Si vous souhaitez signaler des coquilles dans ce passage, vous pouvez écrire à Morgane Pica (ingénieure d'étude du projet), en précisant l'URL et le titre du passage.


M ONSEIGNEVR, Quelque passion que j’eusse de vous offrir des fruits de mon travail, et de vous donner cette marque publique de mon respect et de mon attachement, je n’aurois pû satisfaire sans vous, ny trouver ailleurs que dans vous même quelque chose qui fût digne de vous être presenté ; ainsi c’est à moy, MONSEIGNEVR, à vous remercier du present que je vous fais, et c’est plûtost une retribution qu’un present, puisque vous avez prononcé une partie des Arrests qui sont rapportez dans cét Ouvrage, et que si j’y ay ajoûté quelque chose, ce n’a été que pour obeïr à vos Ordres, et pour suivre le dessein que vous m’avez inspiré. C’est donc à vous, MONSEIGNEVR, que le Public sera redevable des Decisions qui s’y trouveront de plusieurs Questions importantes, qui paroissoient encor douteusses ; vous n’avez pû souffrir qu’une partie si necessaire de nôtre Jurisprudence demeurât renfermée dans le Palais, comme autrefois celle des anciens Romains n’étoit sçûë que de leurs Pontifes : Et non content de cette Justice exacte que vous rendez à tous ceux que la necessité des affaires appelle devant vous, vous avez voulu que ceux-mêmes qui n’ont point de procez ressentissent les effets de cette mesme Justice en les instruisant par vos Arrests, et en leur apprenant les regles qu’ils doivent suivre à l’avenir pour la conduite de leurs affaires. C’est un effet de cette genereuse et naturelle incli-nation que vous avez pour toutes les choses qui regardent le bien public ; vous en avez donné des marques dans tous les Emplois que vous avez eu jusqu’à present ; les Actions éclatantes que vous avez faites dans tous les lieux où vous avez été appellé pour le service du Roy, peuvent rendre témoignage de cette verité ; mais sur tout cette Province depuis qu’elle a le bonheur de vous avoir pour Chef de la Justice, peut en fournir des exemples sans nombre. L’application continuelle que vous avez pour la rendre à tout le monde ; ces soins que vous prenez pour maintenir le repos et la tranquillité publique ; ce bel Ordre que vous apportez pour la subsistance de ses Pauvres ; ces Ouvrages publics dont vous avez embelly sa Capitale, et toutes ces autres Actions qui marquent la grandeur de vôtre ame, sont autant de choses qui vous ont attiré le respect et la veneration de tout le monde, et qui ne mourront jamais dans l’esprit de ses Peuples.

Ainsi, MONSEIGNEUR, quand cét Ouvrage ne vous auroit pas été dû par tant d’autres titres, je ne pouvois luy trouver une protection plus puissante ny plus autorisée que celle d’un Magistrat né pour le bien public, et qui d’ailleurs ayant conçû quelque estime de la suffisance de ceux qui composent nôtre Barreau, et de la manière desinteressée avec laquelle ils s’acquittent de leur devoir, leur donne dans toutes les occasions des marques publiques de sa bonté ; celles que j’en ay reçûës en tant de rencontres exigeoient de moy cette protestation publique de ma gratitude, et m’obligeront d’être toute ma vie, avec un profond respect, MONSEIGNEVR,

Vôtre tres-humble et tresobeïssant serviteur, H. BASNAGE.