Récits de voyage

Avant la création en 1881 d’un ministère autonome, l’agriculture a longtemps été associée au commerce. La présence marquée de récits de voyage au sein de la Bibliothèque historique du ministère de l’Agriculture n’est donc étonnante. Ces relations de commerçants, diplomates, missionnaires, explorateurs, scientifiques nous instruisent sur les contrées éloignées, décrivent les paysages, les mœurs, les objets, etc. observés. C’est cette invitation au voyage que nous proposent Jean-Baptiste Labat vers les îles de l’Amérique, Pierre-François de Charlevoix vers Saint-Domingue, le Paraguay ou le Japon, Luigi Ferdinando Marsili aux confins du Danube, ou Arthur Young et Victor-Eugène Ardouin-Dumazet avec leurs voyages en France respectifs, de même que les circumnavigations réalisées à bord de l’Artémise ou sur la corvette La Bonite.

Les Périodiques

De 1808 à 1814, Conrad Malte-Brun publia la collection Annales des voyages, de la géographie et de l’histoire, un ensemble de 25 tomes dont une table des matières. Ces recueils se composent de textes de professionnels des sciences sollicitées et de 64 illustrations en couleurs ou en noir et blanc. Un Bulletin des voyages de la géographie et de l’histoire, divisé en 72 numéros répartis dans les 24 premiers tomes, met au jour les dernières découvertes scientifiques, rapporte des faits plus anecdotiques et établit un inventaire des publications de cartes et livres géographiques en France et à l’étranger.

Les Annales des voyages couvrent un champ de connaissances étendues et variées. Elles nous en apprennent autant sur les conditions de vie des habitants des îles Christians-Oe dans la mer Baltique que sur les Boushouanas d’Afrique du Sud, sur les mœurs des Russes que sur les montagnards écossais ou les paysans norvégiens. Elles renferment des articles hétéroclites puisque l’on peut y lire une description des antiquités de Beaune, une notice sur l’Arbre à poison de l’île de Java, une étude sur la signification des tatouages arborés par les habitants de Noukahiva ou encore les statistiques de la population états-unienne au début du XIXe siècle.

Ce large panel s’explique par la volonté de rassembler les écrits et les connaissances des grands noms des sciences géographiques. Mais ils sont aussi un vivier de connaissances historiques, archéologiques, sociologiques, géologiques, minéralogiques, etc., prises en compte par les multiples narrateurs qui ont contribué à la revue.

Conrad Malte-Brun (1775-1826) était un géographe danois qui dut s’exiler et vint s’installer en France. C’est lui qui est à l’origine des Annales des Voyages, à la fois directeur de publication et auteur de plusieurs articles. Son « discours préliminaire » qui introduit le tome premier insiste sur une volonté de couvrir les régions du monde entier et de réunir toutes les données essentielles en un seul recueil sans se limiter aux seuls voyageurs français. Pour la première fois et sous son impulsion, des traductions de voyageurs mondiaux ont projeté une lumière nouvelle sur les descriptions de contrées et peuplades jusqu’alors mal connues du public français.

Dès 1819, la même politique animera Vivien de Saint-Martin (1802-1897) puis le propre fils de Malte-Brun, Victor-Adophe (1816-1889) lors de la publication des Nouvelles Annales, la suite du précédent périodique qui s’était arrêté « par nécessité politique », sans que l’on sache très bien ce que cela signifie. La revue s'intitule au départ Nouvelles annales des voyages et des sciences géographiques. Dès 1855 « sciences géographiques » est remplacé par « de la géographie, de l'histoire et de l'archéologie ». Enfin, en 1866 le mot « Nouvelles » disparaît et ces Annales de la géographie, de l'histoire et de l'archéologie perdureront jusqu’en 1870.

Sur la même période, puisque la publication a débuté en 1818, Le Journal des voyages de Jacques Thomas Verneur, a l’ambition de palier à un manque de publications scientifiques dans le domaine de la géographie pour tenter de rattraper l’avance d’autres pays d’Europe. Il s’agit alors de regrouper en une même revue « le résume de toutes les découvertes » essentielles faites dans les différentes branches de la géographie (mathématique, physique et politique) et toutes celles qui s’y rattachent, le tout sans se borner aux seules publications françaises mais en s’étendant à l’Europe entière. Cette revue s’arrêtera en 1829.

Géolocalisation

À ce jour, seuls les lieux ou pays cartographiés dans les Annales de voyages sont géolocalisés.