, unde et nuncupatus.Allec piscis est ad liquorem salsamentorum idoneus. Unde et nuncupatus.

[3] [] VB 17, 30, 2L’auteur. [] VB 17, 30, 2On rapporte que le hareng vit exclusivement d’eau (élément pur) comme la salamandre ne vit que de feu3Depuis l’Antiquité, chaque élément s’est vu attribuer un animal qui lui est spécifiquement attaché : le caméléon (ou le pluvier) ne vit que d’air, la taupe de terre, la salamandre de feu, et le hareng ne vit que d’eau et dans l’eau. Voir James-Raoul 2002, 180-181 et Thomasset 2002, 68-69..

[3] [] VB 17, 30, 2Actor. [] VB 17, 30, 2Fertur autem allec ex pu[1491/vue 4] ro aquae elemento vivere, sicut salamandra ex igne.

Propriétés et indications

Operationes

[4] [] VB 17, 30, 3A. Pline, livre 39. [] Plin. nat. 31, 96On guérit la gale de la poitrine en répandant de l’allec4La citation de Pline a été déformée. Pline indiquait que l’alex, quand on le verse sur la peau qu’on a incisée, guérit la gale des moutons, pecoris, « le mouton » et non pectoris, « la poitrine ». D’autre part, il désignait sous le terme (h)allec / (h)allex la préparation à usage culinaire ou médical et non le hareng. sur la peau incisée.

[4] [] VB 17, 30, 3A. Plinius libro tricesimo nono11Le compilateur de l’Hortus sanitatis a fractionné en deux operationes la citation de Pline trouvée chez Vincent de Beauvais.. [] Plin. nat. 31, 96Namque et allece scabies pecoris sanatur infusa per cutem incisam […].Allece scabies pectoris sanatur infusa per cutem incisam.

[5] [] VB 17, 30, 3B. [] Plin. nat. 31, 96Et il est efficace contre les morsures de chien ou de dragon marin.

[5] [] VB 17, 30, 3B. [] Plin. nat. 31, 96[…] et contra canis morsus draconisue marini prodest.Et contra canis morsus draconisve marini prodest.

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1On peut reconnaître le hareng (Clupea harengus Linné, 1758) dans l’allec présenté par Thomas de Cantimpré (TC 7, 5), ou Albert le Grand (AM 24, 2 (7)), comme un poisson spécifique de la mer du Nord et de la Manche. En revanche le terme (h)allec / (h)allex désignait dans l’Antiquité soit une sorte de marinade, soit le poisson qui entrait dans sa composition (De Saint-Denis 1947, 45). Pline (Plin. nat. 31, 95) nomme (h)allex une sauce à base de menuise décomposée et comparable au garum, mais distingue le condiment du poisson qu’il appelle apua, vocable rapproché du grec ἀφυή : « L’allex, rebut du garum, n’est qu’une lie grossière et mal filtrée. Cependant on s’est mis à en préparer aussi spécialement avec un poisson tout petit et sans valeur : nous l’appelons apua, les Grecs aphyé » (Serbat 1972, 65). Ni le témoignage de Pline ni celui d’Isidore de Séville (Isid. orig. 12, 6, 39) ne permettent de déterminer s’il s’agissait d’une espèce de menuise particulière. André 1986, 204, n. 384, note que le diminutif allicula renvoie chez Columelle à un petit poisson de rivière qui pourrait être le vairon (Phoxinus laevis Linné, 1758) et que le terme allec a des représentants romans qui désignent la sardine et l’alose.

2Les harengs se nourrissent de zooplancton qu’ils filtrent avec leurs arcs branchiaux, la lumière attire le zooplancton et donc les harengs qui s’en nourrissent. De même, on pêche encore aujourd’hui les sardines et les anchois au lamparo, c’est-à-dire à la lanterne, de nuit, quand les bancs remontent à la surface.

3Depuis l’Antiquité, chaque élément s’est vu attribuer un animal qui lui est spécifiquement attaché : le caméléon (ou le pluvier) ne vit que d’air, la taupe de terre, la salamandre de feu, et le hareng ne vit que d’eau et dans l’eau. Voir James-Raoul 2002, 180-181 et Thomasset 2002, 68-69.

4La citation de Pline a été déformée. Pline indiquait que l’alex, quand on le verse sur la peau qu’on a incisée, guérit la gale des moutons, pecoris, « le mouton » et non pectoris, « la poitrine ». D’autre part, il désignait sous le terme (h)allec / (h)allex la préparation à usage culinaire ou médical et non le hareng.

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1caput 42 1536.

2halec 1536 ut semper.

3halece VBd ut semper.

4Vincent de Beauvais suit de très près Thomas de Cantimpré.

5hoc ut VBd.

6habet VBd.

7La modification par l’auteur de l’Hortus sanitatis du Speculum naturale (cumque […] habeat au lieu de hoc ut […] habet) crée, entre les deux propositions de la phrase, une relation sémantique aberrante, mais comme la phrase reste compréhensible, nous avons conservé le texte tel qu’il a toujours été édité.

8virus 1491.

9dum VB.

10secreto maris : secrete maris 1491 Prüss1 secretae mari 1536.

11Le compilateur de l’Hortus sanitatis a fractionné en deux operationes la citation de Pline trouvée chez Vincent de Beauvais.

Annotations scientifiques

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